• « N'était-ce donc que cela, commander ? Douter du meilleur et redouter sans cesse le pire ? Ou était-ce l'âge qui emportait avec lui l'insouciance et la fougue de la jeunesse ? »

    Couverture Le Trésor des Américains

     

     

     

         Publié en 2020

      Éditions Pocket

      352 pages

      Deuxième tome de la saga Les Aventures de              Gilles Belmonte

     

     

     

     

    Résumé :

    A la veille du coup d'Etat du 18 brumaire, de retour d'une campagne victorieuse aux Antilles, Gilles Belmonte se languit loin des océans qui l'ont forgé. La France, quant à elle, en lutte contre les puissances européennes unies et fragilisée par dix années de tumultes, est aux abois. Ses finances sont exsangues. De l'or, les Etats-Unis en regorgent. Mais la guerre navale qui sévit entre ces deux nations complique les incursions dans les eaux américaines. 
    Le jeune capitaine aux idéaux et au caractère bien trempés va se voir confier une mission délicate qui conduira sa frégate jusqu'à Philadelphie. Face au pouvoir américain et à ses puissants services secrets, saura-t-il honorer la confiance du nouveau consul Bonaparte ? 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Ce deuxième tome nous embarque dans de nouvelles aventures à bord de la frégate l’Égalité ! Nous sommes à la fin de l’année 1799 et un nouvel homme fort se distingue, alors que le Directoire moribond est en train de vivre ses derniers moments. En effet, au début du mois de novembre 1799, un jeune général corse de 30 ans, qui s’est distingué sous la Révolution va prendre le pouvoir à la faveur d’un coup d’État : le fameux coup d’État du 18-Brumaire qui met fin à la Révolution et marque le début du Consulat et un nouveau pas du charismatique militaire vers le pouvoir suprême et l’Empire.
    Pour les marins de l’Égalité, cette fin d’année est marquée par un retour victorieux au pays après une dangereuse campagne aux Antilles. Gilles Belmonte et son équipage se sont en effet distingués contre la puissante marine britannique aux Caraïbes et le capitaine de l’Égalité a la responsabilité de la garde de George Davies, un capitaine de la Royal Navy avec lequel il a fini par se lier d’amitié et qu’il s’est promis de défendre lors de son procès qui doit avoir lieu à Paris en cette fin d’année 1799.
    Mais attention, ne croyez pas que l’on va rester à terre dans ce tome, dans les ruelles sales et populeuses du Paris de la fin du XVIIIème siècle ! Absolument pas : car Gilles Belmonte va bientôt se voir confier une mission par les plus grands de ce monde, à commencer par Bonaparte et son roué ministre des Affaires étrangères, Talleyrand, dont l’esprit diplomatique lui permettra de traverser sans encombre la succession de régimes au début du XIXème siècle. Alors que la France a, presque vingt ans plus tôt, soutenu la prise d’indépendance des jeunes États-Unis d’Amérique (on retient le souvenir de Lafayette et de son Hermione, qui se distinguèrent lors de la bataille de Yorktown, en 1781), ces derniers n’ont pas honoré leur dette. Mais il existe quelque part sur le territoire du nouveau pays un trésor qui pourrait, si la France s’en emparait, éponger sa dette. Mais surtout, les Britanniques, ennemis irréductibles, sont eux aussi sur le coup et Bonaparte ne veut pas laisser passer cette trop belle prise. Il confie à Belmonte la mission périlleuse d’aller localiser ce trésor puis de le récupérer, au nez et à la barbe des Américains et des Anglais.
    C’est évidemment une mission pas dénuée d’écueils et de dangers que se voit confier Belmonte, qui retraverse l’Atlantique vers Philadelphie, la capitale des États-Unis. Mais la traversée n’est pas de tout repos : disparition, espionnage, sabotage et même un meurtre tendent légitimement l’ambiance sur le navire. Mais aux États-Unis, Belmonte n’est pas au bout de ses surprises et va même y retrouver de vieilles connaissances. Pourtant, si la France est à un tournant, Belmonte et ses hommes ainsi que leur chère frégate, le sont également, pour le meilleur comme pour le pire.
    Dans ce second tome, nous louvoyons dans la diplomatie menée en sous-main, en Europe comme aux États-Unis. Les grands de ce monde semblent se vouer en face une estime sans bornes mais tous les coups sont permis dans l’ombre, jusqu’à s’emparer d’un trésor sur le sol d’un pays en apparence allié. Toutes les cartes sont brouillées : les ennemis d’hier sont les amis d’aujourd’hui et, en cette fin du XVIIIème siècle, alors qu’une nouvelle puissance émerge outre-Atlantique et qu’un changement considérable de pouvoir est en train de se concrétiser en France, le monde semble à un tournant.
    J’ai trouvé que ce deuxième opus mettait un peu de temps à démarrer. Pour autant, une fois que c’est parti…c’est parti ! Ce roman est mené tambour battant et ne s’arrête pas une seconde. C’est toujours rythmé et cela ne retombe à aucun moment. Des salons parisiens où un nouveau pouvoir est en train de se mettre en place, en passant par les rues de Philadelphie et les rouleaux de l’Atlantique, où la guerre est aussi âpre et meurtrière qu’à terre, nous sommes baladés pendant plus de trois cents pages, pour notre plus grand plaisir.
    Dans ce deuxième tome, jamais la vie n’a été plus précaire, ni plus périlleuse mais, dans le même temps, l’existence à bord est toujours faite de respect, d’estime mutuelles et on découvre aussi l’esprit plein de loyauté, de justesse et de rigueur des marins.
    Ce deuxième tome s’achève sur une ouverture et sur une suite : assurément, je lirai avec intérêt la suite des aventures de Gilles Belmonte et de ses marins sous l’Empire. La Marine française a décidément de beaux jours devant elle ! Souquez ferme, moussaillons et rejoignez le bord !

    En Bref :

    Les + : un tome plein d'aventures, rythmé, dans la droite ligne du précédent et qui ouvre sur une suite que je brûle de découvrir.
    Les - : aucun point négatif à soulever, encore une fois. 


    Les Aventures de Gilles Belmonte, tome 2, Le Trésor des Américains ; Fabien Clauw

       Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

    Envie de naviguer sur les mers du globe avec les marins de l'Egalité et de la jeune Marine Républicaine ? Mon avis sur le premier tome de cette saga pleine d'aventures est à retrouver ici


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  • « Je suis née infante d'Espagne et je mourrai reine d'Angleterre. Ce n'est pas une question de choix, c'est mon destin. »

    Couverture La Princesse d'Aragon

     

     

      Publié en 2005 en Angleterre

      En 2020 en France (pour la présente édition)

      Titre original : The Constant Princess

      Éditions Hauteville

      608 pages

     

     

     

     

    Résumé :

    Je suis Catalina, princesse d'Espagne, fille des deux plus grands monarques que cette Terre ait portés : Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon. Je suis leur plus jeune fille, la princesse de Galles, et je deviendrai reine d'Angleterre.

    D'abord épouse d'Arthur Tudor, le frère aîné de Henri VIII, Catherine d'Aragon, l'infante d'Espagne, a su transformer un mariage d'intérêt en passion amoureuse. Mais lorsque Arthur meurt subitement, il fait promettre à la jeune femme d'accomplir son destin en devenant reine d'Angleterre pour bâtir le pays tel qu'ils l'avaient rêvé tous les deux. Dotée d'une détermination hors du commun, la princesse d'Aragon survit à la trahison, à la pauvreté et au désespoir avant de devenir l'épouse de Henri VIII et de la seconder dans ce qui deviendra l'une des plus grandes victoires de l'Angleterre.

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Elle n’a pas dix ans quand ses parents s’emparent de la dernière enclave maure d’Espagne, la somptueuse Grenade. Elle n’a pas cinq ans quand elle est fiancée au fils aîné du roi d’Angleterre, Henri Tudor, élevée toute son enfance dans l’idée qu’un jour elle sera princesse de Galles puis reine d’Angleterre. La vie de la petite Catalina d’Aragon, fille des Rois Catholiques Isabelle et Ferdinand, fers de lance de la chrétienté en Espagne en cette fin du XVème siècle, est toute tracée. Elle sera une grande princesse. Bon sang ne saurait mentir.
    Et pourtant…de Catherine d’Aragon, dont on a oublié le nom espagnol, on retient surtout les dernières années, l’adversité, le divorce…on retient d’elle l’image de la reine pieuse, emmurée dans la dignité parce qu’il ne lui reste plus que cela, fasse à un mari plus jeune et inconstant qui, pour les beaux yeux d’une ambitieuse, n’hésitera pas à divorcer et de sa femme, qui n’a pas su lui donner de fils et de Rome, créant ainsi l’Église anglicane. La première épouse d’Henri VIII a laissé dans le souvenir commun celui d’une reine bafouée, morte en exil loin de la Cour et de sa fille Marie, la future reine Marie Ière, mais une reine qui n’a pas hésité à se défendre devant le tribunal constitué par son époux qui ne souhaitait qu’une chose : se débarrasser d’elle.
    Philippa Gregory, dans La Princesse d’Aragon, se propose de raconter les jeunes années de Catalina, devenue Catherine. Des splendeurs de l’Espagne jusqu’aux froidures du pays du Galles, on découvre la jeunesse de cette reine : les jeunes années passées dans les splendeurs languides des palais maures d’Andalousie où les Rois Catholiques adoptent le mode de vie des anciens occupants, leur façon de se vêtir et de manger, puis le départ en Angleterre, le choc rude à la découverte de ce royaume du nord qui n’a aucune commune mesure avec ce que Catalina a connu auparavant. Mais, toujours en filigrane, on retrouve l’obsédante ambition, celle d’être un jour reine, quoi qu’il en coûte.
    La jeunesse de Catherine d’Aragon, si elle est peu connue, est pourtant éminemment intéressante. On découvre une jeune femme bien différente de l’épouse hiératique et figée, connue pour sa piété, sa constance et sa charité, une femme plus âgée que son époux, un roi sensuel et aimant les femmes, dont la fatalité semble d’être un jour supplantée par une femme plus jeune, plus hardie, plus ambitieuse.
    Et pourtant, de beauté, d’ambition, d’enjouement, de courage, Catalina, devenue Catherine, n’en manque pas. D’abord épouse éphémère d’Arthur Tudor, le fils aîné d’Henri VII et de son épouse Elizabeth d’York, elle perd ce jeune époux tendrement aimé à la fleur de l’âge. Il n’a même pas dix-huit ans quand il disparaît, emportant dans la tombe leurs projets pour le royaume. Arthur ne portera jamais la couronne d’Angleterre et ne fondera jamais un deuxième Camelot. Mais Catalina elle, est bien là, encore bien vivante et elle vivra pour deux. Poursuivant son but d’être princesse de Galles et un jour reine, elle subit avec force tous les affronts, l’indigence, l’indifférence, jusqu’à ce qu’elle épouse Henri VIII, en 1509. C’est son premier mariage que lui reprochera son mari à la fin des années 1520, quand il s’agira de se débarrasser d’elle. Arguant que le mariage avec Arthur a conditionné leur propre union, la rendant stérile (malgré la naissance de la petite Marie en 1516, Henri VIII n’a pas eu le fils qu’il espérait tant), le roi choisit de faire purement et simplement annuler leur mariage. Tout au long du procès, la reine campera sur ses positions, affirmant haut et fort que son mariage avec Arthur, qui n’a duré que quelques mois, n’a jamais été consommé. Ici, Philippa Gregory, s’appuyant sur des sources peu usitées et sur son propre sentiment, livre une image bien différente : Catherine et Arthur auraient consommé leur union, la jeune femme maintenant par la suite jusqu’au bout une version (sa virginité et le fait que le mariage avec Arthur n'ait jamais été consommé) qui n’était qu’un mensonge. Qu’en est-il réellement ? Il semble bien difficile aujourd’hui de le dire.

    Portrait de Catherine d'Aragon au moment de son premier mariage, par Michel Sittow : elle est souvent présentée comme une jeune femme aux cheveux auburn, au visage rond et aux yeux bleus.


    La Princesse d’Aragon est un bon roman historique. Il ne se passe pas mille choses par chapitres mais c’est intéressant : c’est très visuel, les personnages sont toujours bien décrits chez Philippa Gregory, très ciselés. Et l’idée de se concentrer sur la jeunesse de Catherine, de l’Espagne jusqu’à l’Angleterre des Tudors, est assez inédite et innovante. On a tellement l’habitude de la voir plus âgée et surtout, beaucoup plus en retrait que c’était plutôt sympathique de la découvrir au centre du récit. Parfois très imbue d’elle-même et orgueilleuse, la princesse d’Aragon n’est pas toujours très attachante, mais sa détermination et son courage forcent l’admiration. Elle ne déviera jamais des objectifs qu’elle s’est elle-même fixés, malgré les embûches.
    Depuis quelques temps, je renoue avec plaisir avec les romans de Philippa Gregory. Après avoir été un peu moins emballée par La Reine Clandestine et La Princesse Blanche (centrés respectivement sur les destins d’Elizabeth Woodville et de sa fille Elizabeth d’York, la propre mère d’Henri VIII), j’ai lu La Dernière Reine, puis La fille du faiseur de rois et enfin Reines de sang qui m’ont beaucoup plus plu. La Princesse d’Aragon s’intègre parfaitement dans cette saga féminine qui nous montre l’Histoire de l’Angleterre sous un jour nouveau. C’est certes romancé (et il y a beaucoup de romance dans les premiers chapitres) mais pas fantaisiste pour autant et Philippa Gregory s’acquitte parfaitement de la mission du romancier : combler du mieux possible les lacunes laissées par l’Histoire établie, sans pour autant affirmer apporter la vérité vraie.

    The Spanish Princess" The New World (TV Episode 2019) - IMDb

    L'actrice britannique Charlotte Hope interprète Catherine d'Aragon dans la série The Spanish Princess, produite par Starz

    En Bref :

    Les + : sans être forcément très rythmé, ce roman est dense et très riche, ses six-cents pages nous font voyager et partir à la découverte d'un destin relativement méconnu.
    Les - :
    pas vraiment de points négatifs à soulever, La Princesse d'Aragon est un roman historique efficace.
       


    La Princesse d'Aragon ; Philippa Gregory

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

    Retrouvez ici mon billet sur La Reine Clandestine, biographie romancée de la reine Elizabeth Woodville, épouse d’Édouard IV.

    Envie d'en savoir plus sur la jeunesse de Bessie d'York, la mère d'Henri VIII ? Retrouvez mon avis sur La Princesse Blanche juste là.

    Dans la lignée de Deux sœurs pour un roi et L'héritage Boleyn, découvrez le déclin du règne de Henri VIII au travers du regard de sa dernière épouse, Catherine Parr. Mon billet sur La Dernière Reine est juste ici.

    Les années sombres et troublées de la Guerre des Deux-Roses sont racontées dans La fille du faiseur de rois, qui met en avant Anne Neville, la fille du duc de Warwick et future épouse de Richard III. Mon avis est à retrouver ici.

    Reines de sang raconte les destins tragiques des soeurs Grey et l'accession au pouvoir d'une reine redoutable, Elizabeth Ière. Retrouvez mon avis ici.


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  • «  Robert a été guidé presque toute sa vie par son ambition de devenir roi, une ambition que toute notre famille lui a instillée. Ce désir a un prix, il nous coûte tous, et certains l'ont payé de leur vie, mais nous le soutenons parce que nous voyons en lui quelque chose qui l'élève au-dessus des autres hommes, quelque chose qui nous donne de l'espoir. »

    Couverture Les Maîtres d'Ecosse, tome 3 : Avènement

     

     

         Publié en 2015 en Angleterre 

      En 2017 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Insurrection, book 3 : Kingdom

      Éditions Pocket

      763 pages 

      Troisième tome de la saga Les Maîtres d'Ecosse

     

     

     

    Résumé :

    Après des années de luttes acharnées, Lord d'Annandale et son fils ont échoué à s'emparer du trône d’Écosse. C'est désormais au jeune Robert Bruce de porter les aspirations de sa lignée et de se faire proclamer roi. Mais tout le monde ne l'entend pas de cette oreille. Non seulement, au sein de son camp, un mutinerie le prive de la couronne et du royaume, mais, en Angleterre, le roi Edouard II mène la lutte contre l'insurgé. Accompagné de ses fidèles et de l'envoûtante dame Christiane, Robert Bruce va devoir retrouver la confiance de son peuple et, par là même, sa place sur le trône. Une grande bataille se prépare qui va sceller son destin et celui de l’Écosse. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Écosse, début du XIVème siècle. Le royaume est déchiré par des luttes internes pour le trône et par la guerre qui se joue avec la puissante voisine, la couronne d’Angleterre, qui ne souhaiterait rien tant que d’absorber l’Écosse. Son roi, Édouard Ier, ne rêve rien moins que l’antique réunification des peuples bretons comme au temps du roi Arthur et compte bien le réaliser, à la faveur d'une vieille prophétie de Merlin, rapportée par Geoffroy de Montmouth. Seulement, en cette fin de Moyen Âge, la fédération ne peut se faire que par les armes et, en Écosse, une famille a juré de tout faire pour préserver le trône : les Bruce, dont l’héritier Robert a ceint la couronne mais n’est pas reconnu : par les Anglais d’une part mais aussi par une partie des grandes familles d’Écosse, à commencer par les Comyn, qui luttent âprement contre les Bruce depuis de longues années.
    Quant au sort de l’Écosse, il semble qu’il ne puisse que tomber de Charybde en Scylla depuis la terrible défaite de William Walace et son exécution en 1305. Accompagné de ses fidèles partisans, Robert ne connaît pourtant que défaites et vexations mais c’est mal connaître le jeune homme : celui qui a fait le serment à son grand-père, lord d’Annandale, voilà plusieurs années, n’est pas prêt à se rendre sans combattre. S’il ne le sait pas encore, la Roue de la Fortune est sur le point de tourner et d’écraser ses adversaires.
    Batailles sanglantes, trahisons, retournements inattendus et autres coups fourrés caractérisent ces premières années du XIVème siècle tandis qu’un royaume lutte pour exister et consolider ses acquis.
    Ce que raconte ici la romancière Robyn Young est un épisode avéré de l’Histoire des îles britanniques : les guerres civiles d’Ecosse ou guerre d’indépendance écossaise, qui commencent dans les années 1290 et ne se terminent qu’en 1357 avec la signature du traité de Berwick. A la mort sans héritier du roi Alexandre III en 1286, le trône écossais vacille, disputé qu’il est par les grandes familles (Comyn, Balliol, Bruce) tandis que de l’autre côté du mur d’Hadrien, le roi Édouard Ier, tapi comme un gros chat, guette les moindres mouvements de l’ennemi avant de s’en emparer. A la faveur de ces conflits successifs, de grandes figures de l’Histoire écossaise apparaissent, telles William Wallace (immortalisé par Mel Gibson sous les traits de Braveheart, dans le film du même nom sorti en 1995) ou Robert Bruce, aussi parfois appelé Robert de Bruce et qui fut roi d’Ecosse autoproclamé puis reconnu de fait, de 1306 à 1329. La saga met aussi en avant des faits d’armes qui ont marqué l’Histoire comme Falkirk, la terrible écossaise de 1298 et sa revanche, Bannockburn, en 1314, victoire décisive de Bruce et de ses hommes sur les armées du roi Edouard II.

    Description de cette image, également commentée ci-après

    Avant la bataille de Bannockburn, Robert Bruce passe ses troupes en revue (Edmund Blair Leighton, 1909)


    C’est donc le destin de ce personnage, Robert Bruce, à l’origine des futures dynasties écossaises, notamment les Stuarts, que Robyn Young choisit de raconter ici, dans une saga historique touffue, conséquente, qui se termine en apothéose avec ce troisième tome enlevé, violent mais qui clôture avec brio cette trilogie commencée avec Insurrection. Tout doucement, elle déroule l’écheveau d’un destin d’exception, entre faits historiques avérés et d’autres plus flous qui permettent alors au romancier de s’immiscer dans les lacunes de l’Histoire. Le destin de Bruce est fragmentaire, pas toujours bien documenté, parfois connu par des sources populaires mais dont on peut douter de la fiabilité. L’auteure s’est donc insérée dans ces latences pour apporter sa propre pierre à l’édifice, tout en respectant au maximum le déroulé des événements et ce qu’elle savait de ses différents personnages.
    J’ai retrouvé ici ce que j’avais aimé dans les deux premiers tomes mais peut-être en cent fois mieux ! Non pas qu’Insurrection et Renégat, les deux premiers volumes, soient décevants ou pas intéressants, loin de là. Mais Avènement est peut-être le tome le plus abouti, le plus dense, le plus ambitieux. C’est visuel, quasi cinématographique : les scènes de batailles sont grandioses et épiques (on n'en entend pas moins d’elles), les paysages superbes de l’Écosse très bien décrits, vraiment, on s’y croirait. Quant aux personnages, ils sont tous détaillés ainsi que leur psychologie. Robyn Young laisse autant de place au renégat qu’au plus loyal et le personnage de Robert, découvert jeune homme dans Insurrection et Renégat, s’achemine vers la maturité en même temps que le trône. J’avoue que si j’ai en général une préférence pour les héroïnes (peut-être parce qu’il m’est plus facile de m’identifier à d’autres femmes), ce roman très masculin m’a séduite, un peu comme La Quête de Robert Lyndon. Et c’était passionnant, n’ayons pas peur des mots.
    Le seul petit bémol pour moi et qui est totalement subjectif, c’est le début du roman qui m’a un peu perdue : ma lecture du deuxième tome, Renégat, remontait à plus de deux ans et j’ai mis un peu de temps pour parvenir à me resituer dans l’intrigue et à ne plus confondre les personnages qui, on le sait, en ces temps lointains, ont souvent la fâcheuse tendance à porter des noms identiques ou très proches. Mais une fois que je m’y suis retrouvée, aucun souci.
    Comment conclure cette chronique autrement qu’en vous recommandant chaudement cette saga ? Si vous aimez les romans historiques et l’Écosse, elle est à lire de toute urgence, vous passerez probablement un très, très bon moment. Du moins je vous souhaite une aussi bonne lecture que la mienne et c’est vraiment avec regret que j’ai refermé ce troisième et ultime volume, un peu nostalgique (est-ce que je dois avouer qu’au cours de cette lecture j’ai été légèrement amoureuse de Robert Bruce et de son charisme ? Je crois que oui).

    En Bref : 

    Les + : un troisième tome qui clôt la trilogie dans l'apothéose et l'ivresse de la victoire, on suit le déroulé de l'intrigue comme on regarderait un film. Robyn Young signe là une fiction historique passionnante et qu'on prend plaisir de suivre de bout en bout.
    Les - : pour moi le seul bémol à relever et, comme je le souligne dans ma chronique, qui est totalement subjectif, c'est les premiers chapitres un peu compliqués, il m'a fallu du temps pour me resituer au milieu de la myriade de personnages et des retours réguliers vers la liste des personnages a un peu haché ma lecture mais ce n'est vraiment rien de grave.


     

    Les Maîtres d'Ecosse, tome 3, Avènement ; Robyn Young

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

    Envie d'en apprendre un peu plus sur les origines de la saga ? Découvrez mon avis sur les deux premiers tomes : 

    - Mon avis sur le tome 1, Insurrection, est juste là

    - Et retrouvez ici mon avis sur Renégat, le deuxième tome. 

     


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  • « Mais même à ce moment-là, les mots ne diront pas comment les choses se sont réellement passées. Car les mots ne sont pas toujours fiables : ils donnent forme trop facilement, trop superficiellement. »

    Les Graciées

     

     

      Publié en 2020 en Angleterre

     En 2021 en France (pour la présente édition)

     Titre original : The Mercies

     Éditions Pocket

     456 pages

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Norvège, 1617. Il a suffi d'une nuit, une nuit de tempête et d'horreur. Depuis que la mer a rendu, cadavre après cadavre, tous les hommes de Vardø, les femmes du village ont pris les choses en main. La pêche. Les travaux domestiques. Mais il était dit, même aux confins du cercle polaire, qu'on ne laisserait jamais les femmes en paix. En vertu du Décret sur la sorcellerie, fraîchement entré en vigueur, il est venu du continent un pasteur étranger : Absalom Cornet, inquisiteur fanatique et chasseur de sorcières. Pour Maren, Kirsten et les autres, toutes prisonnières chacune à sa manière, le bûcher est déjà dressé...

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Norvège, 1617. La veille de Noël, une terrible tempête s’abat sur l’île de Vardø, dans l’extrême nord du pays. Une tempête aussi effrayante que brutale et meurtrière : en effet, ce jour-là, les hommes de Vardø devaient sortir en mer pour pêcher. Quarante d’entre eux disparaissent dans les flots déchaînés de la mer de Barents, ne laissant sur l’île que des jeunes garçons et des vieillards.
    Passés le premier choc et le deuil, les femmes vont devoir s’organiser. Dans ces territoires hostiles et froids une bonne partie de l’année, où la vie est rude, il faut réagir vite. L’une d’entre elles, Kirsten, qui a une âme de meneuse, décide d’organiser la pêche, enrôlant certaines autres femmes de Vardø, contre l’avis du pasteur de la communauté et de certaines autres femmes, les plus dévotes. Les habitantes de Vardø ne le savent pas encore mais cette tempête aura d’énormes répercussions, sur leur quotidien immédiat mais aussi à plus long terme. Jamais plus leur vie ne sera comme avant et l’arrivée d’un nouveau seigneur nommé par le roi Christian IV et d’un délégué arrivant d’Ecosse, Absalom Cornet, scellera leur destin. Et quand le mot de « sorcellerie » est prononcé, dans un XVIIème siècle pétri de dévotion, plus aucun moyen de faire marche arrière n’existe…
    Les Graciées est un roman très féminin et presque un huis-clos, à l'ambiance très vite angoissante et presque palpable. A l’exception de quelques chapitres qui se passent à Bergen, on ne fait que naviguer entre les limites de l’île de Vardø, dans un climat qui devient de plus en plus étouffant. Les femmes, d’abord toutes confrontées au même deuil (chacune a perdu un père, un fils, un frère, un mari ou un fiancé) et devant se soutenir, commencent à s’éloigner les unes des autres : haine, jalousies, médisances deviennent leur quotidien. La méfiance, aussi petit à petit, quand certains commencent à distiller l’idée que cette tempête n’avait rien de naturel,  qu’elle n’était pas même l’œuvre de Dieu mais peut-être bien…la volonté du Diable. Et sur cette île perdue à l’extrême nord de l’Europe, certes christianisée depuis longtemps mais où la religion voisine étroitement avec les croyances ancestrales et celles des Lapons, qui peuplent aussi ces contrées et ne sont pas chrétiens, la moindre étincelle peut allumer le pire des incendies. Posséder des figurines traditionnelles ou se livrer à des pratiques aux relents païens devient dangereux. Vardø va devenir le théâtre d’une véritable chasse aux sorcières, où aucune des habitantes n’est à l’abri, sauf peut-être les croyantes les plus fanatiques qui n’hésiteront pas à dénoncer leurs consœurs.
    Le roman est centré sur deux personnages en particulier : Maren, vingt ans, née à Vardø et Ursa, originaire de Bergen et épouse d’Absalom Cornet, qui arrive avec lui sur l’île lorsqu’il est nommé délégué. Elles sont radicalement opposées : Ursa a toujours mené une vie relativement tranquille et confortable, même si pas exempte de deuils et de tristesse. Quant à Maren, c’est la vie d’une sauvageonne qu’elle mène sur son île natale, pelée et battue par les vents, entre ses parents et son jeune frère Erik, dont elle est proche. Une vie rude dans ce pays hostile, où l’on a souvent faim et où l’on n’est pas propre tous les jours. Les habitants vivent essentiellement de la pêche, du troc, mangent la viande de leurs rennes et en tannent les peaux. Maren et Ursa ont donc mené une vie bien différente et pourtant, lorsque la jeune Madame Cornet arrive sur l’île, avec son désarroi et sa solitude, elles vont se lier d’une improbable amitié. Elles assisteront toutes deux impuissantes au procès qui va se mener à Vardø, orchestré par le seigneur Hans Koening et le mari d’Ursa, Absalom Cornet. Aucune des deux n’en sortira indemne et leur vie sera bouleversée à jamais…
    Les Graciées est certes une œuvre de fiction mais qui s’appuie sur un contexte historique avéré : les chasses aux sorcières se sont multipliées au XVIIème siècle en Europe et se sont même diffusées aux Amériques (les fameux procès de Salem, dans les années 1690). Les procès de Vardø eurent bien lieu, en 1621, entre 1651 et 1653 et en 1662 et 1663. 91 personnes y comparaîtront et seront condamnées. Parmi elles, soixante-dix-sept femmes et quatorze hommes. Des Lapons, condamnés pour s’être livrés aux rites et pratiques ancestraux de leur peuple mais aussi des Norvégiens, coupables de ne pas avoir respecté les lois édictées par le roi Christian IV. On estime que, dans le Finnmark, 140 procès en sorcellerie eurent lieu entre 1602 et 1692. A Vardø, une certaine Kirsten (ou Kristi) Sørensdatter sera condamnée : c’est l’amie de Maren, Kirsten dans le roman.
    Prenant exemple sur le roi Jacques VI d’Écosse, puritain convaincu (et devenu aussi roi d’Angleterre en 1603 sous le nom de Jacques Ier) auteur d’une fameuse Démonologie, véritable guide pour reconnaître une sorcière, le roi Christian IV de Danemark et de Norvège édictera pour son double-royaume des lois particulièrement rigoureuses et qui coûtèrent la vie à plusieurs de ses sujets. Sans doute dans les 91 personnes jugées à Vardø au cours du XVIIème siècle, la plupart étaient-elles innocentes – voire certainement toutes. Car au final, qu’est-ce que la sorcellerie et surtout, existe-t-elle seulement ?
    Le XVIIème siècle est réellement l’apogée des chasses aux sorcières, qui ont eu lieu tout au long du Moyen Âge et de la Renaissance, avant de décroître ensuite à la fin du siècle – même si des flambées d’intolérance persistent ensuite. Aujourd’hui, dans un contexte de féminisme grandissant, prenant le contrepied de ces fameuses chasses, la société tendrait plutôt à réhabiliter leurs victimes qu’à encenser leurs bourreaux.
    Je n’ai pas trouvé ce roman forcément facile d’accès. Beaucoup moins par exemple que Les Sorcières de Pendle, avec lequel je n’ai pu m’empêcher d’établir une comparaison (même époque, même sujet…). Il m’a fallu du temps pour entrer dans cette histoire, me sentir proche des personnages. D’ailleurs je me suis même demandé si ce n’était pas là un objectif de l’auteure : ne pas nous faire sentir proche de ses personnages. Que ce soit Maren ou Ursa, je n’arrivais pas à les apprécier réellement, j’avais juste l’impression de les suivre, sans être partie prenante, sans m’investir dans ma lecture. Pas forcément la sensation la plus agréable pour un lecteur, non ? Heureusement, elle s’est dissipée…pas tout de suite, à tel point que j’ai oscillé assez longtemps entre « j’aime ? » ou « j’aime pas ? » et au final, j’ai aimé ! J’en suis très contente, d’ailleurs. Je n’ai pas aimé autant que je le voulais ou du moins,  autant que je l’espérais (ah ce fameux succès des réseaux sociaux, ce phénomène littéraire qui est finalement à double tranchant) : Les Graciées ne sera pas un coup de cœur pour plusieurs raisons que je n’expliciterai pas forcément pour ne pas vous en dévoiler trop (un conseil : lisez ce roman, il n’y a que ce moyen de se faire un véritable avis constructif) mais après avoir été assez longtemps spectatrice de ma lecture, j’y suis entrée enfin pour ne plus en sortir. J’ai vu la montée en tension presque douloureuse, le drame se mettre en place. J’ai, à ma grande surprise, découvert le personnage d’Ursa, que j’avais trouvé si terne et si peu digne d’intérêt au départ. Je me suis fait la réflexion que ce roman était l’illustration parfaite de l’adage : « on ne peut se fier à personne ».
    Les Graciées est un roman révoltant même si, évidemment, en le replaçant dans son contexte, on ne peut s’empêcher de se dire que c’était malheureusement quelque chose de très banal à l’époque. Mais la charge féministe de l’auteure s’y lit clairement : certes, les « chasses aux sorcières » n’ont pas touché que des femmes mais c’était la majorité des condamnées. Ici, le patriarcat et la religion se liguent pour faire plier des femmes trop indépendantes, qui ont osé empiéter sur les prérogatives des hommes. Hommes qui, ne l’oublions pas, ont péri en mer, laissant leurs mères, épouses, filles dans un dénuement des plus complets. Notre esprit de lecteur du XXIème siècle ne peut s’empêcher de s’étonner voire s’indigner : « Mais c’est débile cette histoire, et que viennent faire Dieu et la religion là-dedans quand on sait que ces femmes seules sont obligées de prendre la mer, comme des hommes, pour se nourrir et nourrir leurs enfants ? » J’ai souvent pensé ça en me retenant de lever les yeux au ciel. Et pourtant, ce n’est que la triste réalité d’une époque et d’une société – pas si éloignée de la nôtre à bien des égards. 

    Les Graciées raconte merveilleusement cela. La grosse découverte de ce roman, c’est clairement la plume de Kiran Millwood Hargrave (certes au travers d’une traduction, mais quand même), son univers. C’était vraiment bien écrit, je me suis délectée de ses mots. Si j’ai eu un peu plus de mal à entrer dans l’histoire, j’ai tout de suite aimé l’écriture de l’auteure, vraiment très talentueuse et dont les mots soulignent avec une rare intensité ce récit vraiment particulier et qui a pour lui son caractère unique et sa force.

    En Bref :

    Les + : le style de l'auteure, le lieu également où l'histoire se situe. Découvrir cette Norvège historique était vraiment intéressant pour moi qui adore l'Histoire. 
    Les - :
    le début du roman qui n'est peut-être pas facile d'accès, l'ambiance qui a mis du temps à me convaincre aussi et m'a mise mal à l'aise de prime abord. Je précise évidemment que ce n'est là qu'un ressenti subjectif et personnel.


    Les Graciées ; Kiran Millwood Hargrave

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

    • Envie d'en savoir plus sur Les Sorcières de Pendle de Stacey Halls, qui raconte un procès pour sorcellerie dans le Lancashire du début du XVIIème siècle ? Mon avis est à retrouver juste là.

     

     

     


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  • « Comme l'a fait remarquer si justement un homme perspicace : la meilleure cachette est celle qui vous crève les yeux. »

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            Publié en 2019 en Angleterre

       En 2019 en France (pour la présente édition)

       Titre original : Dark Queen Rising   

       Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

       306 pages

       Premier tome de la saga Margaret Beaufort

     

     

     

     

    Résumé :

    Mai 1471. La guerre des Deux-Roses atteint sa sanglante apogée. Edouard d'York revendique la couronne d'Angleterre, et ses partisans s'en prennent à tous ceux qui soutiennent la cause des Lancastre. Margaret Beaufort, mère d'Henri Tudor, dernier espoir de la maison Lancastre, est entourée d'ennemis mortels. Fragilisée mais déterminée à protéger son fils et à l'asseoir sur le trône, elle ne peut compter que sur Christopher Urswicke, un clerc qui réfléchit aussi brillamment qu'il manie la dague. Lorsque quatre fidèles des York sont retrouvés égorgés dans une taverne de Londres, Margaret est tout de suite soupçonnée d'être derrière le crime. Urswicke devra alors mobiliser toutes ses ressources pour enquêter, mais surtout pour intriguer dans un monde de complots et de manoeuvres, où chacun joue double jeu. Car c'est ainsi que chutent les royaumes, se renversent les trônes et tombent les couronnes. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    La guerre des Deux-Roses fait rage en Angleterre : grosso modo, ce sont deux branches d’une même famille, les Plantagenêt (tous descendants du roi Édouard III qui a régné sur l'Angleterre au XIVème siècle) qui se font la guerre pour la possession de la couronne anglaise. Sur le champ de bataille de Tewkesbury, les York (la rose blanche) battent à plates coutures leurs cousins Lancastre (la rose rouge), mettant en déroute leurs troupes et prenant en otage la reine Marguerite d’Anjou et son fils le prince de Galles, le jeune Édouard.
    Mais, si le parti lancastre est décapité, il n’est pas complètement mort non plus : dans l’ombre veille Margaret Beaufort, vingt-huit ans, mère d’Henri Tudor et dernier espoir des Lancastre après l’arrestation du couple royal et l’emprisonnement d’Henri VI (devenu fou) à la Tour de Londres. La jeune femme, prête à tout pour défendre les intérêts de son fils, est cernée de loups et de dangers (à commencer par la famille royale qui la surveille étroitement) mais elle peut compter sur Christopher Urswicke, un clerc rusé qui ne cesse de jouer double-jeu, tantôt à son service et tantôt au service de George de Clarence, le cadet du roi Édouard IV, aux ambitions tout aussi démesurées que le danger qu’il représente. Dans ce monde où tout n’est que faux-semblants, l’homme lige de Margaret Beaufort file un mauvais coton, mais il le fait avec brio, comme un véritable agent secret avant la lettre. D’ailleurs, Urswicke (ou Urswick) a bien existé : né en 1448, prêtre et confesseur de Margaret Beaufort, il semble qu’il ait joué un rôle prépondérant dans l’accession au trône d’Henri Tudor, en 1485. Dans le roman, l’auteur le présente même comme l’un des premiers agents d’espionnage.

    Description de cette image, également commentée ci-après

    Miniature médiévale représentant la bataille de Tewkesbury (4 mai 1471)


    Contrairement à ce que je pensais au départ, La reine de l’ombre n’est pas à proprement parler un roman policier - du moins ce n'est pas le ressenti que j'ai eu à sa lecture : certes, il y a des meurtres mais pas forcément d’enquête destinée à les résoudre ou du moins, je n’ai pas eu l’impression que celle-ci soit prépondérante, contrairement aux intrigues politiques, beaucoup plus présentes. Nous sommes plus dans un roman historique avec une légère touche de policier, écrit qui plus est par un historien (donc c’est très fiable et très précis et pour moi c’est un gros point fort) et situé dans un contexte riche et fort intéressant, celui de la guerre civile des Deux-Roses qui déchire le royaume jusqu’en 1485.
    On suit en plus un personnage intéressant, aussi charismatique que mystérieux, un clerc à l’esprit particulièrement tortueux qui peut rivaliser avec les plus sournois de la cour d’Édouard d’York, à commencer par son frère Clarence, qui ne vise rien moins que la place de son aîné et cherche par tous les moyens à nuire. On ne sait pas grand-chose sur Urswicke mais on admire son esprit délié et sa capacité à agir et à louvoyer dans un véritable nid de serpents où le moindre faux-pas peut vous envoyer à la mort.
    Sur le papier, il y avait donc tout pour me plaire dans ce roman et pourtant…il m’a manqué quelque chose. Ce petit je-ne-sais-quoi qui accroche et capte un lecteur. Je sors donc un peu mitigée de cette lecture, ni follement enthousiaste, ni vraiment déçue. J’ai traîné dedans : est-ce à cause de ça que je n’ai pas été embarquée ? Ou au contraire ai-je traîné parce que je ne me sentais pas hyper captivée ? Je n’en sais rien. Le début m’a semblé laborieux et je n’ai pas forcément aimé l’ambiance, il m’a fallu du temps pour m’y habituer. Et pourtant j’aime beaucoup la Guerre des Deux-Roses, une époque riche et qui inspire beaucoup les auteurs outre-Manche : Philippa Gregory (qui nous a imaginé notamment des fictions historiques tournant autour d’Elizabeth Woodville ou Anne Neville) ou encore Robyn Young et son personnage de Jack Wynter dans Les serpents et la dague. De Paul Doherty, connu pour ses nombreuses sagas historiques et notamment médiévales, j’avais lu la trilogie Mathilde de Westminster qui se passe à peu près à la même époque que Les Rois Maudits et j’avais trouvé cette saga sympa. Mais là, vraiment, je ne me suis pas sentie totalement partie-prenante de ma lecture, j’étais parfois un peu à côté. Dommage. Pas catastrophique non plus parce que ce roman a beaucoup de potentiel et que j’ai malgré tout envie de découvrir la suite. Le fait aussi que l’intrigue soit tournée vers Margaret Beaufort, que l’on voit souvent et surtout comme un personnage secondaire est intéressant.
    Bref, je suis sûre que si vous aimez les romans historiques avec une ambiance médiévale, des personnages assez fins et complexes (et pas manichéens) et une ambiance bien développée, vous pourrez sûrement apprécier pleinement et à sa juste valeur cette intrigue. Je regrette de ne pas avoir réussi à plus aimer alors que je ne demandais que ça.

    En Bref :

    Les + : un récit situé dans un contexte historique intéressant (bien que vu et revu dans les fictions historiques), les connaissances de l'historien mises au service d'un récit imaginaire, le personnage charismatique et mystérieux d'Urswicke, qui fait évidemment se questionner le lecteur.
    Les - :
    à titre personnel,  j'ai trouvé que l'ambiance au début du roman ne m'avait pas forcément aidée à apprécier pleinement cette lecture.


    La Reine de l'ombre ; Paul Doherty

       Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

    • Envie de découvrir mon avis sur d'autres romans de Paul Doherty ? Découvrez mes billets sur Mathilde de Westminster :

    Le Calice des Esprits, t1

    Le Combat des Reines, t2

    Le Règne du Chaos, t3

     

    • Les Romans de Philippa Gregory sur la Guerre des Deux-Roses (saga The Cousin's War) présentés sur le blog :

    La Reine Clandestine

    La Princesse Blanche

    La Fille du Faiseur de Rois

     

     


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