• « C'est l'diable, j'vous dis ! Ou Dieu qui nous punit. »

    La Malédiction de Gabrielle, tome 1, Le Fléau de Dieu ; Andrea H. Japp

     

    Publié en 2016

    Editions J'ai Lu

    347 pages

    Premier tome de la saga La Malédiction de Gabrielle 

    Résumé :

    La peste ! Le fléau de Dieu s'abat sur le royaume de France et sur les hommes sans distinction de richesse ni de classe. Pourtant, en 1347, personne ne veut y croire. Mais lorsqu'elle gagne Paris, elle bouleverse les âmes et les consciences et menace les ordres établis. Même la cour du roi succombe à ses pires démons. 

    Gabrielle d'Aurillay, tout récemment arrivée dans la capitale, pourra-t-elle sauver sa vie et celle de son enfant ? Parviendra-t-elle à comprendre la personnalité de son mari ? Le diptyque mystérieux que celui-ci gagne au jeu est-il un talisman ou une malédiction supplémentaire ? Et pourquoi rend-il fou tant d'hommes de foi ? Amours, trahisons, mystères, superstitions, disparitions suspectes...Il est à croire que la peste n'est pas le mal le plus terrifiant du royaume de France. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Il y'a quelques années, j'ai découvert Andrea H. Japp après beaucoup d'hésitations... J'ai lu sa saga La Dame sans Terre qui m'a beaucoup plu et, petit à petit, j'ai découvert les aventures de ses autres héros : Hardouin cadet-Venelle, bourreau de Mortagne, le mire Druon de Brévaux et d'autres encore. Entre roman policier et roman historique, ses reconstitutions précises d'un Moyen Âge sombre et poisseux, mâtiné d'un peu de superstitions et d'ésotérisme m'ont plu tout de suite ! Pourquoi ? Je serais bien en peine de vous l'expliquer mais voilà, j'ai été emballée et cet engouement ne s'est jamais arrêté. J'ai toujours pris un grand plaisir à lire les romans historiques d'Andrea H. Japp et si certains m'ont plus convaincue que d'autres, je n'ai jamais été déçue, bien au contraire.
    Ainsi, j'ai été ravie de voir il y'a quelques mois que sa dernière saga La Malédiction de Gabrielle, était enfin sortie en poche parce que, évidemment, j'avais très envie de la lire !
    Nous sommes en 1348 et Gabrielle est une jeune mariée très amoureuse, en attente de son premier enfant. Installée à Paris, elle s'ennuie un peu, alors que son époux travaille tout le jour et parfois même la nuit, pour soit-disant, lui offrir une belle vie ainsi qu'à l'enfant à naître. Aveuglée par son amour, Gabrielle ne se rend pas compte qu'il se moque d'elle.
    Et puis, en plein été, alors que Paris est écrasé de chaleur, voilà qu'un mal mystérieux mais terriblement mortel se répand progressivement dans la ville, anéantissant des quartiers entiers. Foudroyante, cette fièvre très violente tue en quelques heures voire quelques jours. Sur les 17 millions de Français de l'époque, on sait aujourd'hui que cette pandémie en tuera 7. La moitié de la population européenne sera décimée. Cette pandémie, c'est la fameuse peste noire du XIVème siècle, qui épouvanta les populations tout autant qu'elle les a tuées. Cette pandémie est restée dans les mémoires comme un moment de chaos complet, un fléau de Dieu parce qu'elle a touché tout le monde, riches ou pauvres, enfants et vieillards et aucun pays ne fut vraiment épargné. L'épidémie se propagea sur plusieurs décennies mais finit par toucher tous les pays d'Europe et même d'Asie. On comprend alors, à une époque où la médecine est encore relativement peu développée, l'horreur qui se répandit en même temps que la maladie.
    La Malédiction de Gabrielle se situe dans un contexte spatio-temporel un peu différent que celui auquel Andrea H. Japp nous a habitués dans ses autres sagas : ici l'intrigue se déroule au milieu du XIVème siècle et non pas au début et nous quittons le Perche pour Paris et ses proches alentours, où vivent les personnages et surtout Gabrielle, notre jeune héroïne de vingt ans. J'aimais beaucoup, dans ses autres sagas, retrouver un lien entre elles toutes, retrouver des lieux connus ou même, parfois, des personnages qui se mêlent et se rejoignent d'une saga à une autre, comme Hardouin cadet-Venelle, bourreau de Mortagne, que l'on retrouve aussi brièvement dans Les Mystères de Druon de Brévaux.
    Avec La Malédiction de Gabrielle, Andrea H. Japp nous amène ailleurs. Le changement est-il complet cependant ? Non. L'auteure n'innove pas non plus du tout au tout et on retrouve bien sa patte, son univers particulier et personnel, entre Moyen Âge violent et torturé et mystère spirituel ou ésotérique... Là, alors que Paris puis tout le royaume se prépare à l'arrivée d'un fléau sans précédent, que la reine est terrée avec ses dames à Vincennes et que le peuple cède à la panique, un mystérieux diptyque sur lequel apparaît un texte en vieille langue hébraïque semble, malgré son peu de facture, déchaîner les passions et occasionne même quelques meurtres.
    Le côté policier est peut-être un peu mis de côté pour se concentrer sur une description d'un Paris lentement plongé dans un marasme sans nom. Les meurtres sont moins nombreux, on ne peut pas à proprement parler d'enquête... Contrairement aux autres héros de Japp, la jolie Gabrielle d'Aurillay n’enquête pas dans ce tome. Peut-être cela viendra -t-il dans le second opus, toujours est-il que, dans ce tome, Gabrielle est une jeune femme comme les autres, une jeune femme qui croit avoir fait un bon mariage, pardonne tout à un époux bien aimé et attend avec impatience l'arrivée de son premier enfant. Pas de quoi fouetter un chat vous me direz et pourtant, on sent vite que Gabrielle n'est pas qu'une jolie bécasse, au contraire, qu'elle a de la détermination et que des embûches ne manqueront pas de naître sous ses pas.
    Je sais que cette saga a un peu moins plu que les autres de Japp et je peux comprendre même si j'ai apprécié Le Fléau de Dieu et que j'espère tout autant aimer A l'Ombre du Diable, le deuxième opus. Il est vrai que le roman n'est pas très enlevé et qu'il ne s'y passe, en apparence, pas grand chose. Au départ, j'ai même eu l'impression que les chapitres étaient une compilation, un empilement, sans que je ne puisse établir un lien entre eux. Et puis cela se fait, tout doucement et le mystérieux diptyque devient un lien entre tous les personnages. Finalement, dans Le Fléau de Dieu, l'auteure prend le temps de poser son intrigue et, assez vite j'ai eu le sentiment que tout allait se jouera dans le deuxième tome.
    Ici, plus que sur une intrigue policière, c'est essentiellement sur la propagation de la maladie que repose toute la tension narrative. Notre coeur bat en même temps que ceux des personnages. On comprend la terreur de plus en plus sourde qui envahit les habitants, l'horreur impuissante de voir mourir les siens sans pouvoir les accompagner ni même les assister dans une mort terrible ; la terreur d'un mal qu'on n'explique pas mais qui tue, tout le temps, sans arrêt, sans prévenir.
    Pour nous Hommes du XXIème siècle, la Grande Peste du XIVème est effrayante mais aussi fascinante. Aujourd'hui, nos connaissance médicales nous permettent d'aborder cette épidémie d'une ampleur considérable avec recul : identifié en 1894 par le médecin Alexandre Yersin, le bacille de la peste est aujourd'hui connu, étudié et, même s'il existe encore dans certains pays et que certains cas sont encore diagnostiqués en Europe, cette maladie est soignable, grâce aux antibiotiques.

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    Des malades de la peste


    On peut alors se pencher avec intérêt sur cet épisode extraordinaire de notre Histoire, une Histoire commune puisque peu de pays y échappèrent.
    On comprend aisément ce que fut la peur terrible de populations confrontées à un tel mal, d'une rare violence contre lequel aucun remède, même des plus rudimentaires, était efficace. On comprend leur sentiment d'abandon face à une Église aussi démunie qu'eux, un Dieu absent, que l'on prie désespérément mais qui ne répond pas, et pour cause. De là l'émergence des Flagellants, d'un antisémitisme particulièrement violent et parfois meurtrier et d'un sentiment que la fin du monde est proche. J'ai trouvé que Andrea H. Japp avait réussi à saisir ce que devait être l'angoisse des gens de l'époque, la peur irraisonnée de la contagion, l'idée que cela n'allait pas s'arrêter, la peur de la mort sans aucun remède pour soulager.
    Enfin, c'est avec grand intérêt que j'ai lu la postface du roman. Peut-être le savez-vous si vous avez déjà lu Japp, mais celle-ci a fait des études scientifiques, notamment de biochimie, en France et aux États-Unis. Elle possède aussi des connaissances en bactériologie, qui lui ont permis de se pencher sur des études sur la grande pandémie du XIVème siècle et j'ai été sidérée de découvrir que plusieurs thèses s'affrontent, thèses que malheureusement le grand public ne connaît pas puisqu'on croit, sans forcément aller plus loin, que cette épidémie fut uniquement une épidémie de peste, qu'elle soit bubonique ou pulmonaire. Eh bien non, il se pourrait finalement que ce soient plusieurs maladies qui aient sévi en même temps, comme des virus s'apparentant au charbon ou à Ebola. Thèse intéressante et très bien expliquée par l'auteure, qui m'a permis d'en apprendre un peu plus et surtout de découvrir que, parfois, nos livres d'Histoire sont un peu lacunaires et que la science proprement dite peut alors y remédier en avançant des preuves quasi irréfutables.
    La Grande Peste inspire nos romanciers et, en général, en bien. Le dernier roman que j'aie pu lire sur cette période est le très bon La Compagnie des Menteurs de Karen Maitland. Et justement, j'ai toujours trouvé des parallèles entre les univers de Maitland et de Japp : un Moyen Âge sombre et quelque peu angoissant, des intrigues noires et tendues ou l'on a l'impression d'un danger constant tapi quelque part, une tension latente qui se communique au lecteur. Peut-être les intrigues de Maitland sont-elles les plus violentes mais il est vrai qu'on peut trouver des points communs, notamment parce qu'on est loin du Moyen Âge onirique et peut-être un peu policé des grands. Maitland et Japp nous immergent toutes deux dans la cruelle réalité quotidienne du peuple, sa violence et sa lutte constante pour survivre. Si La Compagnie des Menteurs est sûrement bien plus angoissant que Le Fléau de Dieu, j'ai trouvé que les deux auteures, à leur manière, parvenaient à toucher du doigt un contexte pas évident et à se l'approprier. Chacune le raconte à sa manière, avec des personnages tous intéressants à leur échelle.
    La Malédiction de Gabrielle a l'air d'être une bonne saga et j'ai le sentiment que tous les questionnements qui ont pu apparaître au cours de cette lecture trouveront une réponse dans le deuxième tome.
    Une bonne lecture historique, où j'ai retrouvé la patte de Japp mais aussi un souffle de renouveau assez bienvenu. 

     

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    Une danse macabre, où les vivants sont emportés par les morts

    En Bref :

    Les + : une saga un peu différente des autres, avec un souffle nouveau plutôt agréable. Le contexte assez fascinant est également un gros point positif à mon sens. 
    Les - : au final, je n'en ai pas vraiment trouvé... 


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  • « La connaissance est préférable à l'ignorance. »

    Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 1, Une Etude en Écarlate ; Jean d'Aillon

     

    Publié en 2015

    Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

    504 pages

    Premier tome de la saga Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson

    Résumé : 

    Le 21 mai 1420, la reine de France signait un traité par lequel le roi Charles VI reconnaissait son gendre Henri V d'Angleterre héritier de la couronne de France. Un an plus tard, l'eau d'une fontaine voisine de la porte Saint-Honoré devint rouge et le peuple resta convaincu qu'il s'agissait du signe précurseur de quelque désastre. Au même moment, Edward Holmes, clerc et demi-frère du baron de Roos tué à la bataille de Baugé, est chassé de l'hôtel parisien de son seigneur. Ne pouvant rentrer en Angleterre, Holmes trouve logis chez maître Bonacieux, greffier au Châtelet et zélé partisan bourguignon, où il partage la chambre de Gower Watson, un archer blessé à la bataille d'Azincourt. 

    Dans un Paris où règnent la faim, le froid et la misère, Edward Holmes devra mettre au jour un terrible complot dans lequel les conjurés veulent entraîner son ami Watson. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Si, comme moi, vous avez eu l'occasion de lire plusieurs romans de Jean d'Aillon, vous saurez que ses deux principales inspirations sont Alexandre Dumas, et Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes. Dumas pour l'Histoire et Conan Doyle pour le policier, bien évidemment. D'ailleurs, pour cette saga, l'auteur se serait inspiré d'un texte médiéval qui aurait même servi de modèle à Conan Doyle... : bon, personnellement, je n'y crois pas vraiment mais Jean d'Aillon parvient à faire habilement planer le doute ! 
    Quand le premier tome des Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson est sorti, beaucoup de lecteurs se sont insurgés contre ce qu'ils considéraient comme un vulgaire pastiche de leur héros préféré, ou même pire, comme un plagiat. Personnellement, n'ayant pas lu les enquêtes de Sherlock Holmes, je ne peux pas comparer mais, connaissant l'oeuvre de Jean d'Aillon, je ne crois pas qu'il ait voulu uniquement copier Conan Doyle, au contraire. Il faut plus voir Edward Holmes comme un hommage qu'une copie, à mon avis. Ceci étant dit, ça ne veut pas dire pour autant que le roman en vaut la peine.
    Alors, justement, est-ce que Une Etude en Ecarlate vaut la peine d'être lu ? Ma réponse est oui, malgré quelques petits défauts sur lesquels je reviendrai.
    Parlons d'abord des aspects positifs du roman. Il est clair que le premier tome des Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson a beaucoup de potentiel ! C'est un roman historique efficace et qui plaira aux amateurs du genre, ainsi qu'à ceux qui aiment les romans policiers. Pour moi, le gros point positif de ce roman et par là même, de la saga, c'est son contexte : la Guerre de Cent ans et surtout la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons sont peu traitées dans les romans. Et pourtant, s'il y'a bien une époque du Moyen Âge qui, après le Moyen Âge central, Aliénor d'Aquitaine, les troubadours etc etc me plaît, c'est celle-ci : le règne trouble de Charles VI, accablé très jeune par une forme de folie particulièrement invalidante, dominé par des figures masculines importantes -Louis d'Orléans, Jean sans Peur et j'en passe-, mais surtout par celle d'une femme, encore très controversée : la reine Isabeau de Bavière. Je crois que, au-dela de la curiosité que cette saga un peu particulière a fait naître chez moi, c'est aussi ce contexte historique intéressant qui a fini par emporter tous mes suffrages. Et je ne regrette effectivement pas parce que, même si le contexte est particulièrement compliqué, on sent le travail de recherche de l'auteur. Jean d'Aillon est un auteur rigoureux, qui force parfois un peu le trait, quitte à ne pas être forcément objectif, mais en ce qui concerne les informations historiques, en général, elles sont vérifiées et assises sur des bases solides : ensuite, évidemment, qu'une touche de romanesque vienne se mêler à ça, c'est normal et je n'y trouve rien à redire même si je ne suis pas toujours en accord avec la vision de tel ou tel personnage par l'auteur : c'est le cas ici avec Isabeau de Bavière, dont j'ai une image plus nuancée et peut-être plus indulgente que celle de Jean d'Aillon mais peu importe. Cela ne m'a pas empêchée d'apprécier le roman, au contraire.
    J'ai aimé l'intrigue policière, parfaitement bien intégrée dans le contexte avec lequel elle interagit tout le temps. J'ai aussi apprécié découvrir les nouveaux héros de Jean d'Aillon : jusque là, je ne découvrais plus, je ne faisais que continuer des sagas. Avec Edward Holmes, je fais la découverte d'une ambiance, d'une saga qui, connaissant Jean d'Aillon va être conséquente et...d'un nouveau héros et cela n'est pas pour me déplaire !
    Plus qu'aux héros victoriens de Conan Doyle que je ne connais de toute façon pas, c'est à Louis Fronsac et Gaston de Tilly, deux autres personnages de Jean d'Aillon que j'ai comparé Edward et Gower qui, au premier abord, n'ont rien du héros au sens où on l'entend : le premier est un simple clerc anglais, bâtard de naissance, demi - frère du baron de Roos dont il a été intendant avant d'être limogé par le nouveau baron, après la mort de Roos à la bataille de Baugé. Quant à Gower Watson, c'est un archer anglais, installé à Paris, blessé à Azincourt et qui a trouvé à se loger chez un couple de bourgeois répondant au nom de Bonacieux : tiens tiens, cela ne vous dit-il rien ? Si vous avez lu Dumas, certainement.
    Bref, rien que du très banal, si on omet la capacité de réflexion assez importante de Holmes qui, encore une fois, m'a rappelé Louis Fronsac et ses déductions épatantes !
    Edward Holmes et Gower Watson ont quelque chose d'assez attachant et j'ai apprécié les découvrir. Cela aura été une belle rencontre ! Et j'ai aimé retrouver des personnages historiques déjà rencontrés et d'autres, totalement inconnus !
    L'intrigue policière, sur fond de complot anglais et guerre civile française, est bien ficelée et nous promène, nous balade dans un Paris particulièrement éprouvé et dans lequel le printemps semble avoir disparu au profit d'un hiver interminable !
    Mais, si j'ai globalement aimé le roman certaines petites choses m'ont gênée et je crois que des erreurs décelées ici ou là auraient pu être évitées... Je crois que ce sont surtout des erreurs d'étourderie mais qui, malheureusement, enlèvent un peu de crédibilité à un roman qui, par ailleurs, se veut extrêmement fiable historiquement. Je déplore donc quelques approximations sur la généalogie de la royauté anglaise et le nom d'un personnage changeant systématiquement, passant de Guillaume à Simon sans aucune raison.
    Le roman a heureusement suffisamment de points positifs pour tempérer ces quelques petits problèmes qui le rendent un peu inégal. C'est dommage mais pas catastrophique non plus.
    Bref, pour conclure, Une Etude en Ecarlate est un roman historique et policier plutôt sympa, pas parfait et un peu longuet au départ mais qui pose bien la saga et donne envie de découvrir la suite des aventures de notre perspicace clerc anglais et de son acolyte archer. 

    En Bref : 

    Les + : sans aucun doute, le contexte historique sur lequel s'appuie une enquête policière plutôt efficace et bien menée. 
    Les - :
    quelques longueurs au début et des approximations qui rendent le récit un peu inégal, c'est dommage. 


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  • « Il est des vérités qu'il vaut mieux taire. »

    Les Rohan Montauban, tome 3, Meurtres à Versailles ; Anne-Laure Morata

    Publié en 2012

    Editions du Masque (collection Labyrinthes)

    253 pages

    Troisième tome de la saga Les Rohan Montauban

    Résumé : 

    Henriette-Anne, fille du roi Charles Ier décapité sur ordre des parlementaires, a fui l'Angleterre avec sa mère, au moment de la guerre civile. Réfugiée au Louvre, la petite exilée se lie d'amitié avec un mystérieux garçon, Providence, qui devient son confident secret avant de disparaître. Vingt ans plus tard, elle épouse Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV, avec lequel elle est en conflit permanent. Par bravade, Henriette-Anne met un point d'honneur à briller à la Cour où elle s'impose face à la reine et aux favorites, enhardie par le retour de Providence dans son existence. Mais bientôt un vent d'effroi souffle sur Versailles : des cadavres mutilés marqués d'un chiffre à l'épaule sont retrouvés dans les jardins. Le roi s'efforce d'étouffer l'affaire cependant les crimes continuent... La Reynie, lieutenant général de police, charge alors Malo de Rohan Montauban, son jeune commissaire, de confondre le coupable.

    Entre complots politiques, mensonges et trahison, Malo devra, pour démasquer le meurtrier, affronter les fantômes du passé d'Henriette-Anne mais également les siens.

    Après L'Héritier des pagans et Le Jeu de dupes, on retrouve le clan des Rohan Montauban au cœur d'une vengeance implacable menée contre Louis XIV.

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    C'est parti pour le troisième tome de la saga Les Rohan Montauban !
    Nous avons quitté nos héros en 1651, en pleine Fronde et nous les retrouvons en 1668, alors que Louis XIV règne sans partage sur la France depuis sept ans. Le château de Versailles est en plein travaux et la Cour le fréquente de loin en loin, notamment pour les réjouissances que le monarque se plaît à donner à ses courtisans. Seulement les débuts du futur flamboyant palais sont ensanglantés par des meurtres atroces et rituels : des cadavres sont retrouvés dans les jardins ou dans les couloirs inoccupés du château, affreusement mutilés et marqués à l'épaule d'un chiffre romain. Que se passe-t-il ? Et qui en veut ainsi au grand rêve de Louis XIV ?
    Malo de Rohan Montauban, déjà découvert dans les deux premiers tomes, passe ici sur le devant de la scène. A trente cinq ans, l'ancien petit paysan breton, que son cousin François a pris sous son aile, a étudié à Paris avant d'intégrer l'armée royale puis la police parisienne sous les ordres du fameux Gabriel Nicolas de La Reynie. François et son épouse Nolwenn habitent toujours leur domaine auvergnat en compagnie de leurs deux enfants, les jumeaux Charlotte et Philippe. Mais voilà que pour se soustraire à une union qu'elle ne veut pas, la jeune Charlotte fugue et disparaît... Malo va donc devoir, de front, enquêter sur les meurtres de Versailles tout en recherchant sa jeune cousine.
    S'il y'avait un seul tome à retenir dans cette saga, c'est bien celui-ci ! Après l'intrigue plus que moyenne du premier et la deuxième, déjà nettement meilleure, Meurtres à Versailles est certainement la plus captivante et la plus enlevée ! J'ai passé un réel bon moment de lecture avec cet ultime volume qui nous emmène au cœur des premières années de Versailles, avant que le château ne devienne résidence permanente de la Cour. Louis XIV est un jeune monarque tout-puissant, entouré d'une femme terne et effacée, d'une ancienne maîtresse, Louise de la Vallière, qui sert de paravent à ses nouvelles amours avec la charismatique marquise de Montespan. Et il y'a aussi la jeune et jolie -mais fragile- duchesse d'Orléans, la petite cousine Henriette-Anne d'Angleterre, née en 1644 et exilée de son pays natal avant l'exécution de son père le roi Charles Ier. Henriette-Anne, harcelée par la jalousie constante et mesquine d'un mari homosexuel et par les avanies du mignon de ce dernier, le chevalier de Lorraine et qui a noué une amitié quelque peu compromettante voire dangereuse...
    Anne-Laure Morata utilise habilement un contexte intéressant et riche -et s'il y'a bien, en dehors du XVIIIème siècle, une période qui me passionne, c'est celle-là-, pour servir son intrigue entièrement fictive et ça fonctionne vraiment très bien. Si je pense qu'une vision un peu plus nuancée de Louis XIV n'aurait pas été de trop, je trouve malgré tout que l'auteure s'en sort bien, comme dans les deux précédents tomes, d'ailleurs. Car une chose est sûre : on ne peut pas lui reprocher d'avoir écrit au hasard. Ses recherches sont solides, il n'y a aucune erreur de dates, les faits sont très bien relatés.
    Même le style, dans ce dernier volume, s'est affiné. J'ai été moins gênée par ces dialogues un peu lourds par exemple qui m'avaient dérangée dans le premier... Meurtres à Versailles est un bon roman historique dans lequel sont mélangés efficacement faits historiques et intrigue totalement imaginaire mais la première sert la seconde de manière tout à fait cohérente.

    Portrait d'Henriette-Anne d'Angleterre par Pierre Mignard : la présence de ce personnage historique sert de colonne vertébrale au récit


    Le rythme du roman est dynamique, enlevé. Il est mené tambour battant et on a du mal à lâcher le livre. Si L'héritier des Pagans m'est souvent tombé des mains, une chose est sûre, ça n'a pas été le cas avec ce roman-là qui a réussi à m tenir en haleine. L'intrigue policière est intéressante et, pour l'aspect aventureux du récit, j'ai retrouvé du Juliette Benzoni ou du Jean d'Aillon, sans aucun doute !
    L'auteure nous emmène où elle veut, en brouillant les pistes, nous emmène souvent sur des fausses, en nous livrant le fin mot de l'histoire au moment où on s'y attend le moins, insinuant le doute dans notre esprit de lecteur. Il faut dire que, si j'adore les romans policiers, en général, je suis vraiment une bille pour découvrir le coupable avant la fin. Je n'ai pas un esprit spécialement logique et je pense que c'est pour ça... je ne suis pas un fin limier mais j'apprécie de me faire balader d'une hypothèse à une autre, à plus forte raison quand l'intrigue est maîtrisée et bien menée et c'est le cas de celle qui sert de fil conducteur à Meurtres à Versailles. Je ne m'attendais pas du tout à cela, je dois bien l'avouer, surtout après la grande déception ressentie à la lecture de L'Héritier des Pagans. Qui aurait pu pressentir que j'aimerais autant ce troisième et ultime volume ? Sûrement pas moi, en tous cas.
    J'ai aimé aussi que le récit se recentre sur Malo, découvert gamin dans L'Héritier des Pagans, puis mis en retrait. Âgé maintenant de trente-cinq ans et commissaire au service de l'un des plus fameux lieutenants de police de l'Ancien Régime, c'est un jeune homme attachant et touchant, par certains aspects. J'ai apprécié qu'il soit le véritable héros de Meurtres à Versailles, plus que François, au final, qu'on a suivi dans les deux tomes précédents et qui est, certes, un personnage assez intéressant mais qui m'a laissée bien plus de marbre que Malo, que j'ai senti plus complexe, un peu moins lisse peut-être, quoique lisse ne soit pas vraiment le terme approprié...Enfin bref, je l'ai préféré à son cousin et j'ai trouvé que c'était un bon policier, au raisonnement sûr, qui n'est pas sans rappeler le fameux commissaire en tricorne de Jean-François Parot, mon cher Nicolas que, vous le savez si vous me suivez depuis longtemps, j'aime d'amour.
    Mais revenons-en à Meurtres à Versailles. A part ça, j'aimerais aussi parler de l'autre personnage qui est au centre du récit, dès le début d'ailleurs et qui est un personnage authentique : Henriette-Anne d'Angleterre, la fille infortunée d'Henriette-Marie de France et de Charles Ier d'Angleterre. Née en 1644, cinq ans à peine avant l'exécution de son père, la petite princesse, réfugiée en France avec sa mère, sera longtemps traitée comme la parente pauvre, avant qu'elle n'épouse le frère du roi, Philippe d'Orléans. Union fragile gangrenée par la jalousie paranoïaque de Monsieur, qui ne cesse d'épier son épouse tout en s'affichant sans vergogne avec ses mignons et notamment le premier d'entre eux, le chevalier de Lorraine. La vie de la princesse, relativement courte puisqu'elle meurt à vingt-six ans, fin juin 1670, ne fut qu'une longue suite de déconvenues et de souffrances. Fut-elle la maîtresse de Louis XIV ? On n'en sait rien, mais elle eut au moins l'affection de son beau-frère. La personnalité de Madame est particulière, cette princesse est assez ambivalente et toujours traitée différemment par les romanciers. Pendant longtemps, j'ai gardé d'elle l'imagine d'une flamboyante rousse très sûre d'elle, tirée je crois bien d'un roman de Juliette Benzoni, assez éloignée de la vérité, je suppose. Mon avis s'est affiné, nuancé et la vision, pas bien reluisante mais malheureusement assez vraisemblable, livrée ici par Anne-Laure Morata me paraît la plus proche de ce que l'on sait de cette jeune princesse. Henriette-Anne est touchante, jolie et fragile. Elle ne fut pas heureuse mais s'employa à faire croire le contraire et, en cela, elle est donc infiniment courageuse et mérite que l'on parle d'elle. J'ai aimé la retrouver, parfois en retrait mais toujours omniprésente, dans ce récit où elle a toute sa place.
    Pour conclure, si je devais donner un avis global sur cette saga, je dirais : étonnant. Surprenant. Oui, la saga des Rohan Montauban est étonnante. On démarre avec un premier tome plus que moyen à mon goût et puis la saga s'améliore significativement jusqu'à devenir très bonne. Mieux vaut cela que l'inverse, me direz-vous et vous avez raison. Je suis ravie d'avoir persévéré et surtout, de ne pas avoir laissé dormir les deuxième et troisième volumes dans ma PAL de longs mois encore, parce que je crois que je n'aurais plus ressenti l'envie de les en sortir et c'aurait été dommage parce que j'ai finalement été agréablement surprise et notamment par Meurtres à Versailles, qui est un très bon roman et duquel mes exigences de lectrices ressortent parfaitement satisfaites.
    Une saga que je ne déconseille pas du tout ! Si jamais, comme moi, vous étiez déçu par le premier tome, ne vous arrêtez pas à cet avis mitigé et continuez, vous verrez, ça vaut le coup ! Vraiment. Parole de lectrice.

    En Bref :

    Les + : une enquête policière vraiment aboutie et bien menée, qui nous balade complètement et parvient à nous captiver de bout en bout avant de nous surprendre.
    Les - :
    encore quelques termes un peu modernes, mais nettement moins présents que dans les deux autres tomes ; un contexte historique bien relaté mais qui mériterait peut-être, notamment au niveau de la description des personnages authentiques, d'être nuancé, sinon minoré.


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  • « Il n'existe pas de fatalité, mon frère, uniquement la folie des hommes. »

    Les Rohan Montauban, tome 2, Le Jeu de Dupes ; Anne-Laure Morata

    Publié en 2010

    Editions du Masque (collection Labyrinthes)

    267 pages

    Deuxième tome de la saga Les Rohan Montauban

    Résumé : 

    Hiver 1651. Le domaine de Mont Menat, en Auvergne, où François de Rohan Montauban s'est établi avec son épouse Nolwenn, est attaqué en son absence. Il retrouve sa propriété saccagée, Violette de Goyon, la cousine de sa femme, assassinée et aucune trace de Nolwenn, vraisemblablement enlevée. 
    François, sur les traces des ravisseurs, rejoint Paris, alors en proie à l'agitation de la Fronde, pour tenter de libérer Nolwenn avec l'aide de son clan. Il va découvrir que Violette de Goyon, courtisane audacieuse, avait dérobé des lettres codées compromettant les plus hauts dignitaires du royaume. L'une d'elle révèle même un secret d'Etat susceptible de faire vaciller le trône du jeune Louis XIV...
    François n'a plus q'une issue pour sauver son épouse : récupérer les fameux courriers. Sa quête semée d'embûches l'entraînera au cœur des intrigues du Palais Royal. Mais on ne s'attaque pas impunément aux secrets des puissants... 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1651, Gilles Le Bars, reconnu comme héritier de la famille des Rohan Montauban, a recouvré son heritage. Propriétaire du domaine de Mont Menat en Auvergne, il partage sa vie avec Nolwenn, la jolie fille d'un hobereau breton, son premier amour qui est devenue sa femme.
    La vie pourrait être calme si le domaine de Mont Menat n'était soudainement mis à sac... Gilles, devenu François, retrouve un jour son château sens dessus dessous, certains de ses serviteurs assassinés ainsi que la cousine de sa femme, la mystérieuse Violette de Goyon. Quant à Nolwenn, elle a été enlevée et reste introuvable. Commence alors pour François une traque qui l'amènera jusqu'à Brühl, en Allemagne, auprès de Mazarin et dans les bas-fonds de Paris à la recherche de son épouse disparue. Sur fond de Fronde des Princes, ce second volet des aventures de François de Rohan Montauban augurait et bien et dès le départ.
    Et contre toute attente, j'ai aimé ce deuxième tome. Pourquoi contre toute attente ? Tout simplement parce que si vous avez lu ma chronique précédente, consacrée au premier tome de la saga, L'héritier des Pagans, vous avez pu constater que je ne l'ai pas aimé et que j'ai été très déçue par ce roman bien trop inégal pour être convaincant.
    Alors évidemment, en commençant Le Jeu de Dupes, deuxième volet des aventures de François de Rohan Montauban, j'avais une petite appréhension. Allais-je aimer ce roman ou bien être déçue une seconde fois ? En 2014 cela m'est arrivé avec une trilogie : Le Temps des Femmes, par Emmanuelle de Boysson. Je l'ai lue entièrement avec toujours le vague souhait de me sentir plus emballée or il s'est avéré que les trois tomes ont été une vraie déception. J'espérais donc qu'il n'en serait pas de même avec cette saga et je suis donc heureuse d'avoir trouvé des points positifs à ce roman !
    Soyons clair, ce ne sera pas un coup de cœur ! Il y'a quand même des choses qui m'ont gênée, mais après la grande déception du premier volume, je suis vraiment ravie d'avoir aimé ce deuxième tome, malgré ses quelques petits défauts, à commencer par un style parfois un peu trop moderne et qui ne colle pas vraiment à l'époque : sans écrire dans la langue du XVIIème siècle, que l'auteur fasse au moins attention de ne pas utiliser des termes trop modernes voire anachroniques : le mot match à mon sens est à bannir, à plus forte raison quand on le met dans la bouche d'un héros des années 1650...quant au personnage lisant son journal en fumant la pipe...c'est bien plus XIXème que XVIIème siècle, à mon sens ! 
    Mais pour ce qui est du fond, j'avoue que j'ai été bien plus convaincue par cette intrigue que par la première. Des secrets d'état en pleine Fronde, un enlèvement, de mystérieux personnages et enfin, un dénouement que je n'avais pas vu venir... Ce livre m'a tenue en haleine, oui je dois bien le dire ! Quant aux personnages, je les ai trouvés bien plus aboutis dans Le Jeu de Dupes que dans L'héritier des Pagans, à commencer par François. J'ai aimé aussi que les personnages historiques, authentiques soient plus présents et s'il y'a bien une chose qu'on peut porter au crédit de l'auteure c'est d'avoir fait beaucoup de recherches pour écrire sa saga et elle n'a en plus pas choisi une période des plus faciles. Mais elle s'en sort bien ! Peut-être d'ailleurs la vision de la Fronde dans ce tome-ci est bien plus nuancée que dans le premier.
    Bref, cette lecture m'a réconciliée avec l'univers d'Anne-Laure Morata et, même si j'ai parfois eu un peu de mal avec le style, notamment des dialogues, je dois avouer que Le jeu de dupes est un bon roman. Il y'a du Juliette Benzoni dans ce roman enlevé et assez rythmé où se croisent pêle-mêle personnages fictifs et historiques et où les aventures se déroulent sur fond de contexte historique intéressant ! La Fronde est une période relativement peu connue de notre Histoire ou du moins pas vraiment facile à comprendre. Il m'a fallu du temps pour bien la comprendre et saisir les motivations de chacune des parties. Ici, l'auteure parvient à la rendre claire, tout en y insérant une intrigue totalement fictive, ce qui n'est pas des plus simple.
    Non vraiment, je ne regrette pas d'avoir donné une chance à cette saga. A l'issue de la lecture de L'héritier des Pagans, si je n'avais pas possédé les deux autres livres, je crois honnêtement que j'en serais restée là ce qui aurait été dommage dans la mesure où, n'ayant pas ressenti de déception avec ce deuxième volet, j'espère qu'il en sera de même avec Meurtres à Versailles, l'ultime tome de la saga

    En Bref :

    Les + : une intrigue d'aventures plutôt aboutie, bien menée et surprenante, des personnages maîtrisés...le  roman est rythmé et dynamique. 
    Les - : encore une fois, des tournures un peu trop modernes à mon goût. 

     


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  • « Quoi qu’il ait enduré, il demeurait un être humain et, pour la première fois depuis de longues semaines, il éprouva de la joie mêlée de tristesse. »

    Les Rohan Montauban, tome 1, L'Héritier des Pagans ; Anne-Laure Morata

    Publié en 2009

    Editions du Masque (collection Labyrinthes)

    285 pages

    Premier tome de la saga Les Rohan Montauban

    Résumé : 

    Automne 1629 : l’orage et la tempête se déchaînent sur les côtes bretonnes du pays Léon. Un splendide trois-mâts vient s'abîmer sur les rochers, attiré par les feux des pagans, ces naufrageurs de navires tant redoutés des marins. Les pilleurs d'épaves ont tôt fait d'emporter leur butin, laissant derrière eux un unique témoin d'à peine trois ans, recueilli par la femme de l'un d'entre eux. Quelques années plus tard, élevé en petit paysan breton, Gilles Le Bars, jeune homme insouciant, retrouve à la fête du village Gaël, son ami d'enfance. Au petit matin, au bord du lavoir, Gilles se réveille couvert de sang et, à son côté, gît le corps sans vie de Gaël. Qui veut éliminer Gilles Le Bars, jeune paysan sans histoire, au point de commettre un meurtre pour l'envoyer aux galères ? L'adversaire tapi au sein de la cour du jeune Louis XIV s'annonce redoutable... 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    C'est une trilogie que Anne-Laure Morata ouvre avec L'héritier des Pagans, trois livres qui peuvent cependant se lire indépendamment les uns des autres.
    Pour ma part, j'aime faire les choses dans l'ordre et je vais donc lire la trilogie dans son ordre chronologique. Entre la Fronde et les débuts du règne personnel de Louis XIV, l'auteure nous emmène donc en plein cœur du XVIIème siècle français, pour une saga pleine de rebondissements et d'aventures, qui porte le nom de l'une des plus grandes familles de la noblesse française : les Rohan. En effet, la trilogie est sobrement intitulée Les Rohan Montauban.
    De l'aventure, du rythme, de l'Histoire, une époque qui me plaît et m'a rappelé aussi Les Enquêtes de Louis Fronsac, par Jean d'Aillon... Sur le papier, ce premier tome des Rohan Montauban avait tout pour me plaire : outre Jean d'Aillon, c'était aussi Juliette Benzoni que ce roman me rappelait. Assurément, j'allais passer un bon moment. 
    Oui mais voilà... Voilà quoi ? C'est justement ça, le problème. C'est que c'est resté sur le papier et ne s'est pas concrétisé.
    L'Héritier des Pagans est donc ma première déception de l'année 2018, d'autant plus importante que j'avais repéré cette saga depuis un moment et que j'en attendais pas mal de choses.
    Mais je n'ai pas du tout été emballée par cette histoire d'enfant escamoté lors d'un naufrage et qui réapparaît vingt ans plus tard pour se venger.
    Justement, l'histoire, qu'en est-il ? Le roman s'ouvre en 1629 alors qu'une terrible tempête fait rage au large de la Bretagne. Sur la plage, un groupe de naufrageurs a attiré un bateau pour le piller et les rares rescapés sont tués, sauf un petit garçon qu'une paysanne prend en pitié et persuade son mari d'épargner. Vingt ans plus tard, le garçon, prénommé Gilles et élevé en Bretagne près de Yann et Marie, ses parents adoptifs, est accusé du meurtre de son meilleur ami Gaël. Commence alors pour Gilles une véritable quête qui l'amènera des chemins de France vers le bagne de Marseille, en passant par Lyon puis par Paris où il n'aura de cesse de découvrir qui il est et surtout pourquoi on lui en veut.
    Bon... Vous voyez, dis comme ça, c'est plutôt sympa -même si assez lambda, comme histoire finalement- et franchement c'est vrai que le résumé est vendeur et alléchant. Seulement le reste ne suit pas et j'ai été vraiment déçue par ce que l'auteure en a fait. Des dialogues qui sonnent faux, des personnages un peu caricaturaux que se soient dans leur description ou dans leurs comportements, des anglicismes qui m'ont fait me hérisser : le terme de zombie pour qualifier les bagnards ou le leadership du prince de Condé m'ont fait bondir de ma chaise ! Sérieusement ? ! Soyons clair, je ne suis pas réac et je n'ai rien contre certains anglicismes. On en utilise tous sans nous en rendre compte mais là, leur emploi m'a vraiment gênée d'autant plus que des termes en bon français étaient à fait utilisables. Le propos est, de toute façon dans sa globalité, trop moderne à mon goût. Qu'on écrive dans une langue du XXIème siècle, d'accord. Les auteurs ne vont pas s'amuser à écrire leurs livres dans la langue de l'époque : n'est pas Françoise Chandernagor qui veut. Mais un minimum est requis quand même, à commencer par le bannissement de termes trop modernes, qui ne collent pas au propos... 
    Quand à l'intrigue mi-aventureuse mi-policière qui emmène Gilles sur les traces de sa famille et du secret de sa naissance, je l'ai trouvée intéressante même si j'ai parfois levé les yeux au ciel devant la succession très rapprochée des péripéties et mésaventures qui arrivent au héros -un vrai poissard ce Gilles, ca ne peut pas être autrement quand on se rend compte qu'il lui arrive un pépin à peu près tous les deux mois !
    Dire que l'intrigue est sans intérêt est peut-être un peu fort...et ce n'est pas forcément vrai non plus, dans la mesure où elle a quand même des points positifs, à commencer par le contexte historique, plutôt bien raconté par l'auteure. J'ai peut-être été un peu gênée par la description légèrement négative de la Cour et notamment de Mazarin et Anne d'Autriche, dans la mesure où c'est une époque qui me plaît beaucoup et que j'ai appris à nuancer à force de lectures : non, Anne d'Autriche n'était pas qu'une pauvre malheureuse écervelée séduite par son ministre tandis que celui-ci ne cherchait qu'à s'enrichir avant la majorité de son filleul, Louis XIV. Mais dans l'ensemble, Anne-Laure Morata nous raconte la Fronde de façon simple et claire et c'est ce qui faut, pour comprendre un tel contexte, très complexe, avec des multitudes d'alliances, de retournements, de personnages. 

    Mais voilà, il y'a cette intrigue romanesque qui vient s'y greffer et qui m'a tout, sauf convaincue. Je n'ai pas du tout réussi à y entrer, je suis passée à côté et, à quelques exceptions près, je ne me suis jamais sentie ni surprise, ni captivée. Parfois, l'auteure a réussi à me faire m'étonner, mais c'était malheureusement trop peu fréquent ou trop tard. Le roman fait moins de trois cents pages, un avis mitigé dès le départ est donc peu facilement rattrapable. C'est dommage. J'aurais voulu m'attacher au personnage principal Gilles -qui prend un autre nom par la suite-, j'aurais voulu me sentir concernée par son histoire, j'aurais voulu m'y sentir intégrée mais ça n'a pas été le cas. 
    Je vais maintenant essayer de conjurer le mauvais sort avec les deux prochains tomes, en espérant que ceux-ci me plaisent bien plus

    En Bref :

    Les + : le contexte historique choisi et bien raconté par l'auteure.
    Les - : une intrigue trop faible, des personnages caricaturaux auxquels on ne parvient pas à s'attacher, des termes trop modernes qui n'ont rien à faire dans une intrigue historique et lui font perdre en crédibilité. Ce premier tome est bien trop bancal, à mon goût, pour que j'aie pu me sentir captivée de bout en bout. Dommage.

     

    Brooklyn ; Colm Tóibín

    Thème de février, « Jeune premier », 2/12


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