• « Un homme déchiré par la culpabilité et le doute s'exprime toujours d'une manière ou d'une autre. »

    Mathilde de Westminster, tome 3, Le Règne du Chaos ; Paul Doherty

     

    Publié en 2009 en Angleterre ; en 2011 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Darkening Glass 

    381 pages

    Troisième tome de la saga Mathilde de Westminster

     

    Résumé : 

    Mars 1312. Menacé par une invasion écossaise, le royaume d'Angleterre tremble aussi de l'intérieur sous la fronde des Grands Barons. Chaque jour, le pouvoir se délite, forçant la reine à trouver refuge dans un prieuré fortifié. Tandis que succombe Gaveston, le favori du roi, Mathilde de Westminter doit agir avant qu'Edouard II ne perde tout contrôle sur le trône.

    Une plongée dans le monde médiéval de l'Angleterre, signée par le maître du genre.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1312, en Angleterre, les troubles se font de plus en plus menaçants et le roi Édouard II voit son influence et son pouvoir chanceler sous les coups des grands barons alors même que son épouse Isabelle, la jeune reine, fille du roi de France, se trouve enceinte de leur premier enfant ( il s'agit du futur Édouard III qui régnera en Angleterre de 1327 à 1377).
    La Cour se trouve contrainte de fuir devant l'offensive de plus en plus violente des grands barons mais aussi devant les menaces de Robert Bruce en Écosse.
    Alors qu'elle se trouve dans le nord près de York, Mathilde de Westminster est le témoin d'un massacre abominable dans les landes puis des attentats successifs commis à l'encontre des compagnons de Peter Gaveston le favori du roi. Ces jeunes hommes, soldats, garde rapprochée du favori, surnommés les Aquilae Petri (littéralement « Les Pierres Précieuses » ou « Les Aigles de Pierre » jeu de mots qui fait référence au prénom de Gaveston) sont bientôt, alors que la position de leur maître est de plus en plus précaire, les cibles d'un meurtrier masqué et mystérieux qui sème la terreur dans leur bande.
    Mathilde, aidée de Bertrand Demontaigu, l'ancien templier, va en enquêter sur ces meurtres tout en assistant à la chute, lente mais inexorable du favori.
    Le troisième titre de la saga, Le Règne du Chaos, porte bien dans son nom dans la mesure ou` le seul événement positif qui survient est la grossesse de la reine. Pour les autres c'est au contraire une lente descente aux Enfers qui commence : Édouard II qui gouverne depuis 4 ans seulement voit sa couronne contestée par les barons et même par ses propres cousins et est écartelé entre son devoir, le don de soi promis au royaume et son affection pour son favori, deux choses qu'il ne peut concilier. Isabelle doit faire face à des périls auxquels elle n'est pas préparée alors qu'elle est enceinte qui plus est. Fille du roi de France, sœur des trois derniers Capétiens , épouse du roi d'Angleterre et mère de l'héritier, elle est consciente et imbue de sa légitimité. Le fait que les barons mais aussi le peuple et les insurgés écossais la mettent à mal projetant même sans vergogne de l'enlever (voire pire) l'affecte et la pousse donc, de plus en plus, à s'opposer au favori qu'elle, sinon soutenait, du moins ne détestait pas au départ.
    Et c'est aussi bien sûr un cauchemar affreux qui commence pour Gaveston, privé successivement de ses compagnons. Errant avec le roi de forteresse en forteresse, dans une fuite désespérée avant d'aller finalement se retrancher à Scarborough sur la côte orientale du Yorkshire, le favori comprend rapidement que la situation ne peut plus maintenant que se dénouer avec sa mort et que celle-ci est imminente.
    Et, au milieu de tout cela, Mathilde veille. Alors qu'elle est désormais une vieille femme, recluse au couvent des franciscains de Greyfriars, veillant même dans la mort son ancienne compagne, Isabelle, elle se souvient. Le roman comme les deux premiers d'ailleurs est en fait un long flash- back durant lequel Mathilde, témoin d'événements extraordinaires dans sa jeunesse, se souvient et raconte. Il est vrai que la période est riche en épisodes et événements fameux mais aussi en personnages intéressants, que ce soit en Angleterre ou en France, d'ailleurs.
    J'ai beaucoup aimé le personnage de Mathilde. J'ai été heureuse de la retrouver pour cette ultime aventure mais aussi dans cette enquête vraiment bien menée ! Après avoir été un peu déçue par celle du deuxième tome que je trouvais un peu ténue, noyée au milieu des intrigues historiques, je retrouve ici une vraie enquête et j'en ai donc été ravie. J'ai aussi aimé la relation des événements et du contexte. Il faut dire que l'auteur est aussi professeur d' histoire médiévale et a fait une thèse sur Isabelle donc on peut dire qu'il connaît son sujet ! L'histoire en elle-même est vraiment pas mal du tout et l'atmosphère se tend à mesure que la psychose monte crescendo. J'ai retrouvé ici ces ambiances policières historiques qui me plaisent tant et Le Règne du Chaos clôture assez bien la saga. Une bonne lecture.

    En Bref :

    Les + : une belle intrigue pour clôturer la saga.
    Les + : quelques passages un peu longs.
     

     

     

     


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  • « Nos mots et nos actes sont bien les graines des semailles. Ils germent et poussent avec vigueur, tout prêts pour la moisson. »

    Mathilde de Westminster, tome 2, Le Combat des Reines ; Paul Doherty

    Publié en 2007 en Angleterre ; en 2010 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Poison Maiden

    Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

    346 pages

    Deuxième tome de la saga Mathilde de Westminster

     

    Résumé : 

    Après avoir affronté tous les dangers pour permettre le mariage d'Isabelle de France et du nouveau roi Edouard II, l'intrépide Mathilde de Clairebon, première dame de la reine, se pense enfin en sécurité en Angleterre. Le répit est pourtant de courte durée : les intrigues menées depuis la France se multiplient et Peter Gaveston, le favori royal, est accusé de haute trahison par les grands barons. Retranchés au palais de Westminster, le roi et sa cour doivent faire face aux traîtres et aux espions en tout genre, mais également à une série de meurtres commis par une mystérieuse empoisonneuse. Pour démasquer celle qui sème la mort sur son passage et empêcher la guerre civile d'éclater, les talents de Mathilde, pour qui l'art des potions n'a aucun secret, seront plus que jamais nécessaires.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Au printemps 1308, en Angleterre, les troubles menacent et, après la liesse du couronnement de la jeune reine, Isabelle de France, fille de Philippe IV le Bel, on commence à gronder de plus en plus fort devant la faveur outrée dont bénéficie, auprès du roi, le gascon Pierre Gaveston et les grands barons d'Angleterre, Warwick, Pembroke, Hereford et bien d'autres montrent les dents, s'opposant de plus en plus flagrante au favori et donc, par là même, au roi. Dans le même temps, une mystérieuse Empoisonneuse, signalée en Angleterre comme en France sème le doute et l'inquiétude à la cour.
    C'est dans ce contexte-là que Mathilde de Westminster, la fameuse dame d'honneur de la reine Isabelle et, à ses heures médecin et enquêtrice, s'éveille à ses premiers émois amoureux tout en devant garder un œil vigilant sur sa maîtresse, que l'omnipotence de Gaveston menace et compromet.
    Ce deuxième tome, Le Combat des Reines, est une sorte de huis clos entre les murs de Westminster, où se nouent et se dénouent les amitiés et les alliances. D'un côté, Edouard II et son favori, qui profite outrageusement de sa position, de l'autre, les grands barons avec, pour seul lien entre les deux parties, la reine douairière, la propre tante d'Isabelle, Marguerite, seconde épouse d'Edouard Ier, confite en dévotion mais qui cache peut-être bien son jeu.
    Malgré l'ambiance et le malaise qui croît à mesure que le livre s'avance vers son dénouement, je n'ai pas forcément réussi à entrer dans l'histoire. Attention, je n'ai pas détesté, bien au contraire, mais je n'ai pas retrouvé les codes qui font d'habitude que les romans policiers sont si captivants. L'enquête proprement dite est en effet si mêlée au contexte historique qu'elle en disparaît presque. Il faut dire que, Paul Doherty étant professeur d'histoire médiévale, c'est avec beaucoup de minutie qu'il nous restitue un contexte historique pour le moins chargé mais tellement intéressant ! Le début du XIVème siècle est une période de grands bouleversements, tant en Angleterre qu'en France : outre-Manche, le roi doit faire face à une crise de légitimité, après avoir succédé à des figures charismatiques, ses père et grand-père, Edouard Ier et Henry III, tandis qu'en France, après l'anéantissement de l'Ordre du Temple, c'est vers la fin de la dynastie capétienne directe que le royaume s'achemine doucement. Finalement, ces événements se suffisent à eux-mêmes pour réaliser  un roman très captivant. Mais comme l'enquête policière est malgré tout présente, j'aurais voulu la voir un peu plus. Parfois, je ne comprenais pas vraiment où l'auteur voulait en venir, ce qu'était ce personnage mystérieux de l'Empoisonneuse, qui apparaît un peu dans le roman comme un cheveu sur la soupe, disparaît, revient. Le dénouement n'en est pas moins surprenant et j'ai bien aimé la seconde partie du roman. Le personnage de Mathilde est toujours aussi intéressant, de plus en plus ciselé et assez attachant -j'ai beaucoup aimé le duo qu'elle forme avec Bertrand Demontaigu, ancien templier-, et celui d'Isabelle, fascinant. En grandissant, la jeune reine gagne en charisme mais aussi en machiavélisme. Elle n'en est pas moins attachante pour autant et se pose en personnage antinomique de celui du roi, faible, versatile, indécis, manipulé indécemment par un favori sans scrupules. Celui-ci, d'ailleurs, est aussi intéressant qu'antipathique voire inquiétant. Pierre ou Peter Gaveston, d'origine gasconne, né en 1284, est introduit dans l'entourage de l'héritier du trône, Edouard de Caernavon, par son propre père, le roi Edouard Ier, qui en fait son compagnon. Mais la faveur de plus en plus inquiétante que nourrit son fils pour ce parvenu incite finalement le vieux roi à s'opposer à Gaveston. Celui-ci sera pourtant fait comte de Cornouailles par Edouard II et épousera la propre nièce de ce dernier, Margaret de Clare, avec laquelle il aura une fille. Les relations homosexuelles d'Edouard II avec ses favoris, Gaveston ou Despenser sont peut-être légendaires, toujours est-il qu'il leur accorda des faveurs et des avantages de plus en plus injustes, au point de provoquer, dans les années 1320, sa propre chute et sa destitution, à l'origine de laquelle on retrouve d'ailleurs Isabelle, la reine. Pour le moment, dans la trilogie de Doherty, il n'est question que de Gaveston, personnage plutôt intéressant malgré l'antipathie qu'il suscite aussitôt et assez instinctivement chez le lecteur. Il est en quelque sorte la face sombre, sarcastique et sans pitié d'un roi faible et sans couleur. Comme Isabelle, mais dans un registre différent, il exerce une certaine fascination sur le lecteur. 
    J'ai aussi aimé le style, bien écrit, soigné. Les dialogues sont ciselés et percutants, le style très visuel, au point de faire naître des images très précises dans l'imaginaire du lecteur. L'histoire est vraiment digne d'intérêt, ne serait-ce que pour la période que l'auteur aborde et restitue avec beaucoup de justesse -normal, vous me direz, au vu de sa formation. Il y'a du vrai, du moins vrai peut-être aussi, pour les besoins du roman, mais Le Combat des Reines brosse un portrait plutôt authentique de la cour anglaise au XIVème siècle. C'est un roman historique efficace, dommage que l'intrigue policière soit finalement plus traitée en parallèle qu'en premier plan. A la lecture du résumé, il est vrai que je ne m'attendais pas à ça mais j'ai cependant passé un assez bon moment avec ce roman.

    En Bref :

    Les + : le style et le contexte historique passionnant.
    Les - : dommage que l'intrigue policière apparaisse de manière aussi ténue, elle aurait pu être plus au premier plan. 


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  • « Les conseils sont semblables aux oiseaux ; ils vont et viennent et sont vite oubliés. »

    Mathilde de Westminster, tome 1, Le Calice des Esprits ; Paul Doherty

     

    Publié en 2005 en Angleterre ; en 2009 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Cup of Ghosts

    Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

    350 pages

    Premier tome de la saga Mathilde de Westminster

     

    Résumé : 

    Le roi Philippe le Bel décide d'anéantir l'ordre du Temple. Rien ne prédestine alors Mathilde à servi les intérêts d'Isabelle de France dite la Louve. Nièce d'un érudit templier qui l'a initiée à l'art des potions, elle devient pourtant sa demoiselle de chambre et découvre très vite les dangers de la Cour...Entre les pourparlers du mariage d'Isabelle avec Edouard II et l'exil vers Londres, l'oeil vigilant de Mathilde sera vital au destin de la future reine. 

    Entre La Reine Margot et Les Rois Maudits, le premier volet d'une saga ambitieuse dans la France et l'Angleterre du XIVe siècle, par le maître du polar médiéval. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1307, le roi Philippe le Bel projette secrètement -en collaboration avec ses âmes damnées, Enguerrand de Marigny et Guillaume de Nogaret entre autres-, la destruction de l'Ordre du Temple et, en parallèle, a engagé des pourparlers pour unir son unique fille, Isabelle de France, treize ans, à Edouard, le jeune roi d'Angleterre, qui en a vingt-trois.
    A Paris, Mathilde de Ferrers, apprend la médecine auprès de son oncle bien-aimé, le templier Réginald de Deyncourt. Averti de ce qui se trame contre son ordre, il choisit de sauver sa nièce à tout prix. Pour cela, la jeune fille est obligée de changer de nom et, pour se protéger, entre dans la maison de la furure reine d'Angleterre. Mathilde découvre alors les coulisses de la Cour de France, où les légistes de Philippe le Bel font la loi tandis que les fils de ce dernier se comportent en soudards. Et Mathilde devra aussi se méfier des yeux de serpent des conseillers du roi tout en prenant le risque, en jurant fidélité à la future reine, de se faire alors des ennemis irréductibles, tant en France qu'en Angleterre.
    Le premier tome de la saga Mathilde de Westminster -personnage qui a d'ailleurs vraiment existé et qui était une femme médecin, comme dans le roman-, reprend une trame bien connue de nous, lecteurs français, puisque nous sommes replongés dans l'ambiance de la fameuse saga de Maurice Druon, Les Rois Maudits. Mais cette fois, c'est du point de vue anglais qu'est narrée l'intrigue et c'est essentiellement autour d'Isabelle, la fille de Philippe le Bel et reine d'Angleterre, que va tourner la trilogie.
    Il est intéressant également de voir comment l'historiographie et les points de vue peuvent différer d'un pays à l'autre. Et aborder le règne de Philippe le Bel au travers de la vision qu'en ont les Anglo-saxons est plutôt original. Bien que ne jouissant pas forcément d'une très bonne réputation, l'historiographie française tend aujourd'hui à considérer Philippe le Bel comme un personnage froid et calculateur, certes, mais qui fut sûrement un animal politique redoutable. Dans le roman de Paul Doherty, le roi de fer devient un être détestable et diabolique et qui n'aurait pas hésité à faire froidement assassiner son épouse, la mère de ses enfants alors qu'il est couramment admis que, si Philippe le Bel n'aima peut-être pas son épouse d'un amour passionné, il eut pour elle un certain respect, qui perdura même dans la mort puisqu'il ne se remaria pas. Mais les faits que nous décrivons sont vieux de près de sept cents ans et bien malin celui qui peut affirmer aujourd'hui ce qu'il en était réellement. Les relations conflictuelles d'Isabelle avec son père m'ont également surprises, dépeintes comme elles le sont par Paul Doherty car j'avais toujours été persuadée qu'une certaine fidélité, dans l'adversité rencontrée en Angleterre, unissait Isabelle à sa famille française. Le scandale des brus du roi, qui devait éclater quelques années plus tard, me faisait également pencher de ce côté-là, mais pourquoi pas, après tout ? L'histoire des derniers Capétiens et, en parallèle, celle de leurs concurrents, Edouard II et son fils Edouard III, sont aujourd'hui mâtinés d'une légende tenace et romanesque, véhiculée en partie par les fameux Rois Maudits de Druon, qui restent malgré tout une histoire fictive mais qui fait, aujourd'hui, en quelque sorte, force de loi. Paul Doherty étant, en plus qu'écrivain, professeur d'histoire médiévale, on peut je pense considérer ses sources sinon comme irréfutables -ça n'existe pas-, du moins comme relativement fiables.

    Représentation d'Isabelle et de son fils, le futur Edouard III, dans les Grandes Chroniques de France (vers 1455-1460)


    Mais revenons-en maintenant au roman en lui-même, qui est plutôt pas mal même si je vous avoue que j'ai largement préféré Les Rois Maudits. D'abord parlons un peu des personnages : Mathilde de Ferrers -ou de Clairebon-, est une jeune femme au charisme certain. Est-elle attachante ? C'est difficile à dire...au fond, on ne peut pas vraiment dire qu'elle le soit, mais elle suscite quoi qu'il en soit l'intérêt du lecteur. J'ai aussi beaucoup aimé le personnage d'Isabelle, que je trouve fascinant depuis longtemps, de toute façon. Il y'avait quelque chose chez cette princesse qui attire inévitablement l'attention, une aura, un destin fait pour traverser les siècles. Née en 1295 à Paris, de Philippe le Bel et Jeanne de Navarre, Isabelle est mariée à treize ans à Edouard II d'Angleterre, elle sera fille, épouse, sœur et mère de rois. Ses trois frères seront successivement, jusqu'en 1328, rois de France et avec le dernier, Charles le Bel, s'éteindra la branche des Capétiens directs. Elle sera l'épouse d'Edouard II Plantagenêt, qui préféra la guerre avec ses barons plutôt que de désavouer ses favoris, Peter Gaveston puis Hugh le Despenser et finira déchu et peut-être -même si aucune source fiable ne corrobore la légende- assassiné sur ordre de son épouse justement et de l'amant de cette dernière, Roger Mortimer de Wigmore. Et enfin, elle sera la mère d'Edouard III, qui régna cinquante ans sur l'Angleterre et déclara la guerre à la France, la fameuse Guerre de Cent-Ans et dont se réclameront, en tant qu'ancêtre commun, les rois Lancastre et York de la Guerre des Deux-Roses. Isabelle est un personnage central de deux Histoires, celle de France et celle d'Angleterre qui, malgré leurs antagonismes, restèrent deux royaumes étroitement liés, même dans l'adversité et dans leur haine commune. Comme Isabeau de Bavière, par exemple ou Catherine de Médicis, elle reste un personnage entaché de façon irrémédiable : elle eut le malheur d'être femme et de naître à une époque difficile. Elle eut la malchance de commettre des erreurs qu'on ne lui pardonna pas. Et pourtant, il est certain que le personnage, au-delà de ça, est plus complexe et qu'elle ne fut pas simplement, la Louve de France, mais aussi la digne fille de son père, un esprit politique juste et affûté qui sut, peut-être mieux que son mari lui-même et bien des barons, appréhender la situation dans sa globalité et pressentir ce que cette guerre entre le roi et les grands princes anglais aurait ensuite comme conséquences funestes.
    Le roman est ensuite peuplé de bien d'autres figures, fictives ou réelles, en tous cas intéressantes. Le personnage d'Edouard II apparaît comme un peu pâle et quelque peu déséquilibré, Gaveston, le favori, est inquiétant à souhait. Bertrand Demontaigu, enfin, qui entre dans la vie de Mathilde un peu par hasard et pour le meilleur comme le pire reste un de ces personnages à peine ébauchés, donc très mystérieux, dont on ne saisit pas vraiment ni le caractère ni la psychologie mais restent troublants, voire magnétiques.

    Edouard II recevant la couronne d'Angleterre (illustration du XIVème siècle)


    L'intrigue policière en elle-même ne m'a cependant pas vraiment convaincue. Non pas qu'elle ait été mal menée mais elle partait un peu dans tous les sens et j'avais donc du mal à comprendre où l'auteur voulait en venir. Pour moi, les intrigues au centre de la saga ne sont pas vraiment des enquêtes policières au sens premier du terme, du coup, j'avoue avoir été un peu étonnée par le fait que cette saga ait été publiée aux Editions 10/18 dans la collection Grands Détectives. On est plus dans un roman d'aventures, comme les auteurs aiment tant en situer au Moyen Âge, mais pas vraiment dans une enquête policière à proprement parler, enfin, c'est ainsi que je l'ai ressenti à la lecture du premier tome, Le Calice des Esprits. Et je suis en train de lire le tome deux en ce moment même et mon ressenti se confirme. Oui, il y'a des meurtres, une enquête, effectivement, menée par Mathilde seule ou en binôme avec Demontaigu, mais on sent bien que l'auteur a aussi privilégié un portrait fidèle -en bon médiéviste qui se respecte- de la situation politique, diplomatique et territoriale de l'Angleterre au XIVème siècle. Ceci dit, c'est totalement intéressant et j'ai apprécié aussi de voir le point de vue anglo-saxon sur les événements de ce début du XIVème siècle. Jusqu'ici, c'est surtout des auteurs français que j'avais lus et je me rends compte que notre sensibilité par rapport à l'Histoire, aux événements et personnages, bien loin d'être totalement impartiale, est aussi influencé par notre sentiment national. Mais c'est intéressant justement d'avoir plusieurs approches et de voir les différentes manières dont les auteurs travaillent, grâce à des sources qui se recoupent voire se contredisent entre elles.
    Le Calice des Esprits est un bon roman. Amateurs de Moyen Âge et d'ambiances brumeuses, lancez-vous ! Si vous avez aimé Les Rois Maudits également. Vous verrez, ça n'a rien à voir...personnellement, comme je l'ai déjà dit plus haut, j'ai été moins séduite mais la magie opère quand même. Quant au style, rien à dire.

    En Bref :

    Les + : un contexte historique plus que passionnant, des personnages travaillés et une intrigue prenante.
    Les - : l'enquête policière qui s'essouffle par moments. 

     


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  • « Les rouages de la loi tournent parfois lentement mais ils tournent avec efficacité. »

    Lizzie Martin, tome 4, Un Flair Infaillible pour le Crime ; Ann Granger

     

    Publié en 2012 en Angleterre ; en 2015 en France (pour la présente édition)

    Titre original : A Particular Eye of Villainy

    Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

    383 pages

    Quatrième tome de la saga Lizzie Martin

     

    Résumé :

    Lorsque Mr Thomas Tapley est retrouvé battu à mort dans son salon, son voisin, l'inspecteur Benjamin Ross de Scotland Yard, est immédiatement convoqué sur la scène du crime. La victime revenait tout juste de l'étranger et sa vie demeure très opaque. Quand se présente son cousin, conseiller de la Reine, la vérité au sujet de son passé tragique remonte doucement à la surface. Quant à Lizzie Martin, l'épouse de l'inspecteur, elle est convaincue d'avoir vu quelqu'un suivre Thomas Tapley le jour du meurtre. Alors que la liste des suspects s'allonge, Ben et Lizzie doivent trouver lequel d'entre eux pourrait tirer le plus grand bénéfice de sa mort. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Décidément, la vie n'est pas de tout repos pour Lizzie Martin et son époux Ben Ross, inspecteur à Scotland Yard ! ! Après avoir résolu l'énigme autour de la mort de la belle épouse d'un galeriste londonien dans le troisième volume, nous retrouvons nos fins limiers de l'ère victorienne pour une enquête qui s'annonce très particulière, car la personne qui vient d'être assassinée n'est autre que le voisin du jeune couple, Thomas Tapley, homme d'une soixantaine d'années, sans histoires et, de surcroît, locataire d'une veuve quakeresse au-dessus de tous soupçons. Très vite, il s'avère que Thomas Tapley n'a pas été volé et que son assassinat a donc des racines plus profondes qu'un simple larcin...Et les choses ne vont pas manquer de se corser à l'apparition de Jonathan Tapley, cousin de la victime, avocat et conseiller de la reine. A mesure que l'enquête avance, Lizzie et Ben vont alors se rendre compte que leur irréprochable et discret voisin avait peut-être un passé bien plus trouble qu'ils n'auraient pu l'imaginer...
    Encore une fois, cette enquête de Lizzie Martin et Ben Ross est savoureuse à souhait ! ! Non seulement l'ambiance victorienne est encore une fois juste et bien dosée, mais les enquêtes d'Ann Granger sont toujours hautes en couleur et captivante ! Tout un tas de personnages s'y croisent et on retrouve avec plaisir ceux que l'on côtoie maintenant depuis longtemps, à commencer par notre binôme, j'ai nommé Lizzie et son époux, l'inspecteur Ross. Si la jeune femme, dans le premier tome, m'avait un peu tapé sur les nerfs, je dois dire que j'ai vraiment changé d'opinion à son sujet depuis quelques temps. Lizzie est toujours aussi directe et ne mâche toujours pas ses mots mais est bien plus attachante qu'auparavant, peut-être parce que je me suis enfin habituée à son caractère très affirmé et qui peut dérouter au premier abord !
    On dirait presque que je vous parle ici d'une amie, vous ne trouvez pas ? Eh bien c'est un peu ça, effectivement ! Les personnages d'Ann Granger sont tellement ciselés qu'ils prennent littéralement vie entre les pages du roman. Bref, ils ont beaucoup de relief et permettent donc au lecteur, peut-être pas de s'identifier à eux car ils ont des caractères et des psychologies bien à eux, mais du moins à sentir naître avec eux une certaine complicité. Lizzie Martin est finalement une jeune femme perspicace, un peu brusque et directe parfois mais bourrée d'humour et d'à-propos tandis que Ben Ross, lui, incarne en quelque sorte le gendre idéal. C'est en tous cas l'un des mes personnages masculins préférés de la littérature et si je devais en dresser une liste, je pense que je pourrais le placer sans hésiter dans mon top 5 !
    Quant à l'intrigue, eh bien elle est tout simplement palpitante ! Ann Granger parvient à capter l'attention de son lectorat sans forcément truffer ses intrigues de rebondissements ! Elles restent pourtant très dynamiques et interpellent dès le départ. Il y'a une ambiance, cette atmosphère très anglaise qui rappelle Agatha Christie ou Sherlock Holmes -même si ce n'est pas tout à fait la même période- qui y est pour beaucoup, il faut bien le dire. Mais les intrigues sont intéressantes aussi dans la mesure où elles alternent habilement entre les points de vues de Lizzie et de Ben, ce qui leur donne ainsi un surcroît de dynamisme et de palpitant. Au contraire de Jean-François Parot qui, dans ses fameuses Enquêtes de Nicolas Le Floch prend plaisir à nous embrouiller pour finalement faire la lumière dans les dernières pages du roman, Ann Granger nous offre des enquêtes peut-être moins compliquées à suivre mais qui n'en ont pas moins de teneur pour autant.
    Le style est lui aussi toujours plaisant, mélange d'un genre littéraire bien maîtrisé et de cet humour anglais dont la réputation n'est plus à faire. Le travail de traduction est aussi plutôt pas mal car il a réussi, je pense, à capter la véritable essence de l'univers de l'auteure et son style ce qui est très important. Quant au contexte historique, j'en parlais plus haut et il n'y a rien à dire. Ann Granger a choisi de situer ses intrigues à une époque précise de l'Histoire anglaise : nous sommes au milieu du XIXème siècle, sous le règne de la reine Victoria, qui a laissé son nom à la période. C'est l'époque de l'industrialisation galopante du pays, qui se couvre d'usines et entraîne dans son sillage, chose paradoxale, autant de riches que de pauvres. Londres est alors une grande ville en pleine expansion, en effervescence, qui abrite une foule bigarrée : les policiers côtoient les bourgeois sans histoires qui eux-mêmes arpentent les mêmes trottoirs que les prostituées des quartiers populaires, les dockers des bords de la Tamise ou la classe ouvrière, dont la paupérisation est proportionnelle à l'expansion exceptionnelle des industries, mines et autres usines. C'est un portrait sans concession que nous dresse Ann Granger, un peu à la manière des grands auteurs du XIXème siècle, comme Dickens, Zola ou Gaskell, qui surent si bien peindre, avec objectivité mais non sans violence une époque bien particulière de notre Histoire commune.
    Dans Lizzie Martin, on retrouve aussi ce petit truc, cette petite chose qui fait que le XIXème siècle reste une période aussi intéressante. On est loin des fastes de l'époque moderne et des grandes épopées médiévales ou antiques mais le XIXème siècle reste une époque charnière, proche de nous tout en restant lointaine, un véritable lien entre l'époque contemporaine immédiate et l'époque moderne, avec tous les bouleversements, changements et révolutions -en tous genres- qu'il entraîna.
    Bref, pour ça aussi les enquêtes de Lizzie Martin sont attrayantes. Si je peux vous donner un conseil, c'est de découvrir cette saga : même si vous n'êtes pas trop romans policiers mais que vous aimez l'historique, par exemple, je suis sûre que ces romans peuvent vous plaire et vous captiver totalement ! Personnellement, j'attends avec impatience le cinquième volume ! ! 

    En Bref :

    Les + : une enquête toujours aussi ciselée, un contexte historique intéressant, des personnages de plus en plus attachants.
    Les - :
    Aucun !
     

     


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  • « Il faut cependant disposer de prémisses correctes pour ne pas vous tromper. »

    Les Enquêtes de Louis Fronsac, tome 4, La Conjecture de Fermat ; Jean d'Aillon

    Publié en 2009

    Editions du Masque (collection Labyrinthes)

    551 pages

    Quatrième tome de la saga Les Enquêtes de Louis Fronsac

     

    Résumé :

    En ce mois d'octobre 1643, alors que la régence est affaiblie et que se négocie la fin de la Guerre de Trente Ans, le pouvoir est en émoi. Quelqu'un intercepte les dépêches codées expédiées aux ambassadeurs français. Y'a-t-i un traître au bureau du Chiffre ? Pire, les répertoires confidentiels servant à la codification sont-ils entre les mains de l'Espagne ? Le cardinal Mazarin va demander à l'ancien notaire, Louis Fronsac, d'enquêter. Au cœur des réseaux secrets de Paris, il aura bien du mal à distinguer amis et adversaires. Pour qui travaille l'ancienne espionne de Richelieu surnommée la Belle Gueuse ? Quels mystères abritent les sous-sols de l'hôtel de Guise ? Quant à Pierre de Fermat, sera-t-il capable de fournir un code inviolable à Antoine Rossignol, chef du bureau du Chiffre ? 

    Dans cette nouvelle aventure, menée tambour battant, où il paraît n'y avoir que des traîtres et des faux-semblants, Louis Fronsac parviendra-t-il à sauver le congrès de Münster ? 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    A la fin de l'année 1643, la régente, Anne d'Autriche, gouverne la France en binôme avec le cardinal Mazarin. Louis XIII est mort depuis un peu plus de six mois, Richelieu depuis presque un an, mais la situation du royaume ne s'en est pas redressée pour autant : les grands sont de plus en plus agités et contestataires -n'oublions pas que la Fronde éclatera moins de dix ans plus tard-, le peuple ne l'est pas moins. La cour est un vrai nid de serpents où s'affrontent inimitiés et ambitions personnelles.
    C'est dans ce contexte troublé que s'ouvrent alors les pourparlers préliminaires à la paix censée mettre fin, en Europe, à la terrible Guerre de Trente Ans, commencée en 1618 par le célèbre épisode de la Défenestration de Prague -la deuxième-, et qui prendra fin en 1648 avec la ratification des traités de Westphalie. Pour l'heure, deux conférences doivent s'ouvrir, l'une à Münster, entre l'Empire et les puissances catholiques, l'autre à Osnabrück, où l'Empire, toujours lui, rencontrera cette fois les plénipotentiaires protestants. Rien d'étonnant alors, que dans ce contexte, des lettres chiffrées soient dépêchées aux différents ambassadeurs. Le chiffre est une méthode ancienne, connue déjà en Grèce Antique et utilisée, à des niveaux plus élaborés, de nos jours, dans les services secrets ou en temps de guerre. Mais les techniques restent finalement assez semblables bien que nous ayons aujourd'hui l'avantage de la technologie et que des innovations, telles le morse, ont été inventées depuis.
    Au XVIIème siècle, le chiffre se base essentiellement sur une substitution de lettres ou syllabes par des chiffres ou des nombres. Bien que relativement compliqués, les codes ne sont jamais à l'abri d'être subtilisés et percés à jour et il semble que ce soit ce qui est arrivé, en cette fin d'année 1643, alors que les représentants du royaume de France s'apprêtent à gagner Münster : les correspondances secrètes de la France ont été piratées et les dépêches ne sont plus sûres. Est-ce des espions à la solde de l'Espagne, notre ennemie irréductible, qui menacent ainsi la sécurité du royaume au sein même de son administration et de ses services secrets ou bien le réseau travaille-t-il pour une autre puissance ? Le Vatican, par exemple, qui, représenté par le pape Urbain VIII, n'hésite pas à se mêler de politique. De toute façon, que les dépêches du Chiffre partent vers Madrid ou vers Rome, la situation est tout aussi grave et met en émoi le principal ministre, Mazarin, qui décide alors de faire reprendre du service à Louis Fronsac, ancien notaire parisien, qui s'est avéré plutôt doué, les années précédentes, dans la résolution d'enquêtes criminelles.
    Après avoir démantelé la Cabale des Importants, quelques mois plus tôt, Louis est allé s'installer sur ses terres de Mercy, non loin de Paris, en compagnie de sa maison et de son épouse, la jeune Julie de Vivonne, nièce de Catherine de Vivonne-Savelli, la fameuse précieuse et marquise de Rambouillet. Alors qu'il remet en état sa petite seigneurie, il est donc approché par les envoyés de Mazarin et Louis, en cette fin d'année 1643, va devoir, à ses risques et périls, plonger dans un monde souterrain et secret dans lequel tous les coups sont permis. Son enquête le mènera jusqu'à Toulouse, auprès du conseiller au Parlement et célèbre mathématicien Pierre de Fermat, qui mettre sa science au service d'Antoine Rossignol, pour créer un chiffre inviolable et capable de protéger la correspondance secrète de la France au cours des pourparlers de Münster.

    Le magistrat toulousain Pierre de Fermat (1601-1665), poète et mathématicien de talent


    Ce quatrième tome des Enquêtes de Louis Fronsac est légèrement ardu pour nous, pauvres lecteurs issus du commun des mortels et qui ne comprenons pas un traître mot aux conjectures et démonstrations mathématiques ! ! Et il est vrai que les codes font forcément, à un moment ou un autre, appel à des principes logiques et mathématiques pour se protéger d'un éventuel piratage -même si cela ne marche pas à tous les coups : le chiffre d'Antoine Rossignol sera finalement complètement percé à la fin du XIXème siècle. Du coup, comme le roman est essentiellement basé sur les services secrets, forcément, on ne peut pas y échapper ! Pour autant, le roman n'en est pas moins abordable, bien au contraire. Tout n'est pas facile à comprendre, mais Jean d'Aillon a pris soin de nous illustrer certaines techniques, qui les rendent donc un peu moins abstraites. On ne peut cependant s'empêcher d'être soufflé par la qualité des informations et des recherches de l'auteur, qui mêle habilement faits réels et fictifs dans son récit, mais tous assis solidement sur des bases historiques exhaustives et justes. Je suis parfois gênée par des tournures de phrases ou des parties narratives un peu lourdes dans les romans de Jean d'Aillon mais j'avoue ne les avoir que peu ressenties dans ce roman-là : j'ai été très vite accrochée par l'intrigue, qui m'a demandé beaucoup de concentration pour que je ne perde pas le fil, mais, dans l'ensemble, j'ai trouvé ce roman vraiment efficace et agréable à lire. Comme Jean-François Parot qui, dans ses Enquêtes de Nicolas Le Floch nous immerge totalement dans l'ambiance du Paris de la fin du XVIIIème siècle, Jean d'Aillon, avec Louis Fronsac, dresse un portrait vraiment humain et crédible de ce milieu de XVIIème siècle, qui s'extirpe doucement de la Renaissance et des guerres de Religions pour regarder vers le règne flamboyant qui s'annonce : celui de Louis XIV, qui n'est alors qu'un enfant mais deviendra bientôt le monarque le plus puissant d'Europe. On y vit, dans ce Paris agité, où se côtoient nobles, nobliaux, bourgeois, artisans et mendiants et qui rappelle celui de Dumas dans Les Trois Mousquetaires ou les romans de cape et d'épée en général. Mais ce XVIIème siècle, violent à bien des égards, n'en est pas moins aussi celui d'une émulation culturelle et littéraire certaine : c'est l'époque des Précieuses et de leurs fameux salons et des romans fleuve de La Calprenède...c'est une époque riche que Jean d'Aillon sait habilement présenter à travers ses multiples prismes, qui en font un siècle polymorphe et charnière à bien des égards.
    J'ai aimé retrouvé Louis Fronsac et Gaston de Tilly, son ami du collège de Clermont, devenu commissaire de police et auxquels on s'attache de plus en plus, à mesure que l'on suit leurs aventures. Une petite bande de personnages familiers se met en place depuis le second tome, que l'on prend plaisir à retrouver d'aventure en aventure : il s'agit bien sûr de la famille de Louis mais aussi celle de son épouse Julie, que l'on retrouve maintenant plus régulièrement depuis Le Mystère de la Chambre Bleue. J'ai aimé également le doute que l'auteur fait planer autour de son personnage : à l'heure qu'il est, je ne sais toujours pas si Louis Fronsac est bel et bien un personnage de fiction ou une figure historique réelle !!
    Bref, ce quatrième tome des Enquêtes de Louis Fronsac m'a convaincue. J'ai passé un très bon moment et je vous le conseille vraiment ! Pour ma part, je pense qu'il ne faut pas s'arrêter au côté mathématique et très logique du roman, qui peut en rebuter certains, moi la première ! Je dois vous avouer que j'ai été un peu terrifiée quand j'ai abordé les différentes techniques de chiffrement et les démonstrations mathématiques de Blaise Pascal et Pierre de Fermat mais au final, je m'en suis bien tirée ! Je n'ai certainement pas tout compris -c'est tout juste si je me souviens du théorème de Pythagore, alors voyez où en est mon niveau-, mais cela n'a absolument pas gêné ma lecture ! ! Une bonne découverte et j'ai hâte de poursuivre maintenant ma lecture des autres aventures de Louis Fronsac ! !

    En Bref :

     
    Les + : une enquête enlevée et bien documentée.
    Les - : quelques passages parfois un peu confus ; des péripéties un peu lourdes parfois. 


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