• Sous le Velours, l'épine ; Alain Roquefort

    « Je suis une personne ordinaire, mais l'époque ne l'était pas, et quelques fois le destin nous réserve des moments intenses où nous pouvons nous croire des êtres exceptionnels. »

    Couverture Sous le velours, l'épine

     

     

     

       Publié en 2017

     Editions Pocket 

     730 pages 

     

     

     

     

     

     

    Résumé : 

    Une rencontre imprévue, un visage d'autrefois croisé par hasard à la gare de Toulouse, c'est tout ce qu'il faut pour faire ressurgir du passé les souvenirs enfouis d'une mystérieuse octogénaire.
    Ancienne résistante, Rose dissimule un secret dont elle cherche désespérément à se libérer. Après avoir connu l'insouciance d'avant-guerre, cette jeune provinciale va plonger au cœur de la barbarie et de la cruauté humaine. Amours, haine, courage, lâcheté, cette fresque est celle d'une inexorable obsession de vengeance. Celle d'une femme que la guerre va bouleverser jusqu'au point de non-retour. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 2003, Hervé Berthier fait la connaissance de Rose Calmont, une vieille dame de 84 ans, croisée près de la gare de Toulouse alors qu'il y attend sa femme, Sylvie.
    Prenant prétexte d'une ressemblance frappante entre Hervé et son frère Marius, Rose décide de raconter à son nouvel ami sa vie pendant l'Occupation et son passé de résistante.
    Arrivée à Toulouse à la veille de la guerre pour ses études de droit, Rose, âgée d'à peine vingt ans, découvre les réalités d'un pays gangrené par l'incertitude et la violence des haines raciales, alimentées par le contexte européen.
    Quand éclate la guerre et que la France est occupée, avec une poignée d'amis et son compagnon, Xavier, Rose crée un réseau de résistance, le groupe Dantès, baptisé ainsi en référence au fameux héros de Dumas dans Le Comte de Monte-Cristo. Faisant d'abord passer des messages, le groupe Dantès s'investit de plus en plus dans la Résistance, allant jusqu'à traquer les gros bonnets de la Milice ou de la collaboration toulousaines.
    Pendant toutes ces années, Rose connaît l'exaltation des combats clandestins, la griserie de se battre pour ses idéaux et ses convictions mais aussi l'horreur de la détention et des interrogatoires et la détresse de voir disparaître ses compagnons d'armes, tués ou déportés vers l'Allemagne, dont beaucoup ne reviendront pas...
    Derrière la frêle image d'une dame âgée et fatiguée, apparaît celle de la jeune femme qu'elle a été, courageuse et digne, même dans l'adversité. Se dévoilent aussi tous les paradoxes d'une époque où la noblesse d'âme a côtoyé le pire de l'humanité. Et l'inévitable question, lorsqu'on aborde cette époque, de savoir dans quel camp nous nous serions nous-mêmes trouvés si nous avions été confrontés aux mêmes choix que toutes les personnes qui ont connu la guerre, apparaît ici comme bien insoluble et peu évidente...sans manichéisme et sans jugement, l'auteur aborde l'époque de l'Occupation dans toute sa complexité, pointant subtilement du doigt l'idée reçue et largement répandue que la France d'alors n'était divisée qu'entre Résistants courageux et patriotes et collabos fascites à la solde de l'Allemagne nazie, de la Gestapo et de la Milice.
    Je ressors de cette lecture assez agréablement surprise. Si je n'ai pas toujours été séduite par le style de l'auteur, il ne faut pas oublier que Sous le Velours, l'épine est un premier roman et que, dans l'ensemble, il est bien mené, bien ficelé et cohérent. Si l'auteur n'en parle pas, je pense toutefois qu'il lui a fallu consacrer pas mal de temps aux recherches historiques qui sont venues étayer l'histoire de Rose et lui apporter cette véracité qui, pour moi, est si importante dans les romans historiques. Que l'on soit dans le romanesque, d'accord, mais un peu d'authenticité historique ne fait pas de mal et je crois qu'Alain Roquefort a su vraiment s'approprier son sujet, restituer l'ambiance délétère, dangereuse et angoissante qui fut celle de ces années de guerre et d'Occupation, dans une France presque à l'arrêt, engourdie par la défaite aussi amère qu'inattendue de mai 1940 puis l'instauration de la Collaboration avec l'Allemagne par le régime de Vichy. La Résistance et les maquis, qui se développent progressivement après l'appel du 18 Juin, puis la mise en place du STO, sont aussi bien décrits par l'auteur : des jeunes hommes et des jeunes femmes qui mettront leurs vies en danger pour défendre leur patrie et surtout, leur idéaux. Des jeunes hommes et des jeunes femmes qui, parfois, la perdront de la pire des manières, torturés ou exécutés dans les sinistres locaux de la Milice, à la botte de l'occupant.
    Si vous aimez les romans historiques, comme moi, je pense que vous aimerez Sous le Velours, l'épine. L'histoire est dense et riche, elle émeut, parfois elle serre la gorge d'angoisse, on a envie de tourner les pages pour s'assurer que nos héros vont bien, on ressent de la colère, parfois du dégoût face au comportement nauséabond de certains ou alors, une véritable émotion devant le dévouement des autres.
    Je me suis attachée assez rapidement à Rose, que l'on découvre à divers âges de la vie : jeune femme encore, nouvellement arrivée en ville et étudiante en droit ; puis résistante convaincue et n'hésitant pas à prendre des risques ; enfin, femme plus mûre, ayant connu bien des épreuves ; puis, pour finir, vieille dame de plus de quatre-vingts ans désireuse de parler de son passé, de laisser une trace, un héritage...j'ai trouvé le personnage plein de profondeur et vraiment travaillé, ce qui peut manquer parfois dans un premier roman. Tous les personnages sont tout à fait à leur place dans cette intrigue qui, par certains aspects, m'a rappelé la série Un Village Français, qui aborde un peu les mêmes thématiques.
    J'ai quitté à regret le Toulouse des années 40 et nos héros, donc je pense que, malgré quelques petites faiblesses, c'est le signe que ce roman est bon (du moins, à mes yeux). J'ai passé un agréable moment en compagnie de Rose et d'Hervé et surtout...je n'ai pas vu arriver la fin, qui m'a beaucoup émue.
    Une belle surprise, vraiment, que ce roman mi-historique, mi-régionaliste qui décrit très bien une période pas évidente de notre Histoire mais dont nous devons nous souvenir même si elle nous met mal à l'aise

    En Bref :

    Les + : un roman bien mené, avec une intrigue cohérente et solide, notamment du fait de la fine restitution historique d'une époque compliquée. L'auteur n'est pas tombé dans le manichéisme et le jugement facile et bravo à lui pour cela. 
    Les - :
    surtout dans les dialogues, parfois j'ai retrouvé quelques lourdeurs qui ont rendu ma lecture inégale, mais ce n'est rien de grave.


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