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Le salon des précieuses

Pauline Bonaparte, princesse Borghèse ; Florence de Baudus

  « Tous ses contemporains, des plus jaloux aux plus malveillants, n'eurent qu'une voix pour célébrer la splendeur sans pareille de Pauline. Mais quels démons ont tourmenté cette beauté angélique ? N'a-t-elle rien d'autre à nous révéler que ses caprices et ses amours ? »

  • Informations complémentaires : 

Publié en 2018

Éditions Perrin (collection Biographie)

450 pages 

 

Résumé :

La plus célèbre et la plus méconnue des trois sœurs de Napoléon.

La mémoire populaire retient de Pauline Bonaparte la nudité de son corps parfait, sculpté par Canova, et ses amours que l'on se plaît à croire innombrables. Le présent ouvrage explore l'existence de Pauline au-delà des approximations ou des fantaisies, tout en déroulant l'épopée impériale à travers ses yeux. À l'inverse de ses sœurs, celle qui fut la plus proche et la plus aimée de Napoléon n'a jamais régné. Sa beauté renversante, reconnue tant par ses ennemis que par ses admirateurs, ne lui a pas offert le bonheur.
Son premier mariage avec le général Leclerc aurait pu être heureux. Mais à Saint-Domingue où ils sont envoyés pour pacifier la colonie, Leclerc meurt de la fièvre jaune. Son second mariage avec le prince Borghèse ne lui apporte aucune consolation. À Rome, puis à Florence, le peu d'entente qui existait entre les époux est brisé par la mort du petit Dermide Leclerc, l'unique enfant de Pauline. Voulant être partout et ne se plaisant nulle part, souffrant de mille maux, Pauline, séparée de son mari, parcourt alors l'Empire français, la plupart du temps couchée, multipliant les cures de toute sorte sans jamais s'en trouver mieux, recherchant en vain l'amour parfait à travers plusieurs amants. Quand l'Empire s'effondre, elle est la seule de la fratrie à partager l'exil de son frère à l'île d'Elbe. Après Waterloo, elle redevient romaine, donne quelques fêtes, mais la mort de l'Empereur achève de ruiner sa santé. Réconciliée dans les derniers jours avec le prince Borghèse, elle meurt à Florence dans le palais qu'il avait mis à sa disposition. On ne saurait imaginer les fastes de l'Empire sans cette princesse sublime, romantique avant l'heure, qui cachait sous ses caprices un mal de vivre inguérissable.

Ma Note : ★★★★★★★★★

Mon Avis :

Florence de Baudus, biographe de Caroline Murat, signe ici la biographie d’une autre des filles Bonaparte, Pauline, la sœur préférée de Napoléon Ier.
Celle qui devint princesse Borghèse et repose pour l’éternité à Sainte-Marie-Majeure à Rome, souffre encore aujourd’hui d’une réputation sulfureuse dans laquelle il y a autant de faux que de vrai. Qui est-elle vraiment, celle que Napoléon aimait surnommer avec affection « Notre-Dame-des-Colifichets » ?
Née en 1780, elle est la sixième enfant du couple formé par Charles Bonaparte et Letizia Bonaparte (elle a pour aînés Joseph, Napoléon, Lucien, Élisa et Louis et pour cadets Caroline, née deux ans après elle et Jérôme, qui a quatre ans d'écart avec elle). Elle a onze ans de moins que son frère Napoléon Ier, qu’elle rencontre véritablement alors qu’elle a cinq ou six ans : le jeune homme a alors quitté sa Corse natale pour fréquenter l'école militaire en France. Entre eux, un véritable coup de foudre fraternel survient, qui fera de Pauline la sœur préférée du futur Empereur et de la jeune femme son soutien inconditionnel, même dans les pires moments : par exemple, elle mettra tout en œuvre pour suivre Napoléon à l’île d’Elbe en 1814 puis, apprenant les difficiles conditions de détention de l’empereur déchu à Sainte-Hélène, elle avait préparé son départ, rendu inutile par la mort de Napoléon le 5 mai 1821.
A l’âge de dix-sept ans, en 1797 son frère, qui s’est illustré lors du siège de Toulon de 1793 et gagne en influence, décide de la marier avec le général Charles Leclerc : l’année suivante, Pauline donne naissance à son seul enfant, le petit Dermide. Des complications après cet accouchement la rendent probablement stérile.
Au début du Consulat, en 1801, Pauline suit Leclerc jusqu’à Saint-Domingue, où le général meurt l’année suivante de la fièvre jaune. Pauline et Dermide, bien que malades – on pense que Pauline y contractera le paludisme, dont elle souffrit ensuite toute sa vie – survivront et rentreront en France dès l’année suivante.
Soucieux de contracter des alliances Napoléon Ier, qui sera couronné un an plus tard, marie Pauline en 1803 au prince romain Camille Borghèse. Alors que le mariage avec Leclerc avait été relativement harmonieux, l’entente entre Pauline et Camille sera de courte durée, durablement entachée par la mort prématurée du petit Dermide en 1804, alors que Pauline était loin de lui.


Pauline est l’une des plus belles perles au collier de l’Empire : sensuelle, jolie, séductrice, elle reste associée à la beauté de la Vénus Victrix de Canova, qui n’est autre qu’un véritable portrait de la princesse Borghèse au sommet de sa beauté. Elle fascinait son entourage mais suscitait autant d’admiration que de la jalousie voire de critiques acerbes, même de celles qui se proclamaient ses amies, comme Laure Junot, duchesse d’Abrantès, qui n’hésitera pas à flétrir la réputation de Pauline dans ses mémoires. Excentrique, capricieuse, mais aussi économe malgré un train de vie qu’elle voulait somptueux et étourdissant, Pauline a une autre facette, plus sombre, plus tourmentée.
Alors qu’on l’imagine souvent comme une femme pleine de séduction et de charme, sensuelle et multipliant les amants, on découvre chez Pauline une âme en réalité complexe, marquée par le deuil de son jeune fils et par la maladie : elle souffrait probablement d’une salpingite mal soignée, une affection gynécologique qui touche les trompes de Fallope et occasionne de nombreux symptômes (saignements utérins, problèmes digestifs). D'autres estiment que Pauline souffrait peut-être d'une endométriose, maladie souvent ignorée et mal soignée, qui provoque des douleurs récurrentes et de nombreux symptômes.
A Saint-Domingue, elle contracta le paludisme dont elle souffrit de crises récurrentes tout au long de sa vie. Ses dernières années – on suppose que Pauline est morte emportée par un cancer – sont marquées par la maladie et la souffrance : toute sa vie, elle fréquenta les villes d’eaux, dans l’est de la France, en Provence ou même à Spa, pour soulager ses maux. Psychologiquement, les caprices de Pauline (elle ne pouvait pas se passer de ses bains au lait d’ânesse par exemple ou de son mobilier favori qu’il fallait transporter au gré de ses pérégrinations) s’accompagnent aussi d’un véritable mal-être, la jeune femme voyageant sans cesse, ne se posant jamais nulle part, un peu comme l’impératrice Élisabeth d’Autriche le fera, quelques décennies plus tard, fuyant devant elle sans se retourner.
Pauline n’est pas aussi ambitieuse que ses sœurs, à commencer par Caroline Murat, qui ne sera satisfaite que lorsque Napoléon Ier accordera à son époux la couronne de Naples. Elle n’aime pas son frère parce qu’il est empereur, mais avant tout parce qu’il est son frère aîné, celui qu’elle a aimé dès qu’elle l’a rencontré, au milieu des années 1780, lui restant fidèle à jamais.
Elle meurt d’ailleurs à peine quatre ans après Napoléon, inconsolable, marquée par le chagrin, le deuil et le déclassement, réconciliée en partie avec Camille Borghèse, mais malheureuse. Pourtant, la princesse Borghèse a laissé une tout autre image à la postérité…
C’est cette image de séductrice quasi nymphomane, enchaînant les amants et les relations, sans presque parfois se cacher, que l’autrice Florence de Baudus a choisi de déconstruire dans cette biographie intéressante, accessible et bien documenté.
Romancière, essayiste et historienne, Florence de Baudus a étudié les sources, croisé les textes, comparé les dates et traqué les incohérences pour livrer une biographie nuancée, souple et sautillante comme son héroïne. Pauline Borghèse y apparaît attachante, légère et grave à la fois, loin des clichés et de l’image un peu superficielle qui lui colle à la peau depuis le XIXe siècle.
Pauline reste une figure marquante de son temps et pourtant, elle est bien plus éloignée de l’empire et de ses fastes qu’on le croit. Nomade, elle ne passe que peu de temps à Paris mais laisse une marque indélébile dans l’hôtel particulier de Charost, aujourd’hui propriété de l’ambassade du Royaume-Uni à Paris. Née en Corse, résidant à l’île d’Elbe mais aussi en Italie ou sur la Côte d’Azur, Pauline repose pour l’éternité à Rome, non loin de son second mari, qu’elle n’aima pas et avec lequel elle se déchira jusqu’à la dernière réconciliation, quelques mois avant sa mort en 1845. Esprit libre, qui connut tout autant les splendeurs du pouvoir que des épreuves personnelles très dures, Pauline continue d’être mystérieuse, presque une énigme, mais Florence de Baudus, avec cette biographie passionnante, contribue à lever un peu le voile, pour notre plus grand plaisir.

Pauline, immortalisée en Vénus Victrix par le sculpteur italien Canova

En Bref :

Les + : une très bonne biographie de la sœur préférée de Napoléon Ier. Accessible mais en même temps très bien documentée, elle nous entraîne dans le monde tourbillonnant du Premier Empire dans les pas d'une princesse bien moins frivole qu'on ne l'a décrite.
Les - : pas vraiment de points négatifs à soulever.

Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

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L
Je ne connais absolument pas cette figure historique mais ce que tu en racontes m'intrigue hautement ! Je m'intéresse essentiellement à l'histoire des femmes et si cette biographie réhabilite la vérité alors je suis bien tentée de la lire :-)
Répondre
A
Je n'ai jamais été très fan du Premier Empire ni même de la période de la Révolution, que je trouve complexe politiquement. Quant à la figure de Napoléon Ier, qui est un sujet d'admiration pour bon nombre de gens, j'avoue que je la trouve de mon côté assez clivante. :/ Il ne fait vraiment pas partie de mes personnages historiques préférés, loin de là. En revanche (et ça peut paraître assez paradoxal) je m'intéresse vraiment beaucoup aux figures féminines qui l'ont entouré : comme toi, je me suis toujours assez instinctivement intéressée à l'Histoire par le biais de ses grandes figures féminines et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y en a beaucoup dans l'entourage proche de Napoléon : sa mère, ses sœurs (maintenant que j'ai lu cette biographie de Pauline, j'aimerais lire aussi la biographie que Florence de Baudus a consacrée à Caroline, la reine de Naples), ses épouses (j'ai lu une très bonne biographie de Marie-Louise signée par Charles-Eloi Vial l'an dernier) ou encore, sa belle-fille et belle-sœur, Hortense de Beauharnais dont j'avais aussi lu une biographie il y a quelques années, signée par Marie-Hélène Baylac, si mes souvenirs sont bons. <br /> <br /> Il y a peu, j'ai regardé le numéro de Secrets d'histoire consacré à Pauline, mais je l'ai trouvé, après avoir lu la biographie de F. de Baudus, assez superficiel finalement. Pauline y est en effet présentée comme très sensuelle, enchaînant les amants...mais ses problèmes de santé récurrents, son mal-être assez profond, étaient complètement occultés. Ce fut une lecture vraiment agréable et surtout, facile...les biographies, comme les classiques, ne sont pas toujours faciles d'accès...là, ce n'est absolument pas le cas, je ne peux vraiment que te la recommander. :)