Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le salon des précieuses

Au service secret de Marie-Antoinette, tome 6, Le coiffeur frise toujours deux fois ; Frédéric Lenormand

« - Il n'y a que deux sortes de gens qui réussissent vraiment à me distraire, confia-t-elle à Mme de Lamballe : la comtesse de Polignac et les criminels du royaume.
- Ne sont-ce pas les mêmes sortes de gens ? répondit la princesse. »

  • Infos complémentaires :

Publié en 2021

Éditions La Martinière

384 pages

Sixième tome de la saga Au service secret de Marie-Antoinette

Résumé :

La grande organisatrice !
Marie-Antoinette est enceinte ! Pouponner ? Très peu pour elle. Elle préfère s’amuser avec madame de Polignac…

Détective amateur n°1 !
Rose Bertin, la modiste la plus en vogue de Versailles, brille par son savoir-faire inimitable et son agacement tenace envers Léonard.

Détective amateur n°2 !
Léonard Autier est à la coiffure ce qu’est Léonard de Vinci à la peinture : un artiste renommé ! Mais aussi un sacré énergumène…

À la Cour, Necker, le ministre des Finances est au bord du burn-out. D’abord les dépenses faramineuses de la Reine, puis l’assassinat de son riche ami banquier… Sur la scène du crime, un oiseau à bec jaune insulte la terre entière. Rose et Léonard, les intrépides détectives de sa Majesté, vont lui apprendre la courtoisie et à révéler le nom du meurtrier !

Ma Note : ★★★★★★★★★

Mon Avis :

Fin des années 1770, à Versailles. Marie-Antoinette s’ennuie : la princesse de Lamballe, son amie la plus proche, la fatigue et la « vieille cour », fédérée autour des tantes du roi, ne cesse d’épier et de commenter ses moindres faits et gestes. Mais quand la reine rencontre par hasard la fraîche et pétillante Gabrielle de Polignac, aussi amicale que fauchée, elle s’en entiche et en fait sa nouvelle favorite, qu’elle couvre d’or, de bijoux et de présents.
Pendant ce temps, Necker, le ministre des Finances de Louis XVI, est averti de la mort suspecte d’un banquier et coreligionnaire protestant, Baruch Durand de Champsecret. Bien évidemment, le ministre n’a pas trop la tête à écouter les désirs de la reine, qui a envie d’une bergerie de fantaisie et qui, pour le bonheur de sa favorite et de son clan, ne demande qu’à vider joyeusement les caisses du royaume. Et la toute nouvelle grossesse de Marie-Antoinette ne semble pas la rendre plus raisonnable…la reine, au contraire, joue de son nouveau statut de future mère de l’héritier pour extorquer au roi et à son gouvernement tout ce qui lui fait plaisir.
Afin de rendre Necker plus malléable, la reine a l’idée de mettre sur le coup ses deux enquêteurs secrets, autrement dit, sa modiste Rose Bertin et son coiffeur, Léonard Autier. Les deux s’entendent comme chien et chat mais s’avèrent deux enquêteurs efficaces. Les voilà donc plongés dans une drôle d’enquête où le seul témoin est…un mainate malpoli !
Désopilante et haute en couleur, cette série de cosy mystery à la française est inclassable. Le coiffeur frise toujours deux fois (on reconnaîtra ici une référence au film Le facteur sonne toujours deux fois) en est le sixième tome et c’est toujours captivant, je ris et passe toujours un bon moment.
L’idée de départ est plutôt simple : comme dans n’importe quelle série de cosy mystery, nous suivons deux enquêteurs non professionnels, ici deux personnages historiques authentiques et qui ont bien gravité dans l’entourage de la reine de France. Rose Bertin était la modiste de Marie-Antoinette, qui adorait lancer les modes. Elle avait d’ailleurs surnommé la gérante du Grand Mogol sa « ministre des modes ». Quant à Léonard Autier, il était le coiffeur de la reine et celui qui lança notamment la mode des « poufs », ces coiffures extravagantes qui firent fureur sous le règne de Marie-Antoinette.
La jeune reine Marie-Antoinette a l’idée de créer une sorte de cabinet noir parallèle à celui de la royauté : les trois protagonistes, la reine, son coiffeur et sa modiste se retrouvent alors impliqués dans des enquêtes rocambolesques mais aussi pleines d’humour. Ensemble, ils doivent démêler des affaires complexes tout en continuant de remplir leurs fonctions officielles : habiller la reine pour Rose, coiffer la reine pour Léonard et pour Marie-Antoinette, faire son métier de reine à Versailles, ce qui l’ennuie bien évidemment au plus haut point.
La série a le mérite d’aborder le règne de Louis XVI et Marie-Antoinette sans la charge émotionnelle qu’il peut aujourd’hui revêtir pour nous, car on sait comment cela finit : d’abord adulés par le peuple, Louis XVI et Marie-Antoinette finissent honnis et sur l’échafaud, après des procès expéditifs. Niveau destins tragiques, on se pose là. Chez Frédéric Lenormand, nous sommes encore à l’époque de l’état de grâce, même si des pamphlets circulent déjà sur la reine de France, sa conduite peu conventionnelle et ses dépenses inconsidérées. Mais en faire l’enquêtrice en chef d’un cabinet noir encore plus secret que le vrai cabinet noir est une bonne idée, qui fonctionne.
L’auteur nous y propose un style unique et un humour décalé. Les anachronismes sont légion, mais cela ne pose pas de problème : c'est sûr qu'on est plus proche du Marie-Antoinette de Sofia Coppola que d'une biographie rigoureuse ! Si vous êtes des puristes du roman historique, vous risquez de vous étrangler, car ici, rien n’est d’époque ou presque, mais ce n'est finalement pas si gênant que ça, puisqu'on sait dès le départ que cette série ne se prend pas au sérieux. Du moins, pour moi, ça n’est pas du tout gênant parce que l’intérêt de cette série ne réside pas dans une reconstitution fine du contexte. Malgré tout, l’auteur n’en oublie pas les éléments les plus importants du règne de Marie-Antoinette : ici, nous faisons donc la connaissance de Gabrielle de Polignac, qui fut probablement l’amie la plus aimée de la reine Marie-Antoinette. Pour lui plaire, celle-ci dépensa des sommes folles et gratifia son entourage de charges et pensions extraordinaires, suscitant la jalousie des autres courtisans. Encore aujourd'hui, les historiens ne sont pas d'accord concernant Madame de Polignac : fut-elle vraiment le mauvais ange que l'on dépeint souvent, dont l'influence finit par précipiter la reine dans l'abîme ? Si on ne peut incriminer vraiment Madame de Polignac, l'amitié que la reine lui vouait en revanche, fut largement coupable de bien des erreurs que l'on fit ensuite payer à la reine.
Dans ce sixième tome, Marie-Antoinette est aussi enceinte pour la première fois et donc, encore plus scrutée et surprotégée puisqu’elle attend, peut-être, le futur Dauphin de France. Il ne faut pas penser que la série, malgré son aspect fantaisiste et ultra léger, ne propose pas des enquêtes construites et cohérentes ainsi qu’une restitution fine des faits historiques, car ce n’est pas le cas. L’univers est ainsi crédible et immersif et, comme je le disais plus haut, cette série a aussi le mérite de dédramatiser un peu cette période pendant laquelle la monarchie, sans le savoir, danse sur un volcan et vit ses dernières années.
J’ai apprécié ce sixième tome où Rose et Léonard doivent enquêter sur l’étrange mort d’un banquier proche du ministre Necker et dont la vie privée semble bien compliquée : une épouse trop jeune pour être honnête, une ancienne maîtresse qui se comporte comme une virago et surtout, un oiseau témoin de meurtre au langage aussi fleuri que celui d’un charretier parisien…pas de doute, nous sommes bien dans Au service secret de Marie-Antoinette !
Si vous avez aimé les précédents tomes de la série, alors vous aimerez probablement retrouver encore une fois Marie-Antoinette et ses deux enquêteurs, aussi assortis qu’un canard et un lapin. Le roman allie avec habileté humour, intrigue cohérente et complexe et des personnages attachants. Même la reine de France y est délicieusement insupportable. Fraîche et légère, cette petite série qui ne se prend pas au sérieux peut malgré tout permettre d’en apprendre un peu plus sur le règne de Marie-Antoinette et sa personnalité riche, car il ne faut pas oublier que, derrière la plume alerte et pleine de drôlerie de Frédéric Lenormand, se cache un passionné d’histoire et notamment du XVIIIe siècle et de la période de la Révolution française. Cette prédilection se ressent vraiment dans ses romans, qui peuvent donc être un bon point de départ, pour ensuite aborder plus à fond cette époque ô combien passionnante.

En Bref :

Les + : une plume alerte, des personnages truculents, une enquête très sympa.
Les - : 
pas vraiment de points négatifs à soulever. C'est drôle, sarcastique et savoureux comme d'habitude.

   Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

  • Envie d'en savoir plus sur cette série ? Découvrez ici mon avis sur les tomes précédents :

- L'enquête Du Barry

- Pas de répit pour la reine

- La mariée était en Rose Bertin

- La femme au pistolet d'or

- La Reine se confine !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article