La baronne des glaces, tome 1, Jusqu'au bout du monde ; Nicole Vosseler

 « Les Inuits racontent qu'au commencement du monde la glace brûlait encore pour apporter chaleur et lumière aux hommes. Si tu me poses la question, je te répondrai qu'il n'existe pas d'élément plus puissant que le froid. C'est la glace qui maintient notre monde en équilibre. »

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Publié en 2019 en Allemagne

En 2023 en France (pour la présente édition)

Titre original : Die Eisbaronin, bis ans Ende der Welt

Editions Archipoche

336 pages 

Premier tome de la saga La Baronne des Glaces

Résumé :

Russie, 1822. Depuis son plus jeune âge, Katya a un don : elle sait lire la glace, elle en perçoit les vibrations et les qualités. Quant à son frère aîné Gricha, il peut prédire le temps qu'il fera. 

Tous deux décident de fuir leur village, laissant derrière eux leur enfance misérable. Ils rêvent d'une vie meilleure. Leur périple les mène sur la Baltique, au port de Hambourg, où ils s'associent avec Thilo et Christian, deux frères propriétaires d'une société de négoce. Ensemble, ils imaginent un plan audacieux : prélever la glace des lacs du Nord et en faire commerce jusqu'en Inde. 

Mais la voie du succès est semée d'embûches, et les sentiments naissants entre Katya et Christian, qui est marié, menacent de faire fondre les rêves de la jeune baronne des glaces...

Inspirée de l'histoire d'une dynastie de commerçants intrépides, le premier tome d'une saga mêlant amour, drame et aventure. 

Ma Note : ★★★★★★★★★★

Mon Avis :

En 1822, Gricha et sa petite soeur Katya grandissent misérablement dans une Russie rurale et pauvre, où le servage n'est pas aboli et où les terres n'appartiennent pas à ceux qui les cultivent. Orphelins de mère, les deux enfants doivent supporter les manières rudes de leur père et de leurs frères aînés. Seule fille de la famille, la petite Katya, à neuf ans, est ni plus ni moins réduite à un office d'esclave domestique. Mais Gricha, de quatre ans son aîné, la protège et l'aime. Les deux enfants sont donc très proches et partagent un don commun : quand Gricha peut prédire le temps qu'il fera, Katya quant à elle, sent la glace, ses vibrations profondes et son chant, qui lui permettent de déterminer la qualité de la glace, si elle est plus ou moins fine ou fragile...
Un jour de fin d'hiver, Gricha décide de quitter la maison : il a d'autres rêves, d'autres ambitions. Pourtant, il n'en a pas le droit : dans la Russie des Romanov, où le servage n'est pas aboli, les hommes et femmes qui travaillent les terres des grands ne sont pas libres. Mais Gricha sait qu'au bout de cinq ans, s'il n'est pas rattrapé, il pourra se considérer comme libre. Il décide donc de suivre le cours de la Neva jusqu'à la grande ville à son embouchure, Saint-Pétersbourg. Mais il ne partira pas seul : refusant de rester en arrière, la petite Katya a décidé de suivre son frère, malgré les dangers. 
Les deux enfants connaîtront des périodes compliquées, la mendicité et le danger d'être livrés à eux-mêmes. Mais Gricha n'a qu'un rêve : s'embarquer et sillonner les mers. De la Russie au Groenland en passant par la Norvège, les deux enfants connaîtront bien des aventures. C'est à Tromsø, tout au nord de la Norvège, qu'il vont rencontrer un havre de paix, en la personne de Silja Guomondsdottir, qui leur offre le gîte et un travail. Et, tandis que Gricha continue ses expéditions sur des bateaux commerçants ou des baleiniers, la jeune Katya s'épanouit auprès de cette figure féminine et maternelle qui s'est attachée à elle...
Mais Gricha comme sa petite soeur rêvent en grand...la petite, toujours aussi passionnée par la glace, aimerait en faire le commerce...car en ce début du XIX^e siècle, il n'existe pas beaucoup d'autres moyens pour rafraîchir ses boissons, fabriquer des sorbets ou des crèmes glacées. La matière première ne se fabrique pas aussi rapidement ni aussi facilement qu'aujourd'hui, où il suffit de mettre de l'eau courante à congeler. A l'époque, par exemple, dans les grands domaines, on possède une salle souterraine dans laquelle sont conservés des blocs de glace enveloppés de sciure qui permettront, la belle saison revenue, de préparer des douceurs rafraîchissantes ou de mettre des glaçons dans ses boissons - entre autres. 
A Hambourg, Gricha rencontre deux jeunes commerçants, Thilo et Christian Petersen qui vont devenir ses asocciés. Mais vendre de la glace ne s'avère pas de tout repos. Et quand des sentiments plus complexes s'en mêlent, la situation peut devenir encore plus périlleuse. Gricha et sa soeur Katya, Thilo et Christian parviendront-ils à leurs fins et au bout de leurs rêves ? Rien n'est moins sûr mais quand on est porté par ses ambitions et l'aspiration de connaître une vie meilleure, parfois, plus rien d'autre ne compte. 

C'est à Saint-Pétersbourg, la grande ville du tsar, que Gricha et Katya prennent un nouveau départ au début du roman

Si vous pensez que La baronne des glaces est une énième romance historique un peu bête et facile, je vous arrête tout de suite : vous êtes dans l'erreur ! Moi aussi, j'ai eu un peu peur de ça en commençant le roman et je suis ravie qu'il m'ait détrompée, quasiment dès les premiers chapitres. Si La baronne des glaces contient bien un peu de romance, heureusement, le roman ne résume pas à ça, pour mon plus grand plaisir. 
C'est le deuxième roman de Nicole Vosseler que je lis et je dois bien avouer que, encore une fois, c'est une réussite : en 2019, j'avais été agréablement surprise par son roman Le ciel de Darjeeling et je l'ai encore été ici avec La baronne des glaces, qui nous offre une histoire puissante et palpitante. 
En plus de ça, l'autrice s'est inspirée d'une histoire authentique : celle d'une dynastie de commerçants visionnaires et intrépides qui eurent l'idée révolutionnaires d'exporter de la glace venue du Nord de l'Europe vers les pays chauds. Comme je le disais plus haut, rien ne paraît plus simple aujourd'hui que de produire de la glace : il suffit de remplir des bacs à glaçons ! Mais à l'époque, il ne faut pas oublier que cela relevait véritablement du défi logistique et commercial. 
On découvre ainsi les conditions de vie et de travail compliquées, dans le grand Nord en plein hiver, quand il faut extraire la glace par un froid polaire, vivre dans la neige, puis ramener les précieux blocs vers la côte et les charger sur les navires. On découvre aussi les écueils auxquels se heurtent nos héros car, s'ils restent des pionniers, ils ne sont pas les premiers à avoir eu cette idée et une certaine concurrence existe déjà dans le commerce de la glace. Enfin, vendre une denrée aussi périssable s'avère aussi dangereux car si la demande n'est pas là, la glace fond, entraînant alors des pertes financières considérables. Mais le roman nous démontre combien la force de l'esprit d'entreprise, l'émulation commune, peuvent porter et comment l'esprit humain est capable de sans cesse innover, souvent d'ailleurs en se dépassant, car les personnages sont souvent confrontés à des épreuves ou des conditions de vie et de travail qui les incitent à sans cesse repousser leurs limites et se rendre compte de leurs ressources insoupçonnées. 
J'ai aussi beaucoup aimé les personnages du roman et notamment Gricha et Katya, que l'on découvre alors qu'ils ne sont que des enfants. Ils forment un duo efficace et solide : si la petite Katya de neuf ans que l'on découvre au début du roman semble fragile, elle se mue rapidement en une jeune fille ambitieuse et déterminée, qui sait ce qu'elle veut, tant dans sa vie professionnelle que dans sa vie amoureuse, n'hésitant pas à faire des choix qui peuvent sortir de l'ordinaire pour une jeune femme de cette époque. Passionnée par la glace, elle présente aussi un véritable don pour le commerce et se mue rapidement en une véritable femme d'affaires, mais se heurte aussi à des préjugés car cela ne va pas de soi. Gricha, quant à lui, est un personnage charismatique et solaire, prêt à tout pour que sa petite sœur Katya puisse aller au bout de ses rêves, mais aussi protecteur avec elle. 
Puis on rencontre Christian et Thilo Petersen, deux personnages bien différents et qui n'ont pas du tout eu la même vie que Katya et Gricha mais n'en ont pas moins connu des épreuves et des drames. Faisant vivoter tant bien que mal le commerce familial dans une Hambourg qui a perdu son ancienne prééminence, Thilo et Christian s'engagent cependant avec fougue et espoir dans le projet de Katya et Gricha. Christian est un personnage assez complexe, tiraillé entre ses devoirs familiaux et ses sentiments complexes pour Katya, mais j'ai trouvé que Thilo, quand il se révèle enfin, avait un peu plus de relief. 
Quoi qu'il en soit, La baronne des glaces nous offre un voyage épique. C'est une lecture absolument idéale en hiver car hormis la fin du roman qui nous emmène sous les latitudes plus chaudes de l'Inde, tout le reste du roman se passe dans les neiges et le froid de la Scandinavie ou de la Russie des années 1830. 
En bref si, comme moi, vous aimez les romans historiques avec un peu de romance (mais pas trop facile) mais beaucoup d'aventures et des personnages attachants, ce roman est véritablement fait pour vous. J'attends déjà la suite avec une impatience non dissimulée. 

Les paysages grandioses et glacés de la Norvège du nord, non loin de la ville de Tromsø

En Bref :

Les + : une histoire épique et porteuse d'espoir, avec des personnages attachants et visionnaires.
Les - : pas vraiment de points négatifs à soulever, j'ai été vraiment convaincue par cette lecture.

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