22 Janvier 2025
« Si quelqu'un caresse un désir de clémence, qu'il le sache, il ne sera pas exaucé. L'heure n'est pas à pardonner les fils désobéissants ! La malheureuse Ferrare n'a subi que trop d'épreuves ! Et, au nom de Dieu, si nous voulons mettre fin à notre calvaire, les sarments doivent être coupés ! »
Publié en 2015 en Italie
En 2019 en France (pour la présente édition)
Titre original : L'Abbazia dei cento delitti
Éditions Pocket
552 pages
Deuxième tome de la saga Codex Millenarius
Résumé :
Ferrare, 1347. Le légendaire Lapis exilii - cette mystérieuse relique source de toutes les convoitises - compte une victime de plus : un moine trop bien renseigné. Le chevalier Maynard de Rocheblanche remonte la piste et veut à tout prix empêcher que l'objet sacré ne tombe entre de mauvaises mains.
Alors qu'une épidémie de peste noire ravage l'Italie, Maynard doit affronter intrigues et complots. Pour échapper à ses ennemis et préserver les intérêts de l'Europe, il noue une alliance redoutable. Le voilà malgré lui sous la protection du marquis Obizzo, seigneur de Ferrare et vicaire du pape, aussi influent que cruel...
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
A Ferrare en 1347, le chevalier Maynard de Rocheblanche continue sa quête du Lapis exilii. Mais celui qui aurait pu le renseigner, le moine Facio di Malaspina, qui semblait posséder bien des secrets, vient d’être retrouvé assassiné dans une taverne. Dans la mort, il vient d’emporter les informations cruciales qu’il détenait et le Lapis exilii n’a jamais semblé aussi lointain et introuvable pour Maynard, menacé de toutes parts par de nombreux dangers.
L’abbaye des cent crimes est un deuxième tome et fait suite à L’abbaye des cent péchés, où nous avons découvert Maynard, un preux chevalier qui a frôlé la mort à Crécy. Blessé mais bien vivant, Rocheblanche, en tentant de fuir, est arrêté par un homme agonisant qui lui demande son aide : cet homme, c’est le roi Jean de Bohême, qui lui a confié un mystérieux parchemin et un anneau, avant de trépasser. Bien malgré lui, le chevalier se retrouve mêlé à un vaste complot qui le dépasse et surtout, détenteur d’informations si capitales que certains seraient prêts à tout pour les découvrir, même à tuer. Quels mystères recèlent ce parchemin sur lequel des phrases sibyllines sont inscrites et qu’est-ce que cet anneau gravé d’un blason de cardinal ? Et quelle est donc cette relique étrange, appelée Lapis exilii dans le parchemin et sur la trace de laquelle courent des cardinaux, des rois et de plus sombres personnages encore ?
L’abbaye des cent crimes est un tome de transition et il ne s’y passe pas grand-chose, par rapport au premier tome, mais l’enquête de Maynard avance malgré tout. L’un de ses ennemis est enfin identifié et le chevalier comprend que le duel entre eux sera sans merci et ne s’arrêtera qu’avec la disparition de l’un d’entre eux…quant au seigneur de Ferrare, Obizzo III d’Este, il est aussi ambitieux qu’imprévisible et Maynard, lorsqu’il accepte de devenir le maître d’armes de son jeune fils, va devoir louvoyer au milieu d’une cour de serpents...
Mais surtout, personne ne s’attend au grand fléau qui s’apprête à frapper l’Europe : car, alors que les deux grands royaumes que sont l’Angleterre et la France se déchirent dans une guerre fratricide pour la couronne de la seconde, que l’Église est elle-même fragilisée par le Grand Schisme, un mal sournois et meurtrier s’apprête à débarquer sur les côtes d’Italie et de Provence, avant de se diffuser, par vagues successives, jusqu’au nord de l’Europe, entraînant des millions de morts. Ce mal, c’est la Peste Noire, qui fera des réapparitions plus ou moins violentes jusqu’au début du XVIIIe siècle, en emportant toujours une vaste part d’une population peu préparée à ce genre d’épidémies et ne connaissant pas la contagion ni la notion de germes pathogènes.
Entre roman ésotérique et pur roman historique, la saga Codex Millenarius nous emmène dans un Moyen Âge hautement dangereux, pétri de superstitions mais aussi d’ambitions personnelles. La vie n’y est qu’incertitude et les malheurs des temps semblent se conjuguer dans une véritable danse macabre pour mener la vie dure aux héros. Et puis, au-dessus de la mêlée se distingue le personnage valeureux et plein d’honneur du chevalier, toujours porté par son courage et sa détermination. A côté de ça, Rocheblanche doit continuer d’assurer la protection de la jeune Isabeau, rencontrée sur son chemin vers Ferrare et qu’il considère comme une jeune sœur et du peintre Gualtiero, qui se débat avec des secrets familiaux et l’arrestation arbitraire de ses parents, Sapia et Sigismond De’Bruni. Il doit aussi composer avec l’attitude louvoyante et prudente jusqu’à l’excès du père Andrea, l’abbé de Pomposa.
Le récit est dense et rythmé, pas désagréable à suivre et se lit très bien. Effectivement, avec cette série où l’on retrouve un mystérieux parchemin, des personnages avides et vénaux s’opposant à d’autres, aux valeurs chevaleresques, une relique mystérieuse qui pourrait, peut-être, changer la face de la chrétienté, Marcello Simoni ne nous propose rien que nous ne connaissions déjà mais même si l’intrigue n’est pas des plus originales, le roman se déroule avec facilité, même s’il parfois difficile de bien comprendre les différentes motivations des divers personnages ou leurs liens, car ils sont très nombreux. Cette dimension mystique et ésotérique du récit apporte évidemment un petit plus car l’esprit humain est ainsi fait que ce genre d’intrigues nous captive aussitôt et l’on a envie d’en connaître le fin mot.
En somme, si comme moi, vous aimez les histoires d'enquêtes se déroulant au Moyen Âge, avec des mystères religieux et des complots politiques, ce livre pourrait très certainement vous plaire et vous emmener dans une intrigue tourbillonnante dans une époque incertaine, trouble et violente.
En Bref :
Les + : une histoire bien rythmée et bien écrite, avec une dimension ésotérique plutôt captivante, dans un Moyen Âge dangereux, violent et plein d'incertitudes.
Les - : c'est un tome de transition, donc il s'y passe un peu moins de choses que dans le premier tome.
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