13 Février 2025
« Quand toutes les solutions possibles ont été écartées, c'est que le problème a été mal posé. »
Publié en 2022
Éditions Le Livre de Poche
384 pages
Premier tome de la saga La saga d'Héloïse, l'apothicaire
Résumé :
1498. Le roi Charles VIII meurt à Amboise. Tous pensent qu'il s'agit d'un accident ; tous, sauf un quasi-inconnu qui vient de se distinguer sur le champ de bataille. Le seigneur de Bayard, malgré sa jeunesse, ne manque pas d'audace. Il est convaincu que le roi a été assassiné. Epris de justice, il demande l'accord du premier chambellan et la bénédiction de la veuve du monarque pour élucider ce crime impossible. Mais il doit faire vite avant que ne se dispute la succession au trône, et, avec le soutien de l'apothicaire Héloïse Sanglar, il s'engage dans une véritable lutte contre le temps.
Avec Bayard et le crime d'Amboise, où conspirations machiavéliques et histoires d'amour se nouent brillamment sur fond de tensions franco-italiennes, Eric Fouassier nous fait revivre cette époque charnière, à l'aube de la Renaissance, à travers le regard du futur chevalier sans peur et sans reproche.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Le 7 avril 1498, veille des Pâques fleuries, le roi Charles VIII âgé de vingt-huit ans, meurt brutalement dans son château d’Amboise après s’être heurté le front au linteau d’une porte. Passée la première stupeur, un jeune chevalier venu de son Dauphiné natal pour participer aux joutes organisées en ce début de printemps dans la cité royale, commence à douter de la version que l’on donne du décès du roi : et si cette mort, que l’on présente comme accidentelle, était en réalité criminelle ?
Le jeune chevalier Bayard, car c’est lui, va décider d’enquêter sur ce décès suspect, avec la bénédiction de l’un de ses plus proches conseillers, Philippe de Commynes et celle de la jeune reine Anne de Bretagne, dont le destin est désormais bien incertain, car elle n’a pas pu donner d’héritiers au roi.
Avec l’aide d’une jeune apothicaire de la ville, Bayard commence une enquête périlleuse qui pourrait bien le mettre en danger…et peut-être le jeune homme au cœur pur et empli d’idéal chevaleresque n’est-il pas prêt à découvrir ce qui se cache derrière cette sombre machination qui a eu pour conclusion un régicide des plus habiles.
Comme l’auteur l’avait déjà fait dans Les Francs Royaumes, une duologie qui se déroulait au temps des Mérovingiens, il s’amuse ici avec l’Histoire pour en faire une enquête policière en plein cœur d’une époque charnière de l’Histoire de France, entre Moyen Âge et Renaissance, à une époque de tensions et d’incertitudes politiques. En utilisant habilement des personnages historiques comme Bayard (Pierre Terrail est un personnage authentique : la légende dit que c’est lui, surnommé « le chevalier sans peur et sans reproche » qui aurait adoubé François Ier sur le champ de bataille en 1515 à Marignan), la reine Anne de Bretagne, le duc d’Orléans ou le chambellan Philippe de Commynes, ancien conseiller de Louis XI et chroniqueur, mais aussi des personnages fictifs comme la jeune apothicaire Héloïse Sanglar, que l’on retrouvera ensuite dans deux autres enquêtes, l’auteur recrée une véritable intrigue politique en pleine cour de France.
Historiquement, rien ne permet d’affirmer que Charles VIII a été assassiné et sa mort n’a pas été suivie des incertitudes décrites dans le roman : depuis longtemps, la succession du roi était programmée en cas d’absence d’héritier mâle. C’était son plus proche parent, le duc d’Orléans, qui devait ceindre la couronne et épouser la veuve de son prédécesseur, la reine Anne, par ailleurs duchesse de Bretagne, afin de conserver le duché dans le giron de la couronne de France. C’est ce qui advint avec la disparition brutale de Charles VIII a la suite d’un banal accident, relativement bien documenté pour que l’on sache à peu près comment ce sont déroulés les événements : accompagnant la reine à une partie de jeu de paume, le roi et sa suite traversent une galerie sombre, car des travaux à Amboise condamnaient certains autres accès. Par inadvertance, Charles, en passant une porte, se heurta violemment le front au linteau. Chancelant, le roi se remet vite sur pieds et assiste finalement à la partie de paume avant d’être victime d’un malaise. Perdant conscience, il est ramené dans ses appartements où il meurt quelques heures plus tard.
Le château royal d'Amboise, dans la ville du même nom, est le lieu principal où se déroule l'enquête
L’hypothèse d’Eric Fouassier est en soi plausible et le déroulement de son intrigue tout à fait vraisemblable. Cependant, et même si je l’ai lu en deux jours à peine, je ne ressors pas de ce roman pleinement convaincue alors que j’avais beaucoup aimé Les Francs Royaumes et le premier tome du Bureau des Affaires occultes, qui se passe dans les années 1830.
Le fait de mettre en scène le chevalier Bayard, encore jeune, dans la peau d’un enquêteur est plutôt sympa aussi et j’ai totalement adhéré à ce parti-pris. Mais le reste m’a moins plu : même si l’auteur a fait l’effort d’utiliser du vocabulaire d’époque qui émaille les dialogues, j’ai trouvé que cela sonnait un peu faux par moments. Si j’ai aimé le duo formé par Bayard et la jeune apothicaire Héloïse (j’ai d’ailleurs trouvé que celle-ci me faisait penser à l’héroïne des Mystères de Druon de Brévaux, d’Andrea H. Japp même si, ici, Héloïse ne se travestit pas en garçon, au contraire de la jeune apothicaire de Japp) j’ai trouvé que tout allait trop vite entre eux et était un peu téléphoné : le beau chevalier qui tombe amoureux de la jolie jeune femme qui n’est pas de son milieu mais s’avère très courageuse et tout cela en deux jours à peine, bon… le fait que l’auteur ait aussi noirci gratuitement certains personnages historiques ne m’a pas forcément convaincue. Bien sûr, cela sert son intrigue, mais ce n’était pas forcément nécessaire.
Bref, je ressors de la lecture de ce premier tome un peu mitigée : j’ai pris plaisir à le lire et, comme je le disais plus haut, vraiment, ça se lit très bien. Ce n’est pas désagréable mais pas non plus haletant au point qu’on n’a plus envie de lâcher le livre. J’aurais peut-être aimé un peu plus de subtilité, comme j’avais pu en trouver dans Les Francs Royaumes ou même dans Le bureau des affaires occultes, où l’époque est franchement bien restituée et l’intrigue, d’autant plus immersive.
J’ai la suite dans ma PAL et c’est avec curiosité que je lirai les deux autres aventures d’Héloïse Sanglar, c’est certain. Mais cette riche époque historique se suffisait à elle-même sans avoir besoin d’être transformée en intrigue policière pour devenir palpitante, bien au contraire. J’aurais peut-être bien plus adhéré si l’enquête n’avait pas concerné si étroitement la cour de France et la mort du roi.
Alors certes, le roman vous plongera dans le contexte politique et social de l'époque (les guerres d’Italie, les alliances avec les seigneurs italiens, les premiers embellissements des châteaux royaux de la vallée de la Loire) et vous permettra de mieux comprendre les enjeux des règnes de Charles VIII et de son successeur Louis XII mais il m’a vraiment manqué quelque chose pour en ressortir pleinement enthousiasmée. Dommage.
Charles VIII et Anne de Bretagne étaient mariés depuis sept ans lorsque le jeune roi est mort brutalement à Amboise en 1498
En Bref :
Les + : une enquête policière plutôt originale mais...
Les - : ... elle a peiné à me convaincre sur le fond et parfois un peu sur la forme. Dommage ! Peut-être que le fait que l'auteur se soit autant éloigné de l'histoire authentique, noircissant gratuitement certains personnages a peiné à me convaincre
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- Retrouvez ici mon avis sur la duologie Les Francs Royaumes, qui se passent au temps des Mérovingiens
- Et ici, vous pouvez lire mon avis sur le premier tome de sa nouvelle série Le bureau des affaires occultes