21 Mars 2025
« J'ai décidé de me tourner vers l'avenir avec une espérance renouvelée. Est-ce folie, selon vous ? Sommes-nous des bêtes ténébreuses vouées à vivre sans lumière ? Non. Nous sommes des hommes ! Et même si les fléaux se succèdent toujours sur cette terre, fût-ce celui de l'Apocalypse, nous devons nous montrer dignes et nous définir comme tels. Or la condition, pour cela, c'est que la beauté nous inspire. »
Publié en 2016 en Italie
En 2021 en France (pour la présente édition)
Titre original : L'Abbazia dei Cento Inganni
Editions Pocket
478 pages
Troisième tome de la saga Codex Millenarius
Résumé :
Ferrare, hiver 1349. Un inquiétant groupe, mené par une femme chevauchant une étrange créature parade aux abords de la ville, s'en prenant à quiconque a le malheur de croiser son chemin. Pendant ce temps, des rumeurs se répandent parmi les habitants sur la pratique de rites sataniques et l'apparition de signe annonciateurs de l'Apocalypse.
Fort de l'appui de la Sainte Inquisition, le chevalier Maynard de Rocheblanche est chargé de faire la lumière sur ces événements. Mais c'est compter sans ses ennemis, avides de découvrir le secret du Lapis exilii, le plus grand mystère de la chrétienté, dont il détient la clef. Une situation qui rend sa mission plus périlleuse encore...
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Clap de fin pour la trilogie du Codex Millenarius, avec ce troisième tome rythmé et mené tambour battant, jusqu'au dénouement final. Pour Maynard de Rocheblanche, le chevalier français investi d'une mission quasi-divine, le temps presse car ses ennemis se sont rapprochés et leur convoitise est sans limite. Mais, pour l'heure, il est approché par la Sainte Inquisition, rien que cela, pour mener une enquête périlleuse : alors que l'hiver fait rage en Italie et que la ville de Ferrare se relève difficilement de la première vague de la peste noire, qui a été particulièrement meurtrière, un nouveau danger la guette. Dans les bois entourant la cité, un chasseur de loups a observé, terrorisé, la procession d'un étrange groupe, mené par une femme rousse montée sur une créature aussi étrange que terrifiante. Et cette apparition diabolique s'accompagne aussi de signes inquiétants qui apparaissent dans la ville, à commencer par le palais d'Obizzo III d'Este, où ont été retrouvés des messages étranges accompagnés d'offrandes macabres. Que se passe-t-il donc à Ferrare ? Inquiète, l'Inquisition souhaite faire la lumière sur ce qu'elle prend pour une entreprise diabolique tandis que le pragmatique Maynard de Rocheblanche y voit plutôt une mystification...mais cette enquête peut être pour lui l'occasion de se racheter auprès d'Obizzo III et le chevalier s'y lance à corps perdu.
Mais on ne peut pas faire confiance à l'Inquisition, qui n'hésite pas à se retourner contre ceux qu'elle aide...car cette enquête n'est finalement qu'un prétexte pour se rapprocher de Maynard et essayer de percer le mystère qui l'entoure : en effet, depuis 1346, le chevalier est détenteur d'un secret qui pourrait bien changer la face de la chrétienté. Piloté par l'ambitieux et sans scrupules cardinal Bertrand du Pouget, l'inquisiteur de Ferrare va donc s'allier à Rocheblanche avant de le trahir pour l'amener à avouer ce qu'il sait sur le Codex Millenarius et le Lapis exilii, une relique inestimable que le cardinal n'a de cesse de rechercher. A nouveau, Maynard, chevalier valeureux, est confronté à de nouveaux dangers qu'il va devoir déjouer, à commencer par la trahison.
Dans un Moyen Âge sombre et plein d'incertitudes, déchiré par la guerre, la maladie, un schisme religieux, l'intrigue articulée autour du Codex Millenarius arrive à son terme. Très vite, on se rend compte que l'enquête sur la procession infernale aperçue aux abords de la ville de Ferrare n'est qu'un prétexte pour les ennemis de Maynard pour se rapprocher de lui et le faire avouer ce qu'il sait. Le roman mêle donc avec habileté enquête policière, suspense, mystère ésotérique et donne à lire une réflexion sur les thèmes de la vérité et du mensonge (et jusqu'où on peut aller, pour l'un ou pour l'autre), du pouvoir, de l'ambition, de la corruption, tant dans le monde religieux que dans le monde temporel... Maynard de Rocheblanche, incarnation des valeurs chevaleresques sur le déclin, s'oppose donc à des hommes sans scrupules, à l'ambition dévorante, dans un affrontement manichéen où les bons sont très bons et où les méchants ont un coeur particulièrement noir.
Après un deuxième tome un peu léger, un peu plus faible, j'ai retrouvé le rythme du premier tome. Même si l'intrigue autour de la procession étrange et des signes macabres qui apparaissent à Ferrare, laissant presque croire à une fin du monde proche m'a moyennement convaincue, parce qu'on sent bien qu'elle n'est finalement qu'un prétexte pour parler d'autre chose, je me suis sentie captivée par ce roman. Après un semblant de réponse dans le deuxième tome, évidemment j'avais envie d'en savoir plus sur le Codex Millenarius et sur le Lapis exilii... concernant le premier, je suis restée un peu sur ma fin. Pour le deuxième, considéré comme une inestimable relique de la chrétienté, reliée aux premiers temps du christianisme et même à Jésus, j'ai eu mes réponses, je ressors donc de cette lecture assez satisfaite.
Encore une fois, le roman s'appuie sur la figure charismatique de Maynard et fait aussi la part belle au personnage d'Eudeline, sa soeur, ce que j'ai apprécié car elle se révèle dans ce tome, même si ce n'est pas toujours en bien et que son caractère cassant et impulsif peut rébuter le lecteur. Globalement, j'ai apprécié son évolution tout au long de la trilogie.
Si vous aimez les romans plein de mystères, vous ne serez sûrement pas déçus par cette trilogie intéressante et rythmée.
En Bref :
Les + : après un deuxième tome moins intéressant, moins rythmé, on repart tambour battant avec L'abbaye des cent mensonges. Le dénouement s'annonce et ça se sent dès le départ. Une très bonne lecture dans un Moyen Âge sombre, dangereux, imprévisible...
Les - : je n'ai peut-être pas eu toutes les réponses que j'attendais.
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