16 Avril 2025
« Ha ! Dieu d'amour ! Quand donc finira chez ceux qui t'avouent cette chaîne et concaténation de haines qui l'une de l'autre sortent et vont justifiant les meurtreries que l'on commet en conscience au nom de ta Vérité. »
Publié en 1991
Editions Le Livre de Poche
695 pages
Troisième tome de la saga Fortune de France
Résumé :
En vain Pierre de Siorac s'attarde-t-il au « nid crénelé » de ses aïeux ou dans le Montpellier de ses études de médecine : un duel le contraint de gagner la capitale pour y demander la grâce du Roi.
Voici donc Paris en 1572. La faveur du protestant Coligny auprès de Charles IX, « l'infâme accouplement » de la catholique Margot avec Henri de Navarre scandalisent l'opinion. La haine entre les deux camps est à son comble. Pierre de Siorac découvre le monde des ruelles, du petit peuple, des ouvrières et des artisans : et puis le Louvre, les princes, les grandes coquettes « dévergognées », les soldats et les maîtres d'armes...Jusqu'au terrible matin de la Saint-Barthélémy qui le verra s'échapper de justesse.
Alliant magistralement vérité historique et entrain romanesque, Robert Merle poursuit ici la fresque inoubliable d'un demi-siècle de notre histoire, qui se prolongera dans Le Prince que voilà.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
En 1572, Pierre de Siorac est diplômé de l’école de médecine de Montpellier et rentre à Mespech, en Périgord. Mais, sur la route du retour, un guet-apens lui est tendu par l’ennemi de sa famille, le baron de Fontenac. Le duel qui oppose alors Pierre et Fontenac tourne mal et le jeune homme doit se rendre à Paris pour solliciter la grâce royale.
Or, alors que la chaleur torride de l’été accable la ville, celle-ci est en ébullition pour une autre raison : le roi s’apprête à marier sa jeune sœur Marguerite, catholique, au roi de Navarre, huguenot, ce qui n’est pas au goût des Parisiens, qui grondent sourdement.
Pierre et ses compagnons découvrent une ville grouillante, sale et surpeuplée mais aussi pleine d’attractions. Ils sont confrontés au quotidien laborieux du peuple et à la vie superficielle de la Cour, monde de requins où les ambitions se déchaînent, tout comme l’hypocrisie.
Mais, surtout Pierre, son demi-frère Samson, leur valet Miroul et leur nouvel ami italien, Giacomi, habile bretteur, vont se trouver pris dans la nasse d’un des plus terribles massacres de l’Histoire : le 24 août 1572, deux jours seulement après un attentat manqué contre l’Amiral de Coligny, chef du file des huguenots mais aussi conseiller du roi Charles IX, au son des cloches de la ville, les Parisiens catholiques se jetèrent contre leurs voisins huguenots, les dépouillant et les tuant, sans distinction de sexe, d’âge ou de condition. Ce massacre, dont on ne sait pas encore aujourd’hui s’il fut véritablement commandité par le roi et la reine-mère Catherine de Médicis (la plupart des historiens penchent aujourd’hui pour la version qui veut que le roi ait donné l’ordre de mettre à mort les chefs du parti mais que la situation lui échappa, les Parisiens en profitant pour tuer impunément ces huguenots qu’ils détestaient), reste malgré tout une tache indélébile sur le règne des derniers Valois et participa grandement à alimenter la légende noire de la reine-mère.
A partir du 24 août 1572, Paris puis le royaume entier furent le théâtre de massacres terribles des huguenots par leurs compatriotes catholiques, entraînant des milliers de morts
Moi qui me plaignais que le deuxième tome soit moins marqué par le contexte historique (on suivait essentiellement Pierre dans ses aventures montpelliéraines), je peux dire que j’ai été servie ici, avec un tome concentré sur les quelques mois qui précèdent le mariage de Marguerite de France et d’Henri de Navarre puis les semaines qui suivent – autrement dit, une époque cruciale de l’Histoire de France, qui marque aussi un tournant, car rien ne sera plus jamais comme avant, à la suite du terrible massacre du 24 août, qui fit des milliers de morts dans Paris mais aussi un peu partout dans les provinces, dans les semaines qui suivront. La France est déchirée par une violente intolérance religieuse et la paix signée en 1570 est plus fragile que jamais : le mariage entre une catholique et un protestant, censée la consolider, fera en réalité tout le contraire, l’ire des Parisiens étant habilement manipulée par les partis catholiques de la Cour, comme la famille des Guise. Et, alors que l’on converge de toutes les provinces pour assister aux réjouissances, les huguenots se pressant à la suite du roi de Navarre dans une ville hostile, la capitale du royaume devient une bombe à retardement.
Robert Merle, encore une fois, mêle habilement fiction et vérité historique, faisant s’entrecroiser le petit peuple industrieux de la capitale, les muguets et les belles dames de la Cour, la famille royale, digne des Atrides de L’Iliade…L’époque est rendue vivante par un style alerte et vif, plein de vocabulaire occitan ou ancien, qui donne une véritable authenticité à l’ensemble mais surtout aux dialogues mis dans la bouche des personnages.
J’ai lu ce troisième tome avec plus de facilité que le précédent, que j’avais trouvé parfois un peu trop romanesque pour être crédible : certes, Pierre de Siorac a bien profité de sa vie de carabin à Montpellier mais parfois, j’ai eu le sentiment que l’imagination de l’auteur était partie un peu – trop – loin, même si ça restait somme toute agréable à lire. Ici, malgré la densité et la tension dramatique, j’ai beaucoup aimé, je me suis vraiment délectée de cette lecture et même si l’on sait assez vite que ce tome-ci va nous parler d’événements dramatiques et traumatisants pour ceux qui les traversèrent, à l’image de Pierre de Siorac, c’est très plaisant à lire, même si c’est un roman qui se mérite. Tous les amoureux de romans historiques y trouveront sans nul doute leur compte.
Le 18 août 1572, Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX, épouse le roi de Navarre, Henri. Ce mariage marque le début de réjouissances fastueuses mais aussi le début d'un compte à rebours fatal...
En Bref :
Les + : moi qui me plaignais que le tome 2 n'était pas assez historique, là pour le coup, j'ai été servie, avec une plongée dans le monde brutal des Guerres de Religion et de la Saint-Barthélémy. Passionnant, en un mot.
Les - : quelques longueurs en milieu de volume peut-être.
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Découvrez ici mon avis sur les deux premiers tomes :