1 Mai 2025
« On disait aussi que dans le djebel, passant du territoire des Francs à celui de Noureddin, al malik al dilik, le roi errant, galopait de nouveau. Cent ans s'étaient écoulés et il était revenu, ainsi que le prédisait la légende. Revenu pour combattre, pour aimer, pour chanter, pour mourir. »
Publié en 2009
Éditions 10/18 (collection Grands Détectives)
317 pages
Sixième tome de La saga de Tancrède le Normand
Publié en 2010
Editions 10/18 (collection Grands Détectives)
376 pages
Septième tome de La saga de Tancrède le Normand
Résumés :
Tome 6 : En cette année 1160, l'Etna gronde et un tremblement de terre ébranle la Sicile d'est en ouest. Alors que s'élabore un traité avec le doge de Venise, ces soubresauts de la nature seraient-ils les signes annonciateurs des bouleversements à venir ? Car l'on conspire à Palerme et c'est à la vie du trop puissant chancelier du roi Guillaume ler que l'on en veut. Pris dans les mailles du jeu politique complexe du royaume normand, pour la première fois de leur existence, Tancrède d'Anaor et son maître Hugues de Tarse se retrouvent face à face. Hugues, dont l'amour qu'il partage avec Eleonor, son épouse, est mis à rude épreuve, est accusé de crime contre l'État. Et c'est un nouveau pan de la prophétie dont les termes jalonnent le destin du jeune Tancrède qui se joue...
Tome 7 : Parti, sur la foi d'une prophétie, des confins de la verte Normandie à la Sicile, puis aux Etats Latins d'Orient, Tancrède s'évade des geôles d'Alep pour rejoindre Antioche où un mystérieux assassin sème la terreur. L'occasion pour lui de mettre en pratique l'enseignement de son maître Hugues de Tarse. C'est au cœur de cette terrible enquête où s'affrontent les intérêts de Byzance et de Venise, qu'il croisera Naïri, la princesse arménienne, dont le regard couleur de Nil hantait ses rêves bien avant leur rencontre. Avec ce septième et dernier volume s'achève - mais est-ce bien une fin ?- la saga de Tancrède d'Anaor.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Ce printemps, j'ai décidé de terminer enfin une série commencée il y a exactement cinq ans. Il était temps, non ? Cette série, c'est La Saga de Tancrède le Normand, de Viviane Moore, connue pour ses romans historiques et policiers qui se passent notamment au Moyen Âge ou à la Renaissance.
Les trois premiers tomes, que j'avais lus réunis en un seul et même volume publié par les éditions 10/18, posaient les bases d'une vaste saga qui allait nous emmener des brumes de la Normandie du XIIe siècle jusqu'aux déserts de la Terre Sainte dans l'ultime tome.
Entre romans historiques, aventures et enquêtes, La Saga de Tancrède le Normand nous parle aussi de l'histoire de tout un pays : la Sicile, île aux influences multiples et alors dirigée par une famille d'origine normande, les Hauteville.
Marquée par les invasions successives, la Sicile du XIIe siècle est une terre entre Occident et Orient, chrétienne, musulmane et juive tout à la fois, où les peuples vivent en relative bonne intelligence - même si cette harmonie ne durera pas. Ainsi, à Palerme ou Syracuse, l'appel du muezzin voisine avec les cloches des églises, appelant les fidèles à la prière ou à la messe.
Le royaume est dirigé par le roi Guillaume Ier, d'origine normande, auquel Tancrède d'Anaor, fils bâtard de Roger de Pouilles, est apparenté. Le jeune homme, épaulé dans son enfance et sa prime jeunesse par son mentor Hugues de Tarse, a développé une formidable capacité de déduction, qui lui permet de résoudre bien des énigmes.
Dans le tome 6, alors que l'avenir de la Sicile est incertain et que le trône du roi Guillaume est ébranlé par des complots et des querelles intestines alimentées par les ambitions de ses propres conseillers, Tancrède va devoir tirer son mentor d'un bien mauvais pas, car Hugues de Tarse a été accusé de meurtre : il aurait assassiné l'émissaire de Venise, mettant ainsi le royaume en porte-à-faux...son épouse Eléonor, désespérée mais convaincue de son innocence, fait appel à Tancrède pour le sortir de là.
A l'issue de ce sixième tome, Tancrède a quitté la Sicile pour la Terre Sainte. La région, étouffée sous le soleil implacable du Moyen-Orient, est aux mains de rois latins, depuis les premières croisades : ainsi, à Antioche, règne le jeune prince Bohémond III, fils de Raymond de Poitiers (l'oncle de la célèbre Aliénor d'Aquitaine) et de Constance d'Antioche. Les Hospitaliers et les Templiers, quant à eux, tiennent le fameux Crac des Chevaliers. Mais le pouvoir turc, au tournant du siècle, s'éveille et le sultan Noureddin s'avère une sérieuse menace, mais pas autant que le futur Saladin, son neveu, vainqueur des Occidentaux quelques années plus tard dans des batailles devenues célèbres comme celle de Tibériade (1187).
Globalement, j'ai trouvé cette fin de saga un peu inégale, avec un sixième tome qui démarre de manière assez prometteuse mais finalement, laisse pas mal de choses en suspens, comme si l'autrice n'avait pas creusé à fond tous les sujets. J'ai eu un petit sentiment de superficialité et je n'ai pas trouvé ce tome particulièrement utile en tant que tel, je pense que son intrigue aurait pu être intégrée sans problème au tome précédent ou au tome suivant...
En revanche, j'ai été bien plus emportée par A l'orient du monde, qui m'a rappelé le roman Les Chevaliers de Juliette Benzoni ou la biographie historique de Constance d'Antioche par Marina Dédéyan.
L'écriture de Moore est très visuelle, les dialogues sont toujours ciselés et j'adore ça : d'ailleurs c'est pour que, même si je n'ai pas été pleinement convaincue par Les dieux dévoreurs, je n'en ai pas trouvé la lecture désagréable non plus.
Ce dernier tome nous emmène dans un Orient aussi surprenant et exotique que dangereux. On sent que Tancrède est à la croisée des chemins et que ses pérégrinations en Orient sont très personnelles, comme s'il se cherchait, obsédé par une prophétie entendue autrefois en Normandie. Là-bas, il y rencontre l'intrépide princesse arménienne Naïri,dont les origines lui rappellent celle de sa mère, la belle Arménienne Anouche, qu'il n'a pas connue.
J'ai laissé l'univers de cette série derrière moi sans nostalgie, mais sans déception non plus. J'étais contente d'y mettre un terme, d'avoir des réponses aux questions que j'avais pu me poser, de voir Tancrède, jusqu'ici ballotté par les événements, les circonstances, se fixer enfin dans un lieu qui le correspond et où il se sent bien, même si c'est loin des siens, à commencer par Hugues de Tarse, absent de ce dernier tome.
En somme, Viviane Moore, dans cette saga, nous plonge dans une époque de grandes mutations, tant en Europe continentale que dans le bassin méditerranéen et la Sicile est un bon symbole de ces transformations du Moyen Âge central. Enjeux politiques, conflits, croisades, meurtres, intrigues se mêlent et se succèdent.
Tancrède d'Anaor, apparenté aux rois siciliens et normands, se distingue dans ce monde par son intégrité et sa probité, des qualités toutes chevaleresques.
L'autrice nous emmène littéralement avec elle, dans un univers du passé qui revit vraiment grâce à sa plume riche. Paysages et ambiances sont aussi retranscrits avec précision, pour nous plonger au cœur d'un contexte historique passionnant et foisonnant, au carrefour de plusieurs cultures.
En Bref :
Les + : une fin de saga riche et dépaysante, servie toujours par un style riche, une plume très visuelle et des dialogues ciselés.
Les - : un tome six un peu en-dessous des précédents et du dernier tome. J'ai eu le sentiment qu'il n'était pas assez approfondi.
LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle
Envie d'en savoir plus sur Tancrède le Normand ? Voici mes avis sur les premiers tomes :
- Recueil des tomes 1 (Le peuple du vent), 2 (Les guerriers fauves) et 3 (La nef des damnés)