14 Mai 2025
« Quand on imagine notre histoire terminée, le destin ruse et tourne la page pour nous dévoiler un nouveau chapitre. »
Publié en 2023
Date de parution originale : 1919
Titre original : Rainbow Valley
Editions Monsieur Toussaint Louverture
318 pages
Septième tome de la saga Anne de Green Gables
Résumé :
Mère dévouée et heureuse, Anne a conservé tout son charme, sa fraîcheur, son humour. Ses enfants ont hérité de son imagination, comme Walter, un écrivain en herbe, amoureux de la nature. Lorsque survient Mary Vance, une orpheline comme le fut Anne, celle-ci saura lui inculquer les valeurs qui rendent heureux dans le respect d'autrui.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Avez-vous déjà lu Anne de Green Gables ? Si ce n’est pas encore le cas, qu’attendez-vous ? Dans le meilleur des cas, vous passerez un excellent moment, dans le pire de cas...à mon avis, il n'y aura pas de pire des cas. 😊
Déjà le tome 7 (j’ai commencé cette série en 2021 et force est de constater que je ne m’en lasse pas) et c’est toujours une joie de retrouver Anne. Cela faisait un an que j’avais lu le tome précédent, Anne d’Ingleside, mais j’avais l’impression de tous les avoir quittés hier. D’ailleurs on pourrait craindre que l’intrigue ne finisse par s’essouffler, Lucy Maud Montgomery ne faisant finalement que raconter les péripéties et aventures du quotidien d’habitants de l’île du Prince-Édouard entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, mais pour moi ce n’est pas du tout le cas, au contraire : j’ai trouvé que l’autrice avait su, dans ce tome, se renouveler habilement sans nous dépayser totalement pour autant.
Certains lecteurs déploreront peut-être qu’Anne et ses enfants soient moins présents dans ce tome et j’avoue que j’aurais aimé, moi aussi, les voir un peu plus : bien sûr, Anne n’est pas totalement absente mais elle est en retrait, comme si elle laissait la place aux nouvelles générations tout en restant une figure maternelle aimante et attentive. Cela ne m’a pas empêchée de passer un très bon moment de lecture.
Dans La Vallée Arc-en-Ciel, de nouveaux enfants font leur entrée sur le devant de la scène et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont de la ressource : Faith, Una, Carl et Jerry sont les enfants du pasteur John Meredith et ils vont se lier d’amitié avec les enfants d’Anne et Gilbert, qui passent le plus clair de leur temps dans la fameuse vallée « arc-en-ciel », propice à l’éveil de leur imaginaire et formidable terrain de jeux.
Encore une fois, Lucy Maud Montgomery démontre son talent pour décrire l’enfance : ce n’est pas toujours facile et rien ne sonne plus faux que des enfants s’exprimant ou pensant comme des adultes, dans les romans. Ici, ça n’est pas le cas et, comme l’autrice parvenait à nous faire nous sentir proches d’Anne lorsqu’elle-même était enfant, à Green Gables, chez Matthew et Marilla, elle nous fait nous sentir proches de cette nouvelle génération, amusante, déconcertante, touchante aussi parfois.
Le roman aborde pas mal de thématiques intéressantes, de l’amitié en passant par la perception que peuvent avoir les enfants du monde des adultes : surtout, Lucy Maud Montgomery les décrit toujours avec beaucoup de sensibilité et d’humour. Ses personnages, pour cela, sont toujours plus vrais que nature.
J’ai beaucoup aimé ce septième tome même si nous nous éloignons un peu du cocon de la famille Blythe, heureuse, unie, soudée et bienveillante. Lire Anne de Green Gables, c’est comme voyager instantanément au Canada, ces livres m’évoquent toujours un automne cosy sous les érables, je ne sais pas pourquoi.
Et en même temps, peut-être en prévision de la suite (publiée sous le titre Rilla, ma Rilla chez Monsieur Toussaint Louverture), Lucy Maud Montgomery commence à parler du contexte historique, ce qui était moins le cas dans les tomes précédents : alors que, dans les tomes précédents, nous ne pouvons pas vraiment nous situer dans une décennie précise, ici, nous comprenons que nous sommes au début du XXe siècle. L’autrice écrit en 1919, alors que la Première Guerre Mondiale vient à peine de se terminer. Dans La Vallée Arc-en-Ciel, plusieurs personnages débattent ainsi de la dangerosité du Kaiser Guillaume II, certains estimant que le temps des grands conflits est révolu tandis que d’autres estiment que ce n’est jamais le cas ( « L'époque où les hommes et les nations se comportent comme des animaux et jouent des poings n'est jamais révolue. ») et malheureusement, l’Histoire leur donnera raison. L’autrice instille, peut-être pas pour la première fois, mais c’est en tout cas la première fois que cela m’est apparu aussi tangible, une pointe de gravité, se projetant vers un futur de plus en plus sombre, contrastant avec les années de félicité de l’enfance que sont en train de vivre les enfants d’Ingleside ( « L'ombre du grand conflit n'avait pas encore fait tomber de signe avant-coureur de son souffle glacial. Les garçons qui allaient combattre, et peut-être tomber, sur les champs de France et des Flandres, de Gallipoli et de Palestine, étaient encore des écoliers polissons avec, devant eux, la perspective d'une vie agréable ; les filles dont le cœur allait être déchiré étaient encore de petites demoiselles auréolées d'espoirs et de rêves. »). Cela me donne bien évidemment tout autant envie de lire la suite (je n’attendrais peut-être pas un an pour le faire d’ailleurs) que cela me la fait redouter car c’est un contexte tragique que l’autrice s’apprête à nous raconter.
Quoi qu’il en soit, La vallée Arc-en-ciel, comme les précédents tomes, est porteur d’espoir et de joie. On se sent réconforté après en avoir tourné la dernière page et, même si le coup de cœur pour le premier tome ne s’est plus renouvelé par la suite, je ne peux que vous recommander chaleureusement cette série et en profiter pour remercier les éditions Monsieur Toussaint Louverture, qui ont permis à cette formidable série de revenir sur le devant de la scène.
En Bref :
Les + : un roman cosy, chaleureux, toujours aussi agréable à lire.
Les - : certains lecteurs pourront être un peu déçus de moins voir Anne et ses enfants dans ce tome.
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