11 Juillet 2014
« Tout homme dont l'existence comporte quelque complication s'imagine volontiers qu'il est le seul qui soit obligé d'y faire face ; il devrait se dire que les autres ont les leurs, peut-être encore plus pénibles. »
Publié en 2009
Date de publication originale en Russie : 1877
Date de publication originale en France : 1885
Titre original : Анна Каренина
Editions Folio (collection Les Classiques de Poche)
1021 pages
Résumé :
Anna n'est pas qu'une femme, qu'un splendide spécimen du sexe féminin, c'est une femme dotée d'un sens moral entier, tout d'un bloc, prédominant : tout ce qui fait partie de sa personne est important, a une intensité dramatique, et cela s'applique aussi bien à son amour.
Elle n'est pas, comme Emma Bovary, une rêveuse de province, une femme désenchantée qui court en rasant des murs croulants vers les lits d'amants interchangeables. Anna donne à Vronski toute sa vie.
Elle part vivre avec lui d'abord en Italie, puis dans les terres de la Russie centrale, bien que cette liaison « notoire » la stigmatise aux yeux du monde immoral dans lequel elle évolue, comme une femme immorale. Anna scandalise la société hypocrite moins par sa liaison amoureuse que par son mépris affiché des conventions sociales.
Avec Anna Karénine, Tolstoï atteint le comble de la perfection créative.
Vladimir Nabokov.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
A l'instar de Guerre et Paix, autre chef-d'oeuvre de Tolstoï et véritable monument de la littérature russe, Anna Karénine faisait partie des classiques incontournables que j'étais curieuse de découvrir et cela, depuis longtemps. Présent dans ma PAL depuis longtemps, il était temps que je l'en sorte. Et je dois dire qu'après cette longue lecture -le roman fait près de 1000 pages-, en refermant le roman, j'ai un avis relativement confus qu'il va m'être difficile, je crois, de vous restituer ici...c'est aussi pour cette raison que je l'écris à chaud, quelques temps seulement après avoir terminé cette lecture, parce que sinon, d'ici quelques jours, je pense que je ne saurais plus quoi dire.
Tout d'abord, j'ai sorti ce bouquin de ma PAL parce que j'avais envie de lire une histoire d'amour. Mon côté romantique qui ressort, parfois. Mais du coup, je ne sais pas si j'ai fait le bon choix...enfin, oui et non, dirons-nous. Ce classique reste particulièrement plaisant à lire pour les amateurs du genre, malgré quelques longueurs mais niveau histoire d'amour et romantisme, on en est quand même très loin. Certes, il est question de couples, mariés ou non, de couples légitimes ou non, qui se font, se défont, se déchirent. Finalement, le roman s'appelle Anna Karénine du nom de l'une des héroïnes, mais pas de l'héroïne suprême dont la personnalité omnipotente se détacherait des autres...Anna est, au même titre que les autres, un personnage parmi d'autres, même s'il nous est donné de suivre un peu plus particulièrement la liaison destructrice qui va l'unir à Alexis Vronski, l'amant pour lequel elle quitte un mari respectueux, une vie tranquille et un fils qui l'aime.
Et finalement, on peut se demander si la description d'une telle histoire, dans sa complexité et sa réflexion, n'est peut-être pas plus intéressante qu'une simple passion plate, qui peut vite tomber dans la mièvrerie. Se plonger dans l'histoire d'Anna, c'est aussi plonger dans une relation, certes passionnée, mais qui n'aura de cesse, jusqu'à la fin, de détruire ceux qu'elle a pris...Si Anna et Vronski ne sont pas les personnages que j'ai préféré -et pourtant, mon intérêt pour le roman connaissait un regain dès que l'auteur, après de longues digressions en revenait à eux-, peut-être parce que j'attendais un peu trop d'eux -je ne sais pas pourquoi mais j'identifiais un peu Vronski au personnage du prince André Bolkonsky de Guerre et Paix, alors qu'ils sont radicalement différents -, j'ai trouvé cependant intéressant de les suivre et de voir, à leur insu, le processus de destruction qui se met lentement en marche mais raflera tout le moment venu, leur bonheur, leur amour et peut-être même, leur vie. Les histoires d'amour se finissent mal, en général. Anna et Vronski en sont de bons exemples et je pense que je ne vous surprendrais pas et que je ne dévoilerais pas un énorme scoop en disant que, oui, Anna Karénine n'est pas de ces romans qui se finissent bien.
En ce qui concerne les autres personnages, malheureusement, je n'ai pas réussi à m'y attacher. Moins foisonnants que dans Guerre et Paix, on se perd moins dans Anna Karénine et on intègre assez rapidement qui est qui et surtout, qui est qui par rapport à qui -oui, ça fait beaucoup de qui -. Si j'ai beaucoup aimé Lévine, pour sa sensibilité touchante, Kitty pour sa jeunesse et sa fraîcheur et Daria Alexandrovna pour son calme et sa sérénité, j'ai eu un peu plus de mal à m'attacher aux autres, que j'ai trouvés un peu caricaturaux, dans l'hyperbole et donc, peu capables de susciter la sympathie du lecteur. Malgré tout, Tolstoï nous brosse ici le portrait très détaillé de la société russe de cette fin de siècle -nous sommes très certainement sous le règne d'Alexandre II, donc entre 1855 et 1881 sans plus de précisions- et c'est un vrai plaisir, presque dépaysant, de découvrir cette peinture de mœurs codifiés et si différents de ceux qui pouvaient avoir cours dans les autres pays d'Europe à la même époque -et c'est d'ailleurs ce qui, à mon sens, fait le charme de cette Russie dépaysante, exotique, lointaine et proche de nous à la fois.
Anna et Vronski dans l'adaptation de Joe Wright (2012)
Si nous devions nous intéresser maintenant à l'intrigue en elle-même, je dois dire que je retiendrai le début ainsi que la fin en oubliant un peu le milieu qui m'a, comment dire ? N'ayons pas peur des mots, sévèrement ennuyée. Les longs chapitres consacrés aux courses équestres auxquelles Vronski participe puis la démonstration sur l'agriculture, que Tolstoï place dans l'esprit de Lévine et nous impose pendant plus d'une centaine de pages m'ont souvent fait bailler et si je n'avais pas craint de ne plus rien comprendre, je crois que j'aurais sans scrupule sauté ces pages-là. Intéressantes, certes, on ne peut pas dire le contraire, car elles sont finalement un véritable condensé de cette pensée russe qui fait le charme de l'univers des auteurs du XIXème, mais qui me semblait parfois un peu hors de propos et surtout, nous éloignait un peu du sujet principal, à savoir, l'histoire d'Anna et Vronski et surtout, son évolution. Car, même si les personnages m'ont vite énervée, j'avais pressenti presque dès le début de leur relation que celle-ci n'irait pas sans heurts et malheurs et j'étais donc, paradoxalement, malgré le peu d'attachement que j'avais pour eux, attirée par leurs destins malheureux.
Ce roman est loin d'être un coup de cœur, il faut bien l'avouer et j'ai été franchement moins emballée que pour Guerre et Paix, que j'avais énormément aimé. Pour autant, Anna Karénine reste un monument de la littérature russe et un monument de la littérature mondiale qui est à découvrir, à mon avis.
En Bref :
Les + : un classique à la qualité stylistique certaine, une peinture détaillée d'une société à découvrir.
Les - : beaucoup de longueurs au milieu du roman.