6 Juin 2024
« Les gens cyniques ne se tuent pas. Si c'était le cas, la police parisienne se contenterait de ramasser leurs dépouilles au lieu de devoir élucider des meurtres. »
Publié en 2021
Éditions de La Martinière
336 pages
Cinquième tome de la saga Au service secret de Marie-Antoinette
Résumé :
Ciel ! La reine Marie-Antoinette a attrapé la rougeole. Confinement obligatoire pour sa Majesté ! Pourtant, plus que jamais, elle doit veiller aux intérêts du royaume. De l'intervention de son duo de détectives improvisés, Rose et Léonard, dépend le sort de la guerre d'indépendance américaine. Rien de moins ! Yes, she can !
La grande organisatrice !
Distanciation royale obligatoire : Marie-Antoinette, atteinte de rougeole, se tient éloignée de son mari Louis XVI. Qui, de toute façon, ne lui est jamais de grande utilité pour conduire le royaume !
Détective amateur n°1 !
La modiste Rose Bertin habille les plus grandes dames du royaume. Mais, lorsque la reine lui confie la mission d'enquêter sur un meurtre, Rose se révèle intransigeante. Grandes dames ou petites gens, il faut punir les criminels.
Détective amateur n°2 !
Léonard Autier, coiffeur malhabile et drôle malgré lui, a un flair hors du commun pour sentir les mauvais coups. Mais aura-t-il le courage de sortir du pétrin son ami accusé de meurtre ?
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Pour vous résumer un peu cette série, elle se situe entre le roman historique, humoristique et le cosy mystery.
Imaginez : et si la reine de France Marie-Antoinette avait eu son propre cabinet secret, pendant du Cabinet Noir fondé par Louis XV ? Là où c’est drôle, c’est que la reine de France confie ses missions et ses enquêtes à des agents très, très particuliers puisqu’il s’agit de Léonard Autier et Rose Bertin, qui sont respectivement son coiffeur et sa modiste personnels.
Tous deux ont vraiment existé et occupé cette place-là auprès de la souveraine : la plus connue est évidemment Rose Bertin, celle que l’on surnommait la « ministre des modes » et qui lança avec la reine de nouvelles tendances comme celle des « poufs », ces coiffures extravagantes souvent inspirées par l’actualité ou encore, les robes de gaulle, qui firent scandale car elles libéraient le corps des femmes et le suggérait grâce à des matières fluides et confortables, proscrivant le corset et l’inconfort de la robe de la cour « à la française ».
Depuis plusieurs tomes déjà, Léonard et Rose font équipe pour résoudre des enquêtes pour le compte (secret) de la reine. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est l’alliance de deux contraires qui s'opère là. Et quand on dit que ces derniers s’attirent, ici ça n’est pas vraiment le cas, puisque Rose et Léonard ont vraiment peu d’affinités. Mais, contraints de collaborer, ils vont bien être obligés de créer un duo efficace, sans résister toutefois à la tentation de se tirer dans les pattes quand ils le peuvent ou de se traiter aimablement de « charogne » ou d’ « abruti » dès qu’ils en ont l’occasion.
Ici, l’auteur a habilement mêlé notre actualité au moment de la rédaction du roman et un événement historique et authentique très bien documenté : le confinement de la reine à Trianon au printemps 1779, lorsque la reine souffrit d’une rougeole. Le prétexte était de se tenir éloigné du roi pour éviter la contagion mais la vérité est que la reine était trop contente de quitter la Cour pour se réfugier dans son petit domaine de Trianon, où elle passa trois semaines « veillée » par quatre hommes de sa coterie : le duc de Guînes, le comte Esterhazy, le baron de Besenval et le duc de Coigny ce qui, évidemment, fit scandale à Versailles, puisque la reine ne reçut pendant sa convalescence personne d’autre qu’eux, pas même le roi à qui elle parla depuis un balcon !
Sorti en 2021 et donc écrit dans les mois précédents, l’auteur s’est aussi évidemment inspiré du contexte particulier que nous avons vécu ces années-là avec les confinements dus au Covid, les masques, la distanciation sociale…
En parallèle, l’auteur aborde ici la guerre d’Indépendance américaine et l’aide apportée par la France de Louis XVI aux Insurgents et c’est justement cette guerre, qui piétine alors – au grand dam de la reine qui s’inquiète pour son beau Fersen, enrôlé sous les drapeaux français – , qui est au centre de l’enquête policière. Léonard se trouve chez l’un de ses amis, un Américain qui se prépare à repartir pour son pays, quand l’un de ses compatriotes fait irruption chez ce dernier, blessé et aux abois. Le pauvre Silas Deane a été agressé dans la rue et cache dans son portefeuille des documents très importants. Son compatriote, Bancroft, décide de le loger chez lui le temps qu’il se remette et décide d’aller profiter de sa dernière journée parisienne. Au Palais-Royal, il rencontre une belle inconnue avec laquelle il va voir une pièce de théâtre puis déambule dans Paris avant qu’elle ne s’éclipse sans lui avoir dit son nom. Cette journée idyllique se termine en cauchemar puisque, de retour à son hôtel, Bancroft découvre avec horreur Silas Deane assassiné et son portefeuille disparu. Et, lorsqu’il interroge son domestique, celui-ci lui répond que personne n’est venu au cours de la journée…sauf Bancroft lui-même, dont il a reconnu les vêtements. Aussitôt immédiatement suspecté, le pauvre Américain se retrouve emprisonné à la Bastille et Rose et Léonard vont être obligés de mener une enquête périlleuse pour l’innocenter. Seulement, comment parvenir à enquêter quand les témoins semblent se dérober devant eux, voire carrément disparaître quand on s’en rapproche un peu trop ? Rose et Léonard sont bien obligés de l’admettre : l’assassin semble marcher sur leurs pas, ce qui n’a évidemment rien de bien rassurant.
Mais le pire, c’est que le portefeuille dérobé de Deane contient des documents diplomatiques de la plus haute importance, ayant pour sujet…la fameuse guerre d’Indépendance pour laquelle Vergennes et Marie-Antoinette s’inquiètent tant…mais pas pour les mêmes raisons.
Encore une fois truculent et haut en couleur, mêlant anachronismes parfaitement assumés et un contexte historique pourtant soigneusement décrit, La reine se confine est à la hauteur des tomes précédents. On apprécie ce Versailles un peu édulcoré et rose bonbon, tout en légèreté et loin de la gravité que l’on associe souvent au règne de Louis XVI qui, comme nous le savons parfaitement, court rapidement vers son abîme. Ici, rien de tout cela et c’est rafraîchissant.
Je trouve que le duo Léonard/Rose fonctionne toujours très bien, on adore les retrouver, on adore les voir se détester et se lance de petites piques. Les références subtiles de l’auteur, au détour d’une phrase, d’un titre de chapitre, sont toujours piquantes et savoureuses et font sourire. Je n’ai évidemment qu’une seule hâte : lire la suite !
En Bref :
Les + : en partant d'événements historiques avérés, l'auteur imagine une intrigue policière et pleine d'humour, avec comme personnages principaux Rose Bertin et Léonard Autier, modiste et coiffeur de Marie-Antoinette, qui adorent se détester et que nous adorons suivre dans leurs péripéties...au service de la reine de France ! C'est drôle, truculent et savoureux.
Les - : pour moi aucun. Certains trouveront peut-être l'enquête un peu légère mais c'est plus compliqué que ça, à mon avis...
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