24 Août 2024
Bonjour à tous !
Il est temps de nous retrouver pour le dernier rendez-vous de l'été Cet été voyageons en livres. Cette huitième escale marquera donc la fin de nos voyages et cette semaine, nous nous arrêtons en Egypte, dans les pas de l'auteur Naguib Mahfouz.
Rencontre avec le « Zola du Nil », premier prix Nobel de langue arabe en 1988
¤ Quelques mots sur l'auteur
Naguib Mahfouz est né en 1911 au Caire, où il est mort le 30 août 2006. Écrivain égyptien contemporain, arabophone, il est un intellectuel réputé dans son pays, reconnu internationalement dans les années 1980 lorsqu'il reçoit le Prix Nobel de littérature en 1988.
Sa carrière littéraire se confond avec l'histoire du roman moderne égyptien et, plus généralement, dans le monde arabe puisque c'est au tournant du XXème siècle que le genre littéraire romanesque fait ses premiers pas dans une société et une culture qui le découvrent, notamment grâce à la traduction des classiques européens du XIXème siècle. Mahfouz va donc appliquer les codes du roman européen pour raconter la société égyptienne, à la culture millénaire mais qui n'hésite pas à se modernise et à s'approprier certains codes de la culture occidentale, sans perdre pour autant sa propre identité. On peut en effet dire que Naguib Mahfouz, que l'on surnomme parfois le « Zola du Nil », s'est entièrement mis à l'écoute, dans son oeuvre, du peuple égyptien, de son histoire comme de ses aventures plus intimes ou domestiques. C'est ainsi que va naître sa Trilogie du Caire, publiée en 1956-1957. Au cours d'une carrière qui s'étend sur près de soixante ans, Naguib Mahfouz a publié plus de 50 romans et recueils de nouvelles.
¤ La Trilogie du Caire : une oeuvre sociale et naturaliste
Mahfouz est issu d'une famille de la petite bourgeoisie du Caire et c'est dans cette ville qu'il passe toute sa jeunesse, dans le quartier populaire de Gamaliyya à Khân al-Khalili. Jeune homme, il entame des études de littérature à l'université Fouad Ier, toujours au Caire et commence à écrire véritable vers l'âge de 17 ans : il publie alors ses premières productions dans des revues littéraires puis une première nouvelle en 1939. Après l'obtention de sa Licence, il décide alors, tout en occupant un poste de fonctionnaire de se consacrer à une réécriture romanesque de l'histoire de son pays mais ses premiers romans, situés dans l'Egypte pharaonique, ne rencontrent pas véritablement le succès. Finalement, ce relatif échec puis la Seconde guerre mondiale qui survient (et qui touchera durement l'Egypte) l'amène à plonger plutôt dans l'histoire immédiate. Ainsi, ses romans auront désormais pour cadre Le Caire contemporain, dont il décrit le quotidien et les bouleversements sociaux dans un style réaliste que l'on peut rapprocher d'auteurs occidentaux comme Balzac, Dickens ou encore, Zola, chef de file du naturaliste et qui, au siècle précédent, avait également choisi ce prisme pour aborder la France du Second Empire et de l'industrialisation. Voient alors le jour, dans les années 1940 Passage des miracles (1947) puis Vienne la nuit (1949) mais le succès public tarde à venir et Mahfouz reste relativement peu connu.
C'est en 1950 que le futur Prix Noble s'attelle à la rédaction de son oeuvre majeure, La Trilogie du Caire, un ensemble de plus de 1500 pages et dont chaque roman porte le nom des rues dans lesquelles l'auteur a passé sa jeunesse : ainsi, en version originale Impasse des deux palais s'intitule Bayn al-Qasrayn, Le Palais du désir quant à lui se nomme Qsar al-Shawq et Le Jardin du passé, l'ultime tome, Al-Sokkariyya. Dans cette oeuvre monumentale, l'auteur décrit la vie d'un patriarche cairote, commerçant et de sa famille, pendant une période qui court de la Première guerre mondiale jusqu'au renversement du roi Farouk en 1952. Les personnages sont pléthoriques et l'étude sociale particulièrement riche. Ainsi, Mahfouz évoque ici ses prédécesseurs dans le genre romanesque, comme les auteurs cités ci-dessus mais aussi Tolstoï ou encore Marcel Proust, qui est une véritable influence pour lui. L'écriture de la trilogie se termine juste avant le coup d'Etat de Gamal Abdel Nasser en 1952 et, dès lors, l'auteur va abandonner l'écriture romanesque pour se consacrer à la rédaction de scénario, mieux rémunérée.
Cependant, la publication en 1956 et 1957 de sa Trilogie du Caire le consacre véritablement comme un écrivain à part entière et, à quarante-cinq ans, après une relative obscurité, Mahfouz est enfin reconnu à sa juste valeur : cette grande fresque naturaliste et sociale, qui nous immerge dans le quotidien d'une famille cairote s'inscrit en effet complètement dans un mouvement littéraire et artistique qui privilégie le réalisme sous toutes ses formes et qui est en phase avec la nouvelle donne politique issue du changement de régime de 1952.
Clin d’œil
¤ Le mystère du tombeau d'Alexandre le Grand
Alexandre le Grand est probablement un des personnages de l'Antiquité les plus connus. Né en 356 av. J-C à Pella et mort en 323 av. J-C à Babylone, Alexandre III, dit le Grand, est un roi de Macédoine, fils de Philippe II et de son épouse Olympias. Il est un élève d'Aristote et accède au trône en 336 av. J-C. Il devient alors l'un des plus grands conquérants de l'Histoire, en prenant possession d'un immense empire, soumettant les Perses en 331 av. J-C à Gaugamelès et s'avançant avec ses armées jusqu'aux rives de l'Indus.
Roi conquérant mais aussi roi bâtisseur, Alexandre III de Macédoine a fondé une vingtaine de cités dont la plus importante est certainement la ville d'Alexandrie, au nord de l'Egypte, qui porte son nom. Implantant des colonies helléniques jusqu'aux confins de l'Asie, le roi y voyait en effet un bon moyen d'étendre l'influence et la culture grecques.
Alexandrie, qui abrita l'une des merveilles du monde antique (le Phare) et fut la capitale somptuaire de la reine d'origine grecque Cléopâtre VII au Ier siècle av. J-C (et avant elle de la dynastie ptolémaïque), est donc fondée par Alexandre en 331 avant notre ère et, durant l'époque hellénistique, sera la plus grande cité du monde grec.
Le tombeau d'Alexandre le Grand, sur lequel même les auteurs antiques se sont interrogés, fait l'objet de nombre de spéculations. Mort à Babylone en 323 à l'âge de trente-trois ans, probablement de maladie, Alexandre le Grand est embaumé à la manière des pharaons égyptiens et non pas incinéré à la manière macédonienne. Il semble probable que les généraux du roi macédonien aient rompu avec la tradition afin de pouvoir ramener sans encombre le corps de leur roi jusqu'à sa dernière demeure, en Egypte.
Et c'est là justement qu'est tout le mystère : placé d'abord à Memphis puis à Alexandrie, sa cité, le corps du grand conquérant (qui fut visité notamment par les empereurs romains, comme Auguste qui serait allé se recueillir sur sa dépouille en 30 av. J-C) semble avoir aujourd'hui totalement disparu. Déplacé ou détruit entre les IVème et VIIème siècles, très certainement cause de catastrophes naturelles, le tombeau n'a toujours pas été retrouvé aujourd'hui malgré les nombreuses recherches et hypothèses d'historiens et d'archéologues pour trouver son emplacement exact (certains chercheurs avancent même l'hypothèse de Venise comme dernière demeure d'Alexandre). Le corps du grand héros grec a-t-il entièrement disparu, victime des affres du temps ? Le mystère reste entier.
Notons qu'il existe des spéculations similaires sur la dernière demeure de l'une de ses descendantes, la reine Cléopâtre, amante de Jules César et épouse de Marc-Antoine, d'origine grecque et issue de la dynastie des Lagides, la dernière à avoir régné sur l'Egypte. Inhumée dans sa ville bien-aimée d'Alexandrie, au niveau du cap Lokhias où se situait le temple d'Isis, il est probable que la tombe de la reine ait été également engloutie corps et biens par la montée des eaux...