26 Juin 2017
« La confiance aussi est un bien précieux. »
Publié en 1981 aux Etats-Unis ; en 2015 en France (pour la présente édition)
Titre original : Charleston
Editions Archipoche
694 pages
Résumé :
Avant la Guerre de Sécession, Charleston était la ville la plus élégante du sud des Etats-Unis. La meilleure société s'y retrouvait, on y donnait des bals somptueux.
Cette vie étourdissante convenait parfaitement à Elizabeth Tradd, une jeune beauté aussi adorable qu'impertinente. Elle qui séduisait sans jamais s'attacher rencontre Lucas, dont le charme arrogant la subjugue. Ils se marient. Mais un drame vient interrompre leur idylle.
Obligée de reprendre la direction de l'entreprise familiale, Elizabeth voit la faillite s'approcher. Dans l'adversité, elle se révèle une femme d'affaires autant que de coeur, entière et exaltée...
Déchirée, seule, Elizabeth sait qu'elle doit se battre. Pour survivre...et trouver enfin le véritable amour auquel elle n'a jamais cessé de croire.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Bienvenue à Charleston, Caroline du Sud, quelques années avant la guerre de Sécession. La vie y est belle et tranquille mais la guerre civile qui se profile entre l'Union et la Confédération -en gros entre le Nord abolitionniste et le Sud esclavagiste, pour faire court-, promet de changer à jamais la vie des habitants. On le sait aujourd'hui, c'est les États du Nord, dont les soldats étaient ironiquement surnommés Yankees par les sudistes, qui vont gagner la guerre. L'esclavage va être aboli et toute la société des planteurs remise en question. Charleston ne sera plus jamais comme avant.
Le roman d'Alexandra Ripley est une grande fresque qui court sur toute la seconde moitié du XIXème siècle. C'est une grande saga historique mais aussi familiale, qui m'a un peu rappelé La Plantation de Leila Meacham et fera sûrement penser à Autant en emporte le vent pour les puristes. Personnellement, je n'ai pas pu faire de parallèles puisque je n'ai pas lu le grand roman de Margaret Mitchell, mais je suppose qu'il a été une source d'inspiration pour Alexandra Ripley.
Nous faisons donc connaissance avec deux familles, les Tradd et les Anson, unis par des liens de parenté mais aussi par des sentiments plus forts d'amour et d'amitié. Nous allons les suivre sur plusieurs générations, en voir certains mourir et d'autres grandir et devenir adultes. En parallèle, c'est toute la société de l'époque qui est en train de changer, tandis que les stigmates de la guerre civile sont difficiles à estomper. Les États-Unis sont en train de se forger leur physionomie contemporaine et sont en train de devenir une grande puissance qui compte.
L'aspect plus domestique du roman et les personnages m'ont bien plus plu que le contexte historique en lui-même, qui ne me parle pas. Je ne suis pas suffisamment intéressée par les États-Unis et leur culture pour me documenter sur leur Histoire. Bon, il est difficile de ne pas connaître la Guerre de Sécession, quand même, mais j'avoue quand j'en connais surtout les grandes lignes, sans jamais être entrée dans les détails ! L'auteure a fait l'effort de restituer le contexte et je trouve ça bien : elle ne donne ainsi que plus de teneur à sa romance. Mais comme il ne m'est pas familier, il ne m'a pas interpellée plus que ça.
Parlons maintenant des personnages. Au départ, j'ai eu l'impression que l'auteure nous les présentait trop rapidement... on est jeté dans l'intrigue sans avoir eu le temps de s'habituer à l'univers du roman, ce qui fait que je me suis souvent sentie perdue au point de confondre les personnages entre eux ce qui m'énerve particulièrement et peut parfois me faire décrocher d'un livre. Le fait que des noms de famille soit parfois donnés comme prénoms aux enfants et notamment à l'aîné des fils m'a un peu perturbée parce qu'on se retrouve ainsi avec des personnages qui portent tous le même nom et le temps de faire le tri eh bien... on décroche ! Je vous rassure, une fois que l'on a réussi à comprendre qui est qui et qui est qui pour qui, ça va mieux. On peut alors se concentrer sur l'intrigue en elle-même.
Vue de la Charleston historique, depuis la baie (1879)
Les personnages sont justement un point assez fort du roman. Charleston est un roman d'amour mais l'auteure ne l'en a pas bâclé pour autant. L'aspect bluette du roman est assumé mais on sent tout l'investissement d'Alexandra Ripley et sa volonté d'écrire plus qu'un roman d'amour. Les personnages sont bien travaillés et l'intrigue de même, même si je n'ai pas vraiment été conquise par le style. Comme les personnages sont nombreux, bien sûr, j'ai eu mes préférés... je n'en ai détesté aucun, sauf peut-être le mari d'Elizabeth... ceux qui ont lu le roman comprendront. Pour les autres, chacun a ses défauts et ses qualités, mais présente cependant un intérêt. Non seulement ils traversent une époque troublée, durant laquelle la société qu'ils ont toujours connue est en pleine refonte mais ils connaissent aussi des bouleversements dans la sphère privée : trahisons, déceptions amoureuses, drames... si la vie est belle à Charleston elle peut aussi avoir son revers cruel et les différents protagonistes ne manqueront pas d'en faire l'amère expérience, parfois à leurs dépens.
J'ai beaucoup aimé Elizabeth qui, à bien des égards, est un peu l'héroïne du roman, même si son âge adulte n'est traité que dans la seconde partie du roman, tandis que les premiers chapitres sont consacrés à son enfance et dans lesquels on retrouve principalement son frère aîné, Pinckney. Au départ, je ne me suis pas vraiment attachée à elle puis je l'ai trouvée attendrissante... touchante et forte à la fois. J'ai aussi aimé le personnage de Lucy Anson, que la vie n'épargne pas et pour qui on ressent beaucoup de commisération. Quant à Julia, la tante de Pinckney et Elizabeth, son caractère et sa détermination forcent le respect.
Vous l'aurez compris, ce sont surtout les personnages féminins qui ont attiré mon attention. En fait, on ressent toute l'affection de l'auteure pour ses héros, affection qu'on ne peut que partager.
La ville de Charleston est aussi au centre du récit et un personnage à part entière. Alexandra Ripley y est née. On peut dire que son roman est une déclaration à la ville qui l'a vue naître. Un hommage à son passé aussi et à ses us et coutumes délicieusement surannés au XXème siècle mais qui étaient pris très au sérieux au XIXème et faisaient tout le sel d'une époque définitivement révolue.
On prend plaisir à découvrir les mille petits rituels qui rythment la vie quotidienne des habitants de Charleston : les bals, les thés dansants, la présentation officielle des débutantes, la seizième valse, réservée à celui que l'on va épouser... la plus jeune mariée qui ouvre le bal de la Sainte-Cécile. Tout revient comme un leitmotiv durant le roman et nous installe dans une sorte de répétition confortable et rassurante, comme si le temps était immuable, malgré ses nombreuses fractures.
Je ne peux pas dire que Charleston m'ait passionnée de bout en bout. Je m'y suis jetée avec beaucoup d'attentes et je dois dire que les deux premiers tiers du roman m'ont largement échaudée et j'ai vu mon enthousiasme douché de manière assez radicale ! Qu'est-ce que les premiers chapitres sont longs et laborieux ! Il ne s'y passe pas ou peu de choses, le style en lui-même n'est pas spectaculaire et je n'ai pas arrêté de confondre les personnages entre eux !
Et puis ça s'est amélioré par la suite... quand Elizabeth devient le personnage central, je me suis surprise à me sentir plus captivée. Toute enfant, relativement effacée, Elizabeth, tendrement surnommée Lizzie par les siens, m'était assez indifférente et puis finalement, je suis parvenue à la comprendre et à l'apprécier.
La seconde partie du roman m'a sans nul doute bien plus interpellée et accrochée que les tous premiers chapitres, pour les raisons exposées déjà plus haut. Si je n'ai pas vraiment été séduite par le style, j'ai tout de même aimé la manière dont Alexandra Ripley nous raconte son histoire : elle parvient à nous faire sentir, nous lecteurs, partie-prenante d'une intrigue qui, à la base, nous est assez étrangère.
Charleston est une grande fresque, une longue saga familiale et historique mâtinée de romance, qui plaira sans doute à celles qui aiment l'Histoire et les belles histoires, sans qu'elles en soient pour autant trop facile. Et si en plus vous aimez les États-Unis alors là, le roman est fait pour vous.
Malgré une découverte mitigée, je suis finalement assez contente de ma lecture. Charleston a su me faire m'évader et découvrir des personnages attachants et bien travaillés. C'est tout ce que je demandais.
En Bref :
Les + : des personnages attachants, une grande fresque historique, romanesque et romantique qui saura séduire les amateurs du genre.
Les - : des longueurs au début, qui m'ont empêchée d'entrer facilement dans l'histoire.
Thème de juin, Thème « Du Saint-Laurent au Rio Grande », 6/12