7 Janvier 2021
« Dans ce monde, monsieur Gilbert, les certitudes sont rares. Mais je puis vous faire part de celle-ci : la vérité dépend de la personne qui vous raconte l'histoire. »
Publié en 2018 en Angleterre
En 2020 en France (pour la présente édition)
Titre original : The clockmaker's daughter
Editions Pocket
720 pages
Résumé :
Londres, été 2017. Ce n'est qu'une vielle sacoche en cuir. Une de plus, à inventorier. Mais pour Elodie, jeune archiviste que ses fiançailles avec un golden-boy n'enthousiasment guère, c'est une révélation. Qui est cette belle femme en tenue victorienne, sur ce portrait jauni ? Et pourquoi ce manoir sur la Tamise, peint si délicatement, lui semble-t-il familier ? Entrant comme par effraction dans un mystère vieux de cent cinquante ans où se croisent un célèbre peintre préraphaélite, sa muse, et la disparition sanglante d'un diamant hors de prix, Elodie remonte bientôt le cours du temps - pour mieux échapper à son présent ?
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
En 2018, en terminant L'Enfant du Lac, je me suis dit que je venais de terminer mon Kate Morton préféré.
En terminant La Prisonnière du Temps, je me dis la même chose. C'est grave, docteur ?
Disons que dans mon palmarès Kate Morton, La Prisonnière du Temps arrive en première position et L'Enfant du Lac est juste derrière, quasi ex-æquo.
Maîtresse des romans d'ambiance que j'aime appeler les romans à secrets, Kate Morton et son univers unique m'ont séduite en 2012 et, depuis cette date, c'est toujours avec plaisir que je lis ses livres. Globalement, cela dit, c'est ses romans les plus récents qui jusque là, m'ont le plus captivée, peut-être parce que le style de l'auteure et son univers s'affinent avec le temps.
Comme pour L'Enfant du Lac, ce qui m'est venu à l'esprit comme qualificatifs en cours de lecture, c'est : quelle richesse ! Quelle densité ! L'intrigue est complexe mais maîtrisée de bout en bout par l'auteure et ça se sent. A aucun moment on ne ressent de confusion, à aucun moment on n'a l'impression de lire une intrigue brouillonne, non..Tout se tient. Tout est cohérent.
Comme d'habitude, Kate Morton reprend les ficelles qui ont fait le succès de tous ses romans : plusieurs héros, plusieurs époques et des secrets qui seront révélés, distillés tout au long du récit.
Ici, l'intrigue démarre en 2017 avec la découverte par Elodie, jeune archiviste londonienne, d'une vieille sacoche dans laquelle elle découvre un carnet à dessin et un cadre contenant la photo ancienne d'une jeune femme inconnue au physique magnétique. Mais ce qui interpelle la jeune femme c'est que l'ébauche qu'elle découvre dans le vieux carnet est celle d'une maison qui lui évoque quelque chose : une histoire, un conte que sa mère lui racontait quand elle était petite et dont elle a gardé un souvenir par-delà les années... Et cette jeune femme en robe blanche, si moderne et qui semble défier le temps, qui est-elle ?
Elodie se plonge alors toute entière dans une enquête qui la ramène à ses propres souvenirs et qui l'aide à supporter la nervosité des préparatifs de son mariage, projet qui ne l'enthousiasme plus autant que cela... Du Londres moderne en passant par celui des années 1860, à la mystérieuse maison de Birchwood Manor, où un drame s'est joué durant l'été 1861, dans un cercle d'artistes préraphaélites, La Prisonnière du Temps est un roman extrêmement captivant, qui se tisse et se dénoue comme un roman policier. J'ai aimé le mélange des époques, j'ai aimé aussi la simplicité d'Elodie, le personnage principal contemporain, à laquelle on peut s'identifier facilement.
Et j'ai aimé l'univers historique, découvrir Birchwood Manor à l'époque où Edward Radcliffe occupe les lieux avec ses amis artistes, peintres et photographes et pendant la Seconde guerre mondiale, quand la vieille maison élisabéthaine accueille une famille londonienne pendant le Blitz.
C'est très dense, c'est très riche... l'auteure y aborde plein de sujets différents : le rapport à l'art, la fratrie, le mariage, le deuil, l'attachement que l'on peut avoir pour une demeure (en l'occurrence Birchwood Manor, maison tantôt mystérieuse, inquiétante ou protectrice, chargée des souvenirs de ses habitants successifs et qui semble en avoir, du même coup, acquis une âme), le secret... Il faut s'accrocher, il ne faut pas perdre le fil, mais ça vaut le coup.
Au milieu du roman, j'ai quand même eu l'impression d'atteindre une sorte de plateau : je stagnais un peu et j'ai senti un peu de lassitude. J'ai eu un peu peur parce que ça ne m'était jamais arrivé jusque là avec un roman de Kate Morton. Heureusement ce sentiment n'a été que passager et l'intérêt est revenu rapidement. Au final, cette lecture n'a été qu'un pur plaisir, de bout en bout. C'était cocooning et apaisant, malgré la dureté qui n'est pas absente du récit.
Ce qui est bien avec Kate Morton, c'est que jamais ce n'est mièvre. C'est toujours suffisamment intelligent et bien pensé pour éviter l'écueil de la niaiserie et de la naïveté.
Oui, n'ayons pas peur des mots : encore une fois, l'auteure australienne mais qui a si furieusement su nous passionner pour l'Angleterre, ses secrets et ses vieux domaines, nous offre 700 pages de pur plaisir ! Si vous connaissez déjà son univers et que vous l'aimez, nul doute que vous aimerez La Prisonnière du Temps ! Si vous n'avez pas encore découvert Kate Morton, eh bien, pourquoi ne pas vous lancer avec ce roman passionnant et plein d'aventures ?
En Bref :
Les + : j'ai eu l'impression de lire un récit dont les fils conducteurs, au départ, semblent mener chacun à un but différent...comme un tissu compliqué dont on verrait la trame, sans comprendre pour autant la manière dont elle est tissée. Et puis, d'un coup...le dénouement. C'était magistral !
Les - : un petit plateau en milieu de récit, où j'ai eu l'impression que le roman stagnait un peu mais, heureusement, c'était passager.
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