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Le salon des précieuses

La Rose et le Bourreau ; Patrick Pesnot

« Elle subissait les évènements plus qu'elle ne les maîtrisait. Son existence lui semblait être une folle fuite en avant. Quand pourrait-elle s'arrêter ? »

La Rose et le Bourreau ; Patrick Pesnot

Publié en 2018

Editions de l'Archipel

331 pages

Résumé :

Cancale, milieu du XVIIIe siècle. Orpheline de mère et fille de capitaine, Julienne ne supporte plus sa marâtre. Résolue à changer de vie, elle décide un jour de couper ses cheveux, enfile les vêtements de son frère et se fait appeler...Henri.

En route vers Paris, la garçonne vit d'expédients, dort à la belle étoile et se fait connaître de la maréchaussée en laissant pour mort un aubergiste émoustillé par son androgynie...Elle est recueillie par un jeune abbé aussi bon qu'avenant. Arrivée à Paris, à court de ressources, elle cède aux avances d'un sergent recruteur qui l'engage dans l'armée du roi sous le sobriquet de « Sans-Souci ». La voilà engagée dans la campagne de Bohème, à travers Vosges et Forêt-Noire.

Bientôt, quarante mille soldats franchissent le Danube et marchent sur Prague. Si Julienne se conduit avec bravoure, pourquoi chacun des hommes dont elle s'éprend - son capitaine, son compagnon de chambrée... - connaît-il un sort funeste ? De retour en France après avoir déserté, elle n'aura d'autre choix que d'assister dans sa tâche « Monsieur de Marseille » - le bourreau. Jusqu'à quand parviendra-t-elle à dissimuler son identité ?

Un roman picaresque dont l'héroïne, mutine aventurière, ne cesse de se perdre pour se retrouver. D'une plume alerte et truculente, Patrick Pesnot y fait revivre l'Europe galante et dangereuse du temps de Louis XV.

Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

Mon Avis :

Tout d'abord, je voulais remercier encore une fois les éditions de l'Archipel pour cet envoi. Lors de la dernière session de partenariats lancée par la maison d'édition, j'ai tout de suite été attirée par ce nouveau roman qui se passe au XVIIIème siècle !


A Cancale, sous le règne de Louis XV, la jeune Julienne, dix-sept ans, quitte la maison familiale sur un coup de tête, après une ultime altercation avec sa marâtre. Mais, parce que sur les routes peu sûres du royaume de France, elle est vulnérable, Julienne décide de se travestir et de devenir un homme. Au cours de cette vie errante, elle fera des rencontres, bonnes ou mauvaises. Elle deviendra soldat puis aide de Monsieur de Marseille, autrement dit, le bourreau de la ville. Elle sera émue, par des hommes comme par des femmes. Et surtout, en grandissant, c'est surtout elle-même qu'elle va rencontrer.
Sur la quatrième de couverture, le roman de Patrick Pesnot est qualifié de roman picaresque... n'en ayant jamais lu auparavant, je n'ai aucun moyen de faire une quelconque comparaison. Si je devais utiliser un terme contemporain et anglo-saxon, je dirais que La Rose et le Bourreau est un véritable road trip, qui nous emmène de la Bretagne à Marseille en passant par les champs de bataille de Bohême durant la guerre de succession d'Autriche, dans le sillage de Julienne, qui grandit et change sous nos yeux.
Au travers de ce personnage, ce sont plein de sujets que l'auteur aborde : féminisme, homosexualité, politique, justice...
Je déplore cela dit que l'époque choisie n'ait pas été plus mise en avant. Le XVIIIème siècle est une époque tellement passionnante ! J'aurais aimé parfois pouvoir me situer plus facilement, que ce soit dans le temps mais aussi dans l'espace ; on ne sait jamais trop où on est ni quand et c'est dommage. Mais s'il y'a quelque chose que l'on peut accorder au crédit de l'auteur, c'est qu'il est parvenu à souligner tous les paradoxes et les nuances d'une époque compliquée et tiraillée entre des traditions ancestrales, notamment marquées par la religion et une modernité un peu moins bien pensante et un petit peu plus libertine. Par exemple, l'auteur aborde les fameux convulsionnaires, phénomène religieux radical et qui a essaimé de Paris à la province dans la première moitié du XVIIIème siècle. Quant à Julienne, femme de naissance mais qui se grime et vit en homme, libre de mœurs, s'éprenant d'hommes comme de femmes, c'est un personnage très moderne, car si aujourd'hui les femmes peuvent se prévaloir des mêmes prérogatives que les hommes, sous le règne de Louis XV, cela n'allait franchement pas de soi. Malgré tout, notamment à cause de la menace qui pèse sur elle du fait de son travestissement et qui est alors puni par la loi, Julienne reste soumise aux rigueurs d'une société encore empreinte de religiosité et de culture chrétienne.
La Rose et le Bourreau, globalement n'est pas un mauvais roman mais il y'a malgré tout certaines choses qui m'ont gênée... J'ai beaucoup aimé les derniers chapitres, très touchants et qui, je l'avoue, m'ont émue. Mais je regrette que le roman n'ait pas été un peu plus développé ; il aurait peut-être mérité quelques chapitres de plus parce que j'ai trouvé que, finalement, les différentes étapes du roman vont très vite, trop vite et on n'a ni le temps de s'approprier le roman ni le temps de s'attacher aux personnages que l'on ne fait finalement que croiser. Quant aux différentes péripéties que connaît Julienne, j'ai trouvé qu'elles étaient parfois trop semblables les unes aux autres, comme si l'auteur les transposait d'un chapitre à l'autre en se contentant de changer le cadre et deux, trois personnages... Peut-être le rythme du roman est-il trop rapide, peut-être l'auteur aurait-il dû prendre un peu plus de temps.
Ceci dit, j'ai globalement passé un bon moment et j'ai trouvé que ce roman historique est bien mené et maîtrisé. Si au départ je n'ai pas été spécialement emballée par le style, petit à petit, j'ai trouvé qu'il s'affinait et devenait de plus en plus agréable à lire.
Dans l'ensemble, je dirais que j'ai, progressivement, de plus en plus apprécié cette lecture mais que le véritable intérêt est peut-être arrivé trop tard. Trop tard pour que je puisse tempérer le début un peu faible ; trop tard pour que je puisse changer d'opinion concernant Julienne. Je n'aime pas ne pas apprécier le personnage principal d'un roman. Je trouve que le héros est extrêmement important et -je crois ne pas être le seul lecteur dans ce cas-, j'ai besoin de m'y attacher un minimum, j'ai besoin de me sentir proche de lui un tant soit peu. Avec Julienne, malheureusement, aucune alchimie n'est née...Et pourtant, c'est un personnage intéressant, un assez bon reflet de cette époque paradoxale dans laquelle elle vit et surtout, elle a beaucoup de courage ! Alors oui, je crois que je peux dire que j'ai été admirative par moments mais j'aurais aimé développer un peu de tendresse pour Julienne.
Bref, si j'ai trouvé pas mal de points positifs à ce roman -et il en a, indéniablement-, malheureusement, j'en ressors avec une légère amertume, comme un petit goût de déconvenue... Est-ce que j'attendais autre chose ? Est-ce que je m'étais fait trop d'idées ? Peut-être mon amour inconditionnel pour le XVIIIème siècle me poussait à en attendre beaucoup, je ne sais pas... Je ne pourrais même pas vous dire si j'ai été déçue ou pas ! Vous le croyez, ça ? Maintenant que j'ai terminé la lecture de ce roman, avec le recul, je dirais que non. Et pourtant, ma chronique est assez mitigée mais je ne regrette pas cette lecture, bien au contraire. Ce fut une bonne découverte, un roman intéressant malgré ses petits défauts. La Rose et le Bourreau peut assurément plaire aux amateurs de romans historiques. 

En Bref :

Les + : une intrigue intéressante et originale, qui nous emmène dans les pas d'un personnage atypique, un style fin, précis et percutant...
Les - : ...mais un rythme peut-être un peu trop rapide, des rebondissements un peu trop semblables, un personnage principal pas très attachant...dommage.

 

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