3 Mars 2021
« Imaginez une tapisserie dont chaque brin de laine serait à la fois solidaire et ennemi de celui avec lequel il voisine. Du coup, le motif d'ensemble n'est jamais celui que l'on croit. »
Publié en 2007
Editions 10/18 (collection Grands Détectives)
313 pages
Quatrième tome de la saga La Saga de Tancrède le Normand
Résumé :
En cette année 1156, les ennemis du royaume de Sicile sont légion. Le palais royal, son harem enchanteur et ses geôles sordides sont en proie à une série de crimes. Tancrède d'Anaor devra prendre, au péril de sa vie, la mesure de l'enjeu politique que représente son illustre lignée. Et il se pourrait bien, s'il survit, que pour lui la fin de cette aventure soit un nouveau commencement.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Les retrouvailles avec Tancrède ont été brèves (j'ai lu ce roman en à peine 24 heures) mais heureuses !
Au mois de février l'année dernière, je sors de ma PAL les trois premiers tomes de cette saga qui me fait de l'œil depuis un moment : La saga de Tancrède le Normand, de Viviane Moore, que je connais déjà pour avoir lu le premier tome de Galeran de Lesneven et sa trilogie Renaissance, Alchemia.
Au départ, je n'ai pas remarqué immédiatement que cette saga faisait partie de la collection Grands détectives des éditions 10/18... Sans forcément lire attentivement les résumés, je m'en suis donc fait une fausse idée, pensant lire une saga très historique sur l'épopée normande en Sicile. Au final, c'est tout sauf ça ! Enfin disons que cette conquête normande par la famille Hauteville ne passe qu'au second plan d'une intrigue plus policière, dont les protagonistes sont le jeune Tancrède et son mentor, le sage Hugues de Tarse. Cela, je le découvre évidemment en lisant le premier tome : comme les éditions 10/18 ont publié il y'a quelques années une « intégrale» des trois premiers tomes, je les ai lus d'affilée et c'était bien sympa, je dois avouer. J'ai pris plaisir à rester longuement dans cet univers.
Les premiers tomes (Le Peuple du Vent, Les Guerriers Fauves et La Nef des Damnés) m'ont fait l'effet de romans d'apprentissage, avec un fond policier et même peut-être, une légère inspiration puisée dans les anciens romans de chevalerie. Tancrède et son mentor Hugues de Tarse sillonnent la Normandie médiévale, héritière des Vikings installés dans le royaume des Francs quelques siècles plus tôt. Au départ, on ne sait pas exactement qui est Tancrède, hormis qu'il est un jeune Normand de Sicile, probablement sans famille puisqu'il a été confié tout enfant à Hugues de Tarse qui a fait office de père de substitution mais aussi de pédagogue, lui enseignant l'art de la déduction et tout ce qu'il a besoin de savoir pour un jour s'intégrer à la cours des rois Normands de Sicile.
Le troisième tome s'achève en 1156, alors que Tancrède et Hugues rentrent en Sicile, après qu'Hugues ait révélé à son pupille qui il est réellement et qu'elles sont ses origines.
Ce quatrième tome s'ouvre quasiment là où le troisième s'achève. Nous sommes donc en Sicile au milieu du XIIème siècle : perdue en Méditerranée, la Sicile est alors très métissée, un trait d'union entre l'Orient fantasmé, la Terre Sainte et l'Occident tout proche. Carrefour des cultures et des civilisations, l'île est peuplée de Latins, de Grecs, d'Arabes, les cultures voisinent et se fondent parfois les unes dans les autres, l'appel à la prière du muezzin se mélange au son des cloches rythmant les heures de la journée. Les rois Normands ont adopté les coutumes orientales, entretenant leurs houris dans de discrets harems et l'on écrit et s'exprime aussi bien en latin qu'en arabe ou en grec. La Sicile est écrasée par un chaud soleil qui évoque déjà celui de l'Afrique du Nord et dans ses jardins opulents se cachent des fontaines et des patios dans lesquels poussent les citronniers et les orangers comme en Andalousie... les femmes soulignent leurs yeux de khôl et cachent leurs sourires derrière des voiles, on se parfume d'essence de rose et les pièces sentent l'encens et les épices.
La Sicile est une contrée alors autant exotique que le lointain Orient, qui accepte de se dévoiler un peu sur cette petite parcelle de terre en pleine mer Méditerranée...
Mais elle a aussi une part plus sombre et, dans le palais du roi Guillaume Ier, les morts s'enchaînent : parce que Hugues de Tarse et son protégé gênent les ambitions de l'émir des émirs, Maion de Bari, et parce qu'ils feraient des coupables idéaux, ce dernier va leur demander de faire la lumière sur cette nébuleuse affaire... un prisonnier évadé, de drôles de secrets, un eunuque du harem royal assassiné, des clefs qui disparaissent... au premier abord, il semblerait que le pouvoir royal soit directement menacé. Et si, finalement, cette intrigue n'était pas étrangère au retour de Tancrède et Hugues en Sicile ? Se pourrait-il qu'elle les concerne et notamment Hugues, dont des pans du passé vont être révélés, même à Tancrède qui ne les connaissait pas ?
J'ai lu ce roman rapidement et vous le dis tout de suite : si vous aimez les intrigues policières ultra complexes, les thrillers, les polars, passez votre chemin. En revanche si vous aimez l'Histoire et le Moyen Âge vous aimerez peut-être cette saga qui raconte, certes de manière détournée et un peu secondaire, mais qui raconte quand même, cette épopée extraordinaire de Normands, descendants de ces Vikings venus de Scandinavie au Haut Moyen Âge, qui prendront possession d'une petite île alanguie au sud de la péninsule italienne. L'enquête policière est malgré tout intéressante et sert de prétexte à découvrir la vie dans les palais de Palerme et qui rappelle un peu l'existence des rois latins de Terre Sainte, chrétiens et orientaux à la fois. Les civilisations se mêlent pour produire un mode de vie probablement tout aussi surprenant pour des voyageurs venant de France ou d'Angleterre que celui de l'Empereur de Chine !
Ce roman m'a fortement évoqué le roman Le sang sur la soie d'Anne Perry qui se passe à peu près à la même époque à la cour de Byzance : j'ai retrouvé ce même sentiment de dépaysement vraiment agréable. Je me rends compte que je n'aime rien tant que ces romans qui me font voyager dans le temps mais aussi découvrir de nouvelles contrées. J'avoue avoir été servie avec Le Hors Venu, un roman que j'ai beaucoup aimé, même s'il est court et vraiment vite lu.
En Bref :
Les + : une enquête policière sur fond de palais écrasés de soleil, des secrets, des ambitions personnelles...ce quatrième tome s'inscrit dans la droite ligne de ses prédécesseurs.
Les - : pour moi, aucun. C'était assez court mais j'ai passé un bon moment.
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