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Le salon des précieuses

La saga des Cazalet, tome 3, Confusion ; Elizabeth Jane Howard

« La guerre a l'art de niveler les hommes, tu sais. Après avoir tous plus ou moins risqué leur peau, les gens ne verront pas d'un très bon œil le retour à un système de classe où la vie de certains compte plus que celle des autres. »

 

 

  Publié en 2013 en Angleterre

  En 2023 en France (pour la présente édition)

  Titre original : Confusion. The Cazalet Chronicles    Vol.III

  Éditions Folio

  624 pages

  Troisième tome de la saga La saga des Cazalet

 

 

 

 

Résumé :

Mars 1942. Polly et Clary ont dix-sept ans et n'aspirent qu'à une chose : échapper à l'étau familial. Depuis la disparition de leurs parents, elles se heurtent au silence borné du clan Cazalet qui refuse d'évoquer les sujets graves. A quel modèle les deux jeunes filles peuvent-elles bien s'identifier désormais ? Leur cousine Louise abandonne sa carrière d'actrice pour devenir mère. Leur tante Rachel est si dévouée à ses parents qu'elle en oublie sa propre vie. Et pendant que Zoë s'éprend d'un Américain, les infidélités d'Oncle Edward menacent de tout faire voler en éclats. Malgré les sirènes et les bombardements, Londres semble toujours plus attirante que Home Place, où règnent un froid glacial et une atmosphère de plomb...

Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

Mon Avis :

Nous sommes en 1942, la guerre a commencé depuis moins de trois ans et pourtant, elle semble interminable. A Home Place, où la plupart des membres de la famille Cazalet se sont réfugiés, le découragement commence à apparaître, car si l’Angleterre n’a pas été occupée par l’armée nazie, elle n’en est pas moins éprouvée par le Blitz, par les privations et par l’incertitude concernant les hommes mobilisés et qui risquent leur vie. C’est le cas de Rupert, l’un des trois fils Cazalet, dont l’épouse Zoë et la fille Clary n’ont plus de nouvelles. Quant à Hugh, il doit soutenir ses trois enfants qui font face à la mort de leur mère, Sybil.
Tandis que les années passent, les enfants grandissent. Louise, l’aînée des cousins, a abandonné la carrière d’actrice dont elle rêvait pour se marier, sans trop savoir si elle fait le bon choix ou non. Rongée par l’inquiétude, Clary a choisi de déverser son angoisse dans l’écriture d’un journal de guerre à destination de son père, dans lequel elle raconte le quotidien – le froid, la mauvaise nourriture – et où elle se confie. En Archie, un ami de Rupert, Clary comme Polly, toutes deux privées d’un parent trouvent un confident et une oreille compatissante.

Rachel, l’unique fille Cazalet, qui ne s’est pas mariée et s’occupe de ses parents vieillissants – surnommés la Duche et le Brig – doit concilier cette vie de famille prenante et son amour pour Sid, ce que celle-ci a de plus en plus de mal à accepter, supportant mal de devoir toujours passer en second.
Zoë, l’épouse de Rupert, s’occupe de sa petite Juliet tout en espérant sans forcément y croire encore le retour de son mari. Elle doit aussi s’occuper de sa mère avec laquelle elle ne s’entend pas très bien…mais une rencontre risque de changer sa vie monotone à Home Place, où Zoë a du mal à s’intégrer, malgré la gentillesse et la compréhension de sa belle-mère, la Duche.
Commencée avec Etés anglais, La saga des Cazalet est une saga familiale et historique qui se situe pendant la Seconde guerre mondiale et dans l’immédiat après-guerre. L’autrice y raconte le quotidien d’une famille de la bourgeoisie britannique confrontée à un conflit sans précédent et qui touche toute la société de l’époque, en l’ébranlant sur ses bases, faisant vacillant les repères de chacun.
Comme à son habitude, l’autrice se focalise tour à tour sur l’un ou l’autre des personnages, ne négligeant pas aussi de donner la parole aux enfants – qui, dans ce tome déjà, ne sont plus si petits.
J’ai trouvé que Confusion était un tome un peu plus sombre, même s’il se termine sur une note d’espoir avec la signature de l’armistice au début du mois de mai 1945. Et il ne l’est pas uniquement parce que le contexte historique de ces années de guerre l’est lui aussi, bien évidemment : le personnage de Louise notamment fait l’expérience de nombre de désillusions, conjugales et maternelles entre autres, Hugh et ses enfants doivent faire face au deuil terrible (Polly doit accepter qu'on lui ait menti sur l'état de santé de sa mère et ne comprend pas pourquoi on l'a autant infantilisée) de Sybil et recomposer tant bien que mal un quotidien déjà bouleversé…Villy, l’épouse d’Edward, se pose quant à elle de plus en plus de questions sur son couple et son avenir, tandis que Zoë doit supporter de vivre avec la culpabilité de croire son mari mort et de ne plus parvenir à éprouver quelque espoir que ce soit, tandis que sa belle-fille Clary, quant à elle, ne parvient à tenir qu’au prix d’un espoir incommensurable et irrationnel.
Ce que j’aime dans cette série, c’est que les personnages ne sont pas tous attachants, ils ne sont pas tous beaux non plus, ils sont faillibles, faibles parfois, mais forment un tout cohérent. Cette famille Cazalet est proche de nous parce qu’elle n’est pas parfaite et c’est vraiment ce que j’ai apprécié, dès sa découverte dans Etés anglais, il y a deux ans.
L’autre gros point fort de cette série, c’est cette façon très juste de décrire le quotidien en temps de guerre, à tel point qu’on s’y croirait. La saga des Cazalet est une formidable chronique, superbement bien écrite et bien documentée, lente et contemplative, probablement l’une des séries historiques consacrées à la Seconde guerre mondiale qui la raconte le mieux, sans jamais la mettre au premier plan, ce qui, en soi, est une prouesse.
Si vous aimez les romans très rythmés, effectivement, peut-être risquez-vous de vous ennuyer avec cette série, dans laquelle plusieurs pages consécutives peuvent être consacrées à l’analyse psychologique d’un personnage – ici, notamment, de Louise, qui se révèle d’ailleurs à nous. Mais c’est tellement fin, tellement subtil, tellement bien écrit, qu’on se laisse prendre au jeu. Très honnêtement, je crois que j’ai parfois tourné les pages de Confusion bien plus rapidement, je me suis sentie bien plus vite investie dans cette lecture que dans une autre qui aurait pu paraître de prime abord peut-être plus dynamique. Ici, ce n’est vraiment pas cela qui compte. Comme dans un classique où l’on apprécie parfois seulement de se délecter d’une plume, de belles descriptions, fines et intemporelles, La saga des Cazalet nous offre des moments de lecture comme suspendus, une parenthèse, un moment : par le sujets abordés ou la façon dont ils sont abordés, ce n'est pas toujours agréable mais c'est toujours vrai. Peut-être d’ailleurs cette série est-elle destinée à devenir un jour un classique de la littérature britannique…elle le mérite, en tous les cas.

En Bref :

Les + : Toujours savoureux de retrouver les Cazalet. J'ai trouvé ce tome plus sombre, plus dense, les événements joyeux sont moins présents, pour autant, c'est toujours un plaisir de lire les mots de l'autrice, si justes. Une plume magnifique, qui décrit la Seconde Guerre Mondiale comme jamais...
Les - : Aucun.


La saga des Cazalet, tome 3, Confusion ; Elizabeth Jane Howard

Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

 

  • Envie d'en savoir plus sur les Cazalet ? Découvrez mes billets sur les deux premiers tomes :

- Étés anglais

- A rude épreuve

 

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