14 Août 2015
« La voleuse de livres avait frappé pour la première fois. C'était le début d'une carrière illustre. »
Publié en 2007 en Australie ; en 2014 en France (pour la présente édition)
Titre original : The Book Thief
Editions Pocket
632 pages
Résumé :
Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée. Est - ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres...
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Un énième livre sur la Seconde Guerre Mondiale, c'est ce que l'on peut se dire en ouvrant La Voleuse de Livres. Oui, mais -parce qu'il y'a toujours un mais, dans ce genre d'histoires-, justement, La Voleuse de Livres n'est pas un ÉNIÈME livre traitant de la guerre. Tout d'abord, de part la manière dont l'auteur traite son sujet, le livre en devient alors tout à fait novateur.
Le narrateur ne sera ni un personnage du livre ni même un narrateur omniscient, c'est encore bien plus compliqué. Celle qui se propose de nous raconter l'histoire de la voleuse de livres, Liesel Meminger, c'est la Mort. Ni plus ni moins. La Mort qui, en cette période de guerre, eut fort à faire, on le sait. Seulement Liesel, cette jeune Allemande, lui échappa par trois fois et suscita alors la curiosité de la Mort. Une prouesse, car la Mort n'est pas là pour s'attarder quand elle vient chercher une âme. Eh bien Liesel réussit le tour de force de l'intéresser sans pour autant qu'elle ait envie de l'emmener. Et c'est son histoire d'adolescente dans l'Allemagne nazie que la Mort se propose alors de nous raconter.
Au début de l'année 1939, Liesel, sa mère et son petit frère, cheminent vers une petite ville proche de Munich, Molching, où la pauvre femme va laisser ses deux enfants dont elle ne peut plus s'occuper, à une famille de parents nourriciers qui prendront soin d'eux. Liesel arrive seule chez les Hubermann, rue Himmel, après que son petit frère ait disparu. Là, entre Hans et Rosa, ses nouveaux parents dont les enfants sont grands, elle va parvenir à se recréer un foyer sécurisé et relativement heureux. Pourtant le malheur n'est pas loin, la Mort non plus, même si elle ne guette pas vraiment Liesel, qui se montre être une adversaire coriace.
La guerre fait alors rage partout et l'Allemagne n'est pas épargnée, les Alliés bombardant régulièrement ses villes. Le pays survit laborieusement et il n'y a que les nazis fervents pour croire au réel bénéfice de la guerre contre les autres pays et de la solution finale. Mais il y'a aussi les autres, ces Allemands qui n'ont pas eu le choix, ceux qui se sont ralliés au Parti parce que c'était comme ça mais sans réelle conviction politique et il y'a ceux aussi, comme Hans Hubermann, le père nourricier de Liesel, pour lequel elle se prend d'une véritable affection filiale, qui, malgré le fanatisme de son fils, refuse de s'encarter et de devenir un parfait nazi, allant même jusqu'à apporter son aide à des Juifs.
Au milieu de cela, Liesel qui devient une adolescente, parvient pourtant à se constituer une vie plutôt insouciante, entre l'affection de ses parents, celle de ses amis et notamment de son jeune voisin, Rudy Steiner et surtout, ses livres. Les livres et les mots qu'elle apprend à aimer tout de suite après avoir appris à les déchiffrer avec Hans Hubermann. Les livres seront son réconfort et son seul soutien quand le destin frappera à nouveau, au moment où elle s'y attendra le moins et fera à nouveau voler en éclats le fragile bonheur qu'elle avait pu se recréer loin de sa famille d'origine.
J'ai longtemps hésité à lire ce livre parce que, je l'avoue, il me faisait peur. Le fait que ce soit la Mort qui en soit la narratrice me faisait énormément hésiter, et pourtant j'avais lu énormément de bonnes critiques. Mais j'avais peur d'un roman un peu sinistre voire morbide. En fait, ça n'a pas été le cas.
Ce qui m'a finalement motivée à lire ce livre, ce sont justement tous ces bons avis et du coup, je n'avais pas envie de passer devant une perle littéraire alors je me suis lancée. La couverture des éditions Pocket m'a beaucoup aidée à me jeter à l'eau aussi parce qu'elle m'a vraiment attirée, je l'ai trouvée sublime -maintenant que j'ai lu le roman je la trouve en plus complètement en rapport avec l'histoire-, et avant même de lire le roman j'ai vraiment eu un coup de cœur pour elle, coup de cœur qui s'est ensuite poursuivi avec ma découverte de l'histoire qui est vraiment magistrale. Oui, il n'y a pas d'autres mots et La Voleuse de Livres est un petit bijou. Plein d'émotions, touchant, il n'en est pas moins, comme beaucoup de livres du genre, porteur d'un certain espoir. Et le côté morbide auquel je m'attendais n'apparaît finalement pas ou disons, pas plus que ce qu'on pourrait croire car, au fond, notre narratrice reste étonnement humaine : Markus Zusak est certainement le premier romancier qui parvient à doter la Mort d'une conscience et, d'un cœur ou, du moins, d'une certaine empathie, ce qui est finalement tout à fait novateur, la Mort n'étant jamais traitée de cette façon, ni au cinéma ni en littéraire, où elle est toujours porteuse de noirceur, de deuil et de douleur...au contraire, ici, Markus Zusak nous dépeint une entité toujours un peu floue mais qui accomplit sa tâche comme le ferait un humain et depuis si longtemps qu'elle n'y trouve plus d'intérêt, si tant est, d'ailleurs, qu'elle en ait trouvé un jour...
La Voleuse de Livres m'a complètement soufflée et je crois que ce n'est pas un livre dont on sort indemne. Un véritable coup de cœur et une découverte qui m'a retournée. Ce roman est certainement l'un des meilleurs qui aient été écrits dernièrement.
En Bref :
Les + : une histoire magnifique et vraiment très bien écrite.
Les - : Aucun.
Coup de cœur