9 Juin 2015
« La lutte pour choisir son propre destin était-elle moins importante que la nécessité d'arrêter un grand fléau de l'humanité ? »
Publié en 1991 aux Etats-Unis ; 2014 en France (pour la présente édition)
Titre original : Outlander, Book 1
Autre titre français : Outlander, tome 1, Le Chardon et le Tartan
Editions J'ai Lu
852 pages
Premier tome de la saga Le Chardon et le Tartan
Résumé :
1945. Claire passe ses vacances en Ecosse, où elle s'efforce d'oublier la Seconde Guerre Mondiale auprès de son mari, tout juste rentré du front. Au cours d'une balade, la jeune femme est attirée par un mégalithe, auquel la population locale voue un culte étrange. Claire aura tôt fait d'en découvrir la raison : en s'approchant de la pierre, elle se volatilise pour atterrir au beau milieu d'un champ d'un bataille.
Le menhir l'a menée tout droit en l'an de grâce 1743, au coeur de la lutte opposant Highlanders et Anglais. Happée par ce monde inconnu et une nouvelle vie palpitante, saura-t-elle revenir à son existence d'autrefois ?
Le début d'une saga incontournable !
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
En 1945, Claire Beauchamp, ancienne infirmière militaire et démobilisée, revient dans les Highlands avec son époux, Frank Randall. C'était là qu'ils s'étaient mariés plusieurs années auparavant et Frank a décidé d'y ramener sa femme en guise de lune de miel, mais aussi pour poursuivre ses recherches sur le soulèvement jacobite qui secoua l'Ecosse au milieu du XVIIIème siècle...
Alors qu'elle se trouve un jour près de la colline de Craigh Na Dun, siège d'un ancien culte païen, Claire disparaît brutalement, happée par les pierres, qui la ramènent deux cents ans plus tôt, en 1743, alors que les Highlands préparent le soulèvement visant à remettre sur le trône britannique l'ancienne dynastie des Stuarts. Connaissant déjà l'Histoire et sachant que les Highlanders seront défaits, trois ans plus tard et que les Stuarts ne remonteront jamais sur le trône, Claire va alors tenter de réécrire le destin afin de sauver les Jacobites. Bravant les embûches que cette époque inhospitalière sème sous ses pas -car il n'y a bien sûr pas besoin d'être grand clerc pour comprendre combien peut être dépaysante la vie rustique des Highlands du XVIIIème siècle pour une femme du XXème-, Claire va pourtant tenter de changer le destin de ceux qui l'ont recueillie et surtout, l'avenir de l'un deux, le jeune Jamie, hors-la-loi et pourchassé par les Anglais et qui ne semble pas la laisser indifférente.
Le premier tome de la foisonnante saga Le Chardon et le Tartan -Outlander en anglais- écrite par Diana Gabaldon commence donc par la disparition inexpliquée d'une jeune femme, propulsée du XXème au XVIIIème siècle après être passée dans un cercle de pierre magique sur la Colline aux Fées -Craigh na Dun en gaélique. Des disparations inexpliquées, il y'en a tous les jours, comme l'explique elle-même l'auteure dans l'avant-propos de son roman. Des personnes qui quittent tout du jour au lendemain pour refaire leur vie ailleurs, des mères qui quittent leur famille, des grands patrons qui abandonnent leur entreprise...et si, comme dans les légendes écossaises, des jeunes femmes disparaissaient mystérieusement pour devenir des voyageuses du temps ? Et, si justement, l'inexplicable et le merveilleux pouvaient justifier ces disparitions qui restent souvent entourées de mystères et non élucidées ? Et puis il y'a aussi la grande question que l'on se pose tout au long de la lecture : peut-on réellement changer le monde, l'Histoire, son avenir et surtout, à quel prix ?
Fortement teinté de fantastique -ceci est un doux euphémisme-, cette saga littéraire m'a fait hésiter longuement avant que je ne me décide finalement à m'y lancer. L'intrigue historique me plaisait bien, je dois l'avouer : le contexte historique est intéressant quoique plutôt méconnu en France...peu de gens savent aujourd'hui que les Stuarts, entre les XVIIème et XVIIIème siècles ont trouvé refuge auprès de leurs cousins, les souverains français, notamment Louis XIV et son arrière-petit-fils, Louis XV. Qui connaît encore, par chez nous, celui que l'on appelait Le Prétendant ou encore Bonnie Prince Charlie, Charles-Edouard Stuart, petit-fils de Jacques II, dont les partisans furent écrasés lors de la sanglante bataille de Culloden, au printemps 1746 ? Si le souvenir reste vivace en Ecosse, ce n'est plus vraiment le cas pour nous, même si le mouvement jacobite nous parle vaguement...
Finalement, l'intérêt que je portais au contexte historique a fini par vaincre mes préventions et je dois dire que j'ai été très agréablement surprise. Ma connaissance de la série télévisée adaptée du roman m'a peut-être aidée à me plonger plus facilement dans l'ambiance de cette saga particulière...car, oui, une fois n'est pas coutume, moi qui ne suis ni cinéphile ni fan de séries télévisées, j'ai d'abord commencé par l'adaptation qui m'a vraiment beaucoup plu et qui, il faut bien le dire, est tournée de façon à accrocher son public dès les premiers épisodes -la plastique de Sam Heughan n'y est peut-être pas pour rien, il faut bien le dire.
J'ai par contre été un peu déçue par le style : je ne sais pas s'il s'agit de la traduction ou non mais j'ai effectivement trouvé certains passages un peu lourds. Un peu moins dense que ses successeurs, le premier tome reste néanmoins un bon pavé et le roman a donc les défauts de ses qualités : il est difficile de tenir le rythme sur près de mille pages sans s'essouffler et, en effet, La Porte de Pierre contient quand même pas mal de longueurs. Longueurs qui peuvent aussi s'expliquer par la volonté de l'auteure de bien asseoir les bases de son récit qui est tout de même dense, riche et foisonnant, on ne peut le nier.
Quant au côté invraisemblable que certains lecteurs ont soulevé, concernant le peu de volonté de Claire a retrouver son époque, il ne m'a pas gênée plus que cela même si, effectivement, il semblerait que le premier mouvement sensé soit d'essayer de revenir chez soi, par n'importe quel moyen. Mais, finalement, comme n'importe quelle personne se trouvant brutalement privée de ce qui faisait jusque là son existence, Claire va tenter, à deux cent ans de distance, de reconstruire sa vie comme elle peut et l'amour qu'elle va alors peu à peu développer pour Jamie, ce jeune Highlander au passé plutôt troublé, n'y est peut-être pas pour rien. Et même si, contrairement à d'autres, sa disparition n'est pas volontaire à l'origine, Claire, qui ne sait pas si la porte fonctionne dans l'autre sens et pourra la ramener dans les années 1940, va commencer par récréer autour d'elle un cercle réconfortant et sécurisant qui lui permet d'envisager de nouveau son avenir. Autrement, certes, mais avec sérénité, malgré les événements qui se préparent et dont elle a, bien sûr, tragiquement, la prescience. Après, je comprends tout à fait le sentiment des lecteurs qui ont soulevé ce point parce qu'il est vrai, si l'on tente de se mettre à la place de Claire, que notre premier mouvement serait justement de mourir de peur à l'idée de ne pas pouvoir revenir en arrière...mais Claire, plutôt que de paniquer, va opter pour la tâche, ardue, de changer l'Histoire, ce qui, bien sûr, ne se fait pas sans mal.
Malgré, donc, quelques petits bémols, je dois dire que j'ai été plutôt surprise et en bien. Une série plutôt prometteuse, en espérant que la suite soit à la hauteur.
En Bref :
Les + : un récit original et plutôt enlevé, des personnages assez attachants.
Les - : des longueurs et des lourdeurs de style.