5 Mai 2022
« C’est un miracle, toute cette beauté qui émerge après tant d’épreuves. »
Publié en 2016 aux États-Unis
En 2019 en France (pour la présente édition)
Titre original : Lilac Girls
Éditions Pocket
672 pages
Résumé :
Septembre 1939. Les hordes nazies déferlent sur la Pologne. Commence alors, pour trois femmes que tout oppose, un terrible et rigoureux hiver...
Il y a Caroline, l'ancienne actrice américaine qui vit dans l'opulence, mais dont la guerre en Europe va bouleverser le quotidien...Kasia, cette jeune Polonaise qui entre en Résistance, au péril de sa vie et de celle des siens. Et Herta, que son ambition dévorante jettera parmi les monstres - au point de s'y conformer.
Toutes trois l'ignorent encore, mais elles ont rendez-vous, au plus noir de l'hiver : au camp de Ravensbrück...
Un premier roman remarquable sur le pouvoir méconnu des femmes à changer l'Histoire, à travers la quête de l'amour, de la liberté et des secondes chances.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Septembre 1939 : l’Europe et le monde vivent leurs dernières heures d’insouciance avant que n’éclate la guerre. La Seconde guerre mondiale, violente et idéologique, va se déchaîner pendant de nombreuses années, anéantissant de nombreux destins.
Caroline, Kasia et Herta n’ont rien en commun… ce sont trois femmes aux parcours et trajectoires bien différents, qui n’auraient jamais dû se rencontrer. La première est une ancienne actrice américaine, qui vit plus que confortablement, dans le luxe et la frénésie de New York. Pourtant, Caroline n’est pas une énième « pauvre petite fille riche », elle donne aussi beaucoup de son temps pour le consulat français aux États-Unis et fait une véritable œuvre de philanthrope, comme sa mère avant elle, venant notamment en aide aux orphelins français.
Kasia elle, est une jeune Polonaise sans histoires, qui vit à Lublin avec sa famille quand la Pologne est envahie et démembrée par le Reich au début du mois de septembre 1939. Dans le sillage de son ami Pietrik, la jeune fille entre dans la résistance polonaise. Elle le paiera durement, en étant internée pendant plusieurs années à Ravensbrück.
Quant à Herta, c’est une Allemande comme les autres en cette fin des années 1930, ni fanatisée ni résistante. Elle est pour le Reich et estime que Hitler est le sauveur de l’Allemagne. Pourtant, c’est un secret bien plus intime qui va la pousser à répondre à une annonce pour devenir médecin dans un camp de redressement féminin basé près de Fürstenberg : le sinistre camp de Ravensbrück, où elle croisera le chemin de Kasia, de la sœur de celle-ci, Zuzanna et de bien d’autres Polonaises qui seront utilisées par les médecins nazis comme des animaux de laboratoire afin d’effectuer des tests qui, pour certaines, les laisseront gravement mutilées voire handicapées.
Ces trois femmes deviennent sous la plume de Martha Hall Kelly des héroïnes de roman et pourtant, deux d’entre eux ont existé : Caroline Ferriday est un personnage authentique tout comme Herta Oberheuser, née en 1911 et qui fut la seule femme médecin condamnée à Nuremberg en 1947.
Pour avoir lu avant celui-ci Un parfum de rose et d’oubli (qui chronologiquement lui est antérieur mais est le second tome de la trilogie…vous suivez ?), je n’ai pas été dépaysée parce que j’ai retrouvé le même schéma : un conflit mondial en toile de fond et trois femmes aux parcours de vie totalement opposés qui deviennent les héroïnes de l’histoire – et Caroline succède à sa mère puisque dans Un parfum de rose et d’oubli c’est Eliza Ferriday que l’on suit.
Mais je dois avouer que j’ai été bien plus emballée par Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux. Je l’ai dévoré et j’ai même frôlé le coup de cœur, c’est dire ! La fin m’a moins emballée, à cause de longueurs et quelques passages superflus et c’est pour cette raison que je suis passée un peu à côté de ce coup de cœur qui se profilait, malgré l’aspect très dur du roman. Basé sur des faits réels, Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux nous immerge complètement dans le quotidien du camp féminin de Ravensbrück, seul camp uniquement réservé aux femmes et qui accueillit notamment de nombreuses détenues politiques. Le camp fonctionna de mai 1939 à avril 1945. On estime le nombre de morts entre 70 000 et 90 000 personnes en un peu moins de six ans. A partir de l’été 1942, des expérimentations médicales furent menées sur environ 86 détenues, dont 74 polonaises : Martha Hall Kelly s’est inspirée de deux détenues de Ravensbrück, Nina Iwanska et sa sœur médecin Krystyna, pour créer les personnages de Kasia et Zuzanna. Dans le roman, les deux sœurs deviennent l’objet de terribles expérimentations menées par les nazis, qui opèrent les femmes avant d’injecter dans leurs plaies des germes et souches bactériennes. Celles qui survivent gardent de lourdes séquelles et des douleurs chroniques – même si certaines auront la chance, dans les années 1950, d’aller jusqu’aux États-Unis pour y recevoir une chirurgie réparatrice. D’autres mourront au camp de ces expérimentations.
C’est dur, c’est bouleversant. Parfois, on a la gorge qui se serre et même parfois un peu la nausée, parce que ce que raconte Martha Hall Kelly est tellement réel, tellement bien décrit : la peur quotidienne, l’incertitude permanente sur son sort ou celui de ses proches, la violence des gardiennes, la saleté, la faim. On plonge littéralement tête la première dans l’enfer et le marasme du camp, au milieu des prisonnières. Mais il est intéressant aussi d’y suivre Herta, qui arrive à Ravensbrück au départ sans aucune volonté de tuer ou de faire le mal, même si elle ne partage pas la réticence de certains pour le régime nazi et estime même qu’il est le salut de l’Allemagne. L’auteure raconte donc les mécanismes insidieux du mal, qui s’instille en vous, de manière irrémédiable via l’endoctrinement.
Vous l’aurez compris, Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux est un roman historique des plus réussis et qui m’a beaucoup plu. Agréablement surprise car j’avais peur en démarrant ma lecture, d’un récit éprouvant. Alors certes il l’est, mais pas insoutenable non plus. Je ne peux que vous recommander ce roman si vous aimez les sagas familiales, les histoires de femmes, sur fond historique. Sans aucun doute vous serez séduits.
En Bref :
Les + : un récit efficace et bien mené, rythmé, intéressant, qui met en scène des personnages tous différents mais qui apporte chacun quelque chose à l'intrigue. Une saga familiale et féminine sur fond de Seconde guerre mondiale qui séduira les amateurs du genre.
Les - : quelques longueurs et passages superflus à la fin, dommage.
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