Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le salon des précieuses

Les Couleurs du Feu, tome 3, Rouge de Paris ; Jean-Paul Desprat

« Les tumultes des révolutions sont souvent funestes à la bonne conservation des choses. »

Publié en 2013

Editions Seuil 

614 pages

Troisième tome de la saga Les Couleurs du Feu

 

Résumé :

Octobre 1789. Durement éprouvée par la fuite de sa riche et princière clientèle, la manufacture de Sèvres est saisie par la fièvre patriotique qui s'est emparée de Paris et gagne la France entière. La jeune Adèle Masson, qui s'est fait une spécialité de la peinture d'oiseaux sur porcelaine, s'emploie à trouver les moyens de sauver la fabrique qui, de royale, va bien vite devenir nationale. Elle peut compter sur son père, Anselme Masson, paralysé mais dont l'intelligence est demeurée intacte. Mais sur qui d'autre s'appuyer pour parvenir à ce but ? Sur Marie-Antoinette, encore influente, et que le parrain d'Adèle, Blanchot , ira visiter jusque dans sa prison du Temple ? Sur Mirabeau, le trublion, que son accord secret avec le roi a rendu immensément riche ? Sur Roland, ministre de Louis XVI, administrateur scrupuleux ? Sur Danton, enfin, ce jouisseur effréné qui semble vouloir oublier la Terreur pour ne plus songer qu'à l'amour et à la beauté  ? 

Ce roman, le troisième et le dernier d'une saga sur la porcelaine inaugurée par Bleu de Sèvres et poursuivie avec Jaune de Naples, nous convie à une traversée de la Révolution jusqu'à la chute de Robespierre. Ainsi sera bouclée la ronde de ceux qui, de la marquise de Pompadour aux plus sanguinaires des sans-culottes, ont été fascinés par l'éclat de l'or blanc, le kaolin, ce fruit miraculeux des richesses de la nature et du génie des hommes. 

Ma Note : ★★★★★★★★★ 

Mon Avis :

Octobre 1789. Les femmes de la Halle ont ramené à Paris « le boulanger, la boulangère et le petit mitron » -autrement dit, Louis XVI, son épouse Marie-Antoinette et leur fils, le petit dauphin Louis. C'en est fini de la monarchie versaillaise, désormais, la famille royale sera installée aux Tuileries et, plus tard, gardée en prison au Temple.
C'est ainsi que s'ouvre Rouge de Paris, troisième et ultime tome de la saga Les Couleurs du Feu, du romancier et historien Jean-Paul Desprat et qui traite de l'aventure porcelainière en France au XVIIIème siècle. Dans les premiers tomes, nous avons fait la connaissance d'Anselme et Mathieu Masson, deux jeunes Limousins originaires de Bort et qui montent à Paris à la suite de la mort de leur mère. Se retrouvant démunis dans leur région natale, ils décident de monter en ville, où ils pourront peut-être connaître une vie meilleure. Mathieu devient un organiste de génie malgré son handicap -il est aveugle de naissance- et son frère aîné, le beau et ténébreux Anselme, minéralogiste, est employé par la Manufacture Royale de Sèvres. C'est l'époque où l'industrie change...sans parler de révolution industrielle, les directeurs de Sèvres cherchent à concurrencer la Saxe qui est, en Europe, à l'époque, le pays qui produit une porcelaine particulièrement réputée. La découverte de kaolin, dans la région de Limoges, va révolutionner la confection de porcelaine en France, puisque, de la pâte tendre et fragile, on va passer à une pâte dure beaucoup plus résistante et qui permettra d'augmenter le rendement puisque les pertes sont minorées.
En 1789, Adèle Masson, la fille aînée d'Anselme -elle est née de son mariage avec Fanny, jeune femme qui s'était travestie en garçon pour pouvoir être embauchée comme peintre à Sèvres-, travaille elle aussi à la Manufacture tandis que son jeune frère, Paul, âgé de dix-huit ans, s'investit dans la Révolution naissante. Adèle est une peintre animalière réputée, spécialisée dans la représentation des oiseaux. Elle est l'amante du jeune et beau Joseph-Marie Vien. Tout pourrait aller pour le mieux mais la Révolution va avoir des conséquences fâcheuses pour les anciennes manufactures royales. Tandis que les nouveaux dirigeants du pays installent aux différents postes stratégiques -dans les manufactures royales devenues nationales, au Garde-Meuble, où sont conservés les anciens bijoux de la Couronne comme le Régent ou le Sancy-, des hommes à leur botte, les affaires périclitent. Sèvres, fleuron de la porcelaine française, est paralysée, les ouvriers licenciés, les fours éteints...inquiète, Adèle décide qu'elle sauvera la manufacture, dans laquelle son père avant elle et le grand ami de celui-ci, l'Alsacien Pierre-Antoine Hannong ont investi leur vie. La nouvelle génération des Masson est ainsi plongée dans la tourmente révolutionnaire, au plus près de ceux qui font et défont la nouvelle politique -Mirabeau, Danton, Manon Roland, Robespierre...

Les Couleurs du Feu, tome 3, Rouge de Paris ; Jean-Paul Desprat

La Manufacture de Sèvres au XVIIIème siècle


Ce roman tient ses promesses et clôt admirablement la saga. Il court des journées d'octobre 1789 jusqu'aux débuts du Directoire, après la chute de Robespierre et des siens, le 9-Thermidor. Traitant d'une période clé de notre histoire -la chute de la monarchie millénaire, l'instauration de la République, la Terreur, les massacres de septembre-, ce roman est foisonnant mais intéressant. Même si les personnages sont parfois mis au second plan -on voit à peine Mathieu et les siens dans ce tome-là-, Desprat déroule sous nos yeux une chronique exhaustive de ces temps troublés qui ont participé à la naissance de la France moderne. Toutes ces années sont peuplées de personnages grandioses, de tribuns inspirés, d'événements révolutionnaires -c'est le cas de le dire-, comme l'abolition des privilèges, la Constitution, les Droits de l'Homme, la proclamation de la République et les personnages du roman sont entraînés dans tout un tas de péripéties. Ainsi, Paul se retrouve embauché au Garde-Meuble, chargé de faire l'inventaire des anciens joyeux de la Couronne de France tandis que sa sœur, qui fréquente Mirabeau -dont elle sera le dernier amour-, Danton et tombera amoureuse d'un Girondin proscrit, s'échine malgré tout à sauver la Manufacture, ses ouvriers et ses productions, persuadée qu'on peut les adapter aux nouvelles attentes du temps, malgré leur forte empreinte royale et aristocratique. La nouvelle génération de Masson n'est pas plus -mais pas moins- passionnée que celle qui l'a précédée et chacun, selon ses croyances et ses idéaux, va tenter de surmonter comme il peut la tourmente révolutionnaire.
Même si je déplore d'avoir un peu moins vu les personnages dans ce tome-là, Desprat se consacrant beaucoup au déroulement -très exhaustif-, de la chronique révolutionnaire, j'ai trouvé ce roman passionnant et je crois que j'aurais aimé poursuivre l'aventure dans d'autres tomes même si celui-ci se termine admirablement et, comme je le disais plus haut, clôt parfaitement bien la trilogie qui nous a amené de Sèvres à Capodimonte en passant par les carrières limousines de kaolin. Ce n'est pas un coup de cœur, contrairement aux deux premiers tomes, Bleu de Sèvres et Jaune de Naples mais j'ai trouvé ce livre particulièrement plaisant et je le recommande complètement, ne serait-ce que pour la rigueur historique alliée à la chaleur d'une plume de romancier. 
A conseiller à tous ceux qui ont aimé Bleu de Sèvres et Jaune de Naples. Et une saga à conseiller toute entière aux amoureux du XVIIIème siècle : vous ne serez pas déçus.

Les Couleurs du Feu, tome 3, Rouge de Paris ; Jean-Paul Desprat

Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau

En Bref :

Les + : roman dense et foisonnant qui termine admirablement la saga.
Les - :
les personnages principaux sont parfois absents pendant de longs chapitres ; j'aurais aimé les voir plus.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
J'ai hâte de continuer la saga pour arriver à ce tome. J'adore la révolution. Rien que de lire ton article, ça me donne envie de m'y remettre =) Peut être pendant les vacances de Noël j'espère =)
Répondre