30 Mai 2024
« Pourquoi l’existence nous infligeait-elle tant de pertes? Parents, amis, amours : tout finissait par disparaître. »
Publié en 2018 en Allemagne
En 2023 en France (pour la présente édition)
Titre original : Die Frauen vom Löwenhof, Mathildas Geheimnis
Éditions Charleston (collection Poche)
672 pages
Deuxième tome de la saga Les Héritières de Löwenhof
Résumé :
Stockholm, 1931.
Depuis la mort de son père, Mathilda Wallin vit seule avec sa mère. Quand cette dernière décède brutalement, Agneta Lejongård, une mystérieuse comtesse, lui annonce qu'elle est désormais sa tutrice et l'emmène dans sa majestueuse propriété de Löwenhof. Rongée par la peur et la doute, la jeune orpheline est alors projetée dans un monde intimidant de luxe et de raffinement.
Prise dans le carcan d'un milieu qui n'est pas le sien, Mathilda décide de tout faire pour découvrir le secret qui entremêle son destin à celui des Lejongård. Mais ses recherches sont rapidement entravées par la nouvelle guerre qui menace l'Europe...
Dans le tumulte des années 1930, une saga époustouflante qui trace la destinée d'une jeune femme tiraillée entre ses rêves et son histoire familiale.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
En 1931, la jeune Mathilda Wallin est brutalement arrachée à son quotidien par la mort de sa mère, Susanna, qui la laisse orpheline. N’étant pas encore majeure, la jeune fille de dix-sept ans fait connaissance avec la tutrice que sa mère lui avait choisie, une certaine Agneta Lejongård, qu’elle ne connaît ni d’Ève ni d’Adam et qui suscite sa méfiance de prime abord. En effet, Mathilda et Agneta ne viennent pas du tout du même milieu : la jeune fille a été élevée par un père fonctionnaire à Stockholm tandis qu’Agneta est comtesse, propriétaire du grand domaine de Löwenhof en Scanie où, depuis des générations, les Lejongård élèvent des chevaux de race, achetés notamment par la cour des Bernadotte. Quels liens pouvaient-ils bien unir cette femme avec Susanna, la mère de Mathilda, d’origine bien plus modeste ?
Malgré tout, la jeune fille doit se plier aux exigences posthumes de sa mère mais aussi à celle qui est devenue sa tutrice et quitte Stockholm pour aller s’installer à Löwenhof : là, elle fait la connaissance de l’époux de sa tutrice, le bienveillant Lennard Eckberg et de leurs deux fils. Si les relations avec Ingmar deviennent assez vite chaleureuses et que les deux jeunes gens s’attachent l’un à l’autre par une solide amitié, il n’en est pas de même pour Magnus, l’autre fils d’Agneta et Lennard, de caractère beaucoup plus sombre et torturé et qui n’accepte pas la présence de Mathilda sous leur toit, n’hésitant pas à lui faire des blagues douteuses et souvent blessantes et lui rappelant sans cesse ses origines et leur supposée bassesse.
Très vite, Mathilda comprend que son lien avec Löwenhof est peut-être plus important qu’il n’y paraît et que le choix de sa mère pour sa tutrice s’explique de façon bien plus logique qu’elle n’aurait pu le croire de prime abord. Par des allusions des domestiques notamment, Mathilda apprend que Susanna a fréquenté Löwenhof et que, avant la Première guerre mondiale, elle y fut notamment domestique avant d’épouser Sigurd Wallin et de partir vivre avec lui à Stockholm, où ils ont élevé Mathilda.
Peu à peu, la jeune fille réunit les pièces du puzzle de son passé, le reconstituant patiemment et découvrant le secret qui se cache derrière sa naissance. Songeant dans un premier temps à quitter Löwenhof, elle y sera ramenée par la force des choses – comme Agneta avant elle. Puis la Seconde guerre mondiale éclate, charriant son lot d’horreurs. Et, si la Suède est relativement épargnée, notamment grâce à la politique habile du roi Gustave, les Lejongård ne seront pas épargnés par les épreuves. Mathilda, comme Agneta avant elle, se révèle dans l’adversité et devient une jeune femme forte, courageuse et déterminée à se battre pour ses idéaux.
Contrairement à un roman à clefs – ou romans à secrets comme j’aime les appeler – comme peut en écrire Kate Morton, par exemple, où nous découvrons les tenants et aboutissants du secret en même temps que le personnage principal – bien souvent une héroïne – ici, le lecteur, pour peu qu’il ait lu le premier tome, sait parfaitement à quoi s’en tenir concernant Mathilda et connaît déjà ses origines. Pour autant, il est intéressant de découvrir comment la jeune fille parvient à réunir des informations, jusqu’à la révélation ultime qui la changera indubitablement.
Dans Le secret de Mathilda, l’univers est déjà posé et j’ai trouvé le roman plus fluide que le tome précédent, où tout était à construire. Désormais, Löwenhof est familier et on se plonge donc dans l’histoire plus facilement. On y retrouve aussi des personnages familiers comme Agneta ou encore, son époux Lennard, déjà rencontrés dans le tome précédent. Et même s’ils passent au second plan par moments, ils sont malgré tout très présents et participent à tisser une trame, un fil rouge entre les tomes – qui peuvent cependant être lus indépendamment sans trop de problème, à mon sens.
Dans le premier tome, j’avais eu l’impression que l’autrice cochait scrupuleusement chacune des cases de « la bonne romance historique » quitte à ce que le roman paraisse parfois un peu moins spontané, voire un peu plus artificiel. Ici, ça l’est un petit moins : certes, il y a toujours de la romance et c’est toujours prévisible par moments mais ça m’a moins gênée. J’ai juste eu un palier à 150 pages de la fin environ, où j’avais l’impression de ne plus avancer et où j’aspirais à ce que ça se termine…oui, le roman est peut-être un peu long et, contrairement à certains lecteurs, la fin ne m’a pas émue même si j’ai aimé qu’elle soit ouverte et porteuse d’espoir, puisque le roman se termine en 1945 sur une naissance.
Globalement, cette saga historique et familiale suédoise – gros point fort de ces romans, d’ailleurs, ça nous change de l’Angleterre – n’est pas mal du tout, ça se lit très bien et on prend toujours plaisir à retrouver les personnages. J’ai aimé aussi découvrir le quotidien des Suédois en pleine Seconde guerre mondiale, car leur histoire est bien différente de la nôtre et, tandis que la Norvège voisine fut occupée, ce ne sera pas le cas de la Suède. Pour autant, le pays ne se dispensa pas de participer à l’effort de guerre à sa manière.
Bref, sans être la lecture du siècle, Les héritières de Löwenhof est une saga familiale intéressante et plaisante : une lecture doudou et réconfortante, dont on aime retrouver les personnages et l’univers.
En Bref :
Les + : un deuxième tome très fluide : l'univers est maintenant bien posé, Löwenhof nous est familier et on s'y plonge avec d'autant plus de facilités. Même si j'ai préféré Agneta dans le premier volume, j'ai aimé suivre Mathilda, en quête de ses origines...le contexte historique m'a beaucoup plu également.
Les - : quelques longueurs en fin de volume qui m'ont un peu ennuyée...j'ai eu l'impression que le roman traînait un peu, ce qui a eu une incidence sur mon rythme de lecture et mon intérêt.
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