23 Octobre 2024
« Ai-je eu raison ? Ai-je eu raison de rester sur mes positions pour défendre ce qui me semblait juste, même s'il en est résulté de nombreux maux ? Je me suis souvent posé cette question ces derniers temps et j'aimerais être en paix avec ma conscience. »
Publié en 2016 en Angleterre
En 2023 en France (pour la présente édition)
Titre original : Six Tudor Queens, book 1, Katherine of Aragon: The True Queen
Éditions Hauteville
893 pages
Premier tome de la saga Les Reines Maudites
Résumé :
Dieu avait enfin exaucé ses prières. Ce magnifique jeune homme voulait faire d'elle son épouse et la mère de ses héritiers. Ceux qui l'avaient méprisée, humiliée, devraient désormais s'incliner devant elle. Elle essaya de ne pas se réjouir à cette idée, mais elle n'était pas une sainte. Ses années de misère étaient définitivement révolues, elle serait bientôt la femme du roi le plus riche qui ait jamais régné en Angleterre.
Catherine d'Aragon n'a que seize ans lorsqu'elle quitte à tout jamais son Espagne natale. Promise au prince Arthur, son destin est tout tracé : elle sera reine d'Angleterre. Lorsque la mort réclame prématurément son nouvel époux, cette belle destinée vole en éclats. Délaissée, trahie par ceux qui étaient censés la protéger, Catherine ne doit sa survie qu'à sa foi et sa détermination. Sa témérité est récompensée lorsqu'elle monte enfin sur le trône en épousant le beau Henri VIII, le jeune frère d'Arthur.
Mais au fil des années, leur bonheur se délite peu à peu. Quand leur union, et la nation tout entière, sont menacées, Catherine décide qu'elle ne se laissera pas remplacer sans livrer bataille.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
En 1501, la jeune Catalina d’Aragon (on la connaîtra bientôt sous le nom de Catherine d’Aragon) quitte non sans appréhension son Espagne natale pour la lointaine Angleterre : son mariage avec l’héritier du roi Henri VII Tudor, le prince Arthur, doit concrétiser l’alliance entre l’Angleterre des Tudors et l’Espagne des Rois-Catholiques.
En Angleterre, la jeune princesse découvre un mode de vie radicalement différent de ce qu’elle a connu jusqu’ici : élevée dans le confort et la beauté grandiose des anciens palais maures, Catherine doit s’habituer au froid, à la pluie, à une nourriture différente mais aussi à une nouvelle famille. Son mariage avec le prince Arthur n’est qu’un simulacre : les deux jeunes gens ne se connaissent pas et aucun sentiment ne naît entre eux. Surtout, Arthur est bien trop malade pour consommer leur mariage et meurt avant d’y être parvenu. A seize ans, Catherine se retrouve veuve et sans aucune perspective. Elle connaît quelques années d’indigence et d’incertitude, pion entre les mains de son beau-père Henri VII Tudor, qui se sert d’elle pour forcer l’Espagne à verser sa dot et pour faire pression sur le roi Ferdinand, le père de Catherine. Réduite à la pauvreté, éloignée de la Cour, Catherine boit le calice jusqu’à la lie. Mais la mort d’Henri VII en 1509 ouvre une nouvelle ère pour l’Angleterre et pour la malheureuse princesse espagnole : le nouveau roi est le fils cadet d’Henri VII, le prince Henri. Bien différent d’Arthur, athlétique et plein de santé, le nouveau roi est jeune et ambitieux. Surtout, il a décidé de faire de Catherine sa reine. Alors, après avoir épousé le premier fils du premier roi Tudor, Catherine d’Aragon en épouse le second et devient enfin reine. Son destin est en marche.
Les premières années de mariage avec Henri VIII sont harmonieuses. Le couple s’entend bien et Catherine tombe très vite enceinte. Le jeune roi est bien sûr désireux de consolider sa dynastie et attend avec impatience des fils…mais les espérances du roi et de la reine seront bientôt réduites à néant. Toutes les grossesses de Catherine se solderont par une fausse-couche ou pour la naissance d’un bébé mort-né, sauf une en 1516, quand la reine met au monde la princesse Marie. Le couple s’attache à cette petite princesse mais pour le roi la déception est cruelle car, les années passant, Catherine, plus âgée que lui, ne peut bientôt plus procréer. Pour Henri VIII s’ouvre alors un avenir bien sombre et, bientôt, l’idée d’avoir un héritier mâle devient obsessionnelle…Un jour, le roi s’avise qu’un passage du Lévitique pourrait fort bien le concerner : un homme épousant la veuve de son frère verrait son mariage maudit. La punition se traduirait par l’absence d’enfants.
Portrait posthume de la reine Catherine d'Aragon (1485 - 1536), première épouse d'Henri VIII et mère de la reine Marie Ière Tudor
Pour Henri, rien ne va alors devenir plus important que de se séparer de cette reine qu’il a pourtant tant aimée. Ce qu’on appellera bientôt « la Grande Affaire du Roi » commence à la fin des années 1520 quand Henri VIII lance une procédure d’annulation afin d’épouser une autre femme et d’en avoir des héritiers. Pour Catherine, le choc est rude. Mais la princesse, en fière Espagnole et digne fille d’Isabelle de Castille, ne se laisse pas faire et tient tête au roi, qui ne lui épargnera alors aucune humiliation, jusqu’à la faire cohabiter avec la nouvelle dame de ses pensées, la charmeuse et sournoise Anne Boleyn, prête à tout pour prendre la place de Catherine et poussée par un clan ambitieux.
Les conséquences de cette « Grande Affaire » sont bien connues aujourd’hui : non seulement le roi Henri VIII divorce de la reine Catherine mais aussi de l’Eglise de Rome, le pape ayant refusé d’annuler son mariage. C’est le début de la religion anglicane, toujours observée de nos jours au Royaume-Uni. Et si le souverain d’Angleterre est aujourd’hui le chef de son Eglise, il le doit à son lointain prédécesseur, le roi Henri VIII.
Éloignée de la cour, vivant de château en château selon le bon vouloir du roi auquel elle reste soumise, Catherine est séparée des siens, à commencer de sa fille, la princesse Marie, privée de ses droits dynastiques. Malgré les épreuves, la reine ne baissera pourtant jamais les bras et ne cessera jamais de se revendiquer comme la seule et unique épouse légitime du roi. Usée cependant par les épreuves, elle meurt en janvier 1536 à l’âge de cinquante ans, sans jamais n’avoir revu ni le roi, ni sa fille.
Catherine d’Aragon est l’exemple parfait qu’une haute naissance ne garantit pas un illustre destin : princesse malheureuse entre toutes, elle verra son destin semé d’embûches jusque dans les derniers mois de sa vie. Pion malléable entre les mains de son père et de son beau-père, elle connaît une jeunesse triste et pauvre, loin de son pays qui lui manque, avant qu’Henri VIII n’en fasse sa reine adulée. Mais bientôt, les épreuves répétées de fausse-couches minent sa santé. Le roi se montrera cruel avec elle, pourtant jamais Catherine ne pliera, sans pour autant se montrer déloyale envers Henri. Quelle force d’âme, quel caractère. Mais aussi, quel malheur…
Catherine d’Aragon ouvre le bal – sûrement s’en serait-elle bien passé – des reines maudites : elle est la première des six épouses d’Henri VIII qui connaîtront toutes, sauf une, un destin funeste. Celle qui croit triompher de Catherine, l’ambitieuse Anne Boleyn ne sait pas que, lorsque Catherine meurt à Kimbolton en janvier 1536, le triomphe pour elle ne sera qu’éphémère et que, déjà, ses jours sont comptés : cinq mois plus tard, déchue, disgraciée, Anne Boleyn monte à l’échafaud. La troisième épouse du roi, la douce Jane Seymour, meurt prématurément d’une fièvre puerpérale, après avoir donné à Henri VIII le cadeau tant désiré, le fils qu’il espérait depuis vingt ans. La quatrième, la princesse Anne de Clèves, est répudiée au bout de quelques mois de mariage, tandis que la cinquième, la jeune Catherine Howard, connaît le même destin funeste que sa cousine Anne Boleyn, convaincue de trahison et d’adultère. Seule la dernière des épouses, Catherine Parr, survit à Henri VIII, non sans avoir craint pour sa vie.
En restant au plus près des faits historiques, tout en prenant quelques libertés, Alison Weir nous propose ici un roman profond, vibrant, dans lequel une princesse pleine de caractère et de courage tient le premier rôle. La Catherine d’Aragon d’Alison Weir est touchante, déterminée et force l’admiration. Je me suis amusée à comparer ce roman avec La Princesse d’Aragon, la biographie romancée consacrée à Catherine par l’autrice Philippa Gregory…si les deux romancières ont parfois un point de vue différent, elles se rejoignent au mois sur un point : Catherine d’Aragon, malgré les épreuves, se révèle la digne fille de sa mère, la reine Isabelle la Catholique.
Malgré quelques longueurs en milieu du roman, j’ai apprécié cette lecture et cette plongée dans la Renaissance anglaise, qui est passionnante. Ce premier tome est prometteur, je lirai avec plaisir et intérêt la suite.
Les dernières années de Catherine d'Aragon sont marquées par la Grande Affaire du Roi et par le procès en annulation de son mariage : jusqu'au bout, elle refusera qu'on l'appelle autrement que reine d'Angleterre
En Bref :
Les + : l'histoire mouvementée d'une femme déterminée et faisant face avec courage à l'adversité. Bien écrit, bien documenté, le roman se lit avec plaisir.
Les - : quelques longueurs en milieu de volume...peut-être le livre aurait-il pu être élagué de quelques chapitres sans qu'il n'en pâtisse.
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