4 Juillet 2023
« On ne peut comprendre la vie qu'en regardant en arrière ; on ne peut la vivre qu'en regardant en avant... »
Publié en 2019 en Irlande
En 2021 en France (pour la présente édition)
Titre original : The Sun Sister
Éditions Le Livre de Poche
945 pages
Sixième tome de la saga Les Sept Sœurs
Résumé :
A la mort de leur père, énigmatique milliardaire qui les a ramenées des quatre coins du monde et adoptées lorsqu'elles étaient bébés, Electra d'Aplièse et ses sœurs se retrouvent dans la maison de leur enfance, Atlantis, une magnifique demeure sur les bords du lac de Genève. La vie semble sourire à Electra, la sixième sœur : mannequin le plus en vue de la planète, elle est belle, riche et célèbre. Mais derrière cette image idéale se cache une jeune femme perdue depuis le décès de Pa Salt. Emportée dans la spirale infernale de la drogue et de l'alcool, et alors que tout son entourage s'inquiète pour elle, elle reçoit une lettre d'une inconnue qui dit être sa grand-mère. Celle-ci lui révèle que ses racines se trouvent au Kenya, au cœur d'une tribu maasaï.
La Sœur du Soleil est le sixième tome de la série événement Les Sept Sœurs, qui a conquis 30 millions de lecteurs dans le monde. A travers ses romans au souffle unique, peuplés de personnages inoubliables, liés par les drames et l'amour, Lucinda Riley a affirmé son immense talent, créant un genre littéraire à part entière.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Electra d’Aplièse continue de mener sa vie de mannequin très en vue à New-York, essayant tant bien que mal de laisser de côté le bouleversement occasionné par la mort brutale de son père adoptif, le milliardaire suisse qui l’avait adoptée, ainsi que ses cinq sœurs, quand elle n’était qu’un bébé.
Comme ses aînées, Electra porte le nom d’une des Pléiades. Dans la mythologie grecque, les Pléiades sont au nombre de sept et Electre (ou Electra) est la sixième. Fille d’Atlas et de l’océanide Pléioné, Electra s’unit à Zeus et, selon les textes, est la mère de Dardanos, Émathion, Iasion et (selon les auteurs) Harmonie. Elle est parfois présentée comme la pléiade « perdue » ce qui colle plutôt bien au personnage d’Electra dans le roman.
Car il ne faut pas s’arrêter aux apparences…Electra est probablement, des six sœurs d’Aplièse, celle dont l’existence est la plus hors du commun : mannequin célèbre, très à l’aise financièrement, elle mène une vie trépidante de « socialite » à New-York et aux quatre coins du monde. Mais cette vie glamour a un revers bien sombre : pour combattre ses démons et assurer le rythme, Electra est tombée dans une forte dépendance aux drogues et à l’alcool. Profondément seule et fragile, Electra fait un effort colossal pour ne pas montrer ses faiblesses…jusqu’à la prise de trop qui la met face à ses démons et à la nécessité de se soigner avant d’y laisser la peau.
Au même moment, alors que ses autres sœurs, découvrant leur passé et leur famille biologique grâce aux indications laissées par Pa Salt et qu’Electra est fermement décidée de n’en rien faire, rejetant autant ses origines que l'héritage laissé par son père adoptif, elle reçoit le courrier d’une inconnue, une certaine Stella Jackson lui annonçant qu’elle est sa grand-mère et souhaite la rencontrer. Stella qui, Electra va s’en rendre compte, a été dans sa jeunesse une militante, avocate de formation, luttant pour l’égalité des populations noires aux Etats-Unis et pour la reconnaissance de leurs droits, dans le sillage d’autres activistes comme Martin Luther King ou Malcolm X.
En parallèle, nous partons en 1939, à la rencontre de Cecily Huntley-Morgan. Jeune new-yorkaise fortunée, Cecily est abandonnée pour une autre femme par son fiancé. Elle décide alors d’accepter la proposition de sa marraine, la fantasque Kiki Preston, de l’accompagner au Kenya pour quelques semaines. La jeune Américaine débarque alors dans ce pays qui est alors colonie britannique, à l’aube de la Seconde guerre mondiale. Elle découvre la somptueuse maison de sa marraine, au bord du spectaculaire lac Navaisha, où viennent boire les animaux de la savane et où s’ébattent les hippopotames. De safaris en réceptions, Cecily s’intègre à la société coloniale kenyane et découvre aussi les coutumes et le mode de vie des tribus autochtones, comme les maasaï.
Electra n’était pas, et de loin, la sœur dont j’attendais le plus l’histoire. Le peu que je l’avais croisée dans les romans précédents, elle ne m’inspirait pas forcément d’attachement, ni d’intérêt…peut-être parce que son mode de vie est à des années-lumière de celui de la plupart d’entre nous, elle me semblait trop déconnectée. Mais bizarrement avec cette saga, les tomes que j’attendais le plus (notamment le deuxième centré sur Ally et le cinquième sur Tiggy) ne m’ont pas convaincue. Et, tandis que j’appréhendais un peu le quatrième, consacré à CeCe qui ne m’attirait pas trop elle non plus, contre toute attente, j’avais beaucoup aimé et j’avais même trouvé que c’était probablement le tome le plus abouti des quatre que je venais de lire. Donc c’est avec une certaine curiosité et en tentant de mettre mes a priori de côté que j’ai commencé La sœur du soleil.
Paysages du Kenya tels que Cecily les découvre à son arrivée
Ce sixième tome a d’indéniables atouts, il faut bien le dire. Déjà, il a le mérite de nous faire voir une autre Electra, assez désarmante au final, même si pour ma part, je n’ai pas réussi à m’attacher vraiment à elle. J’ai découvert une jeune femme de vingt-six ans à la vie de rêve mais qui n’est pas heureuse pour autant. La célébrité, qu’elle n’a pas choisie, lui pèse et l’isole aussi des autres. Méfiante, Electra ne sait jamais si on la fréquente pour elle-même ou pour son argent et sa notoriété. Surtout, elle se rend compte que cette célébrité, dont elle pourrait faire un outil pour servir des causes ou faire entendre la voix de minorités, ne lui sert à rien hormis à avoir un accès facile aux excès, aux drogues et à l’alcool. Victime d’un profond mal-être, Electra semble emprisonnée dans sa vie et n’en est pas réellement la maîtresse, elle la subit plutôt qu’elle ne la vit. Donc, déjà, c’était un premier point positif : derrière une apparente force, une apparente agressivité, on se rend compte de la profonde souffrance de cette jeune femme qui ne sait pas demander l’aide dont elle aurait besoin.
J’ai aussi beaucoup aimé la partie historique du roman. Alors que celle du cinquième tome m’avait profondément ennuyée, notamment parce que je n’avais pas réussi à m’attacher à l’héroïne, ici, pour le coup, j’ai beaucoup aimé Cecily qui se révèle au fil du roman et j’ai adoré la suivre en Afrique – mais j’ai été un peu déçue que, contrairement à ses sœurs qui découvrent leurs racines en même temps que leur pays d’origine, Electra ne voyage pas au Kenya et découvre son histoire depuis New-York.
Le message ou plutôt devrais-je les messages délivrés dans ce roman – la tolérance, la lutte contre la drogue et le fléau qu’elle représente dans le monde et notamment en Afrique –, peuvent apparaître certes comme clichés ou pleins de bons sentiments, mais sont assez habilement amenés je trouve pour que cela ne se ressente pas. J’ai trouvé qu’ils apportaient une certaine teneur, une densité au roman qui m’apparaît alors plus riche qu’une simple romance à double-temporalité.
Mais bon dieu, que c’était long ! Le roman compte un peu plus de 900 pages et je pense vraiment qu’il aurait mérité d’être élagué de quelques chapitres sans que cela n’ampute l’intrigue. Un peu comme dans le cinquième tome, j’ai trouvé que l’autrice se perdait dans des circonlocutions interminables vers la fin du roman, alors que j’aurais préféré que ça aille plus vite à ce moment-là. J’ai donc eu le sentiment d’une lecture inégale et qui s’essouffle, manquant de rythme dans sa seconde partie, ce qui est dommage puisque peu à peu Electra se débarrasse de ses démons et devient plus intéressante, plus accessible, plus humaine et parce que l’histoire de Cecily au Kenya est vraiment intéressante : je me suis vraiment demandé quel pouvait être le lien de cette jeune New-yorkaise fortunée avec Electra puisque manifestement, elles ne partagent pas le même sang ni la même ascendance. J’ai aimé voir Cecily se débarrasser petit à petit des préjugés coloniaux avec lesquels elle arrive au Kenya, partant progressivement à la découverte de la civilisation maasaï, s’attachant à un pays si différent du sien.
Oui vraiment, je crois que La sœur du soleil aurait pu être beaucoup plus enlevé, beaucoup plus rythmé, s’il avait été moins long. Je suis donc un peu mitigée parce que je me suis vraiment ennuyée par moments…j’ai le sentiment d’une lecture en dents de scie, mon intérêt montant et retombant au fil des chapitres, ce qui n’est pas forcément très agréable.
Mais le roman a quand même « fait le job » si je puis dire : non, ce n’est pas une complète déception même si j’aurais vraiment voulu l’aimer un peu plus. Le discours presque militant de la fin m’a agréablement surprise, la prise de position d’Electra, dans le sillage de sa grand-mère, ancienne activiste renommée dans les années 50 et 60, m’a fait la voir autrement et moins comme la mannequin très belle mais à la tête très vide.
J’attends maintenant les deux derniers tomes afin, je l’espère, de connaître enfin toutes les réponses aux questions que je me pose, notamment concernant la sœur disparue (la septième sœur) et Pa Salt.
Carte postale représentant le Muthaiga Club, lieu important de la vie coloniale britannique à Nairobi
En Bref :
Les + : un propos fort, engagé et presque militant, une double-temporalité maîtrisée, avec une partie historique vraiment intéressante...
Les - : ...mais malgré ces évidents atouts, ce roman n'aura pas réussi à me transporter comme je le souhaitais. Mon dieu, que c'était long !
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