23 Mai 2021
« Il n'existe pas, on a pu en faire l'expérience, de sentier régulier pour sortir de l'amour, comme il y en a pour y entrer. »
Publié en 2021 en France
Date de publication originale : 1874
Titre original : Far from the Madding Crowd
Editions RBA (collection Romans Éternels / Cranford Collection )
343 pages
Résumé :
Jeune femme d'une grande beauté et au caractère impétueux, Batsheba Everdene hérite à vingt ans d'un beau domaine, qu'elle dirige seule. Quand un incendie se déclare dans sa propriété, un ancien soupirant ayant connu des revers de fortune, Gabriel Oak, apporte une aide précieuse pour sauver ses récoltes. Elle lui procure un emploi parmi ses gens, mais devient l'élue de deux autres prétendants, bien décidés l'un et l'autre à obtenir sa main. Oak s'avérera quant à lui d'une étonnante fidélité...
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
La sortie de la collection Romans Éternels, à la fin de l’été dernier, a été pour moi l’occasion de découvrir ce roman de Thomas Hardy, que j’avais repéré depuis longtemps mais laissé de côté dans ma liste d’envies et jamais lu.
Publié en 1874, quatrième roman de Thomas Hardy, Loin de la foule déchaînée a été son premier grand succès littéraire, avant Tess d’Urberville. Il fait même partie de la liste des 50 meilleurs romans établie par la BBC, rien que ça !
Vous connaissez peut-être le film qui a été adapté du livre, en 2015, avec Carey Mulligan et Matthias Schoenaerts dans les rôles principaux. Personnellement, c’est par ce biais que j’ai découvert cette histoire et eu envie de lire le roman.
Loin de la foule déchaînée, c’est l’histoire d’un « triangle amoureux » dans le Wessex de l’époque victorienne. Dans un monde très rural, la vie d’une petite communauté et, au centre de cette communauté, la description des relations de la jeune Bathsheba Everdene, de son voisin le fermier Boldwood, du discret et amoureux mais toujours fidèle berger Gabriel Oak et du dépensier et superficiel sergent Troy… A vingt ans, à la mort de son oncle, Bathsheba hérite d’un domaine agricole qu’elle choisit d’administrer seule. Un jour, un incendie se déclare dans des meules tout juste récoltées…parmi les secouristes venus aider à circonscrire l’incendie, elle retrouve un ancien soupirant, le berger Gabriel Oak, qui a connu quelques revers de fortune. Elle lui procure un emploi sur la propriété sans rien lui promettre, malgré l’intérêt que le jeune homme continue manifestement de lui porter. La jeune femme noue au fil des mois des liens avec deux autres hommes : l’un de ses voisins, le fermier Boldwood puis le séduisant mais très superficiel et dépensier sergent Troy, dont la vie semble bien moins policée que l’apparence trompeuse qu’il offre de prime abord. Gabriel quant à lui, reste toujours présent pour elle malgré tout et surtout dans l’adversité car c’est bien souvent dans l’amertume que la jeune Bathsheba perd petit à petit ses illusions de jeunesse et se trouve confrontée aux conséquences de ses actes.
Loin de la foule déchaînée est un grand roman d’amour et même si on se doute plus ou moins du dénouement dès le début (l’histoire est assez connue pour que ce soit le cas, je ne vous dévoile rien), le chemin pour y arriver est des plus tortueux. Etonnamment moderne, il aborde les sentiments de manière qui diffère un peu des classiques du XIXème siècle, du moins c’est le sentiment que j’ai eu. Au départ, j’ai eu un peu de mal à me mettre dans l’ambiance, à m’habituer au style de l’auteur qui m’a paru un peu complexe de prime abord. Et puis une fois que je m’y suis faite, j’ai senti que mon rythme de lecture changeait et devenait plus fluide. Une chose est sûre, je me suis rapidement sentie très captivée par cette histoire, très riche, très dense aussi.
Carey Mulligan et Matthias Schoenaerts dans l'adaptation de 2015
Paradoxalement, je n’ai pas forcément aimé le personnage de Bathsheba, ses atermoiements et ses contradictions mais cela ne m’a pas empêchée pour autant d’aimer le roman. Il m’arrive souvent d’être un peu déçue par un livre quand je n’arrive pas à m’attacher aux personnages, ce n’est évidemment pas une condition sine qua non mais quand même, je trouve que cela aide beaucoup : si vous n’aimez pas les personnages que vous suivez, c’est difficile de se sentir partie prenante de l’intrigue, non ? Eh bien là, étrangement ça n’a pas été le cas. Bathsheba ne m’a effectivement pas beaucoup plu mais j’ai apprécié Gabriel et sa constance, qui contraste justement avec la légèreté de la jeune femme, légèreté qu’elle va d’ailleurs payer assez cher. J’ai été intriguée aussi par le personnage du fermier Boldwood, sur qui l’amour va produire un effet dévastateur comme cela peut arriver parfois, virant à l’obsession et à quelque chose d’assez troublant, si ce n’est malsain.
Quand les auteurs classiques parlent d’amour, ils ne le font jamais aussi directement (mais pas crûment) que Thomas Hardy : soyons clairs, contrairement à aujourd’hui où on n’hésite pas à décrire des scènes intimes dans les livres, ce n’est évidemment pas le cas dans ce roman. A peine aperçoit-on les personnages s’embrasser, quand l’occasion s’en présente mais rien de plus. Malgré tout, l’histoire que raconte Hardy dans ce roman est très complexe, ce n’est pas une simple histoire d’amour, c’est bien plus que cela, une histoire humaine avant tout, avec des sentiments nuancés qui ne sont jamais ni tous noirs ou tous blancs, mais parfois un peu gris et mal assurés… rien n’est trop simple ni tout à fait compliqué. Et parfois, il faut passer par des chemins un peu tortueux pour arriver à un but qui, peut-être, nous habite inconsciemment depuis le début. L’histoire de Bathsheba Everdene (que j’ai réussi à mieux aimer dans la seconde partie du roman, ouf !) et de Gabriel Oak a quelque chose d’intemporel tout en étant, par ses codes un peu passés, bien de son époque. Cette petite incursion dans les prairies du Wessex dans la seconde moitié du XIXème siècle m’a plutôt bien plu, ma foi et si vous aimez les classiques anglais, alors pourquoi ne pas se lancer ?
En Bref :
Les + : une romance empreinte d'une certaine tension dramatique, une sorte de triangle amoureux qui se met insidieusement en place et menace de dépasser ceux qui en sont les instigateurs...une pointe de modernité aussi, dans ce récit du XIXème siècle mais qui pourrait aussi être transposée bien plus tard, dans une époque plus moderne.
Les - : pas vraiment de points négatifs à soulever. C'est un bon classique victorien, comme je les aime.
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