8 Janvier 2019
« Entre complots, exécutions et maladie, la Cour n'était plus que l'ombre d'elle-même. »
Publié en 2017
Editions Pocket
1052 pages
Résumé :
1571. Demoiselle d'honneur de la reine mère ! Pour une jeune aristocrate de province, le privilège est de taille. N'emportant dans ses malles que son bichon maltais et toute la naïveté de ses dix-huit ans, Corine de Pâquelin découvre ainsi la Cour - ses fastes et ses mensonges, ses splendeurs et ses ombres. Car auprès de la perfide Catherine de Médicis, catholiques et huguenots se livrent d'obscures luttes d'influence...On annonce, avant peu, le mariage de Margot et d'Henri de Navarre. Pour Corine, l'amour prend les yeux d'un gentilhomme protestant. Leur lune de miel sera rouge, du sang versé sur les pavés du Louvre...
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
En 1571, la jeune Corine de Pâquelin, fraîchement débarquée de sa ville natale de Mons, devient fille d'honneur de la reine-mère, Catherine de Médicis. A dix-huit ans à peine, elle découvre la plus florissante des Cours d'Europe, celle des Valois. Jeune, dynamique, avide de plaisirs, c'est une Cour pleine d'attraits pour une jeune provinciale mais aussi pleine de dangers et de pièges, entre lesquels Corine va devoir louvoyer... Car en ce début des années 1570, si les conflits religieux semblent en sommeil, ils n'en existent pas moins pour autant et catholiques et protestants se méfient les uns des autres. A la Cour, la reine-mère tente, par un subtil jeu des alliances, de maintenir comme elle peut l'équilibre du pays, tandis que l'amiral de Coligny, chef de file des huguenots, a de plus en plus l'oreille du roi. En 1571, enfin, il est question d'un mariage sans précédent, celui d'une princesse catholique avec un prince protestant : Marguerite de Valois avec Henri de Navarre.
Entre les châteaux du Val de Loire et Paris, Corine apprend petit à petit les rouages et le protocole de la Cour de France... Et, alors que la reine de Navarre Jeanne d'Albret arrive auprès de Catherine de Médicis, les regards de Corine sont attirés par un jeune noble béarnais, Quentin de Gayrand. Seulement, elle est une catholique fervente et le jeune homme, un farouche calviniste. Et alors que l'Histoire s'accélère et que la France vacille de plus en plus au bord du gouffre, les deux jeunes gens parlent avenir... Mais quel avenir y'a-t-il pour eux dans un royaume où les mariage mixtes sont mal vus voire pas reconnus du tout ? Vers quelles embûches avancent-ils de concert ?
Même si le schéma de départ n'est, en soi, pas forcément spectaculaire avec cette histoire d'amour compliquée entre deux personnes qui ne devraient pas s'aimer (c'est Roméo et Juliette, Scarlett O'hara et Rhett Butler, Arletty et Soehring), Mademoiselle de Pâquelin est un grand roman historique, une grande fresque qui nous emmène, sur plusieurs années, des prémices de la Saint-Barthélémy jusqu'à la fin des années 1570 et même plus loin, si on compte l'épilogue où, en quelques pages, l'auteure nous brosse un portrait des décennies suivantes et des destinées des personnages historiques authentiques. Plusieurs années qui vont changer à jamais le visage de la royauté française et laisser une trace indélébile sur son Histoire.
Le massacre de la Saint-Barthélémy, par François Dubois (XVIème siècle)
Très dense, le roman fait un peu plus de mille pages, c'est donc un bon pavé. Si le début commence avec assez de dynamisme, malheureusement je dirais que le roman a les défauts de ses qualités et, avec un tel nombre de pages il est difficile de ne pas déceler quelques longueurs de temps en temps... Ou alors il faut s'appeler Tim Willocks, qui vous embarque dans des intrigues ultra-denses et qui n'ennuient jamais mais, justement, tout le monde ne s'appelle pas Tim Willocks !
Bref... A part ça, j'ai été très agréablement surprise par l'impeccable restitution du contexte ! On s'y croirait et on sent derrière le roman des recherches en béton en amont... Mais Jocelyne Barthel est archiviste, elle a dû être donc, au cours de sa carrière, en contact avec l'Histoire et ses témoins : les sources. Du coup même si Mademoiselle de Pâquelin est son premier roman, on sent une certaine assurance de sa part et j'ai vraiment beaucoup aimé ! Même si le roman est surtout basé sur la romance entre Corine et Quentin, le fait qu'elle soit étayée par un contexte parfaitement décrit ne gâche rien, au contraire ! Et Jocelyne Barthel n'oublie rien : les rivalités fraternelles entre les fils de la toute puissante Italienne, Catherine de Médicis qui continue de tenir le royaume sous sa coupe, les rivalités amicales et amoureuses aussi, la fragilité de Charles IX, les ambitions du duc d'Anjou, futur Henri III, chef du parti catholique et soutenu par sa mère, les heurts avec la jolie Margot, qui a un caractère bien trempé, les subtiles et sournoises politiques de balance pour satisfaire les catholiques comme les huguenots, les alliances qui se font et se défont, les batailles, le massacre de la Saint-Barthélémy...Tout y est ! C'est les films La Reine Margot et La Princesse de Montpensier mélangés ! C'est très vivant, très visuel en un mot, très agréable à lire.
Malgré tout, j'ai fini par trouver le roman extrêmement long et je ne sais pas si 1052 pages étaient nécessaires pour raconter cette histoire... Beaucoup de passages sont superflus et, à mon sens, n'apportent pas forcément à l'intrigue. Mademoiselle de Pâquelin est un bon roman historique, je ne peux pas le nier et d'ailleurs j'ai pris grand plaisir à le découvrir et je suis bluffée par la manière dont l'auteure s'est documentée et a intégré un contexte riche à sa romance. Mais c'est un roman un peu inégal par moments et qui a su me captiver autant qu'il m'a ennuyée parfois. Cette plongée en pleine Renaissance a été passionnante à bien des égards et même si je sors de cette lecture légèrement mitigée, je ne la regrette pas et la conseille aux amateurs de romance un peu compliquée sur fond historique... Si vous n'avez pas peur des happy end et que vous aimez l'Histoire alors cette lecture pourra assurément vous convenir !
La Cour de France sous le règne d'Henri III (peinture de l'école flamande, 1581)
En Bref :
Les + : une réelle plongée dans la France du XVIème siècle, entre fastes, magnificence et chausse-trappes, dans le sillage d'un personnage féminin intéressant et attachant...
Les : ...mais un roman malgré tout très long et un peu inégal. En ce qui me concerne, j'ai alterné entre intérêt et ennui et ma lecture en a pâti.
Thème de janvier « All you need is love », 1/12