• [CET ÉTÉ VOYAGEONS EN LIVRES #7] La Russie

    [CET ÉTÉ VOYAGEONS EN LIVRES #7] La Russie

     

    Bonjour à tous ! Il est déjà l'heure de nous retrouver pour notre avant-dernière escale de l'été : cette semaine je vous propose de partir en Russie, sur les traces de l'un de ses auteurs incontournables, le fameux Léon Tolstoï bien sûr, en nous concentrant sur sa monumentale duologie consacrée à la Campagne de Russie, j'ai nommé, Guerre et Paix.

    Guerre et Paix, le travail monumental d'un romancier faisant presque acte d'historien

    ¤ L'auteur en quelques mots

    Lev Nikolaïevitch Tolstoï, dont le nom a été francisé en Léon Tolstoï, est né le 28 août 1828 à Iasnaïa Poliana, un domaine appartenant à sa mère, où il résidera une bonne partie de sa vie et sera inhumé après sa mort, à l'âge de 82 ans, en novembre 1910. Tolstoï acquiert sa notoriété d'écrivain par le biais de ses romans et nouvelles dans lesquels il dépeint la vie du peuple russe à l'époque tsariste mais aussi grâce à des essais qui fustigent les pouvoirs civils comme ecclésiastiques, ce qui vaudra d'ailleurs à l'auteur d'être excommunié par l’Église orthodoxe russe. Malgré la censure du pouvoir tsariste, qui fait détruire ses manuscrits après sa mort, Tolstoï est un auteur dont le succès ne s'est jamais démenti et dont la renommée est aujourd'hui mondiale.

    ¤ La campagne de Russie vue par les yeux d'un Russe : loin de la propagande napoléonienne, la réalité nue du conflit

    Si c'est avec Anna Karénine que l'auteur connaît enfin le succès et la célébrité en 1877, son œuvre la plus connue reste probablement Guerre et Paix, roman-fleuve publié en feuilleton dans Le Messager russe entre 1865 et 1869. Plaçant son intrigue dans le contexte troublé du début des années 1810, Léon Tolstoï y narre l'histoire de la Russie à l'époque de Napoléon Ier et notamment la campagne de Russie de 1812, dont les événements marquants sont très connus : l'incendie de Moscou, la retraite des troupes françaises dans l'hiver russe et les terribles pertes, le fameux franchissement de la Bérézina, cette rivière qui a donné en français un nom commun synonyme d'une grande catastrophe, d'un grand désastre...

    Dès sa publication, le roman Guerre et Paix (qui compte 1572 pages) rencontre un très grand succès, ce qui surprend l'auteur qui confiera même à l'un de ses amis qu'il s'attendait plutôt à ce que cette œuvre passât inaperçue. Mais la richesse et le réalisme des détails, ainsi que les nombreuses descriptions psychologiques des différents personnages, le font très vite considérer généralement comme un roman majeur de l'histoire de la littérature, ce qu'il est toujours aujourd'hui.

    Si le roman s'attarde longuement sur la campagne de Russie, menée par un Napoléon Ier au sommet de son pouvoir, sur les batailles qui l'ont émaillée comme celle de Borodino (que l'on appelle en France la bataille de La Moskova), sur la stratégie de Koutouzov et les conditions de vie des soldats, l'auteur aborde en réalité dans son roman de nombreux sujets alors très en vogue et susceptibles de captiver les lecteurs qui découvrent Guerre et Paix dans le journal : ainsi, l'auteur aborde la question du servage, pas encore aboli en Russie dans les années 1810, la guerre bien évidemment mais aussi les sociétés secrètes. Sur ce contexte riche et varié, vient s'ajouter une pléiade de personnages, si vaste qu'il est difficile d'y trouver véritablement un héros, même si le personnage dont les apparitions sont les plus récurrentes et sans nul doute Pierre Bézoukhov, ami du charismatique prince André Bolkonsky. On peut citer aussi comme personnage féminin principal la jeune comtesse Natacha Rostova, fille du comte Ilia et de la comtesse Natalia, au début du roman jeune fille romantique et fleur bleue mais qui perd au fil des événements son innocence et traverse des épreuves qui sont source pour elle de nombreuses souffrances. Fiancée avec le prince André qui se montre très amoureux, elle le trahira avant que celui-ci ne lui accorde finalement son pardon aux portes de la mort. Natacha et Pierre finiront par trouver le bonheur domestique ensemble, après bien des rebondissements.

    Guerre et Paix est une description fine de la société russe au début du XIXème siècle, sous le règne du tsar Alexandre Ier, né en 1777 et qui était le petit-fils adoré et protégé de la grande Catherine II. Il est surtout connu pour avoir été l'adversaire de Napoléon Ier et, en quelque sorte, l'instrument de sa fin puisque le règne de l'Empereur des Français, marqué par des victoires récurrentes et fulgurantes commence à décliner après la désastreuse campagne de Russie, où environ 291 000 soldats français perdent la vie : avec les pertes des alliés de Napoléon Ier dans le conflit contre la Russie, le chiffre monte à 600 000 soldats morts, ce qui est absolument colossal. Le peintre Delacroix a d'ailleurs peint une toile représentant un soldat de la Grande Armée perdu dans une forêt russe, sans cheval et enfoncé dans la neige dont on comprend en filigrane le destin funeste, cet homme perdu étant irrémédiablement voué à la mort. A partir de là, l'Empire français s'enfonce inexorablement dans un déclin dont le point final, après quelques soubresauts, est Waterloo, en juin 1815 et l'emprisonnement définitif de l'ex-empereur Bonaparte à Sainte-Hélène.

    Polyphonique, faisant se rencontrer des personnages tant historiques que complètement fictifs, Tolstoï fixe en quelque sorte dans Guerre et Paix le plan du roman historique tel qu'on le pratique encore aujourd'hui.

    Premier bilan de Guerre et paix : jusqu'ici tout va bien

     

    Clin d’œil

    ¤ Le mystère Alexandre Ier

    Alexandre Ier (empereur de Russie) — Wikipédia

    Alexandre Pavlovitch Romanov est né le 12 décembre 1777 à Saint-Pétersbourg. Fils du tsarévitch Paul et de son épouse, la princesse Sophie-Dorothée de Wurtemberg, il est le petit-fils de Catherine II, la très célèbre tsarine de Russie du XVIIIème siècle, considérée bien souvent à l'instar de Marie-Thérèse d'Autriche ou Frédéric II de Russie comme un despote éclairé.

    Il accède au pouvoir en 1801, après qu'un complot a mis fin au règne paranoïaque et violent de Paul Ier, le père d'Alexandre. Ce dernier monte sur le trône des tsars sous le nom d'Alexandre Ier.

    En politique extérieure, il se heurte vite aux velléités de l'Empereur des Français, Napoléon Ier, avec lequel il signe la paix de Tilsit en 1807 : cela n'empêchera pas Napoléon de lancer la campagne de Russie en 1812 et de s'avancer jusqu'à Moscou, que ses troupes incendieront. Mais Alexandre Ier doit également combattre sur ses frontières avec la Suède ou, plus au sud, affronter l'Empire ottoman et la Perse. Victorieux, le tsar peut cependant repousser les frontières de son pays et, sous son règne, la Russie devient un Empire puissant, comptant sur la scène internationale.

    En politique intérieure, le tsar tente d'abord d'instaurer des lois inspirées de ses idées libérales mais il reste malgré tout un autocrate. A mesure qu'il vieillit, le mysticisme du tsar grandit, ce qui le pousse à renier ses idées de jeunesse. Alexandre Ier meurt à l'automne 1825 à Taganrog, dans le Caucase. Cette mort loin de la capitale russe va alors alimenter des rumeurs de survivance du tsar, comme la Russie en est souvent coutumière (on peut penser aux faux Dimitri durant le Temps des Troubles à l'époque moderne puis aux fasses Anastasia, après la mort de la famille du tsar en 1918) : et si le tsar n'était pas réellement mort à Taganrog mais avait voulu le faire croire ? Le tsar se serait alors retiré dans un monastère isolé dans la région de Tomsk, peut-être sous le nom de Fiodor Kouzmitch, comme l'insinue par exemple au XXème siècle Maurice Paléologue, l'empereur de France en Russie.

    Cette légende d'un tsar se faisant passer pour mort pour renaître mystérieusement sous l'identité d'un starets a été popularisée par Tolstoï, qui l'évoque dans son roman Mémoires du starets Fiodor Kouzmitch. Cette histoire se voit accorder un supplément de crédit lorsque la tombe pétersbourgeoise d'Alexandre Ier est finalement ouverte officiellement sous le règne d'Alexandre III et s'avère être...vide !

    En juillet 1995, des fouilles ont été effectuées à Tomsk, le lieu de vie supposé du dernier tsar Alexandre Ier, sous le nom de Fiodor Koutzmitch. La tombe de ce dernier a bien été retrouvée, après qu'elle a été recouverte par une décharge à l'époque soviétique. Si Alexandre et Fiodor ne font qu'un, alors le tsar aurait vécu jusqu'à l'âge vénérable de 87 ans, puisqu'il serait mort en février 1864. Seules la science pourrait aujourd'hui dissiper les derniers doutes, en procédant à des analyses ADN...en attendant, le mystère reste entier même s'il semblerait que la rumeur d'une survivance du tsar ne soit qu'une légende, sans aucun fondement historique.

     

     

     

     

     

     

     

     



  • Commentaires

    1
    Lundi 19 Août à 22:48

    J'ai bien évidemment "Anna Karénine" et "Guerre et paix" dans ma wish-list mais j'attends d'avoir du temps devant moi pour me lancer dans ces pavés... mais je pense que je ne le regrettais pas !

    Je ne connaissais pas ces soupçons sur la fin de vie d'Alexandre Ier alors cela m'intrigue beaucoup...

      • Mardi 20 Août à 10:14

        Non, je pense effectivement que tu ne le regretteras pas du tout mais tu as raison, il faut du temps devant soi pour bien profiter de ces lectures ou au moins quelques heures par semaine pour s'y plonger, sinon on ne peut pas en profiter réellement...ce n'est pas le genre de livres dont on peut lire trois ou quatre pages et les reposer. Sinon, on finit par s'y perdre, parce que Tolstoï est amateur de digressions. Mais ça reste passionnant. J'avoue pour ma part une petite préférence pour Guerre et Paix, peut-être parce que le contexte historique y est plus présent. yes

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :