• Le pays des autres, tome 2, Regardez-nous danser ; Leïla Slimani

    « Mathilde comprit alors que toute sa vie, son mari aurait peur qu'on lui arrache ce qu'il avait conquis. Pour lui, tout bonheur était insupportable puisqu'il l'avait volé aux autres. »

    Couverture Le pays des autres, tome 2 : Regardez-nous danser

     

     

     

         Publié en 2023

      Editions Folio

      412 pages

      Deuxième tome de la saga Le pays des autres

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    « Il semblait que la colonisation n'avait été rien d'autre qu'un malentendu, une erreur dont les Français à présent se repentaient et que les Marocains faisaient semblant d'oublier. »

    Maroc, 1968 : tandis que Mathilde s'occupait du foyer, Amine est parvenu à faire de son domaine aride une entreprise florissante. Ils appartiennent désormais à une bourgeoisie qui prospère, fait la fête et croit en des lendemains heureux. Mais le retour de leur fille Aïcha, partie étudier en France, fait voler en éclats le glacis d'apparence qui figeait cette famille. Le modèle d'émancipation qu'ils croyaient incarner depuis l'indépendance n'est-il qu'une illusion ?
    Après Le pays des autres, Regardez-nous danser poursuit une fresque familiale vibrante d'émotions et de personnages inoubliables. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Nous sommes en 1968. Le Maroc est désormais indépendant, le roi Hassan II est au pouvoir. Mathilde et Amine Belhaj, quant à eux, sont désormais les propriétaires d'une ferme prospère, qui emploie de nombreux ouvriers. Ils font partie d'une petite bourgeoisie pour laquelle l'avenir semble souriant et optimiste - pourtant, Amine reste hanté par l'idée que ce bonheur n'est pas mérité et vit dans la peur de se voir un jour dépossédé de ce qu'il a créé en travaillant d'arrache-pied, parce que son aisance et sa réussite l'assimilent aux colons.
    Leurs enfants, Aïcha et Selim, ont grandi : la jeune fille est désormais étudiante en médecine en France où, dans un pays aux préjugés encore coloniaux et racistes, il lui est difficile de se faire véritablement une place. Mais travailleuse et déterminée, Aïcha arrivera à bout de ses études de médecine avant de rentrer exercer dans son pays d'origine. Quant à Selim, le jeune homme a du mal à se faire une place dans une famille où il se sent un peu à part, un peu en trop. La rencontre d'une jeune hippie danoise en partance pour Essaouira va changer sa vie à tout jamais.
    Avec Regardez-nous danser, l'autrice franco-marocaine Leïla Slimani continue d'explorer son histoire familiale, qu'elle raconte pudiquement sous la forme d'un roman. Ainsi, Mathilde et Amine sont les propres alter ego de ses grands-parents maternels : Lakhdar Dhobb, spahi marocain ou algérien engagé dans les troupes coloniales et qui participe à la libération de l’Alsace en 1944 et Anne Ruetsch, originaire du village de Blotzheim, dans le Haut-Rhin. Comme Mathilde dans le roman, Anne Ruetsch a donc suivi son mari dans son pays, à Meknès plus précisément où elle va devoir apprendre une toute nouvelle vie. Ils seront les parents de la mère de Leïla Slimani, Béatrice-Najat Dhobb-Slimani, médecin comme l'est Aïcha dans le roman.
    Dans Le pays des autres, dont j'avais attendu la lecture avec impatience, j'avais été un peu déçue, notamment par la distance entre lecteur et personnages qui ne se comble pas au cours de la lecture. J'étais restée relativement en retrait et ne m'étais pas attachée à eux, ni à Mathilde, ni à Amine, ni même aux enfants. J'avais trouvé aussi que le contexte historique et même le quotidien du Maroc des années 1940 et 1950 n'était peut-être pas assez présent, même si l'autrice décrivait bien la situation particulière de Mathilde, suscitant la méfiance des Marocains comme celle des Français, pour la même raison d'ailleurs : les premiers ne comprennent pas pourquoi cette Française a épousé des leurs et les colons sont scandalisés de voir une compatriote se marier avec un Marocain et vivre selon les coutumes du pays et non pas à l'occidentale. Quant aux enfants, Aïcha et Selim, ils sont en quelque sort des « sang-mêlés », ni tout à fait marocains, ni tout à fait français. Ainsi, dans les années 1960, Aïcha devra faire face à une certaine méfiance voire à une hostilité ouverte dans un pays qui pourtant est un peu le sien et Selim, lui, qui ressemble à sa mère et a hérité de sa blondeur et de ses yeux clairs est parfois regardé avec ironie lorsqu'il dit qu'il est Marocain.
    Ici, le contexte politique est un peu plus présent et j'ai beaucoup aimé découvrir ce que l'autrice, dans sa postface, appelle les Années de plomb. Le protectorat français n'existe plus, même si certains sont restés. Le pouvoir est entre les mains du roi Hassan II, qui règnera jusqu'en 1999 mais son pouvoir est contesté. Ainsi, en 1965, une répression terrible est orchestrée après les émeutes et les manifestations du Rif et de Casablanca. En 1971, le roi est victime d'une tentative de coup d'Etat mené par son armée, le 10 juillet.
    C'est dans ce contexte que les enfants Belhaj deviennent adultes : Aïcha, par le biais de l'une de ses amies, rencontre Mehdi, qui veut devenir écrivain tandis que Selim se noie dans la frénésie hippie qui s'est emparée du Maroc, faisant de la ville d'Essaouira (l'ancienne Mogador) un vrai point de ralliement d'où l'on vient du monde entier (Europe, Etats-Unis). Pour certains, Essaouira est une halte avant de repartir vers Katmandou, au Népal, la fameuse ville des hippies. Pour d'autres, c'est un terrain de jeu et de fêtes sans fin, où l'on prône l'amour libre et la consommation de stupéfiants.
    Je me suis sentie beaucoup plus vite plongée dans l'atmosphère de ce roman que dans celle du Pays des autres, peut-être parce que je connaissais déjà les personnages et qu'ils me paraissaient assez familiers. J'ai passé un très bon moment et, lorsque je disais dans ma chronique du premier tome en 2022 que je lirai la suite avec plaisir, je ne me suis pas trompée. Le roman est vraiment excellent, très bien écrit, les mots coulent tout seuls et sont fluides, on s'en délecte vraiment et je n'ai pas vu le roman passer, au contraire. Je ne me suis pas plus attachée aux personnages que dans le premier tome, cela dit : Mathilde, par exemple, reste relativement insondable. C'est un personnage que le lecteur a du mal à cerner mais enfin, cela ne m'a pas dérangée. J'ai apprécié suivre Aïcha, devenue étudiante et qui s'ouvre au monde, pétrie de deux cultures bien différentes : celle du Maroc et celle dans laquelle elle se fond en devenant étudiante en France.
    Vraiment j'ai trouvé cette lecture des plus agréables, j'aurais pu facilement lire une centaine de pages de plus et j'en suis absolument ravie.

    En Bref :

    Les + : j'ai été beaucoup plus prise par ce deuxième volume, que j'ai trouvé un peu plus fluide, plus touchant. Toujours rien à dire sur l'écriture, maîtrisée et particulièrement savoureuse. 
    Les - :
    pas vraiment de points négatifs à soulever cette fois et j'en suis ravie. 


    Le pays des autres, tome 2, Regardez-nous danser ; Leïla Slimani

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

    • Mon avis sur le premier tome du Pays des autres est à retrouver juste ici

     


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