• Les dames de Brières, tome 2, L'étang du diable ; Catherine Hermary-Vieille

    « La vie est si insidieuse. Les choses se présentent sans qu’on en appréhende vraiment le pourquoi et le comment. Rien n’est impardonnable. »

    Couverture Les Dames de Brières, tome 2 : L'Étang du diable

     

     

     Publié en 2001

     Éditions Le Livre de Poche

     412 pages 

     Deuxième tome de la saga Les Dames de Brières

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Au coeur de la campagne creusoise, l'élégant domaine de Brières a toujours fasciné et inquiété à la fois. Là, au XIVe siècle, trois femmes accusées de sorcellerie furent brûlées. Une malédiction pèse-t-elle toujours sur celles qui y vivent, surtout quand leur volonté d'indépendance et leur tempérament passionné leur valent la hargne d'un monde dominé par les hommes ?
    Le destin de Valentine Fortier, conté dans Les dames de Brières, se prolonge ici à travers une autre génération, qui traverse l'Occupation et l'après-guerre : celle de Renée, la fille de Valentine, qui a voulu fuir le domaine familial et frayer son chemin à Paris ; celle de Colette, à qui son idée de la liberté amoureuse a valu les outrages de la Libération.
    A Brières, dans un très vieux grimoire, gît sans doute le secret de l'étang du Diable. Un secret qu'il leur faudra bien parvenir à déchiffrer un jour...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Le majestueux domaine de Brières, aux confins du Berry et de la Creuse avait su, malgré sa décrépitude, séduire un jeune couple au début du XXe siècle : Jean-Rémy Fortier et sa jeune et fantasque épouse Valentine de Naudet s’étaient portés acquéreurs du domaine en friche et l’avaient sorti de son long sommeil…mais ce faisant, ils avaient révélé aussi un pan bien plus sombre de Brières, construit à l’emplacement où, plusieurs siècles auparavant, à la fin du Moyen Âge, avaient péri trois femmes, trois marginales accusées de sorcellerie par les habitants du village. Depuis, il semblerait qu’une sorte de malédiction frappe Brières, envoûtant certains, en repoussant d’autres ou leur portant malheur.
    Si Jean-Rémy et Valentine ont, à leur manière, fait l’expérience de la malédiction de Brières, alors que le siècle avance, les générations peu à peu, se succèdent et des Fortier ne restent bientôt que deux représentantes : Renée, la fille de Jean-Rémy et sa cousine Colette. Les deux jeunes filles, d’âges assez semblables, sont pourtant très dissemblables. Renée est restée une vraie terrienne, que la vie à Paris ennuie et ne la rend pas heureuse, tandis que Colette, au contraire, est fantasque et travaille chez Chanel comme couturière, aspirant à une vie mondaine et facile. L’une est très jolie, charismatique, tandis que l’autre est beaucoup plus terne et effacée. Pourtant, les deux cousines s’aiment et se soutiennent, malgré les épreuves qu’elles vont traverser. Revenue à Brières, Renée décide de relever le domaine, relançant la production agricole, effectuant travaux et rénovations. En parallèle, Colette se lance à son compte, loue un local rue du Faubourg-Saint-Honoré et prend un amant.
    Mais bientôt, la guerre et ses bouleversements reviennent. A Brières, Renée, désormais mariée et mère de deux enfants, doit faire face à un domaine qu’elle doit maintenir à flots mais qui périclite tandis que Colette se lance dans une relation imprudente avec un dignitaire de la Wehrmacht.
    Et toujours, Brières reste un trait d’union entre elles, un lieu qui ancre Renée dans une vie terrienne, laborieuse et sans surprise et repousse Colette tout en l’attirant. Les dames de Brières ne seraient-elles donc pas qu’une légende ?
    Se déroulant sur plus de vingt ans, L’étang du diable explore les destinées des deux dernières Fortier, Renée et Colette, respectivement filles de Jean-Rémy et de Raymond, découverts dans le premier tome. Ici, l’aspect un peu « surnaturel » de la saga est un peu moins présent. L’autrice se concentre essentiellement sur la description de la vie rurale à l’époque, entre les années 1920 et les années 1940, dans un grand domaine où la mécanisation peine à s’installer, où les intempéries et les fluctuations économiques peuvent apporter un coup d’arrêt net. Au contraire, la vie de Colette Fortier semble beaucoup plus superficielle, faite de mondanités, de champagne, de légèreté et de superficialité mais on se rend compte que la jeune femme, même si la vie semble lui sourire, est en réalité très fragile, marquée dans son enfance par l’échec du mariage de ses parents puis par leur disparition. De son côté, Renée se débat avec un manque de confiance, due notamment à un physique moins attirant que celui de sa cousine, se comparant sans cesse avec sa flamboyante et papillonnante mère, Valentine, qui n’a jamais su la comprendre et avec laquelle elle n’a jamais pu s’entendre.
    Cependant, la légende des Dames de Brières est toujours présente en filigrane, inquiétante sans l’être. On peut effectivement se demander si les lieux ne gardent pas une trace des événements qui s’y passent, surtout des événements traumatiques comme celui qui secoue Brières à la fin du XIVe siècle quand, en 1388, trois femmes du village sont accusées, par la malveillance et la misogynie ambiantes, d’être des sorcières, sous prétexte qu’elles ne vivaient pas comme toutes les femmes de leur époque.
    J’ai apprécié cette lecture très immersive. On a l’impression d’être à Brières, dans les pas de Renée et de tous les habitants. La présence de l’étang des Dames est assez hypnotique, envoûtante et met le récit dans une sorte d’intemporalité contrebalancée par un contexte historique très bien restitué, même s’il y a peu de dates et qu’on ne sait pas exactement à quel moment nous nous trouvons. En somme, cette présence somme toute assez « rationnelle » de quelque chose qui n’est pas censé l’être est assez habile et subtil : on est loin des intrigues « à l’américaine » avec maison hantée et esprits frappeurs ! Ici, nous serions plus dans un roman d’ambiance, avec pour toile de fond un vieux domaine, comme les auteurs britanniques peuvent parfois nous en offrir – la seule différence c’est qu’au lieu d’être dans un manoir au fin fond de la campagne anglaise, ici nous sommes dans une région sauvage et rurale de la France du début du XXe siècle, entre le Berry, la Brenne et la Creuse.
    Comme lors de ma lecture du premier tome, qui était en réalité une relecture, j’ai eu l’impression que cette redécouverte avait un relief différent. Je me suis sentie beaucoup plus investie et j’ai vraiment eu l’impression de rencontrer Renée et Colette : je pense que je n’avais pas exactement pris conscience de qui elles étaient toutes deux lors de ma première lecture, qui remonte à près de quinze ans. J’ai pris aussi un grand plaisir à retrouver la plume de Catherine Hermary-Vieille, fine et agréable à lire.
    Une relecture qui tient ses promesses et qui me ravit jusqu’ici. J’ai déjà hâte de lire le troisième tome et retrouver les sortilèges de Brières.

    En Bref :

    Les + : on se laisse peu à peu happer par l'ambiance particulière et un peu angoissante de ces livres. Une redécouverte encore meilleure que la première lecture, sans nul doute.
    Les - : pas vraiment de points négatifs à soulever.


    Les dames de Brières, tome 2, L'étang du diable ; Catherine Hermary-Vieille

        Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle 

    • Envie de vous immerger dans l'ambiance brumeuse et mystérieuse de cette saga ? Découvrez ici mon avis sur le tome 1 :

    - Les dames de Brières

     

     


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