• Le pays des autres, tome 1 ; Leila Slimani

     « Elle l'amusait, lui qui ne savait pas rire avec ses dents, qui mettait toujours ses mains mains devant sa bouche comme s'il trouvait que la joie était, de toutes les passions, la plus honteuse et la plus impudique. »

    Couverture Le pays des autres

     

     

     

      Publié en 2021

      Éditions Folio

      407 pages 

      Premier tome de la saga Le pays des autres

     

     

       

     

     

    Résumé :

    « "Ici, c'est comme ça.
    Cette phrase, elle l'entendrait souvent. A cet instant précis, elle comprit qu'elle était une étrangère, une femme, une épouse, un être à la merci des autres. »

    En 1944, Mathilde tombe amoureuse d'Amine, un Marocain venu combattre dans l'armée française. Rêvant de quitter son Alsace natale, la jeune femme s'installe avec lui à Meknès pour y fonder une famille. Mais les désillusions s'accumulent : le manque d'argent, le racisme et les humiliations fragilisent leur couple. Dans ce pays ambivalent, qui réclame une indépendance que les hommes refusent pourtant aux femmes, Mathilde réussira-t-elle à poursuivre sa quête de liberté sans heurter ceux qu'elle aime ?

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    1944, en Alsace. La jeune Mathilde rencontre Amine, soldat marocain enrôlé dans l’armée française. Ils tombent amoureux et se marient.
    Après la guerre, Mathilde rejoint Amine au Maroc, à Meknès, où désormais ils vont vivre. Élevé dans une famille marocaine traditionnelle mais influencé par son service dans l’armée coloniale, Amine a des projets, il voit grand. Sa ferme, sur les hauteurs de Meknès, où il s’installe avec sa jeune épouse et dans laquelle bientôt, ils vont élever deux enfants, il veut la faire grandir, la faire concurrencer avec celle des colons.
    Quant à Mathilde, qui souhaitait tant quitter l’Alsace, une sœur aînée étouffante, une vie sans beaucoup de perspectives réjouissantes, elle découvre un pays rude, complexe où, bientôt, elle n’appartiendra ni aux uns, ni aux autres : pour les colons français, elle est celle qui a dérogé, en épousant un indigène. Pour les Marocains, malgré son mariage avec Amine, elle reste la Française, dont l’ennemie et ses enfants des « sang-mêlés ». Et alors que les velléités d’indépendance se font de plus en plus fortes, Mathilde sent bien qu’elle n’est plus vraiment de là-bas et pas vraiment d’ici, d’autant plus que, malgré l’ouverture d’esprit d’Amine, elle se heurte encore à des réflexes traditionalistes très forts.
    Ce premier tome du Pays des autres (une suite est déjà publiée chez Gallimard, en grand format) nous emmène donc au Maroc, à la fin des années 1940 puis dans les années 1950, alors que les mouvements pour l’indépendance commencent dans le pays – le protectorat prendra fin en 1956, bien plus pacifiquement qu’en Algérie, même si le pays a connu des émeutes et des attentats.
    Les personnages d’Amine et de Mathilde Belhaj sont inspirés de personnages réels : les grands-parents maternels de Leila Slimani, Lakhdar Dhobb, spahi marocain ou algérien, qui participe à la libération de l’Alsace en 1944 et Anne Ruetsch, originaire du village de Blotzheim, dans le Haut-Rhin. Après la guerre, la jeune Française ira s’installer au Maroc avec son mari. Elle est l’une des rares non-Marocaines décorée de l'ordre du Ouissam alaouite, une des plus hautes distinctions accordées par le roi du Maroc. C’est donc sa propre histoire familiale, sous couvert de fiction, que raconte ici la romancière.
    Le pays des autres était mon premier Leila Slimani et j’étais très excitée à l’idée de commencer ce roman : le sujet, le résumé…il y avait quelque chose qui me plaisait vraiment dans cette lecture et j’avais hâte de la commencer.

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    Finalement…je dirais que la sauce n’a pas autant bien pris que je ne l’espérais, pour parler trivialement. J’ai passé un très bon moment de lecture et je lirai avec plaisir la suite. Mais j’avoue ne pas avoir forcément retrouvé tout ce que j’attendais au démarrage de ma lecture : par exemple, je m’attendais à me sentir davantage immergée dans la culture marocaine, qui est certes présente mais finalement pas tant que ça et qui transparaît surtout dans les traditions, dans la fameuse fin de non-recevoir que se voit souvent opposer Mathilde, comme une litanie : « ici, c’est comme ça ». Mais à la limite, ce n’est pas forcément ce qui m’a le plus manqué… le roman décrit quand même assez bien les paysages, on se représente plutôt bien les différents lieux. Peut-être aurais-je aimé encore plus toucher du doigt la culture marocaine mais bon, ce n’est pas très grave. Ce qui m’a le plus gênée – et là pour le coup c’est quelque chose de totalement subjectif - c’est le fait que je n’ai pas du tout, mais pas du tout réussi à m’attacher aux personnages : ni Amine, ni Mathilde, ni même les enfants n’ont réussi à me faire sentir proche d’eux, alors qu’ils un côté assez touchant, malgré tout. Mathilde et Amine s’aiment, mais entre celui qui aime, mais ne sait pas le dire et donc, donne l'impression d'aimer mal et celle qui aime trop, avec trop d'effusion, trop de cris et trop de larmes, l’union se découd peu à peu, entre violentes altercations, reproches et amertumes non formulées de part et d’autre. Les difficultés de la vie quotidienne rattrapent bien vite le couple qui s’est aimé la première fois dans l’euphorie d’une libération, après cinq ans d’une guerre interminable. Mathilde a cru fuir un quotidien trop fade pour une vie plus aventureuse mais elle ne trouve finalement au Maroc qu’un autre quotidien, une autre vacuité et une hostilité, pour elle ou pour ses enfants, qui est souvent difficilement supportable. On pourrait s’attendre donc, à avoir une certaine compassion ou du moins une compréhension pour elle, mais non, ce n’est pas le cas. Pour en avoir discuté avec une autre lectrice, on en est arrivées à la conclusion que c’est peut-être fait exprès, finalement, car elle a eu le même ressenti que moi. Si cela ne vous gêne pas outre-mesure de ne pas avoir spécialement d’attachement pour les personnages de votre lecture en cours, cela ne vous sautera peut-être pas aux yeux mais pour moi qui aime avoir un minimum de sentiments pour les personnages que je suis, là j’avoue que j’ai parfois été un peu gênée de suivre le déroulement du récit en ayant l’impression de « marcher sur le bas-côté » en quelque sorte. L’histoire de Mathilde et Amine est racontée sans concession, avec une certaine froideur : peut-être est-ce cela d’ailleurs qui m’a un peu perdue, parce que je venais de lire De la part de la princesse morte, de Kenizé Mourad, racontant aussi une histoire familiale, mais avec une véritable chaleur, beaucoup d’amour, ce qui n’est pas forcément le cas ici. On a l’impression que Leila Slimani a transformé ses grands-parents en des objets d’étude, quelque part, et c’est peut-être d’ailleurs volontaire… le fait d’avoir transformé leurs noms fait prendre le pas de l’imaginaire sur le réel très rapidement. J’ai eu beau savoir que je lisais une véritable histoire familiale, je ne l’ai pas autant ressenti qu’en suivant Selma dans De la part de la princesse morte.
    Malgré ça, Le pays des autres n’a pas été une mauvaise lecture, bien au contraire : il m'a fallu du temps pour savoir si oui ou non, j'avais aimé. Comme je le disais plus haut, c’est avec plaisir et intérêt que je lirai la suite, Regardez-nous danser, lorsqu’elle paraitra en poche. Certes, il m’a manqué quelque chose et je ne me suis pas totalement retrouvée dans cette lecture…mais j’ai aimé la plume de Leila Slimani, qui sait se faire douce, tendre, plus incisive ou triviale au besoin. Et les personnages, malgré cette distance apparente ont parfois des fulgurances qui nous font, fugacement, les comprendre. Un beau roman, à conseiller si vous aimez les romans familiaux sur fond de grande Histoire.

    En Bref :

    Les + : j'ai aimé ce roman pour son aspect historique et son côté saga familiale dans le Maroc des années 1950, alors que l'indépendance est proche... 
    Les - :
    ...mais gros bémol, et à mon grand regret, je n'ai réussi à m'attacher à aucun des personnages et j'ai donc eu l'impression d'être un peu indifférente à leur sort par moments.

     


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     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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