• Les Dames de Brières, tome 1 ; Catherine Hermary-Vieille

    « A Brières, les réalités étaient incertaines. Seule l'âme humaine y avait une vérité, simple et brutale. »

    Les Dames de Brières, tome 1 ; Catherine Hermary-Vieille

     

     

     

     Publié en 2001

     Éditions Le Livre de Poche

     446 pages 

     Premier tome de la saga Les Dames de Brières

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Quelle étrange fatalité pèse sur le domaine de Brières, en particulier sur les hommes qui l'habitent ? Est-il vrai que l'on aperçoit, près de l'étang voisin, les trois femmes qu'on y brûla en 1388 sous l'accusation de sorcellerie ? 
    Lorsque, au début de ce siècle, Valentine achète le domaine et s'y installe avec son mari écrivain, elle n'a cure de ces légendes. Pourtant, l'amour qu'elle éprouve pour Jean-Rémy et pour leur fille ne suffira pas à la combler. Tourmentée, bientôt fugitive, Valentine sentira peser sur elle, mystérieusement, la malédiction des Dames de Brières...
    Dans ce premier volume d'une trilogie qui traversera notre siècle, Catherine Hermary-Vieille déploie le talent de conteuse, le sens du mystère, la fascination pour les destinées passionnées qui ont fait le succès du Rivage des adieux. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    1388. Aux confins du Limousin et du Berry, dans un petit village reculé, trois femmes sont victimes de la vindicte populaire : soupçonnées d'être des sorcières et d'attirer le mauvais œil sur le village, Denise, sa fille Étiennette et sa petite-fille Margot, aussi belle que sauvage, le paieront de leur vie. 
    Plusieurs siècles plus tard, au début du XXème siècle, Valentine et Jean-Rémy Fortier, de jeunes mariés, tombent sous le charme du domaine de Brières, en Creuse où ils ont tous deux de lointaines attaches familiales. Abandonné, le château a connu des jours tristes et notamment une centaine d'années plus tôt, la disparition étrange du fils des propriétaires. Dans ce village creusois, on est pas loin de considérer Brières comme un lieu maudit où forces du Bien comme du Mal cohabiteraient depuis des temps immémoriaux...mais il en faut plus pour décourager les deux jeunes gens qui s'attachent à Brières et le font restaurer avant de s'y installer. 
    Et pourtant, Valentine semble insatisfaite. Elle qui a tout n'en est pas heureuse pour autant et commence vite par s'ennuyer auprès de Jean-Rémy, dont les ambitions d'écrivain sont déçues. Peu à peu, ils vont s'éloigner et la naissance de leur fille Renée, trop semblable à son père, ne les réunira pas, au contraire. Et si les Fortier étaient victimes de la malédiction de Brières ? C'est ce que leur bonne, originaire du village, est en tout cas toute prête à croire - cette ambiance m'a d'ailleurs un peu évoqué les débuts de Outlander, quand Claire et Frank arrivent à Inverness et se confrontent, dans une époque de rationalité et de science toute puissante à des croyances ancestrales et encore solidement ancrées dans le quotidien des locaux. 
    Cette trilogie de Catherine Hermary-Vieille, connue notamment pour ses romans historiques, n'est pas une découverte pour moi puisque j'ai l'ai lue une première fois il y a un peu plus de dix ans. Après avoir découvert La marquise des ombres (biographie romancée de Marie-Madeleine de Brinvilliers) mais aussi Les années Trianon et j'en passe, de fil en aiguille, j'en suis arrivée à m'intéresser à cette série qui m'avait un peu évoqué les romans champêtres de George Sand, inspirés des légendes rustiques et ancestrales du Berry
    J'avais le souvenir que les sorcières étaient plus présente alors que finalement, seuls les premiers chapitres du roman se passent en 1388 : nous nous trouvons confrontés à une petite communauté reculée, perdue en pleine campagne. Nous sommes à la fin du XIVème siècle, un temps d'incertitudes et de troubles politiques et religieux en Europe : en 1337, une guerre de succession a éclaté entre l'Angleterre et la France, la première revendiquant le trône de la seconde. En 1348, une pandémie inédite a déferlé sur l'Europe, tuant près de la moitié de sa population : c'est la peste noire qui ne cessera de revenir en résurgences plus ou moins violentes au cours des siècles suivants. Enfin, l'Eglise se déchire en un schisme qui a vu la papauté se diviser et qui ne cessera qu'au début du siècle suivant.
    Si en cette fin de XIVème siècle, la chasse aux sorcières n'existe pas encore réellement et ne sera véritablement théorisée qu'au siècle suivant, les sorciers et autres magiciens sont souvent volontiers considérés comme les auteurs des calamités qui surviennent dans les villes et les villages. Et celui où vivent Denise, sa fille et sa petite-fille est justement la proie à des catastrophes successives : morts d'enfants en bas âge, maladies inexpliquées, morts mystérieuses du bétail, fléaux climatiques qui compromettent les récoltes. Et les boucs-émissaires sont tous trouvés : ces trois femmes marginales, qui vivent en périphérie du village au milieu de leurs bêtes sont dangereuses parce qu'elles se sont octroyé le droit de vivre différemment, parce qu'elles font peur, parce qu'elle sont incomprises et que l'incompréhension suscite souvent la méfiance. Pour sauver le village, on va les sacrifier
    Nous ne retrouvons Brières que cinq cents ans plus tard : le village est toujours perdu au fin fond de la campagne limousine mais son domaine a bien évolué depuis la disparition des sorcières. Un château et un parc ont été aménagés au XVIIIème siècle mais abandonnés après un drame puis occupés par une communauté de religieuses qui en a fait un pensionnat. Valentine et Jean-Rémy se lancent alors avec enthousiasme dans la restauration de Brières. 
    Et pourtant, loin d'assister à l'installation sereine d'un jeune couple dans leur nouveau cocon, jeune couple qui devient une famille, c'est son lent délitement qui nous est donné de voir et non pas, comme on pourrait s'y attendre, son épanouissement : alors que Jean-Rémy se satisfait de sa vie de propriétaire terrien loin de Paris et de l'entreprise familiale, Valentine, malgré son attirance pour Brières et notamment pour son bassin des Dames, qui semble être le lieu qui cristallise toutes les superstitions, ne cessera jamais de s'en éloigner pour se jeter à corps perdu dans une vie tourbillonnante dans les années qui précèdent la Grande Guerre. Revendications ouvrières puis féministes, progrès sont à l'ordre du jour et la jeune femme s'affranchit avec joie des anciens carcans et des obligations du mariage et de la maternité. 
    Sans surprise, personne n'est très heureux dans ce roman d'ambiance particulier, où les destinées des hommes et femmes des années 1900 semblent conditionnées par la tragédie vécue par les trois sorcières, en 1388. Et si Brières, comme le croit fermement Bernadette, la bonne des Fortier, était un lieu marqué du seau du merveilleux, où l'inexpliqué règne en maître ? 
    En reprenant cette lecture, j'avais une petite appréhension : ayant déjà relu un roman de Catherine Hermary-Vieille, j'avais été un peu déçue, le trouvant soudain un peu vieillot, daté. Serait-ce le cas avec Les Dames de Brières, d'autant plus que l'originalité que la trilogie pouvait contenir il y a encore quelques années allait probablement être biaisé par le succès croissant rencontré par la figure de la sorcière dans les romans actuels ? N'aurais-je pas l'impression de lire du réchauffé alors que j'avais vraiment eu le sentiment de lire des romans qui sortaient de l'ordinaire il y a plus de dix ans ? 
    A ma grande joie, ces craintes se sont révélées infondées. Non, Les Dames de Brières n'ont pas mal vieilli, au contraire et c'est avec joie que j'ai retrouvé cet univers qui, quelque part, est un peu précurseur. J'ai même eu l'impression, peut-être, de mieux le comprendre : j'étais beaucoup plus jeune lors de ma première lecture, je crois que j'avais dix-huit ans et peut-être n'avais-je pas envisagé de la même manière ce roman. Les préoccupations des héroïnes n'étaient pas forcément les miennes et peut-être ne les avais-je pas comprises comme actuellement, avec le recul des années. Je me suis en effet sentie plus proche de Valentine et Madeleine, les deux héroïnes et même si je ne voudrais pas, au grand jamais, de leur vie et que, je l'espère, je ferai de meilleurs choix qu'elles, j'ai ressenti une véritable proximité avec elles et, parfois, avec leurs aspirations qui, somme toute, ne sont pas bien différentes des nôtres aujourd'hui, plus de cent ans plus tard
    Peut-être le sentiment d'un roman beaucoup plus marqué par le surnaturel avait perduré parce que c'est quelque chose qui m'avait beaucoup touchée à l'époque alors que finalement ce n'est qu'un aspect du roman parmi d'autres : finalement, j'ai eu l'impression que les sorcières et le paranormal n'étaient que des prétextes pour développer autre chose et n'étaient finalement pas aussi présents que je n'en avais gardé le souvenir. Mais vraiment, ce n'est pas grave : comme je le dis plus haut, Les Dames de Brières est un roman d'ambiance ou surnage toujours quelque chose d'étrange
    Une chose est sûre, c'est que je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin et je suis déterminée maintenant à lire (je l'espère, avant la fin de l'automne), les deux derniers tomes des Dames de Brières

    En Bref :

    Les + : une relecture qui m'aura convaincue une nouvelle fois. Même si j'avais le sentiment que l'inexpliqué était plus présent, ainsi que les mystères, il plane sur ce roman d'ambiance une atmosphère étrange et légèrement envoûtante, entre secrets, mystères, sorcières et superstitions populaires.
    Les - : pas vraiment de points négatifs à soulever. 


    Les Dames de Brières, tome 1 ; Catherine Hermary-Vieille

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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