• [CET ÉTÉ VOYAGEONS EN LIVRES #3] La Provence

    [CET ÉTÉ VOYAGEONS EN LIVRES #3]

     

    Bonjour à tous ! Le mois de juillet avance doucement et il est déjà temps de nous retrouver pour la troisième escale de notre voyage livresque de l'année.

    Après la Scandinavie et l'Angleterre, je vous propose de nous envoler vers une destination beaucoup plus proche puisqu'il s'agit de la Provence. Et avec qui mieux découvrir cette région qu'avec Marcel Pagnol, dont l’œuvre, tant littéraire que cinématographique, est une ode à sa terre natale ?

    Marcel Pagnol ou la célébration de la terre natale

    ¤ Quelques mots sur l'auteur

    Né en 1895 à Aubagne (« au pied du Garlaban au temps des derniers chevriers »), Marcel Pagnol est un écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur. Il a disparu en avril 1974, il y a exactement cinquante ans. Après une enfance et une jeunesse provinciales, Pagnol part étudier à Paris, enseigne pendant quelques années et connaît la célébrité en 1927 avec la pièce Topaze. Puis il créé à Marseille sa propre société de production ainsi que des studios, où seront réalisés de nombreux films, tels qu'Angèle, Regain ou encore, La femme du boulanger. En 1946, il est élu à l'Académie française et dix ans plus tard, s'éloignant du cinéma et des plateaux, il se consacre à la rédaction de ses souvenirs d'enfance puis publie au début des années 1960 les deux tomes de L'eau des collines, devenus de véritables classiques de la littérature française du XXème siècle : Jean de Florette et Manon des Sources.

    ¤ Une œuvre qui fleure bon la lavande, le chant des cigales et la Provence tout entière

    C'est à Marseille que Marcel Pagnol passe l'essentiel de son enfance et de sa jeunesse, au sein d'une famille simple : le père, Joseph, est instituteur, la mère, Augustine, est couturière et s'occupe de ses enfants. Après Marcel, le premier-né, vient un deuxième garçon, Paul puis une petite fille, qui serait toujours appelée la petite sœur, dans les Souvenirs d'enfance.

    Alors que Marcel et Paul sont encore jeunes, les parents achètent une maison sur les hauteurs d'Allauch, non loin du hameau des Bellons : c'est La Bastide Neuve, tant célébrée dans les Souvenirs d'enfance et théâtre de bon nombre d'aventures et de frasques des deux garçons et de leur ami, le petit paysan des Bellons, Lilli, qui apprend notamment au petit citadin qu'est Marcel à chasser dans la garrigue. Tout lecteur de La Gloire de mon père gardera un souvenir ému de la fameuse chasse à la bartavelle dans les collines derrière La Bastide Neuve.

    Après avoir célébré la terre natale par le biais du cinéma, mettant en scène des acteurs aussi incontournables que Raimu ou encore Fernandel, Pagnol consacre la deuxième partie de sa carrière à l'écriture, lui dont les premiers poèmes ont été publiés dans la revue Massilia dès 1910 et rédigé La Trilogie Marseillaise dans les années 1920. La quadrilogie des Souvenirs d'enfance est encore aujourd'hui un incontournable des lectures scolaires, mettant en scène avec une nostalgie heureuse les heures fastes de l'enfance : les relations fraternelles, les bêtises, les amitiés d'enfance, aussi brusques qu'éphémères parfois, les premières amours aussi, décrites avec pudeur et humour dans Le temps des secrets. Avec une écriture visuelle, Pagnol fait ressentir à son lecteur tout un panel de sensations olfactives ou sonores : on entend le criaillement des cigales dans les arbres, par une journée accablée de chaleur, on sent les odeurs de la garrigue, thym, lavande, herbes aromatiques qui poussent sur la terre sèche des collines et que l'on ramasse en toute simplicité pour parfumer les plats qui sentent bon les fins de semaine et les longues vacances loin de la ville.

    Dans L'eau des collines, duologie composée des célébrissimes Jean de Florette et Manon des Sources, l'auteur offre encore une fois une ode vibrante à sa terre natale, en y explorant la question de l'eau, si importante sur ses terres qui peuvent être arides en plein été.

    En un mot, on peut dire que l’œuvre de Pagnol est aujourd'hui indissociable de cette terre qui l'a vu naître et dont il s'est éloigné tout au long de sa vie tout en y revenant sans cesse, la sublimant avec un plaisir non dissimulé. A l'instar de Marius, César, Fanny, Jean de Florette ou encore Manon des Sources, Lilli des Bellons et tous ses autres personnages inoubliables, la région où ils évoluent est aussi un protagoniste à part entière de l’œuvre, sans lequel celle-ci n'aurait probablement pas la même saveur.

    Le massif du Garlaban, personnage à part entière des Souvenirs d'enfance, où Marcel et Lilli des Bellons passent des vacances inoubliables à la fin des années 1900

    • Clin d’œil

    ¤ Jean Giono, l'autre auteur provençal

    Exactement contemporain de Pagnol, Jean Giono est né en mars 1895. Ses nombreuses œuvres, ancrées dans le monde paysan provençal que l'auteur prend plaisir à analyser, abordent aussi des questions plus universelles sur la condition humaine en général. Malgré sa bonne connaissance du monde littéraire de son époque, Giono reste en marge des courants littéraires dominants de l'époque, aimant explorer un tout autre style.

    Giono a essentiellement vécu à Manosque, sa ville natale et sa culture littéraire se fonde notamment sur la lecture des œuvres classiques et si, paradoxalement, il n'a jamais reçu aucun prix littéraire en France, il a été honoré dans les pays anglo-saxons, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni. Peut-être Giono, membre de l'académie Goncourt de 1954 à 1970, a-t-il souffert de sa réputation de simple écrivain régionaliste alors que son œuvre est bien plus vaste et diversifiée que ça, malgré son profond enracinement dans la terre de Provence et ses traditions. Giono s'est également essayé aux essais, en réfléchissant par exemple à à l'art de l'écriture, notamment dans son livre Noé, où il explore la relation entre un romancier et son imaginaire.

    Malgré une attitude controversée et discutable pendant la Seconde guerre mondiale, l’œuvre de Jean Giono connaît une véritable consécration dans les décennies qui suivent, tel Le Hussard sur le toit, publié en 1951. Son roman Regain, publié en 1930, sera adapté au cinéma, en décor naturel par...Marcel Pagnol lui-même, en 1937.

     


  • Commentaires

    1
    Samedi 20 Juillet à 18:30

    Lorsque j'étais au collège et au lycée j'avais adoré découvrir les oeuvres de Marcel Pagnol. Il ne me manque plus qu'à aller en Provence sur les pas de ses personnages maintenant ! En revanche, je n'ai pas souvenir d'avoir déjà lu Jean Giono. Ses oeuvres ne m'attirent pas au premier abord mais j'aimerais bien en lire, par curiosité :-)

      • Dimanche 21 Juillet à 11:25

        Pour ma part, je n'ai jamais lu Pagnol à l'école, je l'ai donc découvert sur le tard mais ce n'est pas plus mal...je trouve ses livres assez nostalgiques, surtout les Souvenirs d'enfance et je ne sais pas si on peut bien le cerner quand on est enfant...voilà peut-être pourquoi beaucoup de gens relisent Pagnol à l'âge adulte après l'avoir découvert enfants. smile J'aimerais beaucoup lire sa Trilogie marseillaise maintenant...je suis toujours sidérée de voir qu'il est difficile de trouver ses livres aujourd'hui alors que bon, Pagnol est quand même une institution... Il faudra que je fouine sur internet, je ne suis pas à l'abri d'une bonne suprise. 

        Concernant Jean Giono, je ne le connais pas non plus...je pense que son oeuvre est un peu plus confidentielle même si Le hussard sur le toit est très connu...il faudrait que je le lise un jour, par curiosité. ^^

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