• La trilogie du Caire, tome 1, Impasse des deux palais ; Naguib Mahfouz

    « La patience est la clé de la délivrance. »

    Couverture La trilogie du Caire, tome 1 : Impasse des deux palais

     

     

         Publié en 1985 en Égypte

      En 2005 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Bayn al-Qasrayn 

      Éditions Le Livre de Poche (collection Biblio)

      665 pages 

      Premier tome de la saga La trilogie du Caire

     

     

     

    Résumé :

    « La rue d’al-Nahhasin n’était pas une rue calme… La harangue des camelots, le marchandage des clients, les invocations des illuminés de passage, les plaisanteries des chalands s’y fondaient en un concert de voix pointues… Les questions les plus privées en pénétraient les moindres recoins, s’élevaient jusqu’à ses minarets… Pourtant, une clameur soudaine s’éleva, d’abord lointaine, comme le mugissement des vagues, elle commença à s’enfler, s’amplifier, jusqu’à ressembler à la plainte sibilante du vent… Elle semblait étrange, insolite, même dans cette rue criante… »
    N. M.

    C’est dans les rues du Caire que Naguib Mahfouz, le « Zola du Nil », a promené son miroir et capté toutes les facettes d’une société égyptienne en pleine évolution. Impasse des deux palais est le premier volume d’une trilogie qui comporte également Le Palais du désir et Le Jardin du passé.
    Naguib Mahfouz est le premier écrivain de langue arabe à avoir reçu, en 1988, le prix Nobel de littérature.

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Il m’aura fallu douze jours tout pile pour « venir à bout » de cette lecture, mais je ne le regrette pas. Pourtant, je fais partie des lecteurs qui aiment aller assez vite : une lecture qui va m’occuper plus de quinze jours finira fatalement par m’ennuyer…j’aime savourer une lecture, certes, mais une moyenne d’une semaine dans un livre me suffit, au risque de voir mon intérêt s’émousser.
    Pourtant, rien de tout cela ne s’est passé avec Impasse des deux palais. Alors oui, je vous mentirais si je vous disais que j’ai toujours été totalement captivée parce que ce n’est pas vrai : il y a des moments où j’ai été moins captivée que d’autres. Pour autant, j’ai passé un très bon moment de lecture, j’ai refermé ce volume avec le sentiment d’avoir fait une réelle et fascinante découverte.
    Naguib Mahfouz, premier prix Nobel de littérature de langue arabe (1988), nous propose ici le premier tome d’une grande fresque historique et familiale dans Le Caire de la fin des années 1910. Nous sommes dans les derniers mois de la Grande Guerre, le pays est occupé par les Anglais – l’Égypte est alors une colonie faisant partie du grand empire colonial britannique – et par les troupes australiennes. Alors que l’Europe marche de nouveau vers la paix, pour l’Égypte va s’ouvrir l’ère des manifestations nationalistes pour l’indépendance.
    L’auteur est né dans cette Égypte qui n’était pas encore indépendante et dans la ville de laquelle on croisait encore des troupes coloniales. Ici, nous faisons connaissance avec la famille d’Ahmed Abd el-Gawwad : ce dernier est un commerçant cairote, relativement prospère. Pieux musulman, il ne délaisse pas pour autant les plaisirs de la vie, tandis que la maison de Bayn al-Qasrayn est le domaine de la mère de famille, la douce et effacée Amina. A l’ombre des moucharabieh évoluent les deux filles de la famille, aussi différentes l’une de l’autre que le jour et la nuit : tandis qu’Aisha, la cadette, n’est que beauté, blondeur et douceur, Khadiga est aussi brune que caustique, dotée d’un nez proéminent et d’une mauvaise langue dont se moquent allègrement ses frères, Yasine, jeune homme de vingt-et-un ans qui vient d’entrer dans la vie active, Fahmi, le cadet, qui poursuit des études de droit et s’enflamme pour les revendications nationalistes et indépendantistes entre la fin de 1918 et le printemps 1919. Entre les mondes masculins et féminins particulièrement distincts, évolue encore le petit Kamal, dix ans, épris d’une tendresse naïve pour sa mère et ses deux grandes sœurs, qu’il admire.
    Le quotidien est réglé au millimètre dans la maison d’Ahmed Abd el-Gawwad, entre la vie publique de jour (le travail, les études, l’école pour les plus jeunes, le rituel du café qui réunit toute la famille) et celle, plus interlope, qui occupe les nuits faites, pour le maître de maison, de beuveries, de « bringues » entre amis et de plaisir pris auprès de femmes qui ne sont pas la sienne, notamment l’almée Zubaïda. La vie des femmes est régie par les tâches domestiques, le soin aux enfants et aux hommes et celle de tous est évidemment scandée par l'omniprésence de la religion musulmane dans le quotidien : appels du muezzin, ombre effilée des minarets qui se découpent contre le ciel, prière du vendredi...
    Si Ahmed Abd el-Gawwad mène joyeuse vie loin de la maison de Bayn al-Qasrayn,dans son particulier, l’homme est la figure écrasante du Commandeur, intransigeante, exigeante, presque terrifiante, tant pour l’épouse très soumise que pour les enfants, dont il ne laisse passer aucune incartade. Ainsi se retrouve-t-il devant un sévère cas de conscience lorsqu’il s’aperçoit que son fils aîné Yasine suit le même chemin que lui, doté de pulsions sexuelles irrépressibles, passant ses nuits entre les bras de filles « faciles » et peu respectables, ayant aussi un penchant significatif pour l’alcool et les beuveries…idem lorsqu’il se rend compte que son cadet Fahmi, lisse et sans histoires, prend en réalité fait et cause pour la cause indépendantiste, participant au nez et à la barbe des troupes britanniques à la distribution de tracts et aux nombreuses manifestations qui éclatent après l’emprisonnement de chefs de file du nationalisme égyptien.
    Ce premier tome est ardu et complexe et il se mérite : ce n’est pas pour rien que Naguib Mahfouz est surnommé le « Zola du Nil » et on comprend dès les premières pages la pertinence d’une telle comparaison, qui n’est nullement galvaudée. Le style est riche, passionnant mais complexe : si vous loupez un mot, vous passez à côté du sens de la phrase, c’est aussi simple que cela. Lire Impasse des deux palais impose de la concentration…vous serez obligé de prendre votre temps pour profiter comme il se doit de cette lecture. En effet, elle est passionnante et il ne faut pas hésiter à ralentir le rythme pour en savourer pleinement les mots. Il m’a certes fallu du temps pour vraiment m’imprégner de cette ambiance particulière et dépaysante (et en même temps très quotidienne, loin des clichés orientalistes que nous pourrions avoir en tête en temps qu’Occidentaux) mais j’ai passé un excellent moment et ne peux que vous recommander chaudement de découvrir l’œuvre de cet auteur méconnu en Europe mais à l’univers d’une incroyable richesse.

    En Bref :

    Les + : pas évident de se lancer dans ce premier volume, qui est une fresque à part entière. Puis on s'y fait, on s'habitue au style, on fait plus ample connaissance avec les personnages...c'est une lecture qui se mérite et il ne faut pas avoir peur de persévérer parce que vraiment, ça vaut le coup.
    Les - : quelques longueurs en milieu de volume.


    La trilogie du Caire, tome 1, Impasse des deux palais ; Naguib Mahfouz

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

     

     


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