• Les dames de Brières, tome 3, La fille de feu ; Catherine Hermary-Vieille

    « Nos actes ne sont déterminés par aucune fatalité. Inutile de s'épuiser à expliquer la vie avant d'avoir eu l'occasion de la vivre. »

     

     

      Publié en 2002

     Éditions Le Livre de Poche

     280 pages

     Troisième tome de la saga Les Dames de Brières 

     

     

     

     

     

    Résumé :

     Depuis le Moyen Âge,  où trois femmes y furent brûlées vives, le domaine de Brières, en Creuse, semble en proie à une malédiction. Valentine, au début du XXe siècle, puis sa fille Renée, héroïnes des deux premiers volumes des Dames de Brières, ont connu des existences tourmentées.
    Françoise, leur fille et petite-fille, subira-t-elle à son tour le maléfice ? C'est dans le Paris des années 1960, où s'éteignent peu à peu les échos de la guerre d'Algérie, que se joue son destin, entre la passion qui l'unit à Christian, député ambitieux, et son métier d'avocate.
    En faisant acquitter, au prix d'un combat juridique sans merci, trois femmes accusées d'avoir pratiqué des avortements clandestins, Françoise ancrera sa vie au cœur de l'émancipation féminine moderne. Mais qui sait si, du même coup, ce n'est pas elle qui aura enfin levé la malédiction de Brières ?

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Au début des années 1960, alors que la France entre dans la modernité effrénée de la société de consommation, Brières fait office de havre épargné, perdu dans sa campagne opulente, entre Creuse et Berry. Le domaine, aménagé à l’emplacement d’un ancien village médiéval marqué par la mort sur le bûcher, en 1388, de trois femmes accusées de sorcellerie, semble depuis marqué par le sceau d’un maléfice, épargnant les femmes mais pas les hommes, qui connaissent des sorts funestes à Brières. D’ailleurs, après Valentine, qui acheta le domaine au début du XXe siècle avec son mari Jean-Rémy Fortier puis sa fille Renée – et la cousine de cette dernière, Colette, qui fréquente Brières comme une bonne fée –, qui releva le domaine envers et contre tout, lui faisant notamment traverser tant bien que mal la tourmente de la Seconde Guerre Mondiale, une troisième génération se profile, en la personne de Françoise, la fille de Renée et Paul. Mais cette dernière a pris le large : après une enfance mystique et superstitieuse puis une blessure d’adolescence qui lui a fait perdre son innocence, Françoise s’est installée à Paris, cœur battant de la France de l’après-guerre, où elle exerce son activité d’avocate. C’est d’ailleurs par ce biais qu’elle rencontre un jeune député-maire ambitieux, Christian Jovart, qu’elle aimera autant qu’elle le détruira…comme si Françoise ne pouvait pas, elle non plus, se défaire, même à des centaines de kilomètres, du maléfice poisseux de Brières, qui remonte à la fin du XIVe siècle. Mais, en acceptant un jour de plaider pour défendre trois femmes, trois marginales, accusées d’avortements clandestins, à une époque où cela est proscrit et en se battant pour les faire acquitter, Françoise sera peut-être la première à inverser la malédiction voire à la lever enfin…mais à quel prix ?
    L’an dernier, dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge, j’ai décidé de relire la trilogie Les Dames de Brières, lue une première fois en 2009. J’en gardais un bon souvenir global, mais dans les détails, c’était plus compliqué…
    Le premier tome commence donc en 1388, dans une petite communauté isolée de la Marche, dans ce qui sera un jour le département de la Creuse. Là, vivent trois femmes en marge du village : la grand-mère Denise, la mère Étiennette et la petite-fille Margot, au regard aussi magnétique qu'effrayant qui, par ce choix de vie, suscitent l’hostilité des habitants, à tel point qu’un jour, ils se retourneront contre « les femmes Récollé », les feront prisonnières puis les conduiront au bûcher. Là, avant de mourir, l’une d’entre elles lancera une imprécation qui semblera ensuite poursuivre à tout jamais les habitants de Brières, devenu un domaine cossu où le malheur semble pourtant rôder…le malheur et les superstitions, car la Creuse reste un pays, certes empreint de religiosité mais aussi d’anciens relents de paganisme. Ainsi, on y croit volontiers aux fées et aux fantômes.
    Plusieurs siècles plus tard, au début du XXe siècle, un jeune couple parisien s’éprend du domaine et l’achète : très amoureux de sa jeune épouse, la solaire et magnétique Valentine, Jean-Rémy Fortier croit investir dans une maison de famille, où ils élèveront dans l’harmonie une grande famille…mais tout se délite chez les Fortier, du bonheur conjugal qui se révèle illusoire, jusqu’à la famille, que Valentine délaissera, au profit d’une vie libre et sans attaches. Très attachée à Brières, quant à elle, Renée sa fille, plus réservée et moins jolie que sa mère, mettra cependant toute son énergie dans la sauvegarde d’un domaine aussi apaisant qu’inquiétant, où l’on vit au quotidien avec les souvenirs des « Dames du Bassin » ou de Bel-Amant, un loup qui fréquente les bois du château…Renée devra aussi combattre l’hostilité et les sarcasmes de son unique cousine Colette, sur laquelle le domaine agit comme un repoussoir…mais n’est-ce pas aussi parce que la jeune femme, plus superficielle que Renée, y voit en réalité quelque chose qu’elle se refuse à confier ? Brières ne la mettrait-il pas à l’épreuve, comme il mettra ensuite à l’épreuve le fragile Laurent, le fils de Renée, marqué par les croyances de sa mère et de sa sœur et de l’obsession de devenir un jour à son tour la victime des Dames de Brières, la victime d’une malédiction séculaire ? Paradoxalement, c’est l’horreur de la guerre d’Algérie devenue un bourbier dans lequel s’enferre la France de De Gaulle, qui va permettre au jeune homme de prendre sa vie en main et de laisser derrière lui sereinement son passé.
    Cette trilogie est assez intéressante et originale, dans le paysage littéraire français. Hormis chez des autrices anglo-saxonnes comme Kate Morton ou Katherine Webb, je n’ai jamais rien lu de tel…cet automne, j’ai décidé de mettre un point final à ma relecture de cette saga et je dois dire que, si je me souvenais assez bien des deux premiers tomes, je n’avais aucun souvenir de celui-ci, La fille de feu. Après le début du XXe siècle (la fin de la Belle Époque, la Première Guerre Mondiale puis les Années Folles), nous sommes dans les années 1950 et 1960. La modernité marche à grands pas mais l’époque n’est pas exempte de douleurs et de drames : la décolonisation en Indochine ou en Algérie, où les populations civiles et locales sont tout autant sacrifiées que les jeunes appelés mal préparés et « envoyés au casse-pipe », l’éveil du combat des femmes, auquel va participer Françoise…
    J’ai passé un très bon moment de lecture avec cette trilogie qui m’a vraiment séduite, presque ensorcelée – c’est assez à propos, d’ailleurs, vu le sujet de cette série. Je crois même l’avoir bien plus appréciée et comprise que lorsque je l’avais lue une première fois. Des romans d’ambiance ancrés dans un contexte historique intéressant, avec un soupçon de surnaturel et de superstitions ancestrales.

    En Bref :

    Les + : ce fut une très agréable redécouverte...je pourrais même dire une découverte, tant j'ai eu cette sensation tout au long de ma lecture. La fille de feu clôture très bien cette trilogie, avec laquelle j'ai passé un très bon moment.
    Les - : aucun point négatif à soulever. Le roman aurait pu être plus long que cela ne m'aurait pas dérangée. 


    Les dames de Brières, tome 3, La fille de feu ; Catherine Hermary-Vieille

    • Envie de vous immerger dans l'ambiance brumeuse et mystérieuse de cette saga ? Découvrez ici mon avis sur les tomes 1 et 2 :

    Les dames de Brières

    L'étang du diable 


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