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Une enquête du commissaire aux morts étranges, tome 7, Le carnaval des vampires ; Olivier Barde-Cabuçon
Par ALittleBit dans Romans Policiers /Cosy mystery/ Enquêtes Historiques / Thrillers le 22 Septembre 2024 à 15:32« Une résurrection, bougonna-t-il, des disparitions, une ressuscitée, des vampires, des morts étranges, de faibles chances de succès...Rien que de très naturel pour nous ! Qu'est-ce qu'on attend ? Bien sûr que nous acceptons cette enquête ! »
Publié en 2020
Éditions Babel (collection Noir)
484 pages
Septième tome de la saga Une enquête du commissaire aux morts étranges
Résumé :
Forcés de fuir Paris, le chevalier de Volnay et le moine hérétique se réfugient à Venise. Ils y retrouvent la jeune Violetta, devenue intendante d'un palais abandonné où de curieux événements se produisent la nuit venue.
Cependant, des faits bien plus étranges ont cours dans la cité d'ombres et de lumières. Au petit matin, des corps sont découverts vidés de leur sang. Paniquée, la population profane les cimetières pour brûler des cadavres après leur avoir percé le cœur. Les pouvoirs en place s'inquiètent d'autant plus que le carnaval va débuter...
Experte en vampirisme, la belle Maddalena Corvinus en est convaincue : les créatures de la nuit ont envahi la Sérénissime. Dans une Venise fantomatique et sa lagune crépusculaire, Olivier Barde-Cabuçon trousse un roman d'atmosphère gothique, original et haletant, et jette ses deux enquêteurs dans leur affaire la plus sanglante.Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Mai 1760 : Volnay et le moine hérétique arrivent à Venise après avoir dû quitter la France, où le moine s'est désagréablement fait remarquer par le pouvoir royal. Là-bas, ils retrouvent Violetta, la petite comédienne que le moine considère comme sa fille de cœur. Installés dans un vieux palais au cœur de Venise, les deux enquêteurs sont vite missionnés par un procurateur de Saint-Marc, Apostolino Cordolina - dont la fille Flavia avait quelque peu troublé le chevalier quelques mois plus tôt, dans Humeur noire à Venise - pour mener quelques investigations. En effet, il semblerait que la Sérénissime soit en proie à une véritable fièvre vampirique : une petite fille déclarée morte puis ressuscitée, des tombes profanées et un pauvre bougre retrouvé à l'aube vidé de son sang, portant des traces apparentes de morsure au cou...tout porte à croire que des vampires ont envahi la lagune et sèment la terreur dans la population. Or Venise s'apprête à entrer de nouveau en carnaval, à l'occasion des fêtes de l'Ascension. Et Volnay et le moine n'ont que quelques jours pour faire la lumière sur cette intrigante affaire, qui mêle des intérêts bien terre à terre et des croyances immémoriales qui continuent de terrifier un siècle qui se pique pourquoi de sa rationalité.
Avec Le carnaval des vampires, nous en sommes déjà à la septième enquête du chevalier de Volnay, commissaire aux morts étranges et de son acolyte, le moine hérétique. Quelques mois après l'avoir quittée, les voilà de retour dans une Venise crépusculaire et qui est l'ombre d'elle-même : toujours grandiose, la capitale de la Vénétie n'est pourtant, en ce milieu de XVIIIe siècle, que l'ombre de ce qu'elle fut des siècles plus tôt. De la grande puissance commerçante et guerrière d'antan, il ne reste que peu de choses et la ville semble s'endormir dans une douce léthargie, repliée sur elle-même et de plus en plus isolée. Alors, quand dans ce contexte éclate une affaire criminelle qui semble convoquer des créatures de la nuit, redoutables mais aussi insaisissables et qu'une terreur superstitieuse semble sur le point de s'emparer de la population, il est temps d'agir et de trouver une explication, car peut-être il en va de l'avenir de la ville : et si Venise n'est pas menacée par de véritables vampires, il se pourrait bien que des menaces plus grandes qu'elle finissent par boire son sang et se nourrir de son fluide vital.
Encore une fois, cette nouvelle enquête nous fait flirter avec les limites du surnaturel et Olivier Barde-Cabuçon convoque ici l'une des croyances les plus anciennes de l'humanité : celle des vampires. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en ces années 1760, elle est des plus vivaces, notamment en Europe centrale et orientale, qui fut le théâtre de guerres successives et rapprochées (de la Guerre de Trente Ans à la guerre de Succession d'Autriche) qui peuvent expliquer cette résurgence de croyances qui remontent pour la plupart à l'Antiquité. Le mythe du vampire découle des premiers rituels d'inhumation imaginés par les humains pour rendre hommage à leurs défunts dans l'au-delà : on retrouve ainsi des mentions à des créatures plus ou moins proches de l'image que nous nous faisons du vampire aujourd'hui, buveuses de sang et toujours liées dans l'esprit des contemporains, à des rituels bâclés, une mauvaise inhumation ou une mort violente, dans des textes très anciens en Inde comme en Perse. Les Grecs et les Romains ne sont pas exempts de leurs vampires, tout comme le Moyen Âge. L'époque moderne, ère où croît la pensée philosophique des Lumières, marquée par la raison, la rationalité, ne se débarrasse pas pour autant du vampire. Le XVIIIe siècle, époque ô combien paradoxale, voit ainsi cohabiter une pensée épurée, remettant en cause les superstitions religieuses comme les croyances et les dogmes religieux et des fièvres vampires qui peuvent embraser toute une région, conduisant les habitants à profaner les tombes de ceux qu'ils considèrent comme des vampires, susceptibles de revenir hanter les vivants et de se nourrir de leur sang...c'est pourquoi l'archéologie retrouve aujourd'hui, à l'occasion de la fouille d'un cimetière ancien, des squelettes aux membres liés, dont la cage thoracique est piégée par une sorte de cage les clouant au sol de leur tombeau, ou une pierre dans la bouche...
J'ai beaucoup aimé ce septième volume, même s'il y a quelques longueurs. Encore une fois, on se laisse prendre au jeu même si on sait que notre duo d'enquêteurs, le moine en tête, saura déjouer tous les pièges et apporter une réponse tout à fait cartésienne à une enquête qui, au départ, semble dépasser l'entendement humain.
On retrouve avec plaisir des personnages, comme Violetta, attachante et douce; avec plus de réserve certains autres comme la hautaine et froide patricienne, Flavia Cordolina, aussi belle que peu aimable. Et nous faisons aussi la connaissance d'une mystérieuse historienne des vampires, Maddalena Corvinus, aux faux-airs d'Eva Green dans Penny Dreadful.
Bref, j'ai passé un bon moment avec ce tome, dans l'ambiance assez étouffante d'une ville grouillante, décrépite et prête à s'embraser pour de bon. On retrouve toujours avec joie nos héros et l'ambiance vénitienne si particulière et surtout, très bien décrite par l'auteur, dont on sent tout l'amour pour cette ville transparaître dans ses mots. Olivier Barde-Cabuçon ne s'est manifestement pas contenté de se renseigner au mieux sur la Venise des années 1760. Non, il la fait véritablement revivre.
Alors que j'avais peur qu'elle ne s'essouffle un peu, je trouve que la série gagne en relief de tome en tome. Je pense qu'elle a encore de beaux jours devant elle et c'est avec joie que je me réjouis de retrouver encore une fois le chevalier de Volnay et le moine dans au moins deux autres enquêtes - en espérant qu'elles ne seront pas les dernières.En Bref :
Les + : C'est toujours un plaisir de retrouver Volnay et le moine hérétique, même si j'ai ressenti quelques longueurs dans cette enquête vénitienne et...vampirique. Ce dernier aspect m'a assez captivée : il était intéressant de découvrir les croyances ancestrales qui ont donné naissance au mythe du vampire.
Les - : deux ou trois longueurs, mais sans conséquence.
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- Envie de découvrir d'autres enquêtes de Volnay et du moine hérétique ? Retrouvez ici mes avis sur les six premiers tomes :
Casanova et la femme sans visage (tome 1)
Humeur noire à Venise (tome 4)
Entretien avec le diable (tome 5)
Le moine et le singe-roi (tome 6)
Tags : Roman, XVIIIème siècle, Histoire, Policier, Littérature française
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