• #35 [SPECIAL HALLOWEEN] Ces légendes de nos régions à se raconter le soir d’Halloween

    #35 [SPECIAL HALLOWEEN] Ces légendes de nos régions à se raconter le soir d’Halloween

     Le conte préféré de Marie Talbot. | gilblog | Jean-Pierre Gilbert

     

    • LE LÉBÉROU, EN PÉRIGORD

     

    Les légendes obscures du Sarladais - Café vadrouille

    Personnage incontournable du folklore périgordin et de son bestiaire légendaire, le lébérou (de l’occitan « lebero ») est une créature nocturne et métamorphe, c’est-à-dire qu’il a la capacité de modifier son apparence physique…mais cela est loin d’être un don pour le pauvre lébérou, qui est surtout victime d’une malédiction (pouvant être induite par une faute commise) se et se transforme, dès la nuit tombée, en un être effrayant sur lequel il ne vaut mieux pas tomber ! Traditionnellement, on raconte que le lébérou s’incarne en un animal, mouton ou lièvre pour le mâle, chèvre pour la femelle mais une variante de la légende raconte que le lébérou revêt simplement une peau de bête avant d’aller courir les routes du Périgord. Certaines légendes parlent même d’un homme victime se transformant en loup, ce qui rapproche le lébérou de l’effrayant loup-garou.

    A la tombée du jour, le lébérou entame sa transformation, toujours à proximité d’une fontaine ou d’une étendue d’eau. Ensuite, la créature erre sur les routes et à travers champs, rôdant autour des habitations. Mais surtout, durant la nuit, elle devra passer sous sept clochers du Périgord noir, aux alentours de la grande forêt Barrade pour pouvoir recouvrer sa forme humaine au matin. Ce rituel sans fin est imposé au monstre afin de lui faire expier ses fautes. Mais le lébérou est rusé et a plus d’un tour dans son sac : gare au voyageur égaré ou attardé qui, au cœur de la nuit, croisera sa route ! Celui-ci n’hésitera pas à sauter sur les épaules de sa proie (qui ne peut alors plus s’en débarrasser) afin de se reposer et ainsi, traverser les sept paroisses avant le lever du soleil ! Si, au lever du soleil, le parcours du lébérou n'a pas été correctement suivi et terminé, celui-ci demeure maudit, et sa nouvelle victime devient à son tour un lébérou.

    La légende de la demoiselle de Chaban (du nom du château de Chaban, sur la commune de Saint-Léon-sur-Vézère), notamment rapportée par la conteuse périgordine Thalie de Molènes, met en scène un lébérou femelle prenant la forme d’une chèvre blanche.

    La légende périgordine du lébérou peut être rapprochée de celle du département voisin, la Gironde, qui met en scène le personnage du Tac, être maléfique appartenant au folklore gascon. Mais, au contraire de ce dernier, le lébérou n’est pas décrit comme foncièrement mauvais, faisant le mal et nuisant aux hommes par son propre plaisir, même s’il est clair qu’il n’a pas été maudit non sans raison…

     

    • L'ANKOU, EN BRETAGNE

     

    L'Ankou en Basse-Bretagne | Becedia

    Terre fertile en légendes souvent très anciennes, la Bretagne nous offre celle de l’Ankou, un personnage effrayant dont il vaut mieux ne pas croiser la route…

    Il semblerait que l’Ankou soit un héritage de l’ancien folklore celtique, qui a durablement marqué la terre de Bretagne : il serait inspiré d’un dieu dont la fonction première était la perpétuation des cycles vitaux (naissance et mort), les saisons ou les cycles du jour et de la nuit. Il s’agit probablement du dieu gaulois Sucellos (ou Sucellus, représenté avec comme attribut un maillet, qui donne et reprend la vie avec son arme) et du dieu irlandais Eochaid Ollathair (dit le Dagda, il est le dieu celtique le plus important des Tuatha Dé Danann, après le dieu Lug et possède notamment comme attribut une massue). On retrouve d’ailleurs la figure de l’Ankou dans tout l’ancien monde celtique, en Bretagne certes, mais aussi au Pays de Galles (Anghau) ou encore en Cornouailles (Ankow). Au fil du temps, l’Ankou est devenu un personnage effrayant et sinistre, dont le maillet est remplacé par une faux ou une pique et dont la fonction est réduite à la seule mort (il est à noter cependant que l’Ankou ne personnifie pas réellement la Mort ; en réalité, il est son serviteur). D’ailleurs, le nom de l’Ankou ferait référence à l’angoisse/la peine, en breton, ce qui veut tout dire.

    Alors à quoi ressemble ce personnage que personne en Bretagne n’a envie de croiser ? Souvent, on dépeint l’Ankou comme un homme très grand et très maigre, aux longs cheveux blancs et dont la figure est toujours plongée dans l’ombre, l’homme portant sur la tête un grand chapeau de feutre au large bord, qui lui permet ainsi de se dissimuler. Parfois, certaines légendes évoquent même un personnage bien plus effrayant encore, réduisant l’Ankou à un simple squelette revêtu d’un linceul et dont le crâne ne cesse de tourner sur la colonne vertébrale, telle une girouette, cela lui permettant ainsi d’embrasser d’un seul coup d’œil toute l’étendue de la région qu’il est en train de parcourir. L’Ankou parcourt ainsi les plaines de Bretagne sur une charrette grinçante (karrig an Ankou), censée annoncer son passage par son fracas…mais attention, entendre la charrette de l’Ankou est un très mauvais présage car cela annonce à l’infortuné sa mort prochaine (ou, selon les légendes, celle d’une personne de son entourage).

    On dépeint l'Ankou tantôt comme un homme très grand et très maigre, les cheveux longs et blancs, la figure ombragée d'un large feutre ; tantôt sous la forme d'un squelette drapé d'un linceul, et dont la tête vire sans cesse au haut de la colonne vertébrale, ainsi qu'une girouette autour de sa tige de fer, afin qu'il puisse embrasser d'un seul coup d'œil toute la région qu'il a mission de parcourir.

    Le rôle de l’Ankou est de collecter les âmes des défunts (il est un « passeur d’âmes »), dont il fait lui-même partie : en effet, on a coutume de dire que l’Ankou est le dernier mort du mois de décembre, autrement dit, de l’année, tandis que le premier mort de l’année est souvent komis an Ankou, c’est-à-dire le commis, le serviteur de l’Ankou.

    Alors que la figure de l’Ankou est surtout associée à la région des Monts d’Arrée, un personnage analogue sillonne le littoral sur son « bateau de nuit », le Bag noz et y collecte les âmes, comme le fait l’Ankou dans sa charrette brinquebalante.

    • LA LÉGENDE DE LA MOMIE DE SAINT-THOMAS, A STRASBOURG

     

    Église Saint Thomas (Strasbourg) — Archi-Wiki

    A Strasbourg, vous pouvez visiter la belle église-halle Saint-Thomas, dont la construction démarre au IXème siècle, à l’initiative de l’évêque Adeloch, aux alentours des années 820. Devenue par la suite lieu de culte protestant, l’église Saint-Thomas est encore aujourd’hui rattachée à l’église protestante de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine et elle est classée aux Monuments Historiques depuis 1862. On peut aussi y voir le tombeau du maréchal de Saxe, brillant militaire qui se distingua notamment en 1745 lors de la bataille de Fontenoy et bâtard du roi de Pologne Auguste II.

    Mais, au-delà de son intérêt historique et architectural, l’église Saint-Thomas de Strasbourg posséda pendant longtemps une véritable curiosité : en descendant dans les sous-sols de l’église, on pouvait en effet y voir deux cercueils de verre dont l’un contenant la momie d’une jeune fille vêtue d’une robe de mariée. Elle porte encore ses bijoux et même une couronne de fleurs d’oranger. D’une maigreur effrayante, la jeune morte arbore un sourire qui fait froid dans le dos. Mais qui est-elle ? Il s’agit probablement de la jeune comtesse de Nassau, vivant il y a de cela trois siècles et qui mourut au moment de son union avec un chevalier alsacien, d’où sa tenue de mariée. L’autre sarcophage, abritant une momie masculine cette fois, était probablement celui d’un fils du comte Gustave-Adolphe de Nassau de Sarrebruck.

    La légende raconte que l’effrayante momie revient à la vie en hiver et se met à fréquenter les bals dans la région, où l’on peut la voir virevoltant au milieu de danseuses bien vivantes et suscitant l’effroi de tous ceux croisant son regard…

    • LES LÉGENDES DU LAC PAVIN, EN AUVERGNE

     

    Lac Pavin — Wikipédia

     

    Lac volcanique auvergnat, le lac Pavin s’est formé il y a environ 6900 ans et se situe en plein cœur du Massif central, dans le département du Puy-de-Dôme. Son nom viendrait du latin « pavens » qui signifiait « épouvantable ».

    Lac sombre et très profond et donc mystérieux, il est l’objet de légendes séculaires (certaines remontant au XVIème siècle) souvent liées au diable (celui-ci sortirait régulièrement du lac en y créant des tourbillons) – d’où le surnom de « lac du diable » que l’on donne souvent au lac Pavin. On dit aussi que ce dernier serait le lieu de la mort d’un seigneur de la région, fou de désespoir de voir ses cadeaux refusés par une jeune habitante de la commune de Besse toute proche. Econduit, il se serait assis non loin de là sur la « chaise du diable », deux pierres plates dont la forme évoque celle d’un siège et il y aurait tant pleuré que ses larmes inondèrent le village de Besse…pensant qu’il avait noyé sa bien-aimée, il se suicida. Une autre légende rapporte que c’est Dieu qui aurait submergé la commune de Besse, pour punir ses habitantes aux mœurs légères – cette légende est à rapprocher de celles de nombreuses autres cités englouties comme la ville d’Ys, en Bretagne, punie pour les excès de la princesse Dahut, fille du roi Gradlon.

    Enfin, d’autres légendes racontent que si l’on jette une pierre au centre du lac Pavin celui-ci se réveille et se met en colère, des éclairs zébrant alors le ciel et faisant se lever une tempête (on sait aujourd’hui que cette instabilité du lac Pavin est surtout due à la forte teneur en gaz de ses eaux). Mais, si l’on y jette des pierres au soir du 31 décembre à minuit, on entendra les cloches de l’ancien village de Besse sonner dans les tréfonds du lac…

    • LA LÉGENDE DE LA FÉE MÉLUSINE, EN POITOU

     

    Mélusine (fée) — Wikipédia

     

    Si vous visitez la commune de Lusignan dans la Vienne, vous ne verrez pas le château des Lusignan, aujourd’hui disparu. Et pourtant, pendant tout le Moyen Âge, les destinées du village et de la puissante famille des Lusignan s’est confondue… et c’est à cette époque qu’est née la légende de la fée Mélusine, étroitement liée à celle de la famille de Lusignan et qui aurait vécu au château.

    Si on retrouve la légende de la fée Mélusine ailleurs en France, notamment en Alsace ou dans le Jura, le Poitou reste probablement la région la plus étroitement liée à cette fée, dont la légende veut qu’elle était mi-femme, mi-serpent.

    La légende de Mélusine, que l’on peut rattacher aux nymphes des eaux et autres divinités aquatiques, prend probablement racine dans des mythes très anciens remontant à l’Antiquité. Ainsi, pour certains mythologues, elle est la « mater lucina » des Romains, qui présidait aux naissances tandis que d’autres la rattachent à une divinité celte, protectrice de la Font-de-Sé (fontaine de la soif). On lui trouve aussi des origines grecques (la Lyké), voire ligures (Mélugina) ou encore scythes (Milouziena) – ce dernier peuple se croyait descendant d’Héraclès et d’Echidna, elle-même munie d’une queue de serpent et d’ailes de chauve-souris, qui rappellent l’apparence de Mélusine. Il y a bien longtemps, des Scythes dits « Taïfales » seraient arrivés en Gaule, dans la région du Poitou où ils se seraient implantés dans le sillage de l’armée romaine et y auraient fondé la ville de Tiffauges, emmenant peut-être avec eux le mythe de la femme-serpent qui donnera naissance à celui de Mélusine au Moyen Âge.

    Les Gaulois possédaient eux-mêmes une légende proche de celle de Mélusine : ils vénéraient en effet une divinité du nom de Mélicine, qui aurait présidé à le destinée, thème récurrent également dans la légende médiévale de la fée Mélusine.

    On doit l’une des évocations les plus anciennes de la fée Mélusine à Walter Map, écrivain anglais né vers 1140 et qui aurait disparu au début du XIIIème siècle, vers 1208 ou 1210. Connu essentiellement pour la rédaction d’un seul livre De nugis curialium (Contes pour les gens de cour), où il reprend de nombreux contes celtes, il y mentionne un certain Henno, qui épouse Mélusine. C’est la mère de Henno qui surprend le secret de l’épouse, qui se transforme en dragon lorsqu’elle prend son bain.

    Le thème de Mélusine ne cesse ensuite de se développer et on doit une autre version de la légende à Gervais de Tilbury dans son Livre des merveilles daté de 1211 ou 1214 et qui est dédicacé à l’Empereur Otton IV du Saint-Empire.

    Le lien de la fée avec les Lusignan est finalement immortalisé à la fin du XIVème siècle par Jean d’Arras, dans son roman Mélusine ou la noble histoire des Lusignan, qu’il offre en août 1393 au duc Jean de Berry, frère du roi Charles V et à sa sœur la duchesse de Bar. Un autre roman, attribué à Couldrette au début du XVème siècle narre l’histoire de Mélusine, qui sera ensuite reprise régulièrement : ainsi, en 1698, François Nodot propose une adaptation du roman de Jean d’Arras au théâtre.

    Aujourd’hui, c’est probablement cette version de la légende qui est la plus connue et la fée Mélusine est souvent associée à Raymondin de Lusignan : ce dernier est le neveu du comte de Poitou, Aymar de Poitiers, qu’il tue accidentellement en forçant un sanglier lors d’une partie de chasse. Pourchassé pour meurtre et aveuglé par sa propre douleur et sa culpabilité, le jeune Raymondin erre dans la forêt de Coulombiers en Poitou et, à minuit, faisant halte à la fontaine de Soif (ou Font-de-Cé) il y rencontre trois femmes, dont Mélusine. Le réconfortant, elle lui propose son aide pour le faire innocenter et faire de lui un très puissant seigneur, mais à une condition : qu’il l’épouse. Elle lui demande aussi de jurer de ne jamais chercher à la voir le samedi, sans lui en expliquer la raison. En gage, elle offre à Raymondin deux verges d’or qui « ont moult grande vertu ». Le couple se marie en grande pompe, faisant de la famille de Lusignan l’une des plus prestigieuses du royaume. Mélusine accouche de dix enfants, tous grands et bien bâtis, qui deviendront de puissants seigneurs, malgré quelques défauts physiques : ainsi, l’aîné Urien, devient roi de Chypre, bien qu’il ait un œil rouge et un autre vert et de très grandes oreilles ; Renaud, futur roi de Bohême n’a qu’un œil tandis que son jeune frère Horrible en possède trois et se distingue par sa férocité qui lui fera tuer plusieurs nourrices avant ses 4 ans !

    La légende de Mélusine fait d’elle une bâtisseuse, dont le nom est lié à de nombreux châteaux ou villes, en Poitou mais aussi en Alsace : elle serait ainsi à l’origine des villes de Parthenay, Tiffauges ou encore Talmont, aurait fait édifier les murailles de La Rochelle…travaillant surtout la nuit, Mélusine s’arrête si elle est surprise dans ses travaux : c’est ainsi qu’il manque la dernière pierre des flèches de Niort et de l’église de Parthenay, par exemple.

    Mais un jour, la trahison survient : le frère cadet de Raymondin, jaloux de l’influence de son frère aîné, imagine que sa femme fornique avec un autre tous les samedis, d’où son interdiction à son mari d’essayer de l’approcher ce jour-là. Furieux à l’idée que son épouse puisse le tromper, Raymondin se précipite à la porte interdite et regarde dans la pièce où il aperçoit sa femme dans un cuveau de bain, en train de se coiffer. Le haut de son corps nu est celui d’une femme, le bas est une queue de serpent… à partir de là, la légende possède deux versions différentes : ou bien Raymondin se serait exclamé « Je viens mon amour de vous trahir à cause de la fourbe exhortation de mon frère », ou bien il aurait gardé le secret de son épouse jusqu’au jour où, son fils Geoffroy étant accusé d’avoir détruit l’abbaye de Maillezais et d’avoir tué son frère Fromont, le père rejeta sur la mère le comportement du fils, en la traitant de « Très fausse serpente ». Quoiqu’il en soit, la légende n’a qu’une fin : se sachant découverte, Mélusine se jette alors par la fenêtre en poussant un cri de désespoir et disparaît. Dans son roman, Jean d’Arras raconte cependant que, la nuit, il arrive à la fée de venir discrètement caresser ses enfants. C’est elle aussi qui annoncera prophétiquement la mort de Raymondin. La fée se montre et se lamente à chaque fois qu’un membre de la famille de Lusignan va mourir ou que les biens de la famille changent de main.

    Fille de Persine, elle aussi fée et qui avait prédit le destin de sa fille Mélusine, et d’Elinas, Mélusine aurait une origine écossaise (son père était roi d’Albanie, le futur comté d’Albany). La légende de sa mère Persine est assez semblable à la sienne : cette dernière, rencontrant le roi Elias près d’une fontaine, lui aurait fait jurer en l’épousant de ne jamais tenter de la voir pendant ses couches. Ils eurent trois filles, dont était furieusement jaloux le fils d’une première union du roi Elinas, qui poussa son père à entrer dans la chambre où Persine baignait ses filles. Celle-ci quitta son mari en emmenant ses enfants. La particularité de Mélusine viendrait de sa propre mère qui l’aurait condamnée à être mi-femme mi-serpent après que la jeune fille se soit vengée avec ses sœurs de son père, Elinas. Si son mari respectait le marché de ne jamais la voir le samedi, la malédiction disparaîtrait d’elle-même et Mélusine redeviendrait une simple mortelle, menant une vie normale de femme et de mère.

    Par la suite, on a cherché à associer le mythe de Mélusine à une femme de la noblesse qui aurait réellement existé : certains par exemple ont vu en elle la reine Aliénor d’Aquitaine elle-même. D’autres associent aussi la fée Mélusine à la reine Sybille de Jérusalem, née vers 1160 et qui fut reine de Jérusalem de 1186 à 1187. Parfois, on évoque aussi le seigneur Hugues VII de Lusignan qui avait épousé lors des croisades une sarrasine vivant cachée sous des voiles et prenant de longs bains de vapeur, ce qui peut en effet rappeler le personnage de Mélusine.

    De grandes familles, royales ou seigneuriales, prétendent ainsi descendre de Mélusine, des Saint-Gilles (comtes de Toulouse) aux Plantagenêts en passant par la famille de Luxembourg, qui serait descendante d’un fils de Raymondin et de Mélusine, Antoine. Ainsi, à la fin du XVème siècle, une reine d’Angleterre peut se dire descendante de Mélusine : Elizabeth Woodville, épouse d’Édouard IV aurait par sa mère Jacquette de Luxembourg, lady Rivers, un lien de famille avec elle.  

    • LE CHAT D'ARGENT, EN PROVENCE, GASCOGNE, LANGUEDOC ET BRETAGNE

     

    Encyclopédie du paranormal - Matagot

    La légende du chat d’argent, « matagot » ou encore, « mandragot » se retrouve dans les folklores de plusieurs régions de France, notamment en Gascogne, en Languedoc et en Bretagne. Souvent de couleur noire, le chat d’argent est un animal diabolique, obtenu par un sorcier en échange de son âme (le chat est soit obtenu par invocation de l’Abominable, autrement dit le Diable ou bien en la capturant dans un sac à la croisée de quatre chemins). Il est paresseux car il ne chasse aucunement les souris et ne mange que ce qu’on lui propose. Le chat est censé rôder dans des lieux mystérieux, la nuit durant, et revient à l’aube auprès de son maître, lui rapportant des louis d’or. Celui-ci doit le récompenser car, s’il oublie, le chat peut se venger cruellement de lui. On dit que le chat ne sert non pas un mais neuf maîtres et serait chargé de conduire le dernier aux Enfers.

    Même s’il n’est pas clairement défini comme tel, le personnage du chat rusé dans Le chat botté, qui permet à son maître de développer ses richesses, peut être considéré comme un « matagot ».

    Cette légende du chat d’argent est liée aux nombreuses superstitions séculaires attachées à la figure du chat noir, qui inspirait une profonde crainte dans les populations, qui le considéraient souvent comme porte-malheur. On ainsi vu des persécutions allant jusqu’aux procès de chats pour sorcellerie.

    Le chat est l’un des animaux les plus liés à la sorcellerie et pourtant, dans l’Europe du haut Moyen Âge, il s’agit d’un animal ayant bonne réputation : le chat est notamment apprécié pour ses talents de chasseur puisqu’il débarrasse ainsi les fermes des rongeurs nuisibles. Ce n’est qu’à la moitié du XIIIème siècle que l’on commence à considérer le chat, à l’instar du crapaud comme une incarnation du Diable : ainsi, une bulle papale fulminée en 1233 (la bulle Vox in Rama, du pape Grégoire IX, instaurateur de l’Inquisition médiévale) déclare que toute personne abritant dans son foyer un chat noir risque le bûcher. Puis, vers le milieu du XIVème siècle, alors que des temps troublent commencent (guerre franco-anglaise, instabilités politiques et religieuses, Grande Peste), on assiste parallèlement à la résurgence du culte païen de la déesse nordique Freyja dont le char était tiré par deux chats bleus. De là, une association entre le chat et des cultes infernaux s’opère, manifestement parce que l’animal était autrefois adoré par les païens. Surtout, on considérait que la réflexion de la lumière dans les yeux du chat était une manifestation diabolique : ce seraient en effet les flammes de l’Enfer qui s’y reflètent.

    Très vite, le chat se retrouve alors dans l’imaginaire médiéval associé à la malchance, au mal, à la sournoiserie (et donc, à la féminité) et d’autant plus s’il était noir (seuls les chats possédant une tâche blanche sur le poitrail ou le cou pouvaient espérer la clémence car on estimait alors que c’était une marque divine)…le chat se trouve alors, pour de nombreux siècles, associé à la magie, au diable et aux sorcières. On lui attribuait des pouvoirs surnaturels et effrayants et la faculté de posséder plusieurs vies. On pense parfois que le chat est un sorcier métamorphosé ou l’incarnation d’un démon familier.

    Au XVème siècle, le pape Innocent VIII promulgue en 1484 un édit qui conduisit au sacrifice de nombreux chats lors de fêtes populaires. Des bûchers étaient souvent érigés sur les places des villages ou des villes et l’on y brûlait les chats que l’on avait capturés, à l’instar des sorciers, sorcières et magiciens qui périssaient eux aussi par les flammes – il semblerait toutefois, au vu des recherches effectuées dans les archives, que les condamnations de chats au bûcher soient plus marginales qu’on ne le pensait.

    • LA BÊTE DU GÉVAUDAN, DANS LES CÉVENNES

     

    https://static.actu.fr/uploads/2022/04/bete-du-gevaudan.jpg

    La légende de la bête du Gévaudan est peut-être aujourd’hui l’une des légendes régionales les plus inquiétantes car elle possède une authenticité historique.

    Le nom générique de Bête du Gévaudan est attribué à un ou plusieurs canidés à l’origine d’attaques (parfois mortelles) contre des humains, survenues dans la région du Gévaudan entre la fin juin 1764 et la mi-juin 1767. Selon les sources, on compte entre 88 et 124 agressions (la première victime est une jeune habitante du village des Hubacs, Jeanne Boulet, âgée de quatorze ans), la plupart situées dans l’ancien pays du Gévaudan (dans le département actuel de la Lozère) tandis que d’autres sont signalées dans le sud de l’Auvergne, le nord du Vivarais, le Rouergue et le sud du Velay.

    Dépassant rapidement le fait divers, et devenant une véritable psychose nationale, la Bête du Gévaudan mobilise de nombreuses troupes royales et donne naissance à toutes sortes de rumeurs et croyances, tant sur sa nature (la Bête fut perçue tour à tour par les contemporains comme un loup ou encore, un animal exotique, un « sorcier » capable de charmer les balles, voire un loup-garou tandis qu’on a pu, à une époque plus récente, avancer l’hypothèse d’un tueur en série, comme le docteur Puech exerçant à l’université de Montpellier, qui soumet en 1911 l’hypothèse de sadiques recouverts de peaux de bêtes pour terroriser la population) que sur les raisons qui la poussent à s'attaquer aux populations : était-ce un châtiment divin ou bien un simple animal dressé par l’homme pour tuer, ce qui est aujourd’hui l’hypothèse la plus probable ?

    Des battues furent organisées dans le Gévaudan et parmi les nombreux animaux abattus, deux canidés sont soupçonnés d’être la bête tueuse : un grand loup, tué en septembre 1765 par François Antoine, porte-arquebuse de Louis XV. Une fois l’animal empaillé et apporté à Versailles pour être montré au roi, on se désintéressera de l’affaire. Mais les attaques continuent et, en juin 1767, presque trois ans après les premières attaques, Jean Chastel abat un second animal, identifié comme un loup ou un canidé ayant des caractéristiques communes avec le loup. Selon la tradition, on pense que ce deuxième animal était bien la Bête tueuse puisqu’après cette date, plus aucune attaque mortelle ne sera recensée dans la province…

    Plus tard, le mythe de la Bête du Gévaudan sera récupéré par la littérature, tant en France qu’à l’étranger (l’histoire de la bête sanguinaire du Gévaudan inspirera ainsi le romancier britannique Robert Louis Stevenson qui, dans les années 1870, a longuement arpenté les routes des Cévennes avec un âne), par la télévision et le cinéma (Le Pacte des Loups, sorti en 2001, avec Samuel Le Bihan, Vincent Cassel, Monica Bellucci ou encore Emilie Dequenne exploite largement le mythe de la Bête), ainsi que par la musique et le théâtre. Aujourd’hui, la région du Gévaudan et plus particulièrement de la Margeride, a fait de la Bête un argument touristique : ainsi chaque année en août, lors des fêtes de Mende et du corso fleuri, le char de la Bête ouvre le défilé et l’on peut retrouver des effigies de l’animal sur des fontaines ou sur les places des villages de la Margeride : à Aumont d’Aubrac par exemple, la Bête orne la fontaine du village et tient les armes de la ville.

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 22 Novembre 2022 à 21:19

    Je suis en train de lire des BD "Mélusine" et je me demandais justement d'où était venu ce personnage. Super article ! Je ne savais pas pour l'authenticité de la bête du Gévaudan... J'en ai froid dans le dos !

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :