• Bleu de Delft ; Simone van der Vlugt

    « Nous sommes tous voués à recevoir, tôt ou tard, notre part de malheur. La seule chose que nous pouvons espérer est qu'il se présente le plus tard possible, pour que nous puissions quand même goûter un peu au bonheur. »

     

     

     Publié en 2016 aux Pays-Bas

     En 2019 en France (pour la présente édition)

     Titre original : Nachtblauw

     Éditions 10/18

     336 pages

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Au XVIIe siècle, après la mort suspecte de son mari, la jeune Catrijn quitte sa campagne néerlandaise pour tenter sa chance à la ville. Elle se rend à Amsterdam où elle est engagée comme intendante dans une famille. Passionnée de peinture, Catrijn aide la maîtresse de maison à parfaire son apprentissage. Elle fera même la rencontre de Rembrandt dans son atelier. Mais, poursuivie par son passé, la jeune femme doit fuir à Delft où elle est engagée dans une faïencerie, et formée par un ami de Vermeer. Le grand peintre voit d'un œil bienveillant le succès fulgurant de Catrijn lorsqu'elle met au point le célèbre bleu de Delft. Mais les accusations qui pèsent sur elle ne lui laissent guère de répit...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    1655. Catrijn a vingt-cinq ans et vient de perdre son époux. Sans enfant, la jeune femme décide de vivre son rêve et de partir vivre à la ville, comme elle le souhaite depuis longtemps. Mais le poste qu’elle espérait à Alkmaar, la ville non loin de chez elle, n’est plus disponible quand elle y arrive. Catrijn doit alors partir plus loin et s’installe à Amsterdam, où elle devient intendante chez Adriaen et Brigitta Van Nulandt. La maîtresse de maison adore la peinture, même si ses talents sont médiocres et Catrijn, qui pratique elle aussi la peinture depuis son plus jeune âge, se rapproche d’elle. Mais la jeune femme traîne de lourds secrets et bientôt, son passé revient la hanter…d’Amsterdam, elle part vers Delft, où elle fait la connaissance de Johannes Vermeer, qui n’est pas encore le peintre renommé que l’on connaît et tient une auberge prospère avec sa mère et son épouse. Surtout, Catrijn trouve un emploi de peintre dans une faïencerie. En ce milieu de XVIIème siècle, la porcelaine rencontre un beau succès en Europe mais les manufactures européennes ne parviennent pas à produire une porcelaine aussi pure et aussi solide que celle de Chine. Mais, dans la manufacture d’Evert Van Nulandt, Catrijn met son talent au service d’une nouvelle faïence entièrement hollandaise mais imitant les motifs « chinoisants » grâce à son coup de pinceau. Catrijn et son patron sont à l’origine d’une nouvelle sorte de faïence, qui deviendra un produit recherché à part entière : le Bleu de Delft, une faïence aux décors bleus caractéristiques qui, après les décors inspirés de l’Orient mettra en scène des paysages néerlandais typiques - et si les personnages de Catrijn et Evert sont fictifs, l'aventure porcelainière de la ville de Delft au milieu du XVIIème siècle quant à elle, est authentique.
    Mais pour vivre pleinement, Catrijn doit d’abord se débarrasser des zones d’ombre de son passé et des secrets qui l’entourent.
    Ce roman est le deuxième de Simone van der Vlugt que je lis, après La maîtresse du peintre l’année dernière et mes observations sont assez similaires d’une lecture à l’autre. Ce que j’ai aimé dans La maîtresse du peintre, je l’ai aimé dans Bleu de Delft. Et malheureusement, ce que j’ai moins aimé, je l’ai aussi retrouvé ici.
    Le principal reproche que j’aurais à faire à ces deux romans, c’est de survoler le propos qui, par ailleurs, est intéressant. Là où d’autres auteurs auraient peut-être creusé le sujet, j’ai trouvé que Simone van der Vlugt restait en surface et c’est dommage : j’aurais aimé en savoir plus sur Catrijn par exemple et j’aurais aimé que la peinture soit plus présente dans sa vie, comme peut le laisser présager le résumé. J’ai été un peu déçue de cela, d’ailleurs, le fait que le résumé m’a vendu un récit que je n’ai pas forcément retrouvé par la suite.
    Pour le reste, à nouveau l’ambiance est très sympa, toujours en clair-obscur, comme dans une toile de Vermeer ou Rembrandt (et ça tombe bien, on les croise tous les deux, l’un déjà au faîte de sa carrière, l’autre ne l’ayant pas encore tout à fait commencée). Ce siècle d’émulation et de richesse culturelle n’a pas usurpé l’appellation de « Siècle d’Or ». Il y a toujours une ambiance particulière dans ces romans, qui tient peut-être à l’exotisme des noms néerlandais, à ces demeures élégantes qui bordent les canaux des grandes villes…c’est un dépaysement complet alors que le pays n’est finalement pas si lointain. Et pourtant, on a l’impression de faire un grand voyage.

    Faïences de Delft aux motifs d'inspiration chinoise


    Mais j’ai été frustrée. Frustrée que l’art, la peinture, la faïence qui sont pourtant au centre de la vie de Catrijn, ne soient pas au centre du roman. J’aurais aimé que l’autrice se focalise un peu plus sur cet aspect-là de sa vie, nous fasse découvrir de façon plus profonde l’évolution de ce talent, d’abord un talent d’enfant, de jeunesse, que Catrijn, dans la ferme familiale, ne peut mettre en œuvre qu’avec les moyens du bord. Ensuite, sa découverte de la vraie peinture à Amsterdam, par le biais de la mélancolique Brigitta puis l’expression totale de son art dans la faïencerie Van Nulandt, qui lui permet de stimuler complètement sa créativité.
    Tout cela, malheureusement, je l’ai eu mais en trop petites quantités. J’ai eu du mal à entrer dans la première partie du roman, je suis restée un peu en retrait et c’est dommage, alors que j’ai d’emblée apprécié Catrijn, peut-être pour ses fêlures et ses fragilités et en même temps pour sa force, sa détermination à avoir un avenir meilleur, malgré les erreurs, malgré le passé. Mais la deuxième partie du livre m’a un peu plus captivée, je me suis sentie un peu plus happée par ma lecture et j’ai eu l’impression d’ailleurs que mon rythme s’en ressentait, puisque j’ai finalement terminé le livre bien plus vite que je n’avais réussi à le commencer.
    J’ai passé un très bon moment avec Bleu de Delft malgré tout. Oui, le roman n’est pas parfait et il m’a laissé un petit goût d’inachevé mais globalement, ce n’est pas un mauvais roman historique, bien au contraire. Il est très bien écrit, met en avant des réalités du temps qui ne sont pas toujours très éloignées des nôtres. Et c’est peut-être justement parce que le roman est bon que j’en aurais presque voulu plus : oui je pense que j’aurais pu passer une centaine de pages de plus avec Catrijn.

     

    Vue de Delft par Vermeer (1659-1660)

    En Bref :

    Les + : un roman historique intéressant, au cœur du Siècle d'or hollandais, où l'on parle peinture et faïence, dans une ambiance de clair-obscur séduisante.
    Les - :
    un récit un peu plat, dans lequel il est difficile d'entrer. J'ai eu l'impression parfois de le survoler et qu'il manquait un peu d'approfondissement.


    Bleu de Delft ; Simone van der Vlugt

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

     

    • Découvrez mon avis sur un autre roman de Simone van der Vlugt :

    - La maîtresse du peintre

     

     

     

     

     

     


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