• #4 : Henri III (1551-1589)

     

    Henri III, huile sur bois (XVIème siècle)

     

    I. Naissance et enfance d'un fils de France

     

    Catherine de Médicis et ses enfants, dont le duc d'Anjou, futur Henri III (copie du XXème siècle d'un tableau du XVIème)

    Quatrième fils d'Henri II et Catherine de Médicis, le futur Henri III vout le jour le 19 Septembre 1551 à Fontainebleau, sous le nom d'Alexandre-Edouard et est immédiatemment titré duc d'Angoulême. Il est le frère des futurs François II et Charles IX, de François d'Alençon, son puîné et de la célèbre Reine Margot, de deux ans sa cadette. Il passe une grande partie de son enfance, au moins jusqu'à la mort tragique de son père, en 1559, avec ses frères et soeurs, aux châteaux de Blois et Amboise. Il est ensuite confié, comme tous les jeunes garçons, à deux précepteurs, connus pour leur humanisme : il s'agit de Jacques Aymot et François de Carnavalet. Ce sont eux qui lui apprennent à aimer les belles lettres et les discussions intellectuelles. Très tôt, le jeune prince, appelé Edouard dans sa famille, exerce son rôle de prince royal et siège même, alors qu'il n'a que neuf ans, aux Etats Généraux de 1560, auprès de son frère Charles IX. Il sera aussi du grand tour de France que la reine-mère entreprend avec ses enfants et toute la Cour, pour montrer au peuple son jeune roi. 

    Le jeune Edouard est certainement le fils et même l'enfant préféré de la reine Catherine, c'est à lui qu'elle se confie le plus sur les affaires de l'Etat et souhaite qu'il devienne un ferme appui pour la royauté. 

    En 1560, quand son frère François II meurt de la mastoïdite qui le fait souffrir depuis son plus jeune âge, son frère Charles devient roi, sous le nom de Charles IX et Alexandre-Edouard devient duc d'Orléans. Ce n'est que cinq ans plus tard, lors de sa confirmation, qui a lieu à Toulouse, que le jeune adolescent prend le nom de son père, Henri. L'année suivante, en 1566, il prend le titre de duc d'Anjou. 

    II. Les victoires du jeune duc d'Anjou et sa nomination au trône de Pologne

    Le duc d'Anjou (XVIème siècle)

    A seize ans, Henri, qui bénéficie plus que les autres de l'affection de sa mère, est nommé lieutenant général du royaume malgré son très jeune âge. En lui confiant cette charge, la reine-mère et le roi font de Henri le second personnage du royaume après Charles IX lui-même. Mais cette nomination n'est pas du goût de tous...En effet, le prince de Condé convoitait également la charge. Il quitte donc la Cour avec plusieurs autres chefs protestants et s'ensuivent quelques hostilités. 

    Toujours très jeune, le duc d'Anjou s'investit énormément dans la troisième Guerre de Religion, qui fait rage alors. Ses efforts militaires sont couronnés de succès puisqu'il remporte deux batailles restées célèbres : celle de Jarnac puis celle de Montcontour. La réputation du jeune homme se base donc essentiellement sur ses hauts faits militaires, connus de l'Europe entière. Cela vaut au jeune duc d'Anjou la jalousie de son frère aîné et Henri, envié par Charles IX, s'entend de moins en moins bien avec lui. 

    Bientôt, le duc d'Anjou participe à la politique intérieure du royaume, sa mère l'ayant introduit au Conseil du roi. Niveau affinités politiques, il est plus proche des Guise que des Montmorency et prône même une politique rigoriste envers les huguenots. Son ambition à gouverner mais aussi ses capacités font de lui un successeur à la Couronne très attendu. 

    Henri est un jeune homme passionné également, alors follement épris peut-être de la seule femme qu'il aimera jamais : il s'agit de la belle Marie de Clèves. Mais Catherine de Médicis entend marier son fils à une autre, une princesse bien née et de haut rang. Un instant, il avait été envisagé de marier le jeune prince à Elizabeth Ière d'Angleterre, mais le mariage n'avait pu se faire à cause de divergences religieuses. Catherine décide donc de chercher une couronne européenne pour donner à son fils préféré...

    C'est décidé, ce sera la couronne de Pologne que ceindra le duc d'Anjou. Catherine de Médicis envoie l'évêque de Valence, Jean de Montluc, en Pologne, pour appuyer la candidature du duc d'Anjou auprès de la Diète polonaise, qui procèdent à des élections en 1573. Grâce à ses talents de diplomate, Monluc parvient à persuader les membres de la Diète de choisir le jeune prince français. Henri est désormais roi de la Rzeczpospolita de Pologne-Lituanie, sous le nom de Henri IV de Valois (Henryk IV Walezy, en polonais). Le 19 Août 573, une délégation polonaise arrive en France pour ramener le prince dans son nouveau pays. Mais Henri, n'étant pas pressé, fit traîner, et assez longuement, son départ. Finalement, sur l'insistance de son frère, il est obligé de faire ses adieux à sa famille et à la France en Décembre 1573. Voilà le duc d'Anjou, nouveau roi de Pologne, en partance pour son nouveau pays, dont les ambassadeurs avaient paru bien archaïques à la Cour de France, fastueuse et raffinée, quand cette dernière les avaient accueillis. 

    Parti de Fontainebleau, le nouveau roi arrive finalement en Pologne, à Cracovie, en Février 1574, après un voyage assez mouvementé et difficile à travers les Etats allemands. Accompagné par une suite assez nombreuse de jeunes nobles français, tels Albert de Gondi ou Charles de Guise, pour ne citer qu'eux, Henri est sacré roi de Pologne le 21 Février 1574, soit quatre jours après son arrivée. Il a vingt-trois ans et refuse le mariage qu'on lui propose avec Anne Jagellon, la soeur de Sigismond II Auguste, une femme bien plus vieille que lui (elle est quadragénaire) et que, de toute façon, il juge laide. 

    Quelques mois plus tard, il apprend la mort de son frère Charles IX, le 14 Juin 1574. Il est donc roi de France, puisque son frère n'a eu qu'une fille d'Elisabeth d'Autriche et un fils bâtard de sa maîtresse, Marie Touchet. Henri songe donc à quitter la Pologne pour prendre possession du trône laissé vacant. De plus, il s'ennuie en Pologne, où le roi à moins de pouvoir qu'en France. Et il regrette également les fêtes données à la Cour de ses parents...C'est sans le consentement de la Diète polonaise et presque comme un fugitif qu'Henri quitte son palais et galope à bride abattue vers le Sud pour rentrer en France. Le 18 Juin 1574, il s'échappe du palais de Wawel pour ne plus y revenir. Etienne Bathory succède à Henri sur le trône de Pologne...

    III. Le roi de France (1574-1589)

    Estampe représentant le roi Henri III et son épouse, la princesse de Lorraine Louise de Vaudémont

    Henri s'arrête d'abord en Autriche puis rallie l'Italie et Venise, où il fait des dépenses considérables. Là, il a une liaison assez brève avec une jeune courtisane, Veronica Franco mais la quitte vite pour se rendre à Padoue, Ferrare et Mantoue. Ensuite, il gagne Turin, où il revoit sa tante Marguerite de France (elle avait été mariée, comme sa nièce Elisabeth, lors de la fatale année 1559). C'est de Chambéry qu'il regagne la France, depuis une litière vitrée. 

    Le 6 Septembre, il est accueilli à Lyon par la reine Catherine, sa mère. Il pense déjà à délier Marie de Clèves pour l'épouser et en faire sa reine mais il apprend la mort de sa bien-aimée, qui a succombé à la naissance d'un enfant mort-né. Fou de douleur, anéanti, le roi cesse de s'alimenter pendant dix jours. 

    Enfin, le 13 Février 1575, Henri de Valois, devenu Henri III est sacré roi de France en la cathédrale de Reims par le cardinal de Guise. Deux jours plus tard, il épouse une jeune femme qu'il avait croisée lors de son voyage vers la Pologne : il s'agit de Louise de Lorraine-Vaudémont, fille du duc de Lorraine, qui n'en revient pas d'avoir été choisie pour devenir la reine d'un aussi prestigieux royaume. 

    Le nouveau roi apparaît alors, en ses débuts, comme celui qui pourra restaurer la France, alors en piteux état. Mais, dés son avènement, Henri est confronté à la guerre menée par celui qui se dit « roi du Languedoc », Henri de Montmorency. A la Cour, il doit également faire face à tous les complots et intrigues montés par son frère puîné, François d'Alençon, qui mène le parti des Malcontents et affronter son beau-frère, Navarre, qui finira par quitter la Cour avec Alençon. Tandis que ce dernier s'allie au parti protestant, Henri de Navarre, qui avait abjuré en faveur du catholicisme, revient à la religion calviniste. Une campagne s'engage alors, qui sera désastreuse pour Henri III. Malgré une victoire du duc de Guise à Dormans, le roi de France est obligé de s'incliner et, le 6 Mai 1576, l'édit de Beaulieu est signé. Ce dernier accorde de nombreuses faveurs à Alençon, voilà pôurquoi il est également appelé "Paix de Monsieur". Les protestants se voient eux aussi favorisés, au grand dam des catholiques. Cet édit participera à la naissance des premières ligues...La sixième Guerre de Religion débute peu de temps après et ne prendra fin qu'en 1577 avec la Paix de Bergerac et l'édit de Poitiers. 

    Henri III est un roi marqué par les malheurs de son temps, ce qui le fait se tourner vers une vie plus austère et consacrée à la prière. En 1584, François d'Anjou, ex-Alençon, meurt de tuberculose, sans descendance et une grave crise dynastique s'ouvre pour la France. Henri III et Louise de Vaudémont, la reine, ne parviennent pas, eux non plus, à avoir des enfants, d'ailleurs, leur union restera stérile. Henri III est donc confronté à un énorme dilemme : le royaume peut échoir autant à Henri de Navarre qu'à Henri de Guise, ce que ne souhaite pas le roi. Quant à Navarre, il est protestant et cet éventuel choix pose un problème aux catholiques, qui estiment qu'une réconciliation entre huguenots et catholiques n'est pas possible. En attendant, le roi est parfaitement conscient qjue la dynastie des Valois est condamnée à s'éteindre car, malgré tout les pèlerinages entrepris avec son épouse, ils ne parviennent pas à engendrer. 

    Au même moment, le duc de Guise, chef de la Ligue catholique avec ses frères et sa soeur, complote en secret pour empêcher Henri de Navarre de monter un jour sur le trône. Brandissant haut leur ascendance avec Charlemagne, les Guise espèrent un jour voir leur chef, Henri, ceindre la Couronne, après Henri III. S'engage alors une lutte entre le roi en place et les deux prétendants au trône. Cette lutte est appelée "La Guerre des Trois Henri", du nom des belligérants Henri de Valois, Henri de Navarre et Henri de Guise. 

    Ce conflit va pousser peu à peu Henri III a fomenter un complot contre le duc de Guise. Le 23 Décembre 1588, à Blois, Henri jette ses célèbre Quarante-Cinq, des gentilshommes gascons, sur Henri de Guise, qui tombe mort dans la chambre même du roi. Celui-ci dira, en sortant de sa cachette :  « Il me semble encore plus grand mort que vivant ». Le cardinal de Guise, frère d'Henri de Guise, est lui aussi assassiné. Ces meurtres ne seront jamais pardonnés au roi. Quelques semaines plus tard, au début du mois de Janvier 1589, Henri III perd sa mère, Catherine de Médicis, âgée de soixante-dix ans. 

    IV. L'assassinat et la légende noire

    Assassinat d'Henri III par le moine fanatique Jacques Clément

    Le 1er Août 1589, Henri III se trouve avec la Cour à Saint-Cloud. C'est le matin, le roi va s'installer sur sa chaise-perçée quand on  lui annonce qu'un moine souhaite le rencontrer. Ce dernier est introduit auprès du roi et demande à Henri III d'éloigner ses proches, ce qu'il a à dire ne concerne que le roi. Henri III s'exécute et reste seul avec le moine, Jacques Clément. Ce dernier commençe à parler puis, brusquement, sort un couteau de sa manche et frappe le roi au bas ventre. Le roi se lève et s'écrie : « Méchant moine, tu m'as tué ! ». Jacques Clément sera pris et assassiné à son tour comme régicide. C'était un catholique fanatique et ligueur. Après une douloureuse agonie, le roi Henri III, dernier de sa dynastie, s'éteint, au matin du 2 Août 1589. C'est son cousin et beau-frère, Henri de Navarre, qui monte sur le trône.

    Effondrée par la mort de son époux, Louise de Lorraine, véritablement éprise de lui (Henri III l'a aimée également), se retire complètement du monde, en son château de Chenonceau, où elle prend le deuil des reines de France=. Toute vêtue de blanc, elle sera désormais surnommé « la Dame Blanche ». 

    Pierre de l'Estoile dira, comme éloge funèbre : « Ce Roy étoit un bon prince, s’il eût rencontré un meilleur siècle. ». Cela prouve que, malgré la haine qu'il s'était attirée, ce roi avait aussi des qualités. Aujourd'hui encore, il fait l'objet de débats, notamment à propos de sa sexualité. Henri III est resté un roi honni, comme son frère Charles IX, avec une réputation d'homme coquet et délicat, se parfumant, se maquillant...La présence de ses mignons et archimignons n'a rien arrangé. 

    Malgré l'idée tenace qu'Henri III était bien plus attiré par les hommes que par les femmes, il ne faut pas oublier qu'il entretint de nombreuses liaisons, même après son mariage. Mais, par respect pour la reine, il organisait en secret ses rencontres avec ses maîtresses. Comme son frère Charles IX, il aima sa femme. Peut-être Henri III souffrit-il de sa mauvaise réputation, comme sa mère, dont la légende noire est encore aujourd'hui, bien vivace. 

    Ces mauvaises images laissées par les derniers souverains de la Renaissance participent à donner à tous une image décadente des derniers Valois. 

    © Le texte est de moi, je vous demanderais donc de ne pas le copier, merci.

    Pour en savoir plus :

    -Henri III : un désir de majesté, Jean-François Solnon. Biographie.
    -Henri III, Philippe Erlanger. Biographie.
    -Catherine de Médicis, Jean-François Solnon. Biographie.

     


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