• Aliénor d'Aquitaine, tome 2, L'automne d'une reine ; Elizabeth Chadwick

    «  Il fut un temps où je croyais pouvoir tout changer. J'ai appris à mes dépens que bien peu de changements sont en notre pouvoir. Autant utiliser nos forces pour des combats où nous avons une chance de l'emporter. »

    Couverture Aliénor d'Aquitaine (Chadwick), tome 2 : L'automne d'une reine

     

     

      Publié en 2014 en Angleterre

      En 2021 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Eleanor of Aquitaine, book 2, The    Autumn Throne

      Éditions Hauteville (collection Poche)

      672 pages 

      Deuxième tome de la saga Aliénor d'Aquitaine

     

     

     

    Résumé :

    Coiffés tous deux de leur couronne, le roi et la reine présideraient à un grand rassemblement de barons et d'ecclésiastiques. Aliénor avait l'intention de s'y montrer parée de soie, de fourrure, d'or et de joyaux. N'était-elle pas, après tout, la reine d'un empire qui s'étendait des Marches de l'Ecosse aux Pyrénées, dont les sommets étaient couverts de neiges éternelles ? 

    1154. Aliénor est couronnée reine d'Angleterre aux côtés de son époux, le jeune Henri II Plantagenêt. Elle est désormais l'une des femmes les plus puissantes d'Europe. Tandis que Henri part en guerre contre les ennemis de la Couronne, Aliénor se révèle une souveraine active sur tous les fronts et une mère dévouée pour leurs nombreux enfants. Mais, bientôt délaissée par Henri, qui lui préfère sa jeune amante, Aliénor se voit peu à peu déposséder du pouvoir qui est sien. Alors que la rébellion couve au sein de la famille royale, Aliénor découvre à ses dépens que même une reine doit constamment se battre pour conserver sa place. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    1155. Divorcée du roi Louis VII, remariée à Henri Plantagenêt, duc d’Anjou devenu roi d’Angleterre en 1154 et déjà mère d’un fils né en 1154, Aliénor a trente ans et une destinée hors du commun semble s’ouvrir à elle. Aux côtés d’un jeune roi fougueux, déterminé et ambitieux, Aliénor, duchesse d’Aquitaine en titre, pense qu’elle aura toutes les clefs pour mener à bien ses propres aspirations…
    Pourtant, le destin aime parfois jouer des tours. La mésentente, insidieusement, commence à s’installer entre Henri, qui n’aime pas qu’on le contre et Aliénor, jalouse de ses propres prérogatives et dotée d’un tempérament qui peut s’avérer volcanique. De très nombreuses fois enceinte, la reine doit supporter l’humiliation des aventures érotiques de son époux qui ne s’en cache pas et de perdre peu à peu son pouvoir au profit d’un roi dont l’appétit est insatiable et qui ne supporte pas qu’on lui résiste. Bientôt, l’ancienne reine de France est témoin de l’hostilité montante entre Henri et le roi de France qui est son suzerain et surtout de la haine de son époux pour son chancelier Becket, devenu archevêque de Canterbury et qui n’hésite pas, fort de son pouvoir religieux et ecclésiastique à tenir tête au souverain.
    Ce deuxième tome, centré sur la maturité de la reine, traite près de vingt ans de sa vie, des débuts heureux de son mariage jusqu’à la révolte ouverte de ses fils au début des années 1170 et le propre emprisonnement de la reine sur ordre d’Henri. Il y est aussi question bien entendu des nombreuses grossesses d’Aliénor qui, après n’avoir donné que deux filles au roi Louis VII, aura avec Henri huit enfants : l’une de leurs filles, Mathilde, sera duchesse de Saxe, l’autre Aliénor, reine de Castille et mère de Blanche de Castille. Trois de leurs fils seront couronnés roi : Henry le Jeune du vivant de son père, puis Richard Cœur-de-Lion et Jean sans Terre, de plus sinistre réputation. Avant la reine Victoria, par sa nombreuse progéniture et par les alliances tissées pour eux, Aliénor d’Aquitaine peut être considérée comme « la grand-mère de l’Europe ».
    Si j’avais été agréablement surprise par le premier tome, L’été d’une reine, que j’attendais comme une romance historique mâtinée de médiéval, il s'était en fait avéré avoir beaucoup plus de relief que ça. C’est donc beaucoup plus sereine que je commençais ce deuxième volume et, même si globalement ce fut une bonne lecture, j’avoue avoir ressenti des longueurs en milieu de roman qui m’ont donné le sentiment de faire du sur-place et de piétiner pendant de longs chapitres.
    J’ai trouvé que le début du roman se concentrait beaucoup sur les nombreuses grossesses de la reine : certes, elles furent très rapprochées et ses accouchements, nombreux, mais peut-être que l’autrice aurait fait gagner en rythme à son récit, si elle avait traité ces événements plus rapidement. J’ai trouvé que la dimension politique et historique disparaissait un peu au profit de la description d’un quotidien qui en devient monotone car sensiblement le même, de demeure royale en demeure royale, de partie de chasse en partie de chasse, de discussions feutrées en discussions feutrées. La deuxième partie du roman est, heureusement, un peu plus enlevée, quand l’hostilité terrible d’Henri II contre Thomas Becket se met en place, se muant bientôt en un véritable conflit ouvert qui se soldera par l’assassinat de l’archevêque dans sa cathédrale – encore aujourd’hui, les historiens ne peuvent assurer de source sûre que le roi d’Angleterre n’avait pas ordonné ce meurtre et que des chevaliers de sa suite ont outrepassé ses ordres.
    Peu à peu, on assiste aussi au délitement du mariage d’Henri et Aliénor, qui avait pourtant commencé sous de bons auspices et s’en trouva couronner par la naissance de nombreux fruits. La mésentente du roi d’Angleterre et de son épouse concernera d’ailleurs bien souvent leurs enfants, dont Henri use comme des pions utiles au service de sa politique, les mariant ou les fiançant au gré des alliances qu’il noue, sans tenir compte de son épouse. Plus loyaux à leur mère qu’à leur père, avec lequel ils ne s’entendent pas, les fils aînés entreront en véritable guerre contre lui au début des années 1170, allant se réfugier à la cour du roi Louis à Paris, celui-ci se montrant trop content de pouvoir instiller le doute et la discorde au sein de la famille Plantagenêt. Si on a souvent comparé la famille des Valois, au XVIème siècle, à des Atrides modernes, nul doute que les Plantagenêt au XIIème siècle n’auraient pas usurpé un tel surnom !

    La rivalité d'Aliénor et de la maîtresse d'Henri II Rosemonde Clifford a inspiré les peintres romantiques ou préraphaélites comme ici Edward Burne-Jones (Fair Rosamund and Queen Eleanor, 1861)


    Au milieu de cela, Aliénor, qui vieillit, fatiguée de surcroît par de nombreuses grossesses et qui doit affronter la faveur éclatante d’une toute jeune fille à la Cour, Rosemonde Clifford, doit continuer de se battre pour sa propre hégémonie et celle de son fils préféré, Richard, son héritier pour l’Aquitaine, dans un climat de plus en plus délétère.
    Ce roman a le mérite de nuancer l’image que l’on a d’Aliénor, comme étant celle d’une femme très moderne, en avance sur son temps et dotée d’un pouvoir étendu et d’une influence certaine - elle en avait certes plus que beaucoup de femmes à l'époque mais pas autant que l'on pourrait complaisamment le croire aujourd'hui, avec une lecture peut-être trop féministe du personnage. Si son héritage naturel, l’Aquitaine, lui appartient en propre et lui apporte la richesse de terres opulentes et étendues, il n’est pas si surprenant que cela au Moyen Âge de voir des femmes héritier des fiefs de leur père : paradoxalement, le Moyen Âge sera sur le pouvoir féminin bien plus souple que les siècles suivants qui se montreront bien plus misogynes. Le pouvoir d’Aliénor, s’il est donc conséquent, n’est ni un précédent ni une fin en soi.
    Elle ne fut pas non plus, du moins après ses mariages, la femme toute-puissante que l’on peut imaginer, ses époux, tant Louis que Henri cherchant à s’accaparer son pouvoir sur l’Aquitaine, province riche et stratégique par sa situation géographique. Certes, Aliénor est nantie d’une éducation poussée pour l’époque. Lettrée, porteuse de cette culture occitane qui a fini par se fondre dans ce brillant XIIème siècle, siècle des troubadours, des poètes et de l’amour courtois, protectrice des artistes et mécène avertie, la reine d’Angleterre et duchesse d’Aquitaine ne s’en retrouvera pas moins otage de son époux pendant plus de dix ans, après que celui-ci l’ait considérée comme responsable de la révolte de leurs fils aînés. Mais sa longue vie, l’omniprésence de son personnage sur toute la fin du XIIème siècle, sa survivance à son époux et même à nombre de ses enfants, font d’Aliénor aujourd’hui un personnage qui surnage entre l’Histoire établie et la légende.
    Ici, elle redevient une femme comme les autres, avec ses démons, peut-être plus palpable et accessible que l’image un peu figée et évanescente que l’on a d’elle.
    Globalement, malgré les longueurs de la première partie du roman qui m’ont ennuyée – et j’avoue que mon rythme de lecture s’en est ressenti -, j’ai apprécié ce deuxième volume à sa juste valeur. Après la jeunesse éclatante, mais pas dénué de bien d’embûches aussi, Aliénor s’achemine doucement vers la vieillesse. Nous la retrouvons à trente ans, jeune reine couronnée et enceinte et nous la quittons au seuil du grand âge, bafouée et lâchée de toutes parts. Et pourtant, l’histoire de cette grande reine n’a pas dit son dernier mot puisque nous la retrouverons une dernière fois dans L’hiver d’une reine.

    En Bref :

    Les + : la suite nuancée d'une reine proprement fascinante même si Aliénor d'Aquitaine n'est peut-être pas la figure féminine d'avant-garde que l'on se plaît à voir en elle.
    Les - : beaucoup de longueurs au début qui m'ont fait l'effet d'un manque de rythme, surtout que la deuxième partie du roman est finalement bien plus enlevée et dynamique.


    Aliénor d'Aquitaine, tome 2, L'automne d'une reine ; Elizabeth Chadwick

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

    • Découvrez mon avis sur le premier tome dans le billet ci-dessous : 

    L'été d'une reine

     

     


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