• Angélina, tome 3, La Force de l'Aurore ; Marie-Bernadette Dupuy

    « Elle avait remporté le combat qu'elle s'était assigné en secret ; elle avait vaincu les idées reçues, bousculé un peu l'ordre établi et surtout défendu Rosette en même temps qu'elle se défendait elle aussi. »

    Couverture Angélina, tome 3 : Le souffle de l'aurore / La force de l'aurore

     

     

       Publié en 2017

       Editions Le Livre de Poche

       666 pages 

       Troisième tome de la saga Angélina, les Mains de       la Vie

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Ariège, 1882. Angélina et son mari Luigi reviennent à Saint-Lizier après un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. La jeune femme, enceinte de quatre mois, a hâte de retrouver son dispensaire et d'exercer à nouveau son métier de sage-femme. Elle ne mesure pas la haine aveugle que lui voue l'épouse de son ancien amant, Guilhem Lesage, qui ne s'est jamais véritablement dépris d'elle. Découvrant par hasard qu'Angélina a pratiqué un avortement sur sa servante Rosette, elle dénonce les deux femmes à un juge dont elle est la maîtresse. Angélina et Rosette sont arrêtées et emprisonnées sous la menace de la pire des sanctions : l'envoi au bagne...
    Le destin passionnant d'Angélina, une héroïne aussi belle qu'audacieuse, qui trouvera dans l'amour pour son mari la force de résister à la plus inique des machinations, à une époque encore très imprégnée de préjugés et de superstitions. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Avec La Force de l'Aurore, Marie-Bernadette Dupuy clôture sa saga de la costosida Angélina Loubet, dans l'Ariège du XIXème siècle. Dire que je quitte les personnages sans un petit pincement au coeur serait mentir... cette saga ne m'a jamais pleinement convaincue mais ça reste un beau portrait de cette France de la fin du XIXème siècle, qui est plus est dans les très beaux et sauvages décors des Pyrénées.
    Nous sommes au printemps 1882 : Angélina et Luigi, son mari, rentrent à Saint-Lizier après un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Le couple est plus amoureux que jamais et Angélina porte depuis quelques mois leur premier enfant. Ou du moins, le premier enfant de Luigi... et concernant le secret entourant la naissance du petit Henri, près de quatre ans plus tôt, il n'a jamais été aussi près d'être révélé au grand jour.
    Angélina ne le sait pas encore mais ce retour au pays qu'elle attendait tant ne va pas se faire sans mal... d'abord il y'a Guilhem, son premier amour, qui n'a de cesse de vouloir la revoir... et il y'a aussi la femme de Guilhem, Léonore qui, depuis son arrivée en Ariège l'année précédente, voue une jalousie haineuse à Angélina.
    Alors que les Lesage apprennent qu'Henri est en fait le fils illégitime de Guilhem et Angélina, celle-ci se retrouve alors accusée d'avoir pratiqué un avortement sur la personne de sa servante, la jeune Rosette : celle-ci se retrouve menacée d'être envoyée au bagne à Cayenne tandis qu'Angélina encourt une peine de prison et l'interdiction d'exercer sa profession de sage-femme.
    Vous l'aurez compris, ce dernier tome ne sera pas de tout repos. Inscrit dans la continuité du précédent, il est essentiellement centré autour du secret d'Angélina et Rosette, brutalement révélé au grand jour avec les conséquences qu'on peut attendre. À l'époque, l'avortement est un crime sévèrement puni et condamné par l'Église. Être fille-mère, c'est le déshonneur et des jeunes femmes prennent le risque de s'en remettre à celles que l'on appelle des faiseuses d'anges et qui sont passibles de la prison si jamais leurs pratiques sont découvertes. Les jeunes femmes qui se résolvent à recourir à un avortement risquent elles aussi des poursuites d'où, parfois, des drames quand elles se retrouvent piégées dans une situation inextricable, certaines mettant fin à leur jour. D'autres meurent dans les mains des femmes qui les font avorter parce que, pratiqué
    secrètement et souvent dans de mauvaises conditions d'hygiène, c'est un acte qui n'est pas sans risques. Comme la naissance, d'ailleurs qui, il y'a cent-quarante ans et même moins, coûtait la vie de nombreuses femmes et de beaucoup de bébés.
    À nouveau, Angélina se retrouve prise dans la tourmente et ne va pouvoir compter que sur elle-même, ses idéaux et le soutien des siens pour s'en sortir.
    Ce troisième tome, le dernier, c'est aussi l'occasion de se mettre en paix avec ses vieux démons... c'est le moment de dire adieu, aussi... et c'est le temps des révélations... La force de l'aurore clôture bien cette saga historique et régionaliste qui nous fait revivre un moment cette France d'autrefois.
    Quand j'ai lu Les mains de la vie, le premier tome, il y'a plus de quatre ans, j'avais aimé l'intrigue, mais j'avais été nettement moins séduite par la forme... entendons-nous bien, j'ai trop de respect pour les auteurs pour me permettre de dire que l'un écrirait mal. Non. Marie-Bernadette Dupuy n'écrit pas mal, mais j'avoue que je ne suis pas séduite par son style et notamment par les dialogues parfois un peu ampoulés et qui en deviennent, de fait, légèrement artificiels. Malheureusement cela n'a pas changé avec les deuxième et troisième tomes mais la force du sujet et les personnages attachants m'ont donné envie de continuer et je ne le regrette pas.
    Paradoxalement, même si le style de l'auteure m'agace par moment, il y'aurait pu y'avoir un quatrième tome de cette saga, voire un cinquième, je crois que je les aurais lus sans hésiter parce que malgré les petits défauts et faiblesses de cette saga, on sent toute la sincérité et l'investissement de l'auteure dans cette trilogie...Angélina est une héroïne attachante, forte de ses convictions, qu'elle défend avec beaucoup de cœur. Au-delà de ça, Marie-Bernadette Dupuy dépeint aussi très bien la vie rurale française à la fin du XIXème siècle, une vie encore simple et emplie de superstitions et de religion. En lisant ce roman et les précédents, on s'imagine volontiers nos ancêtres vivant de cette manière, simplement, travaillant leurs terres ou tenant leurs commerces et allant à l'Eglise le dimanche parce que, malgré tout, on craint Dieu et on en appelle encore à lui pour beaucoup de choses. Mais, en même temps, la fin du XIXème siècle, c'est l'entrée timide de la modernité dans la vie de chacun, à commencer par la médicalisation de certains métiers de santé pratiqués depuis la nuit des temps, comme celui de la sage-femme,
    indispensable mais souvent exercé par une femme plus âgée et ayant elle-même eu un ou plusieurs enfants, sans forcément posséder les compétences médicales d'une sage-femme diplômée comme Angélina, à commencer par des mesures d'hygiène qui, si elles nous paraissent comment allant absolument de soi aujourd'hui, ne sont pas forcément un réflexe à l'époque. Or, ce manque d'hygiène, notamment chez les sage-femmes qui ne se lavent pas systématiquement les mains avant de pratiquer un accouchement, peut entraîner la mort de la mère par infection...le manque de connaissances médicales et obstétriques peut entraîner la mort d'un bébé : ainsi, une matrone ne saura pas forcément accoucher une femme dont le bébé se présente par le siège, alors qu'Angélina, grâce à sa formation, saura pratiquer telle ou telle manœuvre pour faire naître le bébé en l'épargnant tout comme sa mère. Malgré tout, le métier de sage-femme reste encore une profession traditionnellement féminine, où l'on se passe, parfois de mère à fille, ou de praticienne à praticienne, des gestes ou des astuces qui échappent au cadre normé de la médecine mais peuvent sauver tout autant.
    C'est vraiment ce que j'ai apprécié dans cette saga : découvrir l'évolution d'une profession qui a toujours fait partie du quotidien des femmes, depuis bien longtemps et qui, à l'aube du XXème siècle, tend à se transformer radicalement. Moins d'un siècle plus tard, on n'accouchera plus à la maison, mais dans le cadre sécurisant de l'hôpital, les sage-femmes seront peu à peu supplantées par les obstétriciens, la médecine restant pendant longtemps un privilège masculin et les femmes devant se battre pour s'y faire une place. Puis ce métier reviendra sur le devant de la scène, comme c'est le cas aujourd'hui. Angélina fait partie de ces femmes passionnées qui donnent de leur temps pour leurs sœurs dans les douleurs de l'enfantement, se dévouant corps et âme et sans réfléchir à une mère et son bébé pour que ce moment de la naissance, à plus forte raison à l'époque, ne soit pas un événement dramatique mais un événement joyeux.
    Comme je le disais plus haut également, que l'auteure aborde l'avortement dans ce troisième tome est intéressant tout en étant révoltant quand on se rend compte de la manière dont réagissait une société fortement patriarcale et empreinte de religion, devant un acte souvent dicté par les raisons les plus terribles. On se rend compte aussi que ce droit, acquis aujourd'hui assez chèrement, reste toujours fragile et qu'il faut se battre pour ce droit. Dans cet ultime tome, les convictions d'Angélina prennent un tour franchement moderne et féministe, même si l'on n'emploie pas encore le mot. On sent toute la volonté de la jeune costosida de sauver les femmes, que ce soit en les aidant à donner la vie ou alors en se sauvant de l'horreur que peut induire la naissance d'un enfant né d'un viol. Tout le paradoxe du métier de sage-femme à l'époque, qui peut être aussi sollicitée comme faiseuse d'anges, apparaît ici. Ce troisième tome clôt vraiment bien cette saga aux accents historiques et de littérature de terroir. Oui, des fois c'est cliché, oui, des fois les dialogues font un peu toc. Mais les personnages authentiques, diversifiés, représentatifs et la sincérité de l'auteure et son attachement pour ses héros font le reste.

    En Bref :

    Les + : Cette saga qui m'a transportée à une autre époque et dans cette France d'antan que j'aime beaucoup retrouver dans les romans historiques ou de terroir. Marie-Bernadette Dupuy met beaucoup de coeur et de sincérité dans ses histoires et c'est tout ce qui compte.  
    Les - :
    le style de l'auteure ne m'a toujours pas convaincue mais ce n'est pas grand grave. J'ai pris plaisir à lire ce roman et je l'ai refermé avec un peu de regret...donc c'est l'essentiel, non ?

    Les soeurs Brontë : la Force d'Exister ; Laura El Makki

    Thème de juillet, « On dirait le Sud », 7/12


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