• [CONSEILS LECTURE] Les livres lus en 2022 que je vous recommande

    [CONSEILS LECTURE] Les livres lus en 2022 que je vous recommande

    [CONSEILS LECTURE] Les livres lus en 2022 que je vous recommande

     

    Avec la fin de l'année, arrivent aussi le moment des bilans. Depuis quelques années, je me plais à instaurer ici un petit rituel fin décembre : mes recommandations de l'année. 

    L'année d'un lecteur est inégale : parfois, on va avoir de gros coups de cœur mais aussi des déceptions ou des lectures sans-plus, qui n'étaient pas mal sur le moment mais ne laisseront pas un souvenir impérissable. Ici, celles dont je voudrais vous parler sont celles qui m'ont le plus marquée depuis janvier dernier. Evidemment, cette sélection est entièrement subjective : et pourtant, je suis sûre que ces livres présentés ici pourraient peut-être vous taper dans l'oeil. 

    Étrangement, cette année, je n'ai eu qu'un coup de cœur. Un vrai. C'est très, très rare pour moi de n'en avoir qu'un, même si je ne fais pas partie non plus des lecteurs qui les accumulent. Et en plus, dans un genre (le roman policier historique) qui me plaît certes beaucoup mais avec lequel j'ai rarement de coups de cœur. Malgré tout, tout au long de l'année 2022, j'ai fait d'excellentes découvertes, des lectures qui me marqueront durablement et dont je vais aimer me souvenir longtemps, j'en suis sûre. Et n'est-ce pas là le plus important, finalement ? 

     

    Couverture La chambre des dupes La chambre des Dupes, Camille Pascal, 2021, 528 p. 

     La chambre des dupes est le deuxième roman de de Camille Pascal. Notamment plume de Nicolas Sarkozy, Pascal est avant tout historien et avait fait sensation il y a trois ans avec L'été des quatre rois, évocation magistrale et passionnante de la révolution de juillet 1830 et de l'abdication des derniers Bourbons avant l'avènement de la Monarchie de Juillet. 
    Ici, nous découvrons un autre pan de l'histoire de France et c'est intéressant, parce que c'est par le trou de la serrure, si on peut dire. Les secrets d'alcôve sont parfois aussi importants que les grands événements géopolitiques et c'est bien ce que ce roman nous laisse entrevoir, avec les amours du jeune Louis XV et de l'une de ses premières favorites officielles, la belle mais ambitieuse duchesse de Châteauroux. Camille Pascal allie la méthodologie et la connaissance de l'historien à la chaleur d'un style littéraire inimitable. C'est ambitieux et riche mais accessible : encore une fois un roman historique magistral et de haut niveau. 

    Couverture Daisy Jones & the Six  Daisy Jones and the Six, Taylor Jenkins Reid, 2020, 480 p.

    Ce roman est réellement la plus pure incarnation du mot inclassable en littérature. Vous ressortirez de cette lecture sans savoir exactement ce que vous avez lu. La forme est surprenante : en forme de longue interview et de tranches de vie récoltées ici et là, Daisy Jones and the Six est une sorte de roman choral protéiforme et raconte l'histoire d'un groupe de rock fictif (et sulfureux) dans l'Amérique des années 1970...tout est faux et tout est vrai à la fois : ainsi, on se plaît à rapprocher The Six des Doors par exemple et la troublante et fragile Daisy Jones, prodige de la musique mais qui s'étourdit dans une spirale de drogue, d'alcool et d'art brut, n'est pas sans rappeler les figures féminines du rock de ces années-là, de Janis Joplin à Patti Smith. J'ai vraiment adoré ce roman même si cette forme, dont on a parlé plus haut, m'a un peu déroutée au départ. Pour autant, j'en ai aimé l'originalité, le fait que ce roman semble unique, impossible à rapprocher d'une autre oeuvre. Moi qui ne connaissais pas l'univers de Taylor Jenkins Reid, j'ai découvert une plume incisive et vive et j'ai bien envie de lire ses autres romans, maintenant. 

     Les Graciées, Kiran Millwood Hargrave, 2021, 456 p.

     A l'instar d'une Sally Rooney qui a fait sensation il y a quelques années avec Normal People, il semblerait que la littérature contemporaine doive compter avec celle qui est de plus en plus présentée comme un petit prodige des lettres : la jeune romancière britannique Kiran Millwood Hargrave, qui a connu un succès international avec son roman Les Graciées. 
    Roman historique mais aussi féministe, qui convoque aussi la figure légendaire et tutélaire de la sorcière, Les Graciées raconte l'histoire d'une communauté norvégienne isolée, près du cercle polaire. Les conditions de vie y sont extrêmement rudes, les hivers longs et froids. Vivant essentiellement de la pêche et de la mer, l'île de Vardo voit pourtant, la veille de Noël 1617, disparaître une partie de sa population masculine à la suite d'une tempête aussi soudaine que brutale. Dans un monde où les femmes sont soumises aux figures d'autorité que sont les pères, les frères, les maris, elles se trouvent soudain livrées à elles-mêmes, en charge des enfants et des vieillards et dans l'obligation de reprendre les activités des hommes sous peine de mourir de faim. Mais un drame bien plus important encore est en train de se jouer à l'insu des habitantes de Vardo : l'arrivée d'un pasteur rigoriste et de sa jeune épouse dans la communauté isolée, va créer bien des remous, dont certaines familles ne sortiront pas indemnes. 
    Puissant mais pas forcément facile d'accès au premier abord, Les Graciées se mérite. Je n'ai pas eu de coup de coeur, j'en attendais beaucoup et si je suis honnête, je dois bien avouer que je n'ai pas eu tout ce que j'attendais en démarrant cette lecture. Pour autant, je l'ai beaucoup aimée, malgré quelques défauts ou inégalités (qui donnent aussi au roman une certaine densité, car la perfection n'existe pas, de toute façon). 
    J'ai aimé la plume de l'autrice, j'ai aimé l'univers développé ici et j'ai passé un agréable moment avec ce roman qui me laisse le sentiment, près d'un an après l'avoir lu, d'être à part. 

     

    Couverture Les dames de Marlow enquêtent, tome 1 : Mort compte triple

     

     

     

     

     

     

    Les Dames de Marlow, tome 1, Mort compte triple, Robert   Thorogood, 2021, 390 p.

     

    Je vous présente maintenant une lecture bien plus légère. Depuis l'année dernière, je prends plaisir à découvrir le genre cosy mystery/cosy murder qui se développe de plus en plus et rencontre un succès croissant. 
    Les Dames de Marlow était sûrement le cosy mystery que j'attendais le plus. Contre toute attente, il est surpassé dans mon top 5 par Les Détectives du Yorkshire mais malgré tout, j'adore cette saga. C'est frais, c'est léger et très drôle. Si vous aimez les thrillers sombres et sanglants, passez votre chemin : ici, l'enquête policière est surtout le prétexte de développer une intrigue parallèle pleine d'humour et de légèreté. Imaginez une petite communauté britannique bien sous tous rapports, assez cossue : Marlow est une petite ville sur les bords de la Tamise, en apparence sans histoire. Judith Potts, dynamique et extravagante vieille dame de 77 ans, qui vit justement sur les berges du fleuve, a plus souvent l'habitude de voir passer bateaux de plaisance, promeneurs et vélos sur le chemin de halage que...des criminels. Et pourtant, un beau soir d'été, elle entend distinctement un coup de feu dans la maison de son voisin d'en face qui est effectivement...retrouvé mort ! Et Judith de se muer alors en enquêtrice de l'ombre avec ses deux acolytes, Becks la femme du pasteur, qui mène une vie de bonne épouse et de mère attentive dans laquelle elle s'ennuie et Suzie, promeneuse de chiens. 

    Couverture La Traversée des Temps, tome 1 : Paradis Perdus 

     

     

     

     

     

    La Traversée des Temps, tome 1, Paradis Perdus, Eric- Emmanuel Schmitt, 2021,  608 p.

     Paradis perdus était probablement le livre que j'attendais le plus cette année, si ce n'est celui que j'attendais le plus. Eric-Emmanuel Schmitt est un auteur contemporain prolixe, qu'on ne présente plus et dont l’œuvre est assez polymorphe et suffisamment variée pour plaire à tous types de publics. Personnellement, j'avais trouvé mon compte en lisant L'évangile selon Pilate ou encore, La part de l'autre et j'avais aimé sa manière de voir l'Histoire. Alors, lorsque j'ai commencé à voir passer celui-ci sur les réseaux sociaux, évidemment, j'ai eu envie de le lire : cette énorme fresque retraçant l'histoire de l'humanité depuis les âges les plus reculés, à travers la figure éternelle d'un personnage doué d'immortalité (Noam, le Noé de la Bible et de l'épisode du Déluge), m'a immédiatement rendue curieuse et la lecture de ce premier tome n'a fait que confirmer que, encore une fois, Schmitt nous régale avec un roman unique, riche et documenté, qui ne m'a donné qu'une envie : lire la suite. C'est chose faite depuis juillet et je pense lire le troisième tome sorti début novembre dans le courant de l'hiver. Moi qui lis en général les livres trois mille ans après leur sortie, pour une fois, je suis à jour et c'est un signe.

    Couverture Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux / Les femmes oubliées

     

     

    Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux, Martha Hall Kelly, 2019, 672 p.

     

     

     

     

    Je crois que j'ai beaucoup aimé ce roman parce qu'il m'a donné quelque chose que je n'attendais pas. Après ma lecture il y a un an de Un parfum de rose et d'oubli qui, chronologiquement, le précède et se passe notamment en Russie au moment de la Révolution de 1917. Il était assez naturel de lire Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux, non seulement pour retrouver les personnages (notamment les femmes Ferriday, qui servent de trame à ces romans mais aussi à leur suite, Le tournesol suit toujours la lumière du soleil) mais aussi parce que le contexte historique me plaisait beaucoup. En même temps, j'avais un peu peur aussi, en démarrant cette lecture, parce que les romans se passant pendant la Seconde guerre mondiale sont souvent durs ou révoltants... et même si ce roman ne nous épargne pas (les descriptions des conditions de vie à Ravensbrück et des expérimentations soi-disant médicales sur les détenues sont glaçantes), il est difficile à lâcher tant l'histoire est palpitante. Et, comme dans Un parfum de rose et d'oubli, Martha Hall Kelly donne aussi la parole à ceux qui, par un mauvais choix un jour, dans leur vie, vont faire le mal. Une lecture agréable mais pas divertissante, on en ressort bouleversé et avec des images qui sont difficiles, ensuite, de se sortir de la tête.

     

    Couverture Angélus  Angélus, François-Henri Soulié, 2021, 576 p. 

    Je vous présente mon seul coup de cœur de l'année. Eh oui. 2022 n'aura pas été un très bon cru concernant les coups de cœur mais, comme l'indique cette liste, j'ai malgré tout fait d'excellentes lectures tout au long de l'année et c'est bien là ce qui compte. Angélus a été une lecture vraiment extraordinaire et le coup de cœur d'autant plus savoureux qu'il était inattendu. J'aime beaucoup les romans policiers historiques (même si j'avais un peu abandonné pendant une période, je crois vraiment que cet intérêt remonte à ma lecture du magistral Le nom de la rose d'Eco, il y a une quinzaine d'années) mais il est malgré tout rare que j'aie un coup de coeur pour ce genre de romans. Il y 'en a beaucoup que je vais aimer, si ce sont des sagas, que je prends plaisir à découvrir de tomes en tomes mais de là à avoir un coup de coeur. Et puis avec Angélus, paf : ça me tombe dessus, comme ça. Je me suis totalement prise au jeu, j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman si bien ficelé, qui nous promène de bout en bout. C'était parfois inquiétant, parfois palpitant et toujours captivant. En plus de ça le contexte est soigné et n'est utilisé uniquement comme prétexte à l'enquête : l'Occitanie du XIIème siècle est décidément une terre de paradoxes mais qui recèle encore bien des secrets. Une très belle découverte, dont j'espère transformer l'essai en lisant la suite maintenant.

    Couverture Aliénor d'Aquitaine (Chadwick), tome 1 : L'été d'une reine

     

     

    Aliénor d'Aquitaine, tome 1, L'été d'une reine, Elizabeth   Chadwick, 2021, 668 p. 

     

     

     

     

    Aliénor est un personnage fascinant. Et, ce qui est assez extraordinaire avec ce personnage, c'est qu'elle est née il y a presque neuf cents ans et pourtant, encore aujourd'hui, on peut s'identifier à elle. Sans tomber dans l'écueil de considérer Aliénor comme une féministe, ce qu'elle ne pouvait pas être, elle a malgré tout lutté à sa manière pour s'affirmer en tant que femme, en tant que souveraine, puisqu'elle avait hérité l'Aquitaine de son père, en tant que mère... Aliénor d'Aquitaine est née au XIIème siècle et pourtant, elle n'a jamais été aussi actuelle. Parce qu'elle est souvent présentée comme une femme belle, sensuelle et, souvent à tort, entourée d'amants, j'avais peur que cette saga ne tombe dans le gros cliché de la romance, laissant de côté l'Histoire et, finalement, à mon grand soulagement, ce ne fut pas le cas. Ce premier tome d'une trilogie, aborde la jeunesse d'Aliénor, de la mort de son père qui fait d'elle la duchesse en titre de l'Aquitaine, riche terre s'étendant du Poitou aux Pyrénées en passant par le Massif central et le Périgord, dont le souverain avait autant d'influence, si ce n'est plus, que le roi capétien à Paris,  jusqu'à son mariage avec Henri II Plantagenêt, de douze ans son cadet. Ce premier tome est une fresque qu'on verrait bien adaptée en série, avec des épisodes très visuels qui cavalcadent et virevoltent. Elizabeth Chadwick a aussi le mérite de redorer l'image d'une femme dont la légende noire a été tenace : mais n'est-ce pas malheureusement le sort que l'on réserve bien souvent aux femmes qui ont fait l'Histoire ? Chez Elizabeth Chadwick, Aliénor redevient humaine et qui dit humaine dit forcément imparfaite mais elle n'est pas le monstre de luxure ni la reine dispendieuse et écervelée que l'on a présentée parfois. Ici, c'est la jeunesse d'une véritable femme de tête et de pouvoir que l'on suit. C'était passionnant et j'ai hâte de lire la suite.

    Couverture Les détectives du Yorkshire, tome 1 : Rendez-vous avec le crime 

     

     

     Les Détectives du Yorkshire, tome 1, Rendez-vous avec le   crime, Julia Chapman, 2018, 381 p.

     

     

     

     Depuis quelques temps, je me prends au jeu des cosy mysteries ou cosy murders, qui ont beaucoup de succès. Si vous n'aimez pas les thrillers trop noirs, poisseux, sanglants ou angoissants, vous aimerez sûrement les cosy mysteries, romans policiers certes mais souvent drôles et légers, où les intrigues n'ont rien d'effrayant. Les Détectives du Yorkshire faisait partie de ces sagas que j'avais le plus envie de découvrir, avec Les dames de Marlow. Et j'ai vraiment beaucoup aimé ce premier tome : le tempérament de feu de Delilah, le personnage plus secret de Samson et la petite ville de Bruncliffe, où tout le monde se connaît et où tout le monde sait tout. Je me suis totalement prise au jeu et voilà, j'ai été piquée, comme des centaines d'autres lecteurs. Après avoir lu ce premier tome en un peu plus de 24 heures, je n'ai eu qu'une envie : me plonger dans la suite, parce que c'est simple, efficace et on sent très vite qu'on va s'attacher aux personnages et prendre plaisir à les retrouver de tome en tome. Et, bien évidemment, l'ambiance so british y est aussi pour quelque chose. Vous prendrez bien un nuage de lait dans votre thé et un peu de clotted cream avec vos scones ? Et installez-vous bien confortablement pour découvrir les aventures de nos deux enquêteurs de choc, Samson O'Brien et Delilah Metcalfe !

    Couverture De la part de la princesse morte 

     

     

     

     De la part de la princesse morte, Kénizé Mourad, 2019, 896   p.

     

     

     

    Ce gros pavé était dans ma PAL depuis un bon moment avant que je ne me décide de le lire. Non pas qu'il ne m'intéressait plus mais je voulais attendre le bon moment pour m'y lancer. Un arrêt forcé en juin, qui m'a libéré du temps, m'a donc permis de lire enfin De la part de la princesse morte, ce roman au titre énigmatique qui m'attendait donc si sagement depuis de nombreux mois. Ce qu'il faut savoir, c'est que ce roman n'est pas qu'une grande fresque historique retraçant le destin (assez tragique d'ailleurs) d'une jeune princesse ottomane assistant à la chute de l'empire de la Sublime Porte à l'issue de la Première guerre mondiale. De la part de la princesse morte raconte l'histoire de la mère de l'autrice, Kénizé Mourad, née à Paris en 1939 mais fille de Selma Raouf, elle-même petite-fille du sultan Mourad V et mariée à un rajah indien. Le destin de Kénizé Mourad est particulier car, orpheline de mère à deux ans, elle n'a pour ainsi dire jamais connu sa mère, ancienne princesse ottomane et qui eut un destin digne d'une tragédie. Née dans les ors d'un empire aux pieds d'argile mais dont la jeune princesse ne pouvait soupçonner la fin imminente, elle doit faire face avec amertume à la fin d'une vie aisée et sans histoires, quand l'empire ottoman s'effondre. Exilée avec sa mère et son frère, elle ne reviendra jamais à Istanbul et devra toute sa vie, faire avec le manque de sa terre natale. Épousant un prince indien dont elle ne comprendra jamais l'existence et les usages, Selma, vivante et solaire n'aura de cesse de fuir, un peu à l'instar de l'impératrice Sissi, qui semblait toujours en quête d'une vie meilleure. La vie de cette femme est un roman et pourtant, elle est bien plus que cela parce qu'ici, tout est vrai. Et donc, cela ne résonne que plus fortement, que plus profondément. Un roman à conseiller mille et mille fois.

     

     

     

     

     La saga des Cazalet, tome 1, Étés anglais, Elizabeth Jane   Howard, 2021, 608 p.

     

     

     

    Si je n'ai pas eu de coup de cœur pour Étés anglais, pourtant je me suis délectée de cette lecture. Il ne s'y passe pas grand chose et c'est assez contemplatif mais qu'est-ce que c'était chouette. Alors qu'on ne vend du Downton Abbey à toutes les sauces depuis des années et souvent à tort et à travers plutôt qu'à bon escient, je dois dire que là, pour le coup, j'y ai tout à fait retrouvé l'ambiance de la série. Étés anglais est le premier tome de La saga des Cazalet : nous sommes en 1938 et la guerre n'a jamais été si proche quand la famille se rassemble à Home Place, le domaine des parents, supervisé par la matriarche du clan, surnommée affectueusement la Duch' par les siens. Adultes et enfants se retrouvent donc dans une joyeuse ambiance dans ce petit bout d'Angleterre si caractéristique : pelouses taillées au cordeau, grande maison en brique. Malgré le contexte assez trouble et angoissant de l'époque, la vie n'en continue pas moins et chacun se retrouve face à ses inquiétudes, ses problèmes, son quotidien. On suit tantôt les adultes tantôt les enfants, dans des scènes d'une authenticité assez rare. Mais malgré l'aspect assez lent du roman, on se passionne vite pour cette chronique, en apparence assez futile mais qui ne l'est en réalité pas du tout. Encore un essai à transformer avec la lecture de la suite !

     

    Couverture Prodigieuses créatures Prodigieuses Créatures, Tracy Chevalier, 2011, 413 p.

    Prodigieuses créatures n'est pas une découverte mais une relecture. Ca faisait longtemps que je voulais me replonger dans ce roman de Tracy Chevalier, que j'avais lu depuis de nombreuses années mais dont je gardais un bon souvenir. Et puis une PAL assez conséquente et des découvertes inédites sont passées en priorité... et il y avait aussi la crainte de ne pas aimer autant que la première fois. Finalement, mes doutes et mes craintes se sont envolées rapidement : j'ai retrouvé exactement les mêmes images et les mêmes sensations que lors de ma première lecture. Tracy Chevalier a le don d'écrire des romans dont les intrigues sortent de l'ordinaire : qui d'autre qu'elle aurait pu imaginer le destin du modèle (encore anonyme aujourd'hui) de La jeune fille à la perle de Vermeer ? Qui d'autre qu'elle aurait pu raconter l'histoire tragique des protestants cévenols et celle des quakers américains qui, au XIXème siècle, se retrouveront confrontés au choix d'aider le chemin de fer clandestin, de fermer les yeux ou bien de s'y opposer ? Et bien évidemment, quand il s'agit de raconter ici le destin de la première femme paléontologue, jeune Anglaise d'origine plus que modeste mais qui, par passion, deviendra une grande connaisseuse des fossiles et des dinosaures, à une époque où l'essor de la science remet de plus en plus en cause les théories religieuses, on retrouve Tracy Chevalier, plus en forme que jamais. Ce roman est vraiment à découvrir, pour bien des raisons et notamment parce que la jeune Mary Anning, née dans le Dorset à la fin du XVIIIème siècle et qui se passionna toute sa vie pour la recherche des fossiles, dont les falaises de sa région natale regorgeait, est un personnage authentique, connue pour avoir été la découvreuse de l'ichtyosaure.

    Couverture Whistle Stop Café, tome 1 : Beignets de tomates vertes

     

     

     

     Whistle Stop Café, tome 1, Beignets de tomates vertes,   Fannie Flagg, 2022, 480 p.

     

     

     

     

    Fannie Flagg fait partie de ces auteurs que j'avais vraiment envie de découvrir mais j'en repoussais la lecture. Pourtant, j'avais bien envie de le découvrir, ce fameux Beignets de tomates vertes qui est presque devenu un classique. J'ai frôlé le coup de coeur, je suis vraiment passée à ça mais la chronologie parfois un peu confuse m'a empêchée d'apprécier pleinement ma lecture même si j'ai passé malgré tout un excellent moment : je retiens de ce roman quelque chose de surprenant, d'inattendu...je ne m'attendais effectivement pas du tout à une forme telle que celle-ci, ni même à un roman choral, faisant la part belle à chacun des protagonistes, qu'on a ainsi l'impression de suivre et découvrir tout particulièrement. Et, sous couvert de légèreté et d'humour, Fannie Flagg aborde le sujet ô combien complexe du racisme aux Etats-Unis. 

    Couverture Petite Petite, Edward Carey, 2022, 560 p. 

    Petite est une curiosité. Un roman étrange, un peu sombre et poussiéreux... vraiment, je ne pensais pas du tout qu'il apparaîtrait dans mes recommandations 2022 parce que j'ai mis beaucoup de temps pour m'habituer et pendant longtemps, j'ai pensé que je n'aimerais pas. Puisque je vous le présente ici, force est de constater que j'ai révisé mon jugement et j'en suis très heureuse. Alors oui, je ne vous le présente pas ici parce que c'est le coup de coeur intersidéral de mon année 2022, non. Pour autant, Petite a quelque chose d'assez extraordinaire qui a capté et retenu mon attention et je crois que c'est le cas de pas mal de lecteurs : Petite est un roman déroutant, bien écrit mais qui met mal à l'aise, où les jolies scènes laissent soudainement place à des descriptions plus triviales. C'est particulier...mais l'auteur a le mérite d'avoir exhumé des brumes de l'Histoire une femme dont la renommée en France a fini par se perdre, alors qu'elle est encore très vivace outre-Manche, où elle émigra au début du XIXème siècle : car on oublie souvent que la célèbre Madame Tussaud, dont les musées aujourd'hui se visitent partout dans le monde, est née en Alsace au début des années 1760 et a connu les horreurs de la Révolution française avant d'aller vivre à Londres. Entre fiction historique et biographie, Petite est un livre marquant, qui laisse une drôle de sensation mais, une chose est sûre, quand vous l'avez lu, c'est difficile de se le sortir de la tête. 

     

    Couverture Le crépuscule et l'aube Le crépuscule et l'aube, Ken Follett, 2022, 1024 p.

     Renouer avec Ken Follett, presque dix ans après ma lecture d'Un monde sans fin, c'était quelque chose ! J'attendais Le crépuscule et l'aube depuis longtemps : au final, je n'ai peut-être pas exactement eu tout ce que j'attendais mais quand même, quel formidable moment de lecture ! Comme à son habitude, Follett nous embarque dans une immense fresque de plus de mille pages, qui couvre plusieurs dizaines d'années. Les personnages forment une trame à part entière que l'on se plaît à aimer, à soutenir ou bien à détester. Et surtout, Le crépuscule et l'aube a une saveur toute particulière quand on sait que ce que l'on est en train de lire est en réalité la genèse d'un monde, celui de Kingsbridge, la fameuse ville anglaise fictive que l'auteur a mis en scène pour la première fois il y a plus de trente ans dans Les Piliers de la terre. Certains lecteurs ont été un peu déçus : il est vrai qu'il est difficile d'atteindre le niveau, magistral, des Piliers de la terre. Mais si vous avez aimé cet univers, vous retrouverez dans ce préquel un je-ne-sais-quoi de familier et, en même temps, de terriblement dépaysant. A lire, pour tous les fans de romans historiques.  

    Couverture Le chant d'Achille Le chant d'Achille, Madeline Miller, 2019, 468 p.

    On ne présente plus Madeline Miller, romancière américaine au succès croissant depuis la sortie de ce roman, qui a même obtenu un prix aux États-Unis. Ancienne étudiante en grec ancien et latin, fine connaisseuse de la mythologie grecque et de ses grands épisodes, comme la guerre de Troie, Madeline Miller s'est aussi fait connaître pour sa réécriture quasi féministe et à la vision ultra contemporaine du mythe de Circé, la fameuse sorcière de L'Odyssée, qui transforma les compagnons d'Ulysse en pourceaux.
    Le chant d'Achille, son premier roman, met en scène deux autres personnages très connus, Achille et Patrocle, dont les destins tragiques ne font qu'un avec celui de l'une des plus formidables guerres jamais racontées, la guerre de Troie, qui voit s'opposer la cité du roi Priam et les Grecs, venus chercher la reine de Sparte Hélène, enlevée par Pâris. Parce que c'est une histoire que l'on connaît depuis toujours, on sait comment cela va se finir et on sait aussi, sans divulguer quoi que ce soit d'important, que ça va mal finir. Et pourtant, jusqu'au bout on se prend à espérer que, peut-être, l'histoire va prendre un tour différent. Et si Madeline Miller, plus empathique que Homère, avait changé&é le cours des choses, donnant à Achille et Patrocle le temps nécessaire pour vivre quelque chose ensemble ? Mais non. L'autrice a rigoureusement respecté le mythe et c'est donc vers la mort irrémédiable des deux héros que le roman court à perdre haleine.
    Pour moi moins captivant que Circé, comportant plus de longueurs, Le chant d'Achille reste pourtant un roman contemporain qui a déjà en lui tous les ferments pour devenir un  véritable classique. En réutilisant des histoires si anciennes qu'on a l'impression qu'elles ont toujours été là, Madeline Miller leur donne pourtant une force contemporaine et lisible pour chacun d'entre nous. A découvrir.

     

    Et vous ? Quelles sont vos lectures de 2022 que vous souhaiteriez recommander ?


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