• Le Conseiller, tome 1, Dans l'Ombre des Tudors ; Hilary Mantel

     « Le nom que nous choisissons est important, de même que le nom que nous nous faisons. »

    Dans l'Ombre des Tudors, tome 1, Le Conseiller ; Hilary Mantel

    Publié en 2009 en Angleterre ; en 2013 en France (pour la présente édition)

    Editions Pocket

    Titre original : Wolf Hall

    958 pages

    Premier tome de la saga Le Conseiller

     

    Résumé : 

    Angleterre, 1527. Dynastie des Tudors. Thomas Cromwell est le secrétaire du cardinal Wolsey, le conseiller favori d'Henri VIII. Mais les rois sont inconstants. La couronne réclame un héritier et la reine Catherine a une rivale : la belle Anne Boleyn qui attise la passion du souverain...Ce dernier veut se débarrasser de Catherine, et le cardinal Wolsey échoue à obtenir du pape Léon X l'annulation du mariage royal. 

    Thomas pourrait tomber en disgrâce avec son maître, mais c'est compter sans son habileté et son art politique...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Dans l'Ombre des Tudors, premier tome de la saga, Le Conseiller, raconte l'ascension fulgurante d'un obscur secrétaire du cardinal Wolsey, Thomas Cromwell, qui va devenir l'un des conseillers du roi Henry VIII, avant sa disgrâce et sa chute tout aussi fulgurantes, en 1540.
    Nous savons peu de choses des jeunes années de Cromwell puisqu'il est né dans le peuple et qu'à cette époque, on se souciait bien peu de noter les dates de naissance des enfants. Il est très vraisemblablement né en 1485, à la fin de la Guerre des Deux-Roses, à Putney près de Londres. Son père, Walter Cromwell, connu pour son ivresse et sa violence notoires, est forgeron et brasseur et montre une belle habileté pour interpréter la loi à sa façon. On ne sait rien de sa mère, si ce n'est qu'elle aurait donné naissance à Thomas à l'âge de cinquante-deux ans, ce qui paraît tout de même très peu probable. Quittant très jeune l'Angleterre, il sera soldat en Europe et notamment dans l'armée française avec laquelle il participera à la bataille du Garigliano en 1503.
    Sa vie est mieux connue après son retour en Angleterre puisqu'après la chute du cardinal Thomas Wolsey, principal conseiller d'Henry VIII jusqu'en 1530, Cromwell va connaître une ascension comme bien peu de conseillers en ont connue. Surtout que ses origines modestes et les nombreux mystères entourant sa jeunesse ne jouaient pas vraiment en sa faveur.
    Les débuts de sa faveur auprès du roi coïncident avec l'arrivée d'Anne Boleyn dans la vie d'Henry VIII. Celui-ci, marié depuis vingt ans à la princesse Catherine d'Aragon, fille des Rois Catholiques, n'a pas pu avoir d'héritier mâle. De son mariage avec Catherine, une seule fille a survécu à l'enfance, la princesse Mary, qui sera un jour la reine Mary Ière Tudor. Persuadé que son absence d'héritier provient du fait que Catherine a été mariée, en premier, à son frère aîné Arthur, mort jeune, Henry se met en tête de divorcer de la princesse espagnole pour épouser la scandaleuse Anne, dont la soeur aînée, Mary, avait été sa maîtresse. Ambitieuse, poussée par sa famille particulièrement cupide -son père, son frère, lord Rochford, son oncle, le duc de Norfolk-, Anne va parvenir à détrôner la fille d'Isabelle et Ferdinand et ceindre la couronne à sa place. Le roi est persuadé qu'elle lui donnera le fils qu'il attend depuis si longtemps ; elle le décevra mais cela, Henry VIII ne le sait pas encore. Pour les beaux yeux bruns de la Boleyn, Henry VIII séparera l'Eglise anglaise de la papauté, créant ainsi l'Eglise anglicane, qui existe encore de nos jours et dont le souverain anglais reste le chef suprême. 

    C'est dans ce contexte que Cromwell, soutenant le roi contre ceux qui affirment que son mariage avec Catherine est valable, malgré son premier mariage avec le prince Arthur, va s'attirer la sympathie du souverain. Intelligent, pas dénué d'ambition non plus mais ne craignant pas le travail, Cromwell se montre très avisé pour conseiller un souverain aussi versatile et inconstant qu'Henry VIII. 
    Entre 1531 et 1540, Cromwell est ainsi membre du conseil privé mais aussi, parmi ses postes les plus importants, chancelier de l'Echiquier, vicaire général, Maître des Rouleaux (Master of the Rolls), lord du Sceau Privé (Lord of Privy Seal), en 1536 il est anobli et Henry VIII lui confère l'honneur de devenir chevalier de la Jarretière l'année suivante. L'année même de sa chute, il devient comte d'Essex.

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    Mark Rylance interprète Thomas Cromwell dans la série Wolf Hall


    Dans le premier tome de la trilogie, Hilary Mantel nous décrit les jeunes années de Cromwell -du moins pour ce que nous en savons- puis ses années au service de Wolsey et enfin, son entrée au service du roi. A force de travail et d'opportunisme, aussi, il faut bien le dire, Cromwell va devenir un personnage-clé du conseil du roi, au même titre que les lords, ce qui, bien sûr, n'est pas sans en agacer certains.
    Beaucoup de longueurs au début du livre m'ont vraiment inquiétée parce que je n'avançais pas. J'ai trouvé les cent premières pages particulièrement laborieuses et j'ai eu la sensation que l'intrigue se mettait en place véritablement après la chute de Wolsey, quand Cromwell commence à faire cavalier seul et à se rapprocher mine de rien du pouvoir, en soutenant notamment les Boleyn dans leur quête effrénée de titres, de gloire et de pouvoir.
    Le style de l'auteure est très particulier et j'ai trouvé que le traducteur avait fait un formidable travail car il a vraiment réussi à restituer l'âme du bouquin et la façon d'écrire de l'auteure -c'est en tous cas comme cela que je l'ai ressenti. J'ai vu énormément d'originalité dans la partie narrative du livre et ça m'a vraiment plu. Ce livre diffère vraiment de ce qu'on peut lire en général mais justement, c'est aussi pour cela qu'il est intéressant. Le livre est rythmé et bien mené, j'ai véritablement eu l'impression d'une immersion complète dans l'époque des Tudors même si, étant une grande fan de la série télévisée, j'ai eu du mal à voir autrement Henry VIII qu'avec la tête de Jonathan Rhys-Meyer, Anne Boleyn avec celle de Natalie Dormer et Cromwell avec la tête de James Frain -qui est d'ailleurs très bien dans le rôle. yes J'ai retrouvé l'ambiance d'un bouquin lu il y'a un petit moment et que j'avais beaucoup aimé : Deux Soeurs pour un Roi, de Philippa Gregory, dans lequel Anne Boleyn est aussi exécrable qu'ici -alors que, je ne sais pas, mais dans la série, je la trouve presque humaine et attachante par moments.
    L'idée de se placer également du côté des conseillers et non pas de la cour est aussi concluante. En général, les romans historiques sont essentiellement basés sur l'histoire des souverains, là, Henry VIII passe presque au second plan, même s'il est présent tout au long du roman -sans Henry VIII, il n'y aurait pas de Cromwell-, et j'ai trouvé ce parti-pris tout à fait intéressant. Malgré les angoisses du début -je me suis dit : « oh mon dieu, mais c'est quoi ce roman carrément ennuyeux ?! » sarcastic- j'ai finalement apprécié cette lecture et il me tarde de découvrir le tome 2 !! ^^

    En Bref :

    Les + : un récit rythmé, original, au parti-pris innovant mais qui marche bien.
    Les - :
      des longueurs au début.


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  • Commentaires

    1
    Mardi 25 Novembre 2014 à 08:54
    Afleurdemots

    Ce premier tome est dans ma PAL, du coup je suis contente et rassurée de voir que tu l'as apprécié ^^! J'avais lu beaucoup d'avis mitigés mais étant passionnée par la période Tudor, je ne pouvais pas ne pas l'acheter! Comme toi, j'ai beaucoup aimé la série The Tudors (je crois que je vais d'ailleurs avoir le même problème concernant la représentation des personnages dans ma tête XD). Par contre, j'avais été un peu déçue par le roman de Philippa Gregory. J'avais trouvé que les personnages étaient présentés de façon trop manichéenne et qu'elle se focalisait (en tout cas c'est le souvenir que j'en ai) beaucoup trop sur l'aspect "romance" au détriment du contexte historique et politique que j'aurais aimé un peu plus étoffé.

    En tout cas contente de lire ton avis positif sur le roman d'Hilary Mantel et je prends note de ton commentaire sur le début quelque peu laborieux du roman :)

    2
    Lundi 1er Décembre 2014 à 03:03
    Lavinia

    Tu me donnes envie de me lancer! Pareil que vous pour la représentation des personnages, j'avoue que c'est aussi cette vision de Cromwell qui m'a donné envie d'en savoir plus, cet homme complètement acharné de travail et prêt à tout.. impressionnant :)

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