• La confession d'un enfant du siècle ; Alfred de Musset

    « De l'homme qui doute à celui qui renie, il n'y a guère de distance. Tout philosophe est cousin d'un athée. »

    Couverture La Confession d'un enfant du siècle

     

     

     

         Publié en 2020

      Date de parution originale : 1835

      Editions Flammarion (collection GF)

      368 pages 

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Tout commence par une trahison amoureuse. Octave, trompé par sa maîtresse, se jette à coeur perdu dans les bras de la débauche. Mais quand survient un nouvel amour, la passion prend le goût amer de la jalousie : pour Octave, marqué au fer rouge de la désillusion, aimer, c'est souffrir et surtout faire souffrir...
    Autel de la douleur dressé par Musset à George Sand au lendemain de leur rupture, la Confession (1836) dépasse pourtant le seul cadre de l'expérience personnelle. Cherchant à toucher du doigt ses  blessures et à trouver dans la fiction une vérité consolatrice, Musset, enfant du siècle, chante la désespérance de toute une génération en proie au mal de vivre.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Publié en 1836, La confession d’un enfant du siècle est probablement le roman de Musset le plus connu. D’inspiration autobiographique, l’auteur s’inspire de sa propre histoire (passionnée et malheureuse) avec George Sand, de 1833 à 1835 et qui finit pour lui par une rupture douloureuse. Mais La confession d’un enfant du siècle est aussi la description d’un « mal » particulier, une affection psychologique qui aurait touché les générations nées à l’apogée de l’Empire ou juste après : un désenchantement terrible, qui donne au roman des notes pessimistes, lyriques et romantiques…
    Le propos de La confession… commence avec la découverte fortuite par Octave, le personnage principal, de la trahison de sa jeune maîtresse. Est-ce cette tromperie ou bien ce « mal du siècle » que semblent porter en germe tous les jeunes gens nés au début du XIXème siècle ? Octave se lance alors dans une description aussi belle que tragique de l’existence, de sa conception de la vie et de l’amour… « La confession est un tombeau, peut-on lire dans la présentation du roman, une poétique de la mort se déploie en effet dans l’ensemble du roman, soulignant le pessimisme voire le nihilisme du propos. Partout la mort ; partout le sentiment que rien ne peut advenir sans la souffrance du deuil. » Et c’est très vrai : si vous avez besoin d’un roman joyeux et positif, ne vous tournez pas vers La confession du roman du siècle, vous y trouverez tout le contraire !
    Pour être honnête, je n’ai personnellement pas trouvé dans ce roman ce que j’attendais : je ne pensais pas que ce roman serait aussi noir et aussi désillusionné, peut-être d’ailleurs à l’instar de l’état d’esprit de Musset après sa rupture avec Sand. Est-ce que cela m’a déçue ? Non. Est-ce que j’ai été cela dit totalement convaincue ? Non plus.
    Sortie de cette lecture depuis quelques jours déjà, j’ai encore du mal à y poser des mots. Mon avis et mon ressenti se sont affinés avec le recul de ces quelques jours : non, La confession… n’est pas une déception, loin de là. Je suis en effet convaincue d’avoir lu de merveilleuses pages. C’est extrêmement bien décrit. Pour autant que ce soit pessimiste et sombre, ce mal du siècle qui touche Musset ses contemporains, après l’exaltation et l’émulation de l’Empire, peut être facilement compréhensible pour nous, générations du XXIème siècle dont on ne cesse de parler du désenchantement, de la conception plus qu’incertaine de l’avenir… Mais le lyrisme romantique qui caractérise le roman, surtout dans la première partie, part parfois dans de telles envolées que j’ai eu un peu de mal à suivre et j’ai malheureusement perdu le fil.
    La deuxième partie m’a donné l’impression d’être plus facile à lire : après la mort de son père, Octave quitte Paris, ville de tentations et de débauche (les femmes, l’alcool) pour se retirer en province où, lors d’une promenade, il rencontre une jeune femme plus âgée que lui, Brigitte. Naît entre eux un amour violent, superbe et exigeant mais qui semble dès le départ voué à l’échec et à la séparation : la déception qu’Octave a ressentie à la fréquentation de ses maîtresses parisiennes serait-elle vouée à se reproduire encore et encore ?
    L’amour chez Musset est violent et destructeur, un peu comme chez Zola, où il est rare que les histoires d’amour, même les plus belles, finissent bien. Révélateur d’une réelle amertume et d’une désillusion vécue, certainement avec Sand qui fut son grand amour, catalyseur d’un mal plus vaste et d’une incertitude difficilement vivable, l’amour est vu bien plus comme une tare que comme une bénédiction. Et les femmes n’y tiennent pas forcément le beau rôle, sans aller jusqu’à dire que ce roman est sexiste, dans la mesure où nous sommes là face à une œuvre qui a près de deux cents ans et qu’il faut donc aussi replacer dans son contexte d’écriture et sa conception de l’amour et du couple.
    Très beau roman, La confession d’un enfant du siècle est dense, riche…Le Musset romancier est aussi talentueux que le Musset dramaturge. Et pourtant, j’ai l’impression que, en ce qui me concerne, la découverte est incomplète. Non, je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé ; je ne peux pas dire que j’ai aimé non plus. Je suis dans un entre-deux un peu étrange d’autant plus qu’aucun de ces deux ressenti ne prend le pas, même légèrement, sur l’autre. Je dirais donc que je suis mitigée, avec le sentiment d’avoir fait une belle découverte mais d’être malheureusement totalement passée à côté de la première partie du roman qui m’a laissé un sentiment un peu confus. Qu'ai-je lu exactement ? La confession d’un homme trompé qui s’épancheLes inquiétudes d’un jeune homme de vingt ans, qui vont bien au-delà d’un chagrin d’amour et symbolisent la peur d’un avenir qu’on ne peut imaginer, après la parenthèse grandiose et spectaculaire de l’Empire, qui a finalement passé aussi vite qu’il était né ?
    Je pense déjà que je relirai peut-être ce livre un jour. Ne serait-ce que pour me concentrer sur cette première partie qui m’a posé problème, histoire de confirmer ou infirmer ce premier avis. Une chose est sûre, je ne regrette pas d’avoir lu ce roman et je pense que c’est là l’essentiel.

    En Bref :

    Les + : un roman singulier, vraiment. L'histoire entre Brigitte et Octave, bien que marquée du sceau du désenchantement, nous offre des pages d'une rare beauté.
    Les - :
    une première partie qui m'a un peu perdue. Très clairement, je suis passée à côté.


    La confession d'un enfant du siècle ; Alfred de Musset

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

       

     


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 8 Juin 2022 à 11:35

    Bien qu'aimant les classiques, je ne m'attends pas trop à un coup de coeur avec ce livre à vrai dire... Comme ton ressenti, j'ai peur de passer à côté. À lire donc !

      • Jeudi 9 Juin 2022 à 11:16

        Ne connaissant pas bien Musset, je ne m'attendais ni à aimer follement ni à être déçue...mais je crois qu'à la lecture du résumé, je ne m'attendais vraiment pas à ça au niveau du propos : je pensais que la description de l'époque serait plus présente, un peu comme des mémoires mais dans un roman et non, finalement, c'est bien différent. Est-ce cela qui m'a un peu déstabilisée ? Je ne sais pas. Toujours est-il qe la première partie du roman a été laborieuse et je ne suis vraiment pas sûre d'en avoir saisi tous les aspects : c'est pour ça que je dis dans ma chronique qu'il serait peut-être nécessaire de relire ce livre un jour. 

        Mais il est à découvrir : si tu es curieuse, tente-le, peut-être seras-tu séduite. Beaucoup de lecteurs l'ont été. happy

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