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La petite boutique aux poisons ; Sarah Penner
« Ces femmes n'étaient ni des reines ni de grandes héritières. Seulement des femmes du peuple dont les noms n'apparaissaient sur aucun arbre généalogique enrubanné de dorures. L'héritage de ma mère s'incarnait dans l'élaboration de potions pour apaiser leurs maux, mais aussi dans la préservation de leur mémoire pour leur garantir une trace indélébile de leur passage sur terre. »
Publié en 2021 en Angleterre
En 2023 en France (pour la présente édition)
Titre original : The Lost Apothecary
Éditions Pocket (collection Les révélations)
397 pages
Résumé :
« Je jure solennellement devant Dieu, Créateur de toutes choses, de ne jamais administrer de poisons... »
A ce serment prêté jadis par les apothicaires, Nella ne souscrit plus depuis longtemps. Belladone, ellébore, arsenic : on peut se procurer toutes sortes de poisons dans sa boutique du 3, Back Alley - à condition qu'un homme violent en soit la victime...Et il y 'en a beaucoup, des hommes violents, dans le Londres de 1791...
Deux siècles plus tard, une mystérieuse petite fiole resurgit dans la boue de la Tamise aux pieds de Caroline, une Américaine au cœur brisé. Et avec elle, toute une histoire de femmes, trop longtemps oubliée...Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
A Londres, en 1791, Nella est apothicaire comme sa mère avant elle. Mais depuis la mort de cette dernière, elle exerce un commerce particulier : s’étant vouée entièrement aux femmes, au soin de leurs maux, elle n’hésite pas non plus à servir leurs desseins de vengeance contre les hommes. Nella, par sa connaissance des remèdes qui, à cette époque peuvent lorsqu’ils sont mal dosés, devenir des armes mortelles, est devenue empoisonneuse.
Par un froid matin de février, une toute jeune fille vient la trouver : Eliza est servante chez les Amwell et vient chercher un poison pour sa maîtresse, qui veut se débarrasser de son époux. Curieuse, la jeune fille s’intéresse à Nella et la bouscule dans ses habitudes et sa solitude. Une improbable amitié va alors se tisser entre elles…jusqu’au point de non-retour.
De nos jours, Caroline Parcewell, une jeune Américaine dont le couple est en crise et qui semble à un tournant de sa vie, débarque à Londres. Participant par hasard à une séance de « mudlarking » (fouilles archéologiques dans la Tamise), elle découvre une mystérieuse fiole en verre bleu, sur laquelle semble apparaître la grossière gravure d’un ours. La jeune femme va alors remonter les pistes qui s’ouvrent à elle pour essayer de faire la lumière sur ce mystérieux flacon. Et si celui-ci la reliait, à deux cents ans de distance, à la mystérieuse apothicaire du XVIIIème siècle devenue empoisonneuse ?
Premier roman d’une jeune autrice, La petite boutique aux poisons a connu un beau succès sur les réseaux sociaux et je l’ai beaucoup croisé avant de me lancer.
Vous me connaissez maintenant, en général le phénomène littéraire me fait fuir ou me déçoit. Alors, est-ce que ça a été le cas cette fois ? Non. Je crois que le seul bémol que je pourrais formuler concernant ce roman, c’est qu’il n’est pas assez développé et laisse le lecteur avec des questionnements. Pour le reste, c’est vraiment réussi.
Comme souvent dans ce type de romans alternant les époques, j’ai beaucoup aimé la double-temporalité. Comme chez Kate Morton, l’héroïne évoluant de nos jours est à un tournant de sa vie, se questionnant sur sa vie conjugale et professionnelle, sur ses choix…mais là où l’autrice australienne rentre souvent dans les détails, parfois au risque de tomber dans l’écueil des longueurs, j’ai trouvé que Sarah Penner survolait un peu son propos et c’est dommage car vraiment, le roman aurait mérité d’être plus long et si je vous dis ça, c’est ce que j’ai aimé ce que j’ai lu. Finalement, le roman se concentre sur quelques jours à peine, on a peu de temps pour s’habituer à l’univers, aux personnages. Honnêtement, le roman aurait fait cent pages de plus, je pense vraiment qu’il n’en aurait été que meilleur mais ce que l’autrice nous offre est déjà très bien.
L’univers de Sarah Penner est prometteur et qu’elle ait été publiée dans la nouvelle collection Les révélations de Pocket ne m’étonne absolument pas. Comme Stacey Halls ou Kiran Milwood Hargrave, c’est une jeune autrice que j’ai envie de suivre et de continuer à découvrir.
Roman féminin, La petite boutique aux poisons ne met en scène que des héroïnes et les hommes restent en arrière-plan, n’ayant pas forcément le beau rôle. On pourrait presque considérer Nella comme une militante féministe avant la lettre, œuvrant pour les femmes à une époque où cela n'est pas naturel et où rien n'est fait pour les protéger, quitte à tomber dans l’illégalité. Si elle ne regrette pas son choix, Nella est tout de même écartelée entre sa nouvelle vie et le serment d’apothicaire, prêté autrefois ainsi qu’envers le souvenir de sa mère, dont l’activité se résumait à venir en aide uniquement, à soigner et à soulager. Mais de curatif à mortel, il n’y a qu’un pas et une fois franchi, il n’y a pas de retour en arrière possible.
J’ai aussi beaucoup aimé le lien si particulier qui se tisse entre Eliza et Nella. Est-ce de l’amitié ou bien Nella voit-elle en la jeune servante l’adolescente qu’elle-même avait été avant de prendre un virage radical ou bien la fille qu’elle n’a jamais eue ? Et Eliza ? Que voit-elle en Nella qui la fascine autant ? Est-ce l’attrait d’une vie atypique et quelque part fascinante, sans se rendre compte de tous les sacrifices que ce choix a nécessité de la part de Nella ?
J’avais choisi un peu par hasard, à la lecture d’un résumé sur internet, ce roman pour l’une des catégories du Pumpkin Autumn Challenge contenant le mot-clé « amitié ». Et force est de constater que je suis tombée dans le mille car ce roman est un bel exemple de dévouement et de sacrifice au nom de l'amitié. Si La petite boutique aux poisons ne m’a pas autant convaincue que je ne l’espérais et me laisse un peu sur ma faim, j’en ai cependant beaucoup aimé l’ambiance gothique et de nos jours, la quête de Caroline, ancienne étudiante en histoire, m’a forcément parlé car je partage avec elle cette même passion pour les temps anciens.
Ce roman me conforte dans l’idée de continuer à découvrir l’univers de Sarah Penner et son tout dernier roman a donc déjà rejoint ma liste d’envies.En Bref :
Les + : le personnage de Nella qui, même s'il ne correspondait pas forcément à ce à quoi je m'attendais, m'a beaucoup plu, pour son courage et son dévouement à autrui. J'ai également beaucoup aimé l'amitié qui se tisse entre Nella et Eliza
Les - : le roman est peut-être un peu trop rapide et ne nous donne pas assez de réponses à mon sens.
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Tags : Roman, Histoire, Angleterre, XVIIIème siècle, Littérature britannique
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Commentaires
Dommage que le roman soit si court... Il me tente pourtant beaucoup donc je le note ;-)
Oui, franchement il aurait mérité d'être plus développé à mon sens, j'ai trouvé que ça allait très vite...mais en soi c'est bon signe, ça veut dire que le roman est bon et que quelques chapitres en plus n'auraient pas été superflus. Mieux vaut cela que l'inverse.