• La saga des Cazalet, tome 2, A rude épreuve ; Elizabeth Jane Howard

    « Pourquoi la vie quotidienne est-elle aussi bourrée d’activités routinières sans intérêt ?
    Est-ce obligatoire ? Est-ce la guerre qui colore tout en gris ? Qu’est-ce qui va bien pouvoir changer ? »

     

     

         Publié en 2013 en Angleterre 

      En 2022 en France (pour la présente édition)

      Titre original : The Cazalet chronicles, book 2,      Marking Time

      Editions Folio

      720 pages 

      Deuxième tome de La Saga des Cazalet

     

     

     

     

    Résumé :

    Septembre 1939. La Pologne est envahie et la famille Cazalet apprend l’entrée en guerre de l’Angleterre. À Home Place, la routine est régulièrement bousculée par les raids allemands. Louise rêve toujours de jouer Hamlet mais doit d’abord passer par une école de cuisine. Au grand dam de sa famille, elle fume, porte des pantalons, découvre la sexualité et fait ses débuts en tant qu’actrice dans un sinistre théâtre de province. Clary, dont le père, Rupert, est porté disparu sur les côtes françaises, renseigne scrupuleusement chaque parcelle de sa vie dans des carnets. Polly, inquiète de la mystérieuse maladie de sa mère, se lie d’amitié avec le cousin de Louise, Christopher, dont les discours pacifistes ont de plus en plus de mal à convaincre. Zoë, la femme de Rupert, a donné naissance à une fille et connu un profond bouleversement. Le volume se clôt sur l’attaque de Pearl Harbor : de Home Place à Londres, la guerre et la terreur d’une possible défaite ne semblent jamais très loin.

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    1939. La guerre européenne tant redoutée a éclaté et Home Place, la maison familiale des Cazalet dans le Sussex, n’a jamais aussi bien porté son nom. Alors que les trois fils, Edward, Hugh et Rupert, sont mobilisés, les belles-filles et les enfants s’installent tant bien que mal dans un nouveau quotidien, entre le Sussex et Londres. Bientôt, chacun se coule dans une nouvelle existence, un peu bancale certes et bouleversée par le conflit, mais qui continue vaille que vaille… Louise, l’une des aînées des enfants, poursuit son rêve de devenir actrice tandis que ses cousines Polly et Clary, encore jeunes, ne quittent plus Home Place et suivent les cours de leur gouvernante Miss Milliment. Et tandis que Polly s’inquiète de la santé soudain chancelante de sa mère Sybil, Clary quant à elle, doit faire face à la soudaine disparition de son père Rupert, engagé dans la marine. Rachel, la sœur d’Edward, Hugh et Rupert, a du pain sur la planche entre la gestion de la maison de ses parents, ses nombreux séjours à Londres où elle participe à sa manière à l’effort de guerre, en permettant à l’entreprise familiale de continuer à tourner sans trop d’encombres, alors que la capitale du Royaume-Uni, à partir de 1940, est la victime du « Blitz », ses bombardements violents qui détruisirent une partie de la ville et poussèrent nombre de ses habitants à se terrer dans des abris souterrains.
    A rude épreuve, suite d’Étés anglais, couvre les deux premières années de la Seconde guerre mondiale, de 1939 à l’hiver 1941. Après l’onde de choc de la déclaration de guerre à l’Allemagne nazie et la mobilisation, la vie s’organise comme elle le peut. Ici, pas de descriptions du conflit, pas de Résistance, pas de démonstrations d’héroïsme, pas de camps de concentrationjuste la vie « à l’arrière », quand il ne reste plus dans les villes et les villages que les femmes, les enfants et les hommes, trop vieux, trop jeunes ou malades pour être mobilisés. A Home Place, la maison pleine à craquer devient comme un petit microcosme à elle toute seule, un petit hameau grouillant de vie où le quotidien continue. Malgré le conflit, les enfants restent des enfants et déploient toujours des trésors d’imagination pour faire des bêtises ou échapper à la surveillance des adultes. Malgré le conflit, les adolescents s’ouvrent aux premiers émois amoureux, aux premiers doutes, aux premières projections vers l’avenir, même si celui-ci est des plus incertains, en ce début de conflit qui, personne encore ne le sait, va durer cinq ans et demi. Et les adultes continuent de porter le poids de leur existence, un mariage qui bat de l’aile, les soucis générés par les enfants, la maladie, l’incertitude, l’inquiétude pour les maris mobilisés ou pour les fils…car la vie ne s’arrête pas parce que c’est la guerre : on continue de vivre, de naître, de mourir, de pleurer, de se réjouir, de faire l’amour et des enfants…
    A l’image de son prédécesseur, Étés anglais, A rude épreuve est lent et assez contemplatif. La guerre est ici racontée comme une chronique, comme dans un journal intime. Bien plus que la guerre d’ailleurs, ce dont parle Elizabeth Jane Howard ici, c’est plutôt l’impact du conflit sur la vie de chacun et plus particulièrement d’une famille de la gentry britannique des années 1930-1940, pas exceptionnellement riche mais pas non plus indigente. Dans l’opulence verdoyante de la campagne anglaise, Home Place ressemble à un radeau de sécurité au milieu d’un monde qui tangue et qui coule.
    On retrouve tous les personnages rencontrés dans le premier tome, un peu vieillis ou grandis, pour ce qui est des enfants. Je suis d’ailleurs toujours aussi agréablement surprise par les descriptions nuancées de l’enfance par l’autrice, sa capacité à saisir ce qui fait l’essence d’un enfant, de son imagination prolixe à ses fragilités et ses contradictions – comme celles des adolescents aussi, d’ailleurs. Ici, ils sont un peu moins présents cela dit : par exemple, les cousins Teddy et Simon, que l’on avait suivis dans Etés anglais, sont plutôt absents de ce tome, étant en pension. A rude épreuve est un roman assez féminin, faisant la part belle aux trois belles-filles du Brig et de La Duche, les parents Cazalet : Sybil, Villy et Zoë. Si la troisième, bien plus jeune, découvre la maternité, Villy elle, doit composer avec un mariage qui n’a jamais semblé aussi peu solide et Sybil se découvre malade. Mais nous suivons aussi beaucoup les autres « femmes » de la famille, de Louise, jeune adulte au tournant de sa vie, en passant par Polly et Clary mais aussi Rachel ou encore Angela, la nièce de Villy. Si les femmes n’étaient pas à proprement mobilisées, elles participaient à leur manière à l’effort de guerre en exerçant des professions comme speakerine à la radio, infirmière, dactylo et secrétaire ou en continuant tout simplement de soutenir à bout de bras la vie de famille et les enfants, qui ne cessent pas de grandir parce que c’est la guerre, ni même d’être scolarisés et dont il faut s’occuper des bobos, des rentrées scolaires, des pantalons trop courts qu’il faut remplacer ou des accrocs qu’il faut raccommoder.
    Si j’ai eu un peu plus de mal à entrer dans ce deuxième volume, malgré le fait que le contexte y soit plus riche et que le quotidien des Cazalet soit rattaché à des événements historiques de plus grande ampleur et qui font partie de l’histoire mondiale (la mobilisation, le Blitz, l’entrée en guerre des Etats-Unis après l’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941) et que j’ai mis quelques chapitres avant de retrouver qui était qui (ce qui, étrangement, ne m’est pas forcément arrivé avec Etés anglais), je me suis plongée dans cette lecture avec grand plaisir et ce fut encore une fois avec joie que j’ai retrouvé les Cazalet, que j’avais quittés à regret après avoir refermé le premier volume. Une chose est certaine, c’est qu’après la lecture de ce deuxième volume, qui n’a fait finalement que confirmer le très bon sentiment que j’avais eu à la lecture d’Etés anglais, je ne vais probablement pas attendre bien longtemps pour lire la suite ! Je pense que je suis partie pour un long moment avec les Cazalet, mais cela n’est pas pour me déplaire, bien au contraire.

    En Bref :

    Les + : un deuxième volume digne du premier. La chronique est toujours lente et contemplative, pour un lecteur qui aime les livres allant vite, forcément, ce peut être lassant...mais Elizabeth Jane Howard, sans surenchère, sans rien de spectaculaire, raconte la guerre dans l'intimité et le quotidien et cela, d'une main de maître. 
    Les - :
    peut-être quelques longueurs en milieu de roman, qui ne m'ont pas gênée plus que ça pour autant.


     La saga des Cazalet, tome 2, A rude épreuve ; Elizabeth Jane Howard

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle 

    • Envie d'en savoir plus sur les Cazalet ? Découvrez mon billet sur sur le premier tome, juste ici.

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