• La Sultane Andalouse ; Muriel Romana

    « Mon nom dans sa bouche...jamais je ne l'avais entendu prononcer ainsi. Comme s'il me liait à son territoire, me marquait de son chiffre ; comme si mon âme devenait sienne, et mon corps son jouet. Au simple énoncé de mon nom, il animait ma chair froide et la rendait brûlante. »

     

    Couverture La Sultane Andalouse

     

     

     

     Publié en 2011

     Editions First

     300 pages 

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Grenade, XVe siècle.
    Fille du désert, Samara danse parmi les dunes chaque matin. Lorsque le calligraphe du sultan la surprend ainsi au lever du jour, fasciné, il décide de la ramener en son palais, au pied de l’Alhambra. Et de l’y garder.
    Derrière les hauts murs ajourés, Samara découvre un univers dominé par les trois femmes du calligraphe. Nul ne lui révèle le mystère qui hante cette cage dorée. Son maître moins que quiconque. Il a besoin de sa silhouette effilée, de ce ventre qu’il laissera vide pour jouir de ses projets… aussi sombres que son encre.
    Mais la danseuse n’est pas une proie ordinaire.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Au XVème siècle en Andalousie, la jeune Samara vit dans un village modeste au milieu des dunes, où elle danse chaque matin, admirant les traces éphémères laissées par son corps dans le sable. Elle s'accommode d'une vie simple, presque miséreuse, aux côtés d'une mère forcée de gagner sa nourriture en vendant ses charmes.
    Un jour, alors qu'elle danse dans le désert, Samara est repérée par un riche étranger de passage. Hypnotisé, ce dernier décide de la ramener à Grenade, où il vit.
    Samara découvre alors la vie de harem dans un splendide palais près de l'Alhambra : la vie exclusivement féminine, à l'ombre des moucharabieh, délicieusement languissante dans les coussins moelleux et les tapis épais, les mets sucrés et dégoulinants de miel, les dessins au henné sur la peau, les odeurs d'épices et d'agrumes... au XVème siècle, l'Andalousie qui n'a pas encore été reprise par les Rois Catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, est un petit bout d'Orient, un petit bout de terre musulmane en Espagne. Grenade est alors une ville prospère dirigée par un sultan vivant derrière les superbes murs rouges du palais de l'Alhambra où le temps semble s'être arrêté, seulement scandé par les appels à la prière lancé par le muezzin depuis le haut de son minaret.
    Bientôt cependant, Samara s'aperçoit que le palais où elle vit désormais recèle bien des secrets : très vite, elle apprend des femmes qui y vivent, servantes, épouse ou favorite du maître (Seher, la première épouse, Azula, la favorite d'origine chrétienne, Orphir, la plus jeune, jalouse de sa position d'autant plus que celle-ci est la moins assurée de toutes), qu'il ne faut pas poser de questions et ne pas se montrer trop curieuse. Mais c'est mal connaître Samara...pourquoi élude-t-on toutes ses questions concernant les danseuses qui l'ont précédée et semblent avoir toutes disparu mystérieusement ? Pourquoi un petit oratoire, dans les appartements du maître, est entièrement interdit d'accès, sous peine de mort ? La jeune fille est bien décidée à comprendre où elle est tombée, ce qu'on lui cache et surtout, ce que l'on veut faire d'elle.
    J'ai lu ce roman une première fois en 2012. Après avoir terminé cette relecture, j'ai relu mes impressions de l'époque et je dois dire que la lectrice que j'étais il y'a huit ans a éprouvé les mêmes ressentis que la lectrice que je suis aujourd'hui. Je parlais alors de roman envoûtant et c'est effectivement ce qui m'a sauté aux yeux de nouveau, immédiatemment. Surtout, je me suis rendu compte que, si je gardais un souvenir global du roman, je ne me souvenais pas de tous les détails et j'ai donc pris un grand plaisir à me replonger dans cette histoire et à m'en souvenir, à mesure que j'avançais dans ma lecture.
    J'ai toujours pensé qu'une relecture, c'était quitte ou double : soit on aime de nouveau, soit on aime moins. En ce qui concerne La Sultane Andalouse, c'est la première option qui s'est présentée et j'en suis heureuse. J'ai retrouvé une ambiance que j'aime, dans la chaleur de l'Andalousie médiévale, j'ai été dépaysée, j'ai voyagé. En même temps, une certaine tension s'instaure petit à petit, quand Samara commence à vouloir comprendre ce qui se passe au palais et pourquoi personne ne veut rien lui dire. La jeune fille qu'on sent au départ fragile, affaiblie peut-être par une vie relativement modeste auprès d'une mère qu'elle voit chaque jour devoir vendre son corps et s'avilir pour pouvoir vivre, se transforme peu à peu et montre tout son courage et sa détermination, notamment à ne pas se laisser faire, quels que soient les desseins que le maître -dont on ne connaît pas le nom- nourrit pour elle.
    Le résumé présente ce roman comme une réécriture du fameux mythe de Barbe-Bleue et effectivement, ça y ressemble. La Sultane Andalouse, pour rester dans l'ambiance Mille et Une Nuits, m'a aussi rappelé l'histoire de la princesse Shéhérazade, quelque peu remaniée toutefois.
    Finalement, j'ai relu ce roman en m'y plongeant comme si c'était une totale découverte et c'est ça, je crois, qui m'a beaucoup plu et m'a de nouveau captivée. J'ai eu l'impression de naviguer dans les tableaux chaleureux et évocateurs des peintres orientalistes, d'Ingres à Delacroix, de poser mes pieds dans les tapis moelleux et de goûter aux gâteaux aux amandes et au miel au milieu des femmes du harem. Ce roman m'a entièrement dépaysée et peut-être plus encore que la première fois. Loin de l'agitation de l'Europe médiévale du XVème siècle, en proie à de nombreux conflits, religieux ou territoriaux, on a l'impression de fermer la porte sur le monde et de s'enfouir dans une bulle de langueur où, malgré tout, rôde une ombre inquiétante.
    Si vous aimez les romans historiques et le voyage, se roman est fait pour vous et, certainement, ne vous décevra pas. Certains lecteurs ont déploré que le récit soit un peu lent. Pour moi, je trouve que cela fait sa force et sa substance. Bref, après cette relecture de La Sultane Andalouse, je suis bien décidée à lire la trilogie de Muriel Romana sur Marco Polo qui, sans nul doute, va m'offrir aussi un beau moment d'évasion.

    En Bref :

    Les + : « Un livre vraiment envoûtant...on est entraîné dans le monde des sérails médiévaux de l'Espagne maure...une plongée dans un monde étrange mais intéressant. Belle lecture » : en 2012, voilà ce que j'écrivais sur ce roman. Après relecture, je ne peux que confirmer ce premier avis. Une lecture envoûtante et qui invite au voyage. J'y étais, dans ce harem maure plein de mystères. Un beau roman.  
    Les - :
    deux ou trois termes qui m'ont paru un peu anachroniques pour un récit se passant au XVème siècle, mais sinon, rien de grave.


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :